London's burning ! (23/10/2005)

Edito du n°14 Septembre/Octobre 2005

 

Si l’été a été riche en divers évènements méritant d’être commentés, il nous paraît néanmoins que les attentats de Londres et leur contexte suscitent la nécessité d’une analyse s’inscrivant dans une appréhension, à plus ou moins long terme, des tendances  lourdes de la mondialisation capitaliste. D’autres que nous, ont pointé du doigt la chronologie des péripéties : annonce du choix de Londres comme ville olympique, proximité du G8 en Ecosse. Autant d’indices conduisant à s’interroger sur la question de savoir à qui profitait le crime. Tout autant que les attentats de New York et de Madrid, ceux de la capitale britannique tombèrent à point nommé pour justifier le resserrement des liens autour de la politique étasunienne - secondée par la Grande-Bretagne- d’agression au Proche et Moyen Orient, « justifiée » par la lutte contre une fantomatique organisation mondiale terroriste islamiste. Chacun sait maintenant que ce qu’est devenue la nébuleuse Al- Qaïda, est à l’origine, la création des services secrets de l’Oncle Sam, cherchant des hommes de mains pour lutter contre ce qui était l’Urss à l’époque de la guerre d’Afghanistan. Même si les alliés d’hier ont pu se retourner, plein d’ingratitude, contre leur mentor initial, il n’est pas certain que cela soit effectivement le cas, l’important en la matière étant le sens et la portée de ce qui advient. Il est, d’ailleurs, parfois plus efficace d’utiliser des agents subjectivement hostiles à sa propre cause afin de pouvoir les condamner devant l’opinion publique, tout en leur laissant les mains libres afin qu’ils organisent des actions servant objectivement sa propre stratégie.

Ainsi B.I, dans un article de son n°102 (1), évoque les propos de John Loftus, ex-procureur fédéral des Etats-Unis, qui « a révélé que le cerveau présumé des attentats de Londres, Haroon Rashid Aswat, était en réalité un atout des services de renseignement britanniques et que le groupe appelé Al-Muhajiroun, basé à Londres, avait été formé durant la crise du Kosovo ». Dans le même article, il est signalé que le cerveau du groupe terroriste a été arrêté à deux reprises, au Pakistan et en Zambie, mais qu’il a été chaque fois relâché. Grâce à quelles interventions et protections ? De même, commencent à être connus les liens entre Bin Laden et la CIA ainsi que l’étrange permissivité dont firent preuve les autorités étasuniennes à l’égard de l’entrée sur leur territoire des principaux protagonistes des attentats du 11 septembre.

Bien que le secret et la manipulation aient été portés par les Etats modernes à un niveau rarement atteint, il est possible de relier un certain nombre de faits entre eux afin de tenter de déjouer les pièges de la désinformation. Dans le même B.I, n°102, un autre article consacré au Kosovo affirme que « Christophe Chaboud, le nouveau chef de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT), a déclaré, le 11 juillet 2005, que les explosifs utilisés lors des attentats du 7 juillet à Londres étaient des dérivés militaires arrivés en Angleterre en provenance du Kosovo ». Cela est rendu possible par le fait que selon les services grecs qui ont surveillé la région du Sandjak en Serbie du sud et au nord du Monténégro, « s’y trouvent d’importantes cellules de fondamentalistes qui planifient des attentats en Europe ». La présence de tels réseaux sur notre continent s’explique par la politique de déstabilisation de notre continent, adoptée par l’administration de Washington et qui est tout à fait visible depuis l’agression de la Yougoslavie durant les années 90. Des groupes de musulmans fondamentalistes furent envoyés dans les Balkans afin d’y combattre les serbes. « Ces hommes ont été envoyés par le gouvernement de Benazir Bhutto à la requête de l’administration Clinton. Le contingent, recruté et entraîné par le général en retraite Hamid Gul, ex-directeur de l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais, comprenait un grand nombre de musulmans britanniques d’origine pakistanaise ».

Quelle leçon importante retenir de ce faisceau d’informations et d’évènements ? Que la mondialisation capitaliste n’est pas ce paradis tant vanté par les idéologues du libéralisme. Qu’il n’y a aucune paix à l’horizon de ce processus d’offensive libérale. Plus que jamais le capital est porteur de guerres, de conflits, sous le masque du discours démocratique se faisant, d’ailleurs, de plus en plus totalitaire. L’impérialisme étasunien a déclaré une guerre sans merci à toutes les nations ayant quelque velléité de vouloir se soustraire à sa domination. Il a instrumentalisé certaines tendances du monde musulman lorsque cela a servi ses intérêts et continue de le faire. Il est prêt, partout, de l’Amérique latine à l’Asie centrale et à l’Europe de l’Est, à engendrer le chaos sous couvert de défense des droits de l’homme. Il est relayé dans son entreprise par les classes dominantes des membres du G8. Là aussi, il n’y a aucune illusion à se faire sur la part d’indépendance que certains pays pourraient donner l’impression d’avoir à l’égard de Washington. Ce ne sont que bisbilles au sein du même panier de crabes. Cela n’exclut pas des « frottements » entre nations capitalistes se partageant le butin de l’exploitation planétaire. C’est en ce sens que nous disons que nous ne sommes pas solidaires des gouvernements européens agissant dans le cadre de l’UE. Ceux-ci n’agissent pas dans le sens de la défense de leurs peuples même lorsqu’il y a désaccord sur tel ou tel point avec les Etats-Unis. C’est toujours le point de vue de la bourgeoisie qui détermine telle ou telle prise de position. Celle-ci tient seulement compte du rapport de forces entre nations et au sein de ces dernières du champ libre qui lui est laissé dans son rapport de forces avec les travailleurs.

La complexité de la vie sociale moderne tend à masquer toujours de plus en plus ces vérités élémentaires. En dernier lieu, les attentats terroristes constituant un paramètre important de l’histoire contemporaine, traduisent un état avancé de la décomposition du système capitaliste dans lequel les mœurs de gangsters se sont généralisées. Les Etats, eux-mêmes, sont devenus des commanditaires plus ou moins directs de ces pratiques d’exaction. Tant sur le plan de la politique extérieure que sur le plan du contrôle idéologique et policier des populations, ces dernières constituent un moyen privilégié de maintien de l’ordre capitaliste.

Il appartient aux révolutionnaires de dénoncer inlassablement la guerre ouverte et secrète que le système conduit contre les peuples.

 

 

 

 

Note :

(1). B.I. CAP.8, BP 391, 75869 Paris Cedex 18.

 

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