Traité de la Rébellion : pour une Union des Patries Socialistes Européennes contre la mondialisation (16/12/2009)

Pierre Le Vigan revient sur notre livre , "Rébellion ! l’Alternative Socialiste Révolutionnaire Européenne",  pour le journal Flash.


"Le socialisme a été, au XIXe siècle, une réaction contre les brutalités sociales de l’industrialisation dans une société dominée socialement par la bourgeoisie et idéologiquement par les libéraux. Mais le socialisme a toujours ambitionné d’être autre chose. Notamment de s’inspirer d’une autre vision de l’homme. Un homme non pas seulement ni même principalement régi par ses intérêts mais à la recherche de la satisfaction d’exigences fondamentales comme du lien social et de la coopération. En d’autres termes, tout socialisme repose sur une anthropologie distincte de celle des libéraux. Il repose sur une anthropologie non individualiste. En conséquence il ne peut y avoir de social-libéralisme : il faut choisir, et les socio-libéraux, par exemple le Parti actuellement dit socialiste ont choisi. Ils ont choisi le libéralisme. En identifiant le socialisme à la liberté, au sens de l’autonomie de chacun, Jacques Généreux dit très justement : « ce sont les liens qui libèrent. » (Le socialisme néo-moderne ou l’avenir de la liberté, Seuil, 2009). Tout est dit : à savoir que la vraie liberté c’est d’assurer autour de l’homme l’existence et la vitalité d’un réseau de solidarités.

Sur cette base d’une vision « solidariste » de la société, qui exclut les schémas de pure rivalité et d’addition d’égoïsmes, les socialistes notamment français ont proposé bien des projets dés le XIXe s. En écartant les utopies les plus précoces et souvent les plus idéalistes, les plus intéressants des projets ont toujours été ceux qui prenaient appui sur l’expérience ouvrière elle-même pour proposer des restaurations de la maitrise du travail de chacun, ou encore des autogestions, ou encore des autonomies ouvrières. A coté de cela, la part faite à l’Etat dans les projets socialistes a toujours été variable, sachant que l’Etat fait partie du politique mais n’est pas tout le politique.

Deux visions de l’Etat peuvent être dégagées. Dans l’une, le socialisme, c’est la République poussée jusqu’au bout; c’est la vision de Jaurès, une vision réformatrice. Dans une seconde vision, l’Etat dont le socialisme a besoin est un Etat ouvrier, sans doute transitoire, mais en rupture avec la démocratie « bourgeoise ». Georges Sorel, Jean Allemane vers 1890 sont proches de cette vision.

Dans ces courants socialistes, l’un des plus oubliés en France depuis les années 1920 est le conseillisme que l’on peut apparenter à l’anarcho-syndicalisme ou au socialisme révolutionnaire libertaire. Pourquoi ? Parce que le PCF a éclipsé les courants non marxistes-léninistes. C’est pourtant bien cette veine conseilliste qu’entend réactiver le groupe Rébellion qui, après s’être fait connaître par une revue, vient de publier un livre éponyme. De quoi s’agit-il ? il s’agit de faire revivre le projet d’émancipation des classes laborieuses qui est celui du socialisme, en s’appuyant sur les travaux et expériences des communistes non étatistes : Proudhon et Marx, apportant chacun des outils de compréhension du réel, les hommes et femmes de la Commune de Paris, Bakounine, les communistes libertaires et nationaux allemands Henrich Laufenberg et Fritz Wolffheim, mort dans un camp de concentration en 1942, Paul Mattick, Ernst Niekisch, James Connolly, dirigeant de l’insurrection irlandaise de Pâques 1916, et dont le fils fondera le Parti communiste irlandais, Georg Orwell, engagé en Espagne avec le POUM, organisation de gauche socialiste anti stalinienne et par ailleurs absolument pas trotskyste, etc.

Le groupe Rébellion est conseilliste et mutuelliste, mais son originalité est tout d’abord le refus de faire l’impasse sur le politique : la révolution doit commencer « en bas » mais doit aboutir « en haut ». Ensuite le refus du mondialisme. Alors que l’alter-mondialisme aménage la mondialisation, Rébellion propose la révolution socialiste dans l’aire de civilisation européenne comme réponse concrète et comme mythe mobilisateur à nos peuples. Ainsi pourra t-il être mis fin au pseudo-« libre échange » des hommes et des marchandises, c'est-à-dire à la « chosification » de l’homme. Ainsi l’immigration de masse pourra-t-elle être enrayée. Ainsi le déracinement pourra t-il faire place aux liens sociaux de proximité et aux identités reconquises. Ainsi la nation pourra-t-elle être à nouveau aimée comme Patrie socialiste dans une Union des Républiques Socialistes Européennes. Un beau programme, moins irréaliste qu’il n‘y parait, car l’illusion serait de croire qu’on peut rester libre dans le monde de l’hyper-capitalisme mondialisé".

 

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