Rébellion n°15 : LES MILLE ET UNE NUITS DU LUMPENPROLETARIAT. (24/11/2005)
Sans vouloir exagérer l’ampleur des actes délictueux en question, force est de constater que la volonté de minimiser ceux-ci, de la part de certains secteurs préposés à l’idéologie droit-de-l’hommiste du système, est d’un comique achevé. Les victimes des exactions apprécieront… La réponse du pouvoir en place, apparaît quant à elle, inadéquate. Une pseudo fermeté d’une part, avec un semblant d’état d’urgence que l’Etat déliquescent ne peut –ou ne veut ?- faire appliquer correctement et des concessions démagogiques quant à la création de formations dérisoires (comme d’habitude) assorties de discours lénifiants et compréhensifs à l’égard de délinquants. La dernière apparition de Chirac à la télévision (le 14 Novembre) confirme notre analyse : la cause de la violence est dans la discrimination ! Mais bien sûr ! C’est la faute à ces salauds de français s’ils se font agresser ! La condition de ces « Jeunes » de banlieue est-elle si tragique que cela, que toute la Nation devrait se pencher à leur chevée et compatir éternellement à leurs problèmes ?
A Rébellion nous considérons qu’il y a effectivement discrimination : discrimination de classe, celle qui fait que lorsque votre force de travail n’est plus suffisamment rentable pour maintenir un taux de profit suffisant à la valorisation de capital, vous êtes considéré comme n’existant plus pour celui-ci ! La discrimination est un choix, celui fait par le libéralisme afin de sauvegarder le système capitaliste qui dicte ses exigences de délocalisation vers des pays où le prolétariat résiste peu et où il subsiste avec le minimum vital, et encore pas toujours. C’est aussi le choix du pillage du Tiers-monde avec ses conséquences dramatiques engendrant une immigration démentielle vers des pays représentant un El Dorado imaginaire bien que plus viable pour l’instant pour des populations miséreuses. Mais qui se soucie des causes véritables de l’état de décomposition sociale dans lequel nous vivons ? La réponse donnée officiellement par la droite et la gauche confondues est toujours idéologique : la cause c’est le racisme ! Un tel aveuglement dans le jugement montre bien la déliquescence de la classe dominante et son attachement indéfectible aux misérables intérêts auxquels elle s’est vouée corps et âme. Il nous est demandé d’acquiescer sans sourciller à la disparition de notre spécificité en laissant l’Europe être submergée par des dizaines de millions de personnes débarquant d’autres continents. Mais quelle est la légitimité de tels bouleversements démographiques ? Personne ne nous le dira car il n’y en a aucune… Il existe pourtant un calcul réalisé par la bourgeoisie, celui de faire pression à la baisse sur les salaires des travailleurs européens et celui peut-être encore plus essentiel à ses yeux, de noyer un prolétariat encore potentiellement combatif au sein de populations hétéroclites, sans tradition ouvrière de lutte et de créer un chaos rampant dans la société afin de toujours mieux contrôler le niveau de riposte aux exactions du capital.
Qui ne voit en effet que les troubles des dernières semaines n’ont rien à voir avec des revendications sociales et des luttes contre l’exploitation capitaliste ? Ces idées ne sont propagées que par les médias du système, comme justification de l’acceptation de l’inacceptable. Il n’y a aucun discours de lutte sociale de la part des « Jeunes », ce n’est pas un mouvement révolutionnaire qui, lui, est toujours accompagné d’un certain niveau de conscience et de production de propagande adéquate. Ici, c’est toujours le capital qui a la parole et produit un discours phantasmatique sur les immigrés (que ce soit celui de Sarkozy ou bien celui de ses opposants « vertueux » de gauche). Il y aurait, par exemple, des pépinières de surdiplômés et d’intellectuels dans les dites banlieues ! C’est probablement pour cette raison que l’on y a créé les fameuses ZEP où le travail scolaire ne semble pas fameux… Les « Jeunes » réclament du travail, c’est pour cette raison que plus d’un rmiste vit grassement dans son pays d’origine tout en continuant de percevoir ses allocations en France… Autant de contradictions entre la réalité et le discours officiel. Cela ne conduit pas pour autant à stigmatiser les populations d’origine non européenne (un grand nombre d’immigrés condamnent ces actes), d’autant que ces troubles, globalement coordonnés, pourraient bien profiter à quelque puissance étrangère. La « croisade » contre un certain terrorisme « islamiste » n’est pas achevée et la bienveillance ou du moins la neutralité des populations européennes à son égard ne seraient pas indifférentes à ceux qui la conduisent.
La logique que la bourgeoisie arrive peu à peu à imposer en France et en Europe, est une logique racialiste sur fond de décomposition du lien social. Promotion de la « discrimination positive » contre l’idée d’effort et de mérite, culpabilisation des peuples accueillants, multi ethnisme au sein du carcan du monothéisme de marché et du messianisme libéral, occultation du clivage de classe au profit d’affrontements interraciaux. La promotion de la soit disant culture rap ne fait, par exemple, que permettre la diffusion de textes racistes haineux dirigés contre la Nation française. Nous assistons à une lente libanisation de notre continent où diverses communautés commencent à s’affronter : affrontements entre antillais et pakistanais en Angleterre, en banlieue parisienne affrontements entre supporters des deux camps lors du match de football Congo-Tunisie se soldant par l’hospitalisation de deux joueurs congolais (va-t-on nous dire encore une fois que la cause s’en trouve dans le chômage ?). Nous sommes plutôt face à une situation explosive dans laquelle la bourgeoisie navigue à vue, dépassée qu’elle est par les conséquences de décisions dont elle pensait pouvoir maîtriser les effets collatéraux. L’instrumentalisation des immigrés par le système se retourne contre l’ordre public qui est aussi garant d’un minimum de sécurité et de civilité pour les travailleurs. Nous ne défendons donc pas l’ordre capitaliste mais simplement le droit pour les prolétaires de ne pas être engloutis dans une barbarie croissante générée par les métastases du capital. Nous ne sommes solidaires ni des voyous en cols blancs au pouvoir ni des voyous affublés de Nike vivant d’économie souterraine.
Nous sommes solidaires de nos compatriotes subissant les violences des bandes organisées de la petite délinquance et des bandes organisées de la finance et de l’industrie. La seule réponse adéquate à la situation de pourrissement actuel est une réponse sur le terrain de classe : celui de la lutte socialiste et révolutionnaire contre la mondialisation capitaliste.
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