Le puits et le pendule (05/05/2010)

Editorial de Rébellion 41 Mars/Avril 2010

pouvoirpopulaire-1.jpgL'oscillation pendulaire du couperet tranchant du capital, se rapprochant inexorablement du corps souffrant du prolétaire plongé au fond du puits de la crise sociale, poursuit sa trajectoire macabre de droite à gauche et inversement, de l'échiquier politique. Les dernières élections régionales en sont la déprimante illustration: répétition ad nauseam des sempiternelles bouffonneries politiciennes sur fond de préparation des futurs mauvais coups que la classe dominante s'apprête à infliger aux travailleurs.

Sur le premier point, ne boudons pas notre plaisir concernant le taux d'abstention des électeurs véritablement écœurés par l'oligarchie politique droite/gauche au pouvoir (application de la règle de trois aux pourcentages obtenus ramenés au nombre réel d'électeurs inscrits, sans compter les non inscrits...). Bien entendu, il y a loin de la coupe aux lèvres et ce rejet n'est pas encore l'expression d'une conscience radicale des enjeux de la lutte de classe mais simplement un sentiment diffus de la vacuité de la participation au decorum institutionnel. Cela n'a d'ailleurs pas contrarié outre mesure les "élus du peuple" qui se redistribuent ainsi à tour de rôle les émoluments inhérents à leurs "charges", si l'on peut vraiment qualifier ainsi leurs fonctions. Le énième retour de la gauche au devant de la scène spectaculaire relance la machinerie électoraliste jusqu'à la prochaine échéance présidentielle et permettra de vaguement recrédibiliser le semblant d'opposition qu'elle manifestera face aux avanies que vont essuyer les prolétaires. Et cela nous conduit au second point: le grand chantier de la remise en question de l'âge de la retraite qui est un des derniers verrous que le capital s'empresse de faire sauter dans sa quête illimitée de l'allongement de la durée et de l'intensification croissante de l'exploitation de la force de travail. Selon les idéologues appointés par la classe dominante, il existerait une espèce de fatalité arithmétique au problème évoqué. Cela ne relève à nos yeux que du même type d'artifice sophistique déployé face à la réalité de la mondialisation capitaliste conçue comme "inévitable", et autres foutaises concernant la "nécessité" quasi naturelle de l'extension du marché et de la marchandisation de toute activité humaine. Tant que l'on s'incline servilement devant le mode de production capitaliste, on ne peut que rester prisonnier de sa logique et de ses critères de choix décisionnels dépendant de la seule "communauté réelle de l'argent". Le "réalisme" des partis politiques et des syndicats ne contestant que du bout des lèvres les mesures que l'on nous prépare n'est que l'acquiescement à l'utopie capitaliste ravageant la planète de ses maux, à la démesure productiviste propre au règne du processus de valorisation capitaliste. Disons pour rester objectif que la droite a au moins le mérite d'annoncer clairement son jeu (c'est son rôle) alors que la gauche feint de croire qu'il existe des solutions "sociales" au sein du système établi. Faisons confiance aux sycophantes gauchistes breneux pour faire dévier in extremis les luttes authentiques du prolétariat lorsque la gauche institutionnelle ne pourra plus endiguer la vague des mécontents; la droite leur en fournira comme d'habitude le signal, l'ordre et les moyens (depuis les années soixante l'intendance leur a toujours été abondamment fournie quand il le fallait).

Dans un monde libéré des instances et des injonctions de la valorisation, la richesse ne s'écoulerait certes pas comme le miel et le lait dans la vallée de Canaan mais le recours à des références plus immédiatement concrètes dans l'orientation consciente de la production et de la distribution des biens multiples permettrait aux producteurs associés de gérer de manière plus convenable leur mode de vie et de reproduction de celle-ci. Notre vision du socialisme incarne cette reprise en mains, de la part des travailleurs, de leur destin. en ne laissant pas sur le carreau des millions d'êtres humains spoliés du minimum vital et en assurant une solidarité effective envers les générations vieillissantes et les plus jeunes en devenir. A titre de contre exemple, évoquons la macabre sarabande des multinationales et des puissances impérialistes faisant, par exemple, de l'Afrique leur terrain de chasse afin d'y promouvoir une vaste entreprise de néocolonisation agricole et de dépossession des petits producteurs de leur terre afin d'assurer la survie de leur développement capitaliste démentiel. Ainsi la Chine, bien incapable d' établir un équilibre entre la ville et la campagne sur son territoire - et encore moins de dépasser leur antagonisme - exporte par l'immigration une partie de sa population agraire privée de ressources tout en achetant à tour de bras des terres africaines destinées à la production de denrées dont elle bénéficiera. On est au coeur de l'absurdité la plus totale! Le tout s'accomplit sous le regard béat et patelin de la finance mondiale se sucrant au passage (spéculation sur les denrées agricoles); tout ce beau monde s'entendant comme larrons en foire.

Quitte à nous répéter, nous affirmons que les enjeux actuels sont colossaux: les déséquilibres sociaux, écologiques et humains sont désastreux. La situation est désolante et laisse prise au découragement lorsqu'on s'aperçoit que les solutions paraissent nous dépasser, ne relevant pas d'une échelle à laquelle les peuples pourraient efficacement intervenir. C'est sur ce dernier point que chacun doit réfléchir mais en agissant collectivement, dans les assemblées issues de la lutte de classe, ne laissant pas le pouvoir et la parole aux représentants autoproclamés de la pseudo contestation du système<

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