Ukraine : L'arroseur arrosé (18/03/2014)

COMMUNIQUE COMPLEMENTAIRE SUR LA SITUATION EN UKRAINE 

Tous les défenseurs de la liberté des peuples devraient aujourd'hui se réjouir du vote exprimé par les électeurs de Crimée qui ont décidé de leur destin politique, en adoptant pacifiquement par référendum la résolution - que nous saluons - de rattacher leur pays à la Russie en se séparant de l'Etat fantoche ukrainien, et non par un coup d'Etat comme cela a été fomenté à Kiev. Mais les représentants de l'impérialisme atlantiste ne l'entendent pas de cette oreille, eux qui ont pris goût à l'exercice de la violence engendrant le chaos lorsque celle-ci est utilisée dans le sens de leur tentative d'hégémonie géopolitique. Le morcellement des Etats contre lesquels est dirigée leur ire incarne à leurs yeux le sommet de la démocratisation de la vie politique (éclatement de l'URSS, de l'ex-Yougoslavie, de l'Irak, de la Libye, etc.) mais est réputée être illégitime lorsque le peuple concerné se décide très majoritairement pour son indépendance. Encore que dans le cas qui nous occupe, il ne s'agit pas de la naissance d'un nouvel Etat croupion comme le Kosovo, par exemple, mais d'une volonté de rejoindre la Russie. Celle-ci a entièrement raison d'invoquer les précédents cités ci-dessus pour prendre acte de la volonté de la Crimée et d'y souscrire (vote imminent à la Douma). Pour l'axe impérialiste atlantiste c'est la situation de l'arroseur arrosé. Et comme la roche Tarpéienne est proche du Capitole, les vainqueurs de Kiev sont priés de rapidement quitter les lieux ou de faire allégeance sincère à l'armée qui, de fait, sera russe et seule à stationner dans ce haut lieu géostratégique qui lui sera définitivement acquis. Dans son hystérie, l'oligarchie occidentale a acculé dans ses retranchements la Russie qui ne pouvait se soumettre au diktat que l'on voulait lui imposer. Peut-être n'avait-elle pas clairement évalué la résistance qu'allait lui opposer la population russophone et l'attachement de cette dernière à des symboles hérités du socialisme. De plus, depuis le chute du mur de Berlin (seul moment d'unification qui n'était en fait qu'une réunification de l'Allemagne) sa stratégie politique est éminemment désintégratrice des équilibres nationaux, régionaux, des peuples, des identités, tous ses moyens ont été mis en œuvre afin de morceler ceux-ci. Aujourd'hui, elle se heurte à une puissance capable d'intégration, intégration désirée par les insulaires de Crimée. Cela change la donne géopolitique et pourrait donner un sens à la dynamique future de celle-ci, dans la perspective d'un affaiblissement du pôle atlantiste. Certes, en un sens, il y aurait une part de vérité dans l'affirmation selon laquelle la Crimée ne ferait qu'un retour (réintégration)dans le giron de la Russie (discours de Poutine du 18/03) après son rattachement à l'Ukraine, au sein de l'URSS, par le révisionniste Krouchtchev et son "indépendance" récente. Mais la signification du phénomène paraît être d'un autre ordre plus essentiel : dans le contexte historique actuel celui d'une victoire nette de la Russie face à une offensive tout aussi nette de l'oligarchie atlantiste menée contre elle. Les mouches ont changé d'âne...

Nous sommes évidemment dans l'incertitude concernant la situation à venir bien que nous ayions déjà insisté sur la trajectoire belliciste rendue possible par celle-ci. Ce qui est, néanmoins probable c'est que l'Occident continue à se liquéfier dans sa dynamique nihiliste. En conséquence, ce qui constitue encore son liant afin qu'il ne s'effondre pas, se résume à une mobilisation otanesque contre des figures à abattre et des territoires à dévaster. Désormais la Russie sera promue à ce rang diabolisé. Ici, néanmoins, le bât blesse car par sa détermination cette dernière vient de montrer qu'elle est redevenue une grande puissance. Nous espérons qu'elle mettra celle-ci au service d'un processus d'intégration eurasienne authentique. C'est à ce niveau qu'il est indispensable qu'une mobilisation des peuples se fasse contre le chaos capitaliste désintégrateur. Localement, il s'agira d'observer la capacité du prolétariat ukrainien à répondre à la dictature instaurée par le gouvernement de Kiev. Plus largement, les travailleurs européens devront faire le lien entre la crise sociale profonde qui les affecte et l'offensive impérialiste poursuivie par leurs classes dominantes.

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