La France cachée, la France rebelle ! (23/06/2014)

En Europe, et en particulier en France, on s'acharne à nous faire croire que les classes laborieuses ont disparu, qu'elles furent enterrées par l'Histoire et qu'elles font partie du passé. Mais nous vivons dans cette France cachée, nous connaissons la réalité d'une aliénation que nous sommes de plus en plus nombreux à refuser.

La casse de l'industrie, et plus largement de la production nationale, fut rondement menée par la Droite comme par la Gauche, avec la complicité des directions syndicales pour le plus grands profit de notre patronat national. Un simple chiffre : 2 millions. C'est le nombre d'emplois industriels détruits en France depuis 30 ans. En 1980, l'Hexagone comptait 5,5 millions d'emplois dans ce secteur contre 3,4 millions en 2007.Le capitalisme mène un guerre contre les travailleurs, sa volonté de mondialiser l'Europe a abouti à une catastrophe sociale et humaine.

L'Europe connaît un appauvrissement et un déclin généralisés qui s'accompagnent d'une perte irrémédiable de souveraineté populaire et nationale. La crise a accéléré ce mouvement, elle a précipité les délocalisations et la restructuration de nos économies, la financiarisation permettant un pillage en règle des richesses des pays européens. Faire se constat ne suffit pas, néanmoins, il faut comprendre la réalité sociale de notre peuple pour agir concrètement pour sa libération.

 

Voyage dans la France des travailleurs

Le monde du travail a considérablement changé durant les années 1990-2000, un tissu économique plus diffus a remplacé les grande concentrations ouvrières des usines des années 1950-1960. Des secteurs comme l'agro-alimentaire, le médical ou les technologies de pointe ont remplacé en partie l'industrie lourde. Les conditions de travail n'ont pas changé pour autant. A la pénibilité (la hausse des maladies professionnelles et des accidents du travail est un bon révélateur de la situation) s'ajoutent désormais le stress et la pression de la précarité.

« Anciens » comme « jeunes » travailleurs connaissent les répercutions des mesures liées à la recherche de la « flexibilité ». Le chômage de masse (dont les chiffes sont savamment camouflés par les gouvernements successifs) offre la possibilité pour le patronat d'imposer ses règles. La précarité se traduit par les stages, plus ou moins rémunérés, le travail au «noir» et l'entrée, par l'intérim ou des contrats à répétition, sur des postes permanents. Un tiers des jeunes qui ont un emploi occupent un poste précaire ; contrat à durée déterminée ou emploi aidé, sans compter les stages bidons. La flexibilité de l'emploi concerne plus la tranche des 15-29 ans, mais cette précarité risque de préfigurer la norme de l'emploi de demain avec les nouvelles mesures du gouvernement.

Loin des élites des grandes villes, le monde rural et périphérique souffre et meurt en silence. Le taux d'ouvriers est de 32% dans la population active des «campagnes», les cadres y représentent à peine 7%. Le taux de pauvreté est sensiblement plus élevé avec 13,7% (au lieu de 11,3%) et les situations des personnes dans cette situation, plus dures que dans les villes. Ne bénéficiant pas du réseau d'aides publics, elles se retrouvent dans des déserts avec la fin des services publics de proximité (comme les transports ou les postes).

Du bâtiment à l'hôpital, des ouvriers agricoles à ceux des multiples petites usines, nous travaillons tous pour des salaires réduits (un quart des 25 millions de salariés, gagne moins de 9000 euros par an, soit environ 750 euros par mois). Mieux formés que leurs ainés, les travailleurs actuels se retrouvent au smic alors qu'ils ont des compétences et des postes plus complexes. Cela hypothèque l'avenir et ouvre la porte à la spirale de l'endettement pour les classes populaires.

Une colère impossible à contenir.

A l'aube du XXI ème siècle, un candidat à la présidentielle avait fait campagne avec des belles promesses à la «France qui se lève tôt». Cette arnaque lui permit d'entrer à l'Elysée et de laisser à la rue ses discours électoraux. Depuis, la droite s'acharne à détruire les conditions de vie des travailleurs

La situation des classes populaires et laborieuses françaises n'intéresse plus personne dans le monde politique et médiatique. La Gauche mise clairement sur la «France de Demain» et largue définitivement la classe ouvrière (jugée trop tentée par le vote FN et condamnée socialement par la marche de l'Histoire). Terra Nova, «think tank français de l'année» et laboratoire d'idée du P « S », théorise cette nouvelle alliance entre les sociaux libéraux et les minorités porteuses des valeurs de la modernité : immigrés, féministes, homosexuels militants, cadres dynamiques et diplômés... Nous pouvons y lire des propos clairement assumés sur la fin du «consensus ouvrier» de la gauche française : «A partir de la fin des années 1970, la rupture va se faire sur le facteur culturel. Mai 68 a entraîné la gauche politique vers le libéralisme culturel : liberté sexuelle, contraception et avortement, remise en cause de la famille traditionnelle… Ce mouvement sur les questions de société se renforce avec le temps pour s’incarner aujourd’hui dans la tolérance, l’ouverture aux différences, une attitude favorable aux immigrés, à l’islam, à l’homosexualité, la solidarité avec les plus démunis. En parallèle, les ouvriers font le chemin inverse. Le déclin de la classe ouvrière – montée du chômage, précarisation, perte de l’identité collective et de la fierté de classe, difficultés de vie dans certains quartiers – donne lieu à des réactions de repli : contre les immigrés, contres les assistés, contre la perte de valeurs morales et les désordres de la société contemporaine. Malgré cette discordance sur les valeurs culturelles, la classe ouvrière continue au départ de voter à gauche, qui la représente sur les valeurs socioéconomiques. Mais l’exercice du pouvoir, à partir de 1981, oblige la gauche à un réalisme qui déçoit les attentes du monde ouvrier. Du tournant de la rigueur en 1983 jusqu’à « l’Etat ne peut pas tout » de Lionel Jospin en 2001, le politique apparaît impuissant à répondre à ses aspirations. Les déterminants économiques perdent de leur prégnance dans le vote ouvrier et ce sont les déterminants culturels, renforcés par la crise économique, «hystérisés» par l’extrême droite, qui deviennent prééminents dans les choix de vote et expliquent le basculement vers le Front national et la droite ». Ce rapport est un signe de l'acceptation par la Gauche des règles du système mondialiste. Un article de Julia Cagé, universitaire et proche de Terra Nova, dans le journal économique La Tribune va plus loin. Titré «Pourquoi la France doit continuer à se désindustrialiser», il évoque la nécessité d'en finir avec notre production industrielle pour concentrer toute notre activité économique dans le développement des nouvelles technologies. Cette analyse à courte vue est surtout un bon moyen d'évacuer la question ouvrière d'Europe en la délocalisant vers d'autres pays. Cela semble annoncer l'orientation programatique de la Gauche, pour les élections présidentielles.

Mais nos cyniques lobbyistes oublient une chose, c'est que les classes populaires et laborieuses françaises sont encore majoritaires dans leur pays. Ils ne veulent pas comprendre la colère qui monte. Ils agitent l'épouvantail du FN, mais la vague qui les emportera est bien plus puissante que ce simple populisme (dont la sincérité sur la question sociale n'est pas si évidente, à la lumière de ses précédentes orientations libérales). Si les médias parlent du désarroi des «jeunes des cités», ils n'évoquent jamais la colère qui monte des classes laborieuses. Car ce nouveau prolétariat est une force en sommeil.

Nous qui faisons partie de ce peuple, nous disons assez ! Nous prendrons en mains notre destin, en l'arrachant des mains du Pouvoir en place. Nous ne voulons pas de la charité, nous voulons notre dignité de travailleur !  

 

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