Rébellion 19 (17/07/2006)

Le numéro 19 Juillet-Août est disponible.

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EDITO > Total war

ACTUALITE  > Les français majoritairement hostiles au capitalisme > Débat autour de Rébellion sur le web > 3 ans de Rébellion

SOCIETE  > Vers la fin de la famille ?  > Les médias dans le collimateur  > Anatomie de monsieur moyen  > Enfin la vérité ! De l’a propos des médias et du comportement militant [Serge Halimi]

ENTRETIEN > rencontre avec le PRCF

HERITAGE  > Commune de Paris : Les héros du peuple sont immortels ! > Proudhon, philosophe de la révolte

CULTURE  > Nietzsche et le problème du nihilisme > Chronique musicale: Frustration, la vague froide

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TOTAL WAR

Quand le mur de Berlin s’est effondré, on nous avait promis une ère nouvelle de paix et de prospérité universelle… Où nous ont mené dix-sept années de suprématie unilatérale des Etats-unis sur la planète ? Dans le monde en flammes où nous vivons, nous avons du mal à voir l’apport positif de la pax americana. Nous constatons seulement qu’elle fut le bras armé du capitalisme. Sa mission était de faire sauter toutes les barrières à l’extension sans limites de la mondialisation économique et idéologique. Mais aujourd’hui, sa puissance est fragile et elle ne repose que sur le règne de la terreur. Sa guerre totale contre la liberté des peuples suscite partout de nouvelles oppositions.

En Irak, les troupes d’occupation ne cessent d’accumuler échec sur échec dans la « pacification » du pays. N’arrivant pas à gagner les cœurs, elles se lancent dans la destruction systématique. Malgré le coup de théâtre de l’élimination d’Al Zarquaoui, les Américains ne sont pas près de sortir du bourbier irakien. Le chaos qui s’installe dans ce pays et les « bavures » commises par les troupes US renforcent la Résistance. Alors que des milliers de personnes sont retenues dans des camps d’internement (concernant les détenus de Guantanamo, la Cour suprême des Etats-Unis vient de déclarer que Bush a dépassé les limites de la légalité), que certaines « disparaissent » entre les mains de leurs tortionnaires et que les ressources pétrolières sont livrées aux grands groupes américains, la population irakienne bascule progressivement dans le camp des rebelles (qui peine pourtant à s’unifier entre les diverses tendances). On voit mal comment Bush parviendra à éviter une catastrophique débâcle. Quant au pouvoir fantoche de Bagdad, il n’a d’autre fonction que d’aider à la répression aux côtés des forces impérialistes présentes en Irak. Il réclame la mort de Saddam Hussein selon un scénario déjà mis en place par les forces mondialistes tendant à éliminer ses ennemis ainsi radicalement réduits au silence (Caucescu, Milosevic firent les frais de cette recette).

Si la tempête semble s’éloigner provisoirement de l’Iran, sur d’autres terrains d’opération, les combats font toujours rage. En Afghanistan, les talibans reprennent l’offensive après avoir gagné en influence dans de nombreuses zones. Ils infligent de lourdes pertes aux troupes gouvernementales et à celles de la coalition (il faut rappeler que Chirac a envoyé nos soldats dans cette galère au lendemain du 11 Septembre, ce qui en dit long sur la politique étrangère de la France). Après avoir rasé « par erreur » un village, les alliés doivent reconnaître que la situation est en train de se dégrader. En Somalie, les miliciens islamistes qui veulent rétablir l’ordre sur la base d’une stricte application de la charia se sont emparés de Mogadisio. Au grand soulagement d’une grande partie des Somaliens qui veulent sortir de dix ans d’anarchie. Comme on pouvait s’en douter, Washington voit d’un mauvais oeil ce retour au calme qu’elle ne contrôle pas. Les Américains soutiennent les chefs de guerres locaux, qui ravagent dans l’indifférence générale la Somalie depuis les départs de l’ONU, pour endiguer la progression des islamistes. On le voit, les forces les plus archaïques du monde musulman peuvent compter sur les Etats Unis pour générer les situations de crise qui leur permettent de se poser en ultime recours.

Quand les Américains n’interviennent pas directement, on peut compter sur leurs fidèles alliés sionistes pour accumuler « les bavures ». Ainsi lors des multiples opérations de représailles contre la résistance palestinienne, Tsahal aligne une liste sans fin de massacres de civils. Alors que des femmes et des enfants meurent sous les bombes, à Gaza, l’Union Européenne a lâchement suspendu l’aide qu’elle apportait à ce peuple martyr parce que les palestiniens ont eu le tort de voter démocratiquement pour le Hamas. Soutenue par les déclarations des Etats-Unis, l’armée israélienne vient de pénétrer dans la bande de Gaza et de s’emparer d’un tiers des membres des autorités palestiniennes tout en détruisant la seule centrale électrique de Gaza au prétexte de l’enlèvement d’un soldat israélien. Combien de détenus palestiniens dans les geôles d’Israël ? Si on peut avoir de justes réserves à l’égard de l’idéologie du parti islamique, on ne peut comprendre que nos gouvernants préfèrent lâcher une population sans défense au seul motif que ses dirigeants déplaisent aux Etats-Unis. La guerre civile qui couve dans les territoires palestiniens est la conséquence directe du désespoir d’un peuple abandonné. Là encore, la division de la résistance palestinienne fait le jeu de ses ennemis.

L’Europe restera-t elle toujours un îlot de paix dans ce monde ? On peut en douter … L’éclatement de la Serbie-Monténégro et la prochaine indépendance du Kosovo nous font comprendre que la balkanisation voulue par Washington se poursuit. Jouant sur nos faiblesses, les Etats-Unis veulent réduire notre continent à une mosaïque d’Etats confetti plus ou moins rivaux... Face à ce rouleau compresseur, nous ne pouvons que lutter. L’Amérique du Sud nous offre d’ailleurs un modèle de résistance en ce sens que malgré l’hégémonie étasunienne qui semblait totale sur ce continent et qui résultait de l’écrasement réitérée des révoltes populaires en Amérique latine, un nouveau front de lutte conduit par le camarade Chavez s’est ouvert contre l’oncle Sam et les oligarchies locales qu’il cautionne. Si les pays européens veulent survivre à l’hégémonie américaine, il leur faut prendre le chemin d’un modèle de « chavisme » adapté à l’Europe, c’est-à-dire un modèle original de socialisme propre au génie de nos peuples et ancré dans une vision géopolitique à long terme. Cela implique l’unité des forces sociales patriotiques autour d’un projet unitaire. Dans la situation actuelle, la France semble être mûre pour qu’un tel mouvement voie le jour malgré l’endormissement programmé des travailleurs autour de la question électorale. Les lignes de clivage entre droite et gauche se fissurent de plus en plus et certains en prennent conscience. La démence du projet mondialiste saute aux yeux, il n’y a pas de fin de l’Histoire dans un cycle perpétuel du capitalisme reproduisant sa Forme autonomisée.

PAS DE GUERRE ENTRE LES PEUPLES ! PAS DE PAIX AVEC LE CAPITAL ! 

 

 

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