17/04/2011
Méridien Zéro reçoit Alain de Benoist
Ses domaines de prédilection sont la philosophie politique et l'histoire des idées, mais il est aussi l'auteur de nombreux travaux portant notamment sur l'archéologie, les traditions populaires, l'histoire des religions ou les sciences de la vie.
Indifférent aux modes idéologiques, récusant toute forme d'intolérance et d'extrémisme, Alain de Benoist ne cultive pas non plus une quelconque nostalgie « restaurationniste ». Lorsqu'il critique la modernité, ce n'est pas au nom d'un passé idéalisé, mais en se préoccupant avant tout des problématiques postmodernes. Les axes principaux de sa pensée sont au nombre de quatre : 1) la critique conjointe de l'individuo-universalisme et du nationalisme (ou de l'ethnocentrisme) en tant que catégories relevant l'une et l'autre de la métaphysique de la subjectivité ; 2) la déconstruction systématique de la raison marchande, de l'axiomatique de l'intérêt et des multiples emprises de la Forme-Capital, dont le déploiement planétaire constitue à ses yeux la menace principale qui pèse aujourd'hui sur le monde ; 3) la lutte en faveur des autonomies locales, liée à la défense des différences et des identités collectives ; 4) une nette prise de position en faveur d'un fédéralisme intégral, fondé sur le principe de subsidiarité et la généralisation à partir de la base des pratiques de la démocratie participative.
Alors que son oeuvre est connue et reconnue dans un nombre grandissant de pays, Alain de Benoist reste largement ostracisé en France, où l'on se borne trop souvent à associer son nom à celui de la « Nouvelle Droite », expression dans laquelle il ne s'est jamais véritablement reconnu.
http://www.meridienzero.hautetfort.com
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13/04/2011
La Serbie et la Libye, sœurs en martyre du même mal
Komnen Becirovic, Journaliste-écrivain serbo-français originaire du Monténégro, évoque les drames yougoslave et libyen.
Je n’ai jamais eu l’occasion dans ma vie, qui commence à être longue grâce à Dieu clément, de connaître un seul Libyen, pas plus que je n’ai jamais éprouvé une admiration particulière pour le colonel Khadafi, si ce n’est une sorte de nostalgie qui m’envahit en me remémorant le temps où il vint au pouvoir en 1969, par le fait même que j’étais alors dans la force de l’âge et que, de surcroît, je me trouvais sur une île enchantée de la Méditerranée quand j’en appris la nouvelle.
Cependant, si l’on se place sur le plan de la justice et de l’éthique les plus élémentaires, on ne peut demeurer insensible devant le sort cruel infligé soudain au peuple libyen par les dispensateurs des droits de l’homme et de la démocratie, d’autant plus que le peuple serbe dont je suis issu, subissait il y a douze ans un pareil fléau.
En effet, on constate la même promptitude à secourir, par l’apocalypse sur le pays tout entier, une fraction de la population en rupture avec le pouvoir central et se livrant au terrorisme : les séparatistes albano-kosovars dans un cas, les rebelles benghazouis dans l’autre, que l’on a allumés, aussi bien les uns que les autres, pour créer les conditions du chaos afin de trouver un prétexte pour intervenir et mettre ainsi la main sur le pays ; la même effroyable disproportion des forces dans un cas, comme dans l’autre : l’immensité des moyens militaires déployés contre la Libye, tout comme ils le furent contre la Serbie, aurait suffi pour s’attaquer à un grand Etat, tel que l’était, par exemple, l’Union soviétique au faîte de sa puissance ; la même clameur des médias, rivalisant dans l’hypocrisie, dans le mensonge et la diabolisation, modulant sur toutes les cordes du mal, assourdissant les voix véridiques, et s’unissant aux grondements de l’apocalypse qui montent à présent comme il y a douze ans, jusqu’aux astres ; la même litanie d’imprécations et de condamnations au sein de leurs conclaves où l’inhumanité mime l’humanité, la médiocrité la grandeur et où les pygmées, disposant des armes dévastatrices, s’imaginent dans le rôle des géants investis de la mission de refaçonner le monde, fût-ce au prix de sa perdition, tant est désastreuse leur vanité ; la même démentielle idée d’empêcher une prétendue catastrophe humanitaire, en en provoquant une vraie et sans bornes, ou bien d’arrêter un massacre télévisuel simulé de quelques civils, analogue à celui de Ratchak, en meurtrissant du haut des airs des milliers d’êtres humains et en en terrorisant des millions d’autres, comme cela se passa naguère en Serbie avec leur démoniaque opération cyniquement baptisée Ange miséricordieux et se produit aujourd’hui en Libye avec leur équipée crépusculaire outrageusement appelée Aube de l’Odyssée ; la même rage destructrice aveugle contre la Libye, tout comme celle contre la Serbie, que traduisait le glapissement du sinistre Jamie Shea, porte-parole de l’Otan, selon lequel on allait rejeter la Serbie à l’âge de pierre, la Libye risquant à son tour d’être transformée en terre maudite, puisque le chef de l’aviation britannique n’hésite pas à déclarer qu’il faudrait la bombarder pendant au moins six mois ;
la même barbarie au nom de la civilisation, la même tyrannie au nom de la démocratie et la même carence de critères moraux que, pourtant, l’on n’a cessé d’invoquer pour justifier des entreprises monstrueuses, notamment les guerres contre la Serbie, contre l’Afghanistan, contre l’Irak, contre la Libye, sur lesquelles s’est clos le Deuxième et ouvert le Troisième millénaire du Christ, comme si dans cette accélération du mal – quatre guerres apocalyptiques en espace de douze ans seulement ! - Satan voyait son temps arrivé et se hâtait d’entraîner le monde dans l’abîme ;
la même obstination pour abattre le tyran Khadafi, comme le tyran Milosevic, fût-ce au prix de l’extermination respective jusqu’au dernierdes Serbes et Libyens, la fin, la prétendue instauration de la démocratie, justifiant les moyens, mais en fait dans le but de se rendre crédibles et redoutables, mus par leurs fantasmes de conquête du monde et de l’appropriation de ses richesses ;
la même cohorte des humanitaristes, certes avec Kouchner en moins cette fois-ci, mais avec l’indéfectible Bernard-Henri Lévy métamorphosé en Méphisto de Sarkozy, et qui, à ses diverses impostures, bosniaque, kosovare, tchétchène,géorgienne, irakienneet afghane, ajoute l’imposture libyenne, en glorifiantles avions de l’Otan qui sèment la mort et la destruction dans ce pays d’Afrique, en tant qu’avions de la liberté et de la démocratie, pour reprendre l’expression qu’il utilisaitlors des pareilles actions de la coupable coalition en Serbie ;
la même irresponsabilité des responsables occidentaux, en exceptant cette foi-ci les sages dirigeants allemands, d’ensemencer l’Afrique du Nord, tout comme naguère les Balkans, parle mal de l’uranium appauvri et d’autres matières toxiques en générant une catastrophe écologique, commesi celle du Japon n’en était pas une de trop sur notre pauvre planète en proie aux puissances du mal.
Cependant, la différence entre l’opération menée contre la Serbie et celle conduite contre la Libye, serait quele relief plus ou moins montagneux de la Serbie, facilitait la tâche des résistants serbes,tandis que le terrain plat de la Libye laisse ses défenseurs exposés au fléau du haut du ciel. D’autre part, Milosevic, contrairement à Khadafi, était honni par les Occidentaux, alors que celui-ci, toutes ces dernières années, jouissait de leurs faveurs, comme en témoignent les accolades avec Berlusconi ou le spectacle mémorable avec Sarkozy dans le jardin du palais deMarignanoù le Guide de sa droite serre la main du Président, tout ravissement, et de sa main gauche tient la bride de son chameau favori. Au méfait de la destruction du paysdu légendaire Bédouin, qui était en plein essor, s’ajoute celui de la trahison des dirigeants occidentaux que le scandaleux Cavaliere sera le premier à expier quand le sirocco couvrirala Péninsule de poussières radioactives mortelles.
Force est de constater d’après ce qui précède, que les acteurs de la fameuse communauté internationale auront manqué cruellement d’imagination, ne trouvantrien de mieux que de fêter ce douzième anniversaire de l’assassinat du printemps serbe par l’assassinat du printemps libyen. Et quant au vieux Guide à l’altière allure, à la figure façonnée par les ans et par les luttes autant que par les soleils et les vents du désert, même si se trouvait avéré ce qu’ils ne cessent de ressasser actuellement sur lui, après l’avoir flatté,ils risquent d’en faire un martyr, voire le Héros du monde arabe et le Lion de l’Afrique, vu l’immensité des forces injustement dressées contre lui et auxquelles il fait face avec le courage des héros mythiques qui hantent les rivages libyens depuis les temps homériques.
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