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02/06/2011

Nouveau contrôle social : Votre royaume est une prison !

[Rébellion n° 7- Juillet/Août 2004]


Travaille, consomme, sois plus productif, écrase les autres sans pitié, ruine l’environnement, regarde la télé, shoote-toi aux tranquillisants et surtout ferme là ! Voilà le leitmotiv de la société capitaliste. Donner à l’individu le goût de la servitude en lui octroyant comme unique liberté celle d’être son propre Kapo. Pour cela, les sociétés démocratiques libérales ont mis en place le plus efficace outil de contrôle social de l’histoire. Plus sûrement que les régimes totalitaires du passé, le système emprisonne les hommes et pourchasse les idées rebelles. La différence est que pour y arriver il utilise des moyens et des méthodes plus subtiles et moins visibles et qui sont pour cela bien plus efficaces. Bienvenue dans l’ère de l’oppression souriante et de l’exploitation douce.

Avec comme objectif le maintien d’un pouvoir économiquement inégalitaire et politiquement oligarchique, la classe qui nous dirige a compris que le plus sûr moyen pour y parvenir était d’amener les individus à accepter volontairement la servitude. Tout le nouvel appareil de contrôle social repose sur ce principe, il s’agit de formater les esprits et d’obtenir l’adhésion de chacun aux valeurs de la société libérale. 


Les autoroutes de la désinformation
Dans la savante lobotomisation des masses, en cours, les divers médias jouent le rôle de fer de lance de l’opération. La télévision se révèle être un formidable outil de contrôle social car elle véhicule le message unique des maîtres du capital.  95% des foyers possèdent au moins un poste de télévision qu’ils regardent en moyenne 3h30 par jour. On peut donc à travers ces deux chiffres analyser l’étendue des dégâts que cause l’influence de la télévision. Ces 3h30 consacrées à visualiser la télé ne seront pas consacrées à la lecture d’un livre (activité autrement plus intellectuelle), mais à se vider psychiquement après le travail, et par là même à être en contact direct avec le pouvoir à travers le programme choisi. Elle participe au renouvellement de la force de production en effaçant artificiellement la fatigue du travail et, en même temps, elle crée l’apparence d’exister par procuration au sein une vie standardisée et illusoire. La TV dicte les normes à suivre, et est devenue un outil de répression psychologique bien plus fort que n’importe quelle prison ( note de la rédaction : depuis l'écriture de cette article, la diffusion d'internet et des nouvelles technologiques numériques a renforcer les techniques de lobotomie de masse) .


Le rôle des journalistes ? Orienter l’information dans le sens du pouvoir en place. La censure n’étant plus utile, tout bon journaliste, formé dans les écoles de communication, sait par cœur le discours de la pensée unique. « Si nous ne mentionnons pas un événement, il ne s’est pas produit » affirmait cyniquement Ted Turner, l’ancien patron de CNN. Comme le remarquer Noam Chomsky dans « La Fabrique de l’opinion publique », l’info est devenue un enjeu politique et économique soumis aux pressions des grands groupes financiers.


Le remodelage du réel s’opère d’autant plus facilement que disparaissent les poids des repères intellectuels (appauvrissement de la langue, perte des références culturelles en particulier au niveau historique, sous culture de masse…). Tout est fait pour empêcher la réflexion et semer la confusion dans les esprits. La destruction de la transmission du savoir n’est pas innocente. Le but étant de donner naissance à un nouveau monstre : un citoyen docile qui soit aussi un consommateur vorace.


Les piéges de la consommation
Là où les nazis et les staliniens ont mis en place le camp de concentration et le goulag, la société de consommation a créé le supermarché. Dans la logique d’extension sans fin du Marché, la consommation de masse est un impératif du développement du capitalisme. Tout doit être fait pour créer le réflexe de l’achat. Les entreprises ont investi des fortunes pour inculquer par la publicité, aux consommateurs, l’idée du vieillissement psychologique, c’est-à-dire le désir de renouveler des biens sans attendre que ceux dont on dispose soient usés. Tout aussi efficace est la conception de machine se dégradant progressivement, la durée de vie d’un appareil ménager bas de gamme est calculée pour ne pas dépasser cinq ans, pour atteindre son renouvellement.
Pour écarter tout risque, les trusts commerciaux se chargent de formater le futur consommateur. David Whedan, ex-directeur mondial de coca-cola, affirmait que «  face à la difficulté de prévoir comment sera le consommateur du futur, la solution est de le créer nous-même dès à présent. Avec l’aide de bonnes idées et d’une bonne pub, le cours du futur va aller où nous voulons qu’il soit. La meilleure façon de prévoir l’avenir est de le créer ». Dans la guerre commerciale que se livrent les multinationales à coups de budgets publicitaires faramineux, les seuls perdants sont les consommateurs.
Le crédit, création artificielle de valeur par excellence, est la base du système. Le surendettement des foyers entraîne des conséquences tragiques et piége des milliers de familles en France. Du simple ménage aux états en faillite, sous perfusion du FMI, tous sont tenus par l’usure capitaliste qui leur dicte leurs choix.


Souriez, vous êtes fliqués
Contrôler les masses est une obsession du système. Identifier les déviants et les isoler du reste de la société, les rendre infréquentables, les exclure économiquement et au final les incarcérer ou les interner : voilà les tâches assignées à une organisation étatique tentaculaire qui s’imisce dans nos vies sans que nous ne nous en rendions vraiment compte. Dans le domaine des nouvelles techniques de contrôle, on n’arrête pas le progrès (dommage…).


Le fichage informatique facilite grandement le travail de la police en permettant le croisement d’une multitude d’informations provenant de sources étatiques (fichiers de police ou des RG, des impôts, des recensements de populations) ou privées mises à la disposition de l’Etat (comme les données récoltées lors d’enquêtes commerciales). La modernisation de l’outil de contrôle a permis aussi le pistage des « traces informatiques » (retraits par carte, appels depuis des téléphones mobiles) effectué plus ou moins légalement. Le durcissement de la législation au motif de la lutte contre le terrorisme va ainsi dans le sens d’un contrôle total des outils de communication, comme Internet, par les Etats. Et le pire reste à venir, si on en croit les spécialistes de la sécurité. Le développement de la biométrie (contrôle combinant des empreintes et des traits de visage) et des fichiers génétiques sont les grands espoirs de nos oppresseurs. Le neurologue américain Larry Fawell avance même une nouvelle théorie selon laquelle on pourrait désormais reconnaître l’intention d’une personne en lisant les images issues d’un scanner de son activité cérébrale. Cela pourrait prêter à sourire, si on ne savait pas, que le FBI et la CIA financent activement les recherches de ce docteur…


Heureusement il reste de l’espoir, ces nouvelles technologies sont sujettes à des plantages spectaculaires pour l’instant. Mais là où nous devons nous inquiéter, c’est dans le consensus qui naît autour de ces pratiques, qui ne sont pas  jugées liberticides par la majorité de nos concitoyens. Parce qu’elles sont habilement présentées comme des mesures « indolores », elles sont acceptées comme des formalités inévitables.


La violence intégrée
« Plus une société devient libre, plus il est difficile d’utiliser la force » écrit Noam Chomsky ; il ne faut pas pour autant en conclure que la brutalité ait disparue. La violence est intégrée à l’état démocratique, elle fait partie intégrante de son fonctionnement.

La question de la violence a toujours été au cœur de la réflexion révolutionnaire.  Dans la révolte, elle s’exprime de manière éclatante et spontanée, elle est libératrice et se légitime par le désir des peuples de s’émanciper de l’oppression. Mais on a trop souvent tendance à oublier que la violence peut être entre les mains de l’Etat. Elle est alors un instrument froid, calculé, totalement maîtrisé et contrôlé. Elle est, de plus, mise en scène pour être acceptée par tous, elle tend à être acceptée par tous, comme des moyens « indolores ». Jugeons-en nous -mêmes : le taxer X25, adopté par la plupart des polices du monde, se propose de ramener d’éventuels fauteurs de troubles au calme à l’aide de 2 sondes propulsées à grande vitesse pour se figer dans le corps en envoyant une puissante décharge électrique qui neutralise la communication entre le cerveau et les muscles. Autre sympathique invention, le canon sonique qui touche par ses vibrations des foules entières ou ses gaz paralysants utilisés  à Moscou lors d’une prise d’otages dans un théâtre (mais n’étant pas encore au point, il a provoqué la mort de nombreux otages).

Dans un autre registre, n’oublions pas les nouvelles méthodes de torture mises au point par l’armée israélienne dans les territoires occupés et reprises dans les prisons américaines de Guantanamo. Par la privation du sommeil à l’isolement en chambre sombre (privation de toutes sensations sensorielles pendant plusieurs jours et pouvant aboutir à la folie), on sait parvenir à obtenir des aveux « sans violence » et sans laisser de blessures.  Un grand progrès en comparaison du bon vieux passage à tabac de nos commissariats…


De qui dépend que l’oppression demeure ? De Nous !!!
Notre espoir se place dans le réveil des classes populaires qui seront amenées à ouvrir les yeux sur leurs conditions par les contradictions mêmes du capitalisme. « Arrivé à l’apogée de sa puissance, le capitalisme est aussi arrivé au plus haut point de sa vulnérabilité : il ne débouche nulle part ailleurs que sur la mort. Si faibles que soient les chances de révolte, c’est moins que jamais le moment de renoncer au combat » déclarait Paul Mattick. L’exclusion massive au nom de la rentabilité laisse chaque jour d’avantage de personnes en dehors de la société. Arrive un moment où la majorité des gens n’arrivera plus à suivre, ils chercheront alors à se libérer de leur impuissance en contestant la machine capitaliste.

Élément souvent négligé dans la grande faillite du système, la production de toujours plus de médiocrité et de folie dans une société sans repaire et au bord de l’explosion. La fin de la circulation des élites au profit d’une petite caste de technocrates et la destruction savante de l’éducation nationale a produit des générations où certains jeunes peuvent maîtriser le plus complexe logiciel informatique, mais buter sur un simple addition. Les impératifs d’adaptation à une économie marchande ont détruit les fondements mêmes du savoir. Dans l’avenir, le savoir sera une arme à ne pas laisser aux imbéciles. Le combat de demain sera celui contre l’indifférence et l’absurdité de la barbarie libérale.