Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/10/2006

Rébellion 20 - Septembre/ Octobre

medium_03.jpg

--------------------------

Guignol’s band

On n'avait jamais vu çà sous la cinquième république. Une campagne présidentielle si morne que personne ne semble s’y intéresser. Ah, bien sûr, les médias et les instituts de sondages se penchent régulièrement sur les micro rebondissements de ce mauvais spectacle, mais que voulez-vous c'est leur gagne pain. Les français des classes populaires sont plus occupés par des préoccupations de survie quotidienne. Ils sont déjà résignés à voir un médiocre occuper l'Elysée.

A Gauche, le cirque de la désignation du candidat du P« S » n'offre que l'image d'une guerre des clans sans pitié. Les coups bas pleuvent entre les prétendants sans que nous voyions dans cette foire d'empoigne d'autre raison que la soif du pouvoir suprême. En effet, ils sont tous d'accord pour accepter le diktat libéral et ne souhaitent surtout rien changer. Si on peut penser que le destin politique de Ségolène Royal risque d'être piétiné par les « éléphants » de son propre parti, il reste que la fadeur de ses déclarations compassionnelles cache mal son absence de programme.

En face, ce qui est bien avec Sarkozy c'est qu'il ne cherche même pas à cacher son projet ultra-libéral. Pouvant compter sur le soutien des médias pour présenter de manière sympathique ses prises de position, il peut se lâcher et assumer sans complexe son rôle de candidat de l'oligarchie.

Au niveau de la politique intérieure, nous l'avons déjà vu à l'oeuvre. Sous des dehors de fermeté, il entend bien laisser la situation se dégrader. L'insécurité permettant de verrouiller d'avantage la société, il aurait tort de se gêner.

Enterrant définitivement le gaullisme, Sarkozy a déjà fait allégeance à son maître américain. Son positionnement pro atlantiste et sa sympathie affichée pour le sionisme, ne laisse planer aucun doute sur sa future politique extérieure. Le peu d'indépendance nationale qui restait à la France sera bradé par un nain politique fasciné par le néo-conservatisme Us.

Sarkozy connaît parfaitement son rôle. Il sait qu'il doit en finir avec les dernières résistances populaires à l'intégration au système du turbo capitalisme, qu'il doit imposer la précarité absolue, détruire les dernières protections sociales et briser les barrières nationales. Cela, il entend le mener à bien pour remercier ses puissants protecteurs des milieux des affaires et de l'argent.

Et les autres candidats ? Dans tout cela, ils passent inaperçus. Après le ralliement de Chevènement à Ségolène (le « miraculé de la République » n'est pas à une erreur politique près), il faut bien dire que le camp souverainiste au sens large fait pâle figure. Philippe de Villiers, téléguidé pour rafler des voix au FN avec sa surenchère islamophobe, peine à trouver une crédibilité. A l'Extrême Gauche, à force de prêcher l'unité on se dirige vers de multiples candidatures. Le naufrage du PCF aiguise, certes, les appétits trotskistes. Mais la vigilance des cadres du P « S » qui ne veulent pas voir se reproduire le scénario de 2002, risque de rendre difficile la collecte des signatures de parrainage pour les formations gauchistes.

En effet, l'ombre de Le Pen plane sur cette campagne si tranquille. Le vieux leader sait que les événements travaillent pour lui. Mais le régime lui laissera-t-il jouer son dernier coup ? Là, est la seule question intéressante de cette élection. Le système sait que même si le FN ne représente pas un danger en lui-même, il peut participer à une radicalisation des masses populaires. A partir de là, le pouvoir aurait du mal à maîtriser son scénario, comme il le fit en 2002. Le virage « national populaire » de sa ligne, même si elle n'est qu'une stratégie de marketing, amène les français à s'interroger sur la responsabilité de leurs élites dans l'état catastrophique du pays. Cela est un danger que nos bons dirigeants ne souhaiteront peut-être pas courir. Même si cela implique de retirer son masque démocratique à leur domination.

A quelques mois des élections, nous en sommes donc là. Certaines choses peuvent encore survenir pour troubler le calme de la campagne. Cela ne viendra pas des mandarins des partis institués, mais partira des marges du jeu politique. Dans ce vaste « En dehors » se retrouvent des électrons libres qui, en toute autonomie, agissent pour faire éclater les consensus et créer de nouvelles convergences. Issus de divers horizons, ce sont des réprouvés des partis officiels, ils font partie du camp grandissant de ceux qui « ne jouent plus », qui ont émis quelques doutes à l’égard des dogmes intangibles de la Pensée unique, de celle qui empêche réellement de penser ; ces gens serviront peut-être de base à l'émergence d'un vaste mouvement social patriotique. Mais cela supposerait une articulation de leurs préoccupations oppositionnelles avec la pratique sociale du prolétariat (la critique théorique doit devenir pratique critique), la formulation claire de finalités en rupture avec le système, une projection vers l’au-delà du capitalisme, la reprise en main concrète de l’idée que le capital n’est pas la fin ultime de l’histoire humaine et que la financiarisation et la commercialisation de toute activité est une utopie malsaine. Nous souhaitons promouvoir cette parole de rupture et encourageons chacun à participer à sa formulation aux antipodes du grand guignol médiatique. Nous avons encore le droit à la parole, prouvons que nous avons des choses à dire en nous opposant au règne universel de la marchandise et à son discours mensonger…