Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/04/2010

Chroniques ouvrières

Chroniques parues dans Rébellion 32 – Septembre/Octobre 2008

 

sorel.jpgPour une histoire de la grève…

Au cours du cycle historique du socialisme français, le mythe de la Grève générale s’est égrené de différentes façons. D’une forme quasiment pure, pour ne pas dire cristalline, il s’est chan­gé au cours du temps en une forme impure, pour ne pas dire corrompue. Mais la rupture a bel et bien eu lieue. Le temps est venu du retour aux sources divines de la Grève générale. Devant nous il n’y a plus qu’un champ de rui­nes. Il nous faut donc tout reconstruire. Le cycle mortel de la Grève s’achève enfin.

Aux armes citoyens !

Petit rappel historique : on dénote pour la Grève quatre phases historiques bien marquées.

La grève-violence surgit brutalement au coeur de l’histoire européenne à partir du XIX° siècle. C’est le mythe de la grève générale. Il fut chanté d’une façon admirable par Georges Sorel, notam­ment. Il reste la référence primordiale, sorte de paradis perdu des socialistes révolutionnaires. Mais il ne doit surtout pas se changer en mythe incapacitant. Il doit au contraire être dépassé pour renaître aujourd’hui.

La grève-militante correspond, quant à elle, aux années soixante-dix. La nais­sance du Gauchisme soixante-huitard l’accompagne. Elle est une violence dévoyée voire une violence impure. La grève-militante est désordonnée, chaotique, sans fondements nets et précis. Elle oscille entre deux options contradictoires : un doux anarchisme et un communisme pur et dur. La grève-miltante, c’est l’acte de décès du mythe de la Grève générale.

La grève-festive naît avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, le 10 mai 1981. Elle symbolise l’apogée du syndicalisme français. Elle annonce aussi sa mort prochaine. Le mythe même de la grève est alors totalement déconsidéré. Dans la rue, on assiste à des parodies de grèves, à des masca­rades. Le folklore remplace la tradition au sein des cortèges. Les grèves sont également trop nombreuses, trop cor­poratistes et dispersées. Ce sont des micro-grèves inutiles et bruyantes. On s’agite pour s’agiter. On crie dans la rue. On se défoule. Mais on n’y croit déjà plus. La grève perd alors son caractère violemment révolutionnaire.

La grève-désespérée apparaît à l’aube des années 2000. Elle s’organise en rupture avec les vieux syndicats omni­potents totalement déconsidérés aux yeux du peuple. On parle alors de grève de la base, voire de révoltes autonomes. La voix des syndicats n’est plus la voix des ouvriers. Le peuple a pris le large. Il s’en est allé flirter avec le vieux mythe renaissant de la Grève générale. Voici pourquoi les grèves qui se préparent, celles du XXI° siècle, seront beaucoup plus féroces que par le passé. Voici pourquoi le Sabotage va prendre bien­tôt une ampleur démesurée. Le peuple est au bord de la rupture. Et même si le système est fort intelligemment verrouillé, il ne tiendra plus longtemps. Car dans tout système, il y a une faille. Il suffit juste de la trouver…< Jip de Paname

 

 

Le Chat, ennemi naturel du libéralisme !

Le chat est par essence un ennemi du système. Il est l’anti-efficacité, l’anti-productivité, l’antiutilitarisme même. En un mot, c’est l’animal le plus anti-libéral qui soit. D’ailleurs la vie d’un chat ressemble à s’y méprendre à celle d’un chômeur d’aujourd’hui. Le chat dort en moyenne dix-sept heures par jour. Ce qui est considérable au vu du nombre d’insomniaques qui hantent la nuit noire de notre société. Il sort principalement la nuit. Comment pourrait-il alors se rendre efficace le jour comme tout bon homo oeconomicus qui se respecte? Le chat ne connaît ni les cadences infernales, ni la concurrence déloyale. Il ne supporte pas les foules anonymes. Il aime sa différence, sa liberté, son indépendance.

Le chat défend son territoire là où l’homme moderne se targue de n’en avoir aucun. Sans terre, sans patrie, sans racines, sans culture, sans identité, l’homo oeconomicus est un nomade sans foi ni loi. Il ne connaît aucune autre attache que celle de son compte en banque. Bassement matérialiste, l’homme mo-derne est un animal qui manque cruellement de grâce. Il est une bête féroce et égoïste. Le chat a quant à lui conservé toute sa malice ancestrale ainsi que sa grâce légendaire. Contrairement à l’homme moderne, le chat est un animal courageux. Pour assurer sa survie, il n’hésite pas à montrer ses griffes.

Même ses ennemis, les chiens, ne l’effraient pas, tout juste peuvent-ils le surprendre. Le chat privilégie le duel quand l’homme moderne se rue sur sa proie en bande impavide. Le chat est le remède naturel à notre société. Il soigne

les hommes de leurs dépressions et de leurs angoisses. Carresser un chat, c’est rependre goût à la vie. C’est se sauver soi-même du chaos libéral. C’est se soulager le corps et l’âme. L’ennemi du chat, le système libéral, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Partout où règne en maître le libéralisme, le chat est purement et simplement éradiqué. Pour ne prendre que quelques exemples parmi tant d’autres, Rome, la ville éternelle est devenue en quelques années la proie des promoteurs immobiliers. Elle a en conséquence été nettoyée de fond en comble. Si bien que le vieux forum Romain, refuge des chats s’il en est, s’est vidé brutalement de sa substance. Et c’est toute la ville impériale qui a brutalement vendu son âme au plus offrant.

Et que dire de Venise ? Plus aucun chat pour courir sur les ponts de la Sérénissime. De sombres individus à casquette éructant du globish à longueur d’années, les poches pleines de billets verts, les ont peu à peu remplacés. Lorsque les chats désertent les rues, le chaos ressurgit. Non pas le chaos qui précède l’ordre, mais bien plûtot le chaos informe qu’appelle de ses voeux le libéralisme triomphant. Ce chaos qui dévaste tout sur son passage. Privée de ses chats, la ville perd son âme. Elle renonce à son antique statut de cité enracinée. Elle se transforme en un vaste décor à l’usage des touristes ou pire en cité dortoir. Le petit peuple des rues s’efface à la suite de ses chats. Il est rejeté vers la grande banlieue, vaste no man’s land où s’achève toute Culture. A sa place, les bobos et leur pseudo civilisation hygiéniste surgissent de toute part : propreté, sécurité, fausse mixité. Le triptyque du néo-libéralisme se cale dans les cerveaux humains déjà trop abîmés pour pouvoir encore lui résister. Pour ses détracteurs, le chat est sale. Il porte en lui toutes les maladies de l’homme. Autrefois n’était-il pas brûlé en place publique, ce fier compagnon des sorcières, ce chat noir du paganisme antique?

Symbole d’une révolte totale contre le monde moderne, le chat s’oppose naturellement à la civilisation du bruit, de la vitesse et de la pollution. Il encourage la lecture, occupation devenue subversive aux yeux de la police de la pensée. Il ronronne rien qu’à cette harmonie subtile que ne connaissent plus les hommes pressés d’aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si le chat est l’animal fétiche de nos poètes, s’il accompagne toujours les éveilleurs de peuple dans leurs quêtes impossibles, s’il incarne encore de nos jours cette sagesse qui fait tant défaut à notre monde moderne et s’il demeure le pur symbole de notre Rébellion...< Jip de Paname.