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22/07/2010

Editorial n°43 : Le linceul du Vieux Monde

« Le vrai choc des civilisations, actuellement, c'est la guerre des Etats-Unis contre le reste du monde, et la résistance des peuples à l'arraisonnement du monde par l'infinité du capital (…) C'est ce qui m'a amené à écrire que l'ennemi principal est aujourd'hui le capitalisme et la société de marché sur le plan économique, le libéralisme sur le plan politique, l'individualisme sur le plan philosophique, la bourgeoisie sur le plan social et les Etats-Unis sur la géopolitique ». Ces quelques lignes, tirées d'un entretien fondamental   entre Alain de Benoist et Michel Marmin, publié dans le dernier numéro de la revue Eléments (1), recentre le débat concernant les principes fondamentaux de l'analyse politique fondant la pensée réellement critique. C'est sur cette ligne de fracture que se cristallise la convergence à laquelle nous aspirons, depuis l'origine de notre revue.  Car il n'y a pas de vraie rupture avec le système sans le refus du clivage suranné Droite/Gauche (notions devenues vides de sens et dépassées) et sans la claire affirmation que le capitalisme représente l'ennemi principal.

 Cette idée n'est pas un slogan anodin. Chaque jour, nous vivons la désintégration sociale causée par la logique du  capital. Mesures anti-sociales du gouvernement, révélations sur les petits combines de l'oligarchie dominante (avec toutes les sornettes concernant les bienfaits de la démocratie bourgeoise qui ne saurait tolérer ces abus alors qu'ils ne sont que le révélateur de la guerre de chacun contre chacun inhérent à son individualisme intrinsèque), explosion de l'insécurité dans les quartiers populaires (rôle spectaculaire du néolumpenproletariat), guerre mondiale contre les pauvres, destruction de l'environnement (avec les fausses solutions proposées par les belles âmes, les "verts") : la liste est longue des méfaits de l' organisation criminelle représentée par les tenants du marché capitaliste et des « droits de l 'homme ». Personne ne parle de la souffrance des travailleurs français, européens et du monde entier, on l'évoque à peine lorsque quelques actes désespérés éclairent la misère sociale et psychique des oubliés du système.

Celui-ci, par la nature de son organisation, de ses intérêts mercantiles, possède une conscience globale opérante, adéquate à sa pratique (néanmoins fausse conscience à propos de ce qu'elle est réellement), de la guerre de classe à conduire contre l'ensemble de ceux qu'elle exploite et asservit (2). Le règne du capital approfondit, clarifie, tout en essayant de la masquer, la guerre au sein des rapports sociaux ; tant qu'il domine et jouit de ses victoires comme il l'a fait depuis deux décennies, il possède une conscience  nette des enjeux de sa lutte grâce à sa stratégie financière (profits du marché financier immédiats), économique (délocalisations, exploitation accrue du prolétariat), idéologique (droits-de-l'hommisme), géopolitique (monde unipolaire). Le prolétariat, quant à lui, a été disloqué durant cette dernière période par ces mesures et a perdu la boussole lui indiquant les finalités de sa lutte de classe : la guerre à l'exploitation synonyme d'expropriation de la vie par les impératifs aliénants de la guerre économique. Ses luttes actuelles se résument, pour l'instant, à un sordide marchandage pour sa mise au placard lorsqu'une entreprise ferme ses portes pour aller extorquer sa plus-value sous d'autres cieux. La conscience que la base ontologique de l'existence est la production et la reproduction de la vie immédiate, réelle, des hommes au cours de leur histoire et qu'elle peut ne pas leur échapper (communisme contre satisfaction de la jouissance béate d'une classe minoritaire) semble s'être éloignée. La croyance illusoire que la majorité allait pouvoir communier dans le mode de vie de couches moyennes sybarites y a été pour beaucoup. Néanmoins, par une ruse dont l'histoire aliénée a le secret, l'indomptable nécessité traduite de nos jours par la raison calculatrice du capital, impose un durcissement dans les attaques que celui-ci inflige au prolétariat. Il est raisonnable de penser que de larges secteurs de ce dernier, ne pourront plus adhérer à l'image de paix sociale et se verront contraints de reprendre le chemin de la lutte de classe authentique : guerre à la domination ignoble de la loi de la valeur ! Guerre à la domination mondiale de l'Economie !

Il nous faudra donc être à la hauteur de la guerre de classe en devenir. Nous avons insisté durant plusieurs années sur l'importance de rompre avec des attitudes et des nostalgies dépassées. Le temps de l'activisme stérile est fini, les poseurs pseudos-révolutionnaires n'ont jamais rien amené à la cause révolutionnaire. S'ils veulent « consommer » de la révolte, nous leur conseillons de rejoindre les derniers micro groupuscules des mouvances extrémistes moribondes ou de suivre le chemin du NPA vers le réformisme du néant. Un militant efficace laisse aux vestiaires les tenues idéologiques des folklores politiques dépassés, il se renforce intellectuellement (par sa curiosité intellectuelle et un travail de formation politique sérieux) et agit concrètement (travail militant dans le réel).

Notre but est double dans notre action : premièrement, nouer des contacts avec les individus et groupes en « rupture » avec les normes du système et diffuser nos idées dans les secteurs les plus enclins à rejeter la logique capitaliste. En deuxième lieu, permettre une prise de conscience progressive des classes populaires par un long (mais nécessaire) travail d'imprégnation.

Le linceul de Vieux Monde ne se tissera pas tout seul. Retroussez donc vos manches...

Notes :

1)- Eléments de Juillet/Août propose un dossier sur  « La Nouvelle Droite est-elle de Gauche ? »  Disponible en kiosque pour 5.50 euros.   http://www.revue-elements.com/

2) Sur le concept de guerre, on se reportera utilement aux numéros 33, La guerre? (avril 2010) et 34, La guerre? (2) (juin 2010) de la revue Krisis. Concernant, les idées de guerre de classe et de lutte de classe, lire en particulier, les articles de Bruno Drweski et de Costanzo Preve dans le n°33 et sur l'articulation entre lutte de classe et "quatrième guerre mondiale" dans l'oeuvre de Preve, l'article éclairant, rédigé par Yves Branca pour le n° 34. N° 33, 23 euros. N°34, 25 euros. 5, rue Carrière-Mainguet. 75001 Paris.

 

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