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17/02/2012

Edito du numéro 52 : A bas les élections ! vive la planification !


Nous, travailleurs, sommes-nous réellement concernés par la compétition électorale présidentielle qui débouchera ultérieurement sur la redistribution des postes parlementaires aux diverses composantes de l'oligarchie dominante? Sommes-nous redevables de quoi que soit à l'égard des créanciers internationaux auxquels les gouvernements successifs nous ont livrés pieds et poings liés? Devons-nous reconnaître l'ampleur de notre "dette" envers les actionnaires de la classe mondiale dominante afin que ceux-ci puissent continuer à mener leur vie indécente de sybarites? Il est temps que les travailleurs abandonnent leurs complexes (non, ils n'ont pas trop dépensé! Ils ne doivent pas s'excuser de vivre!) entretenus par tous les organes du pouvoir du capital absolu.

C'est la logique du système qui est dispendieuse des ressources naturelles et humaines en les transformant en substance de la valorisation. Les exploiteurs financiers ou industriels prospèrent grâce au sacrifice de nos vies à leur mode de vie et de production obsolète et totalement imbécile. La responsabilité des travailleurs ne saurait être engagée pour ce qui concerne leurs difficultés à dégager toujours plus de profit dans leurs affaires. S'il y a responsabilité concernant les enjeux majeurs de notre temps, celle-ci réside dans la trop grande naïveté des prolétaires face aux illusions sécrétées par le système et dans leur passivité corrélative. Les défaites successives des travailleurs et le recul de leur conscience politique dans le cadre de la lutte des classes y est pour beaucoup. Face à l'ampleur de la crise globale du capitalisme, celui-ci a lancé une offensive mondiale contre la résistance des peuples en coordonnant ses actions tant sur le plan économique et financier (instances supranationales aux commandes) que militaire (interventions impérialistes tous azimuts). Dans ces conditions le capital a toujours un coup d'avance en bloquant toute riposte efficace; il bénéficie de la marge des délocalisations, de la faiblesse des prolétaires des pays pauvres accablés par la misère et des maigres ressources restant à piller dans les pays "riches" auprès des couches moyennes et de ceux ayant encore un emploi. En dernière instance, (avant le recours ultime à la violence étatique) il bénéficie du soutien de tout l'appareil politique électoraliste mis en scène à échéance régulière afin de rythmer l'absence de vie sociale véritable du "citoyen" et de reproduire sa sidération (1).

Alors que les mesures d'austérité pleuvent comme jamais sur nos têtes (inutile de les énumérer, chaque prolétaire les connaît), en France, l'élection présidentielle future est sensée, comme toujours, nous conduire vers la Terre promise après que les sacrifices auront été consentis. En fin de quinquennat, le président en exercice vient de s'apercevoir qu'il fallait arrêter les délocalisations. Dans quelle contrée séjournait-il pour avoir ignoré cette situation jusqu'à maintenant? La solution géniale issue de son entendement tourmenté serait la TVA sociale! On remarquera que tout mauvais coup de la classe dominante est affublé du qualificatif de "social". Il y a des plans "sociaux" (=chômage), un dialogue "social" (=collaboration de classe), une TVA "sociale" maintenant (=consommation élémentaire toujours plus chère). Quant aux politiciens, ils nous font miroiter la justice "sociale" (=idée nébuleuse afin de ne pas s'attaquer frontalement au capital et ne pas changer les rapports sociaux). Comme l'écrivait Montaigne : "Ce sont des amusoires de quoi on paît un peuple malmené, pour dire qu'on ne l'a pas du tout mis en oubli". (2).

Du moins "l'oubli" que nous subissons relève du désintérêt des gouvernements à l'égard des nécessités durement ressenties par les travailleurs ; car, par ailleurs, le capital dans sa dynamique ne saurait ignorer d'où provient la source de son accumulation de profit : du travail salarié, du capital variable devenu toujours trop coûteux pour les détenteurs du capital constant mis en mouvement par le travail des esclaves modernes condamnés à faire fonctionner un appareil productif d'où sortiront les objets devenus marchandises et jetés sur un marché saturé à l'échelle mondiale, tandis que les besoins humains sont aliénés et insatisfaits dans ce qu'ils peuvent avoir d'essentiel. Surproduction et chute du taux de profit ne peuvent plus être compensées par l'accélération des gains financiers plus ou moins incertains au sein de l'univers de la richesse fictive. Alors s'imposent des décisions "politiques" ; la main invisible du libéralisme ne produisant pas son cercle vertueux, c'est la main de fer de l'intervention étatique qui grâce à son pouvoir coercitif fait baisser directement les salaires (destruction de la fonction publique et de ses services, des diverses aides publiques qui amortissaient les angles de l'exploitation jusqu'à aujourd'hui) afin de redistribuer cette manne aux instances financières et compresser le coût du travail (la valeur de la force de travail (3) ) pour les industriels. Ces manoeuvres ne sont pas totalement incomprises par les prolétaires les plus immédiatement affectés, comme cela est visible dans la mobilisation incessante des travailleurs grecs réduits à une situation tragique mais convenablement organisés autour des mots d'ordre du Parti Communiste, il en est relativement de même au Portugal.

Fondamentalement, il n'y a pas de recette au sein du système, pour nous sortir de ce mauvais pas. Il ne faut surtout pas céder au discours sur les "sacrifices nécessaires", le fameux "sens des responsabilités" et autres bobards distillés par les commis du capital afin de pérenniser la passivité des prolétaires. Il ne faut pas plus soutenir quelque intervention impérialiste dans le monde, conduite communément sous le masque hypocrite du scandaleux "droit d'ingérence humanitaire" ; il n'est pas improbable que le capital aux abois se lance dans de nouvelles agressions d'ampleur et d'intensité accrus, au Proche et Moyen Orient. L'irresponsabilité à l'égard de l'humanité et de son avenir est donc patente du côté de la voyoucratie capitaliste. Il faut, au contraire, proposer dans toutes nos interventions, d'abord le refus viscéral de toute dégradation de nos conditions d'existence et de surcroît, ce que le réformisme paresseux, complice du système, ne saurait concevoir ; ce qui fait évidemment le plus peur à l'oligarchie et qui fait figure de gros mot en offusquant ses chastes oreilles et qu'elle pense avoir définitivement enterré : la perspective d'un bouleversement communiste des rapports de production, d'une planification - par l'humanité gagnant en conscience et en responsabilité justement - des grandes orientations concernant sa vie matérielle, libérant par là-même, des horizons se situant aux antipodes de ceux de la domination strictement économique au sein de nos préoccupations. Ne laissons pas nos vies dépendre du fonctionnement aveugle des marchés et de la surproduction de marchandises polluant nos âmes et nos corps.


NOTES:

1) Voir notre éditorial du n° 50 intitulé "Lutte de classe et électoralisme".

2) Les Essais. Livre troisième. Chap. IX.

3) "La valeur de la force de travail se résout dans la valeur d'une somme déterminée de moyens de subsistance. Elle varie donc également avec la valeur de ces moyens de subsistance, c'est-à-dire avec la grandeur du temps de travail nécessaire à leur production". Marx. Le Capital. Livre I. Deuxième section. Chap. IV, p. 193. Ed.Sociales. 1983. Saisissez-vous mieux le sens des merveilles de la "mondialisation", de son caractère "inéluctable", maintenant ?


 

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