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10/04/2008

Les nouveaux habits ethiques du capitalisme

Développement durable, commerce équitable, investissements socialement responsable, fonds éthiques, etc. Tous ces termes positifs envahissent les chroniques économiques des médias et donnent l’impression d’une moralisation du système libéral, par une prise en compte de données extra-financières.

Tout a commencé avec l’apparition de fonds éthiques, instruments financiers créés à la demande des milieux religieux,  nommés aussi « Fonds d’exclusion » car ils rejettent certains secteurs d’investissement : tabac, alcool, armement, jeux de hasard ainsi que l’industrie liée à la pornographie. A l’origine de cette demande éthique figurent des organismes chrétiens ainsi que les banques « vertes » de la finance islamique.
Le commerce équitable est aussi un principe éthique, inventé par les hollandais et les anglais, il vise à offrir un juste prix aux producteurs café, thé, coton, etc.) afin qu’ils puissent vivre décemment, malgré les spéculations boursières et l’emprise des intermédiaires. L’exemple le plus célèbre est le café Max Havelaar,  dont on ignore souvent que le nom est le titre d’un célèbre roman de Eduard Douwes Dekker paru en Hollande en 1860, qui dénonçait les pratiques d’exploitation de la population de Java, dans la culture du café. En France, le commerce équitable est surtout représenté par Artisans du Monde, association qui vend à travers un réseau de boutiques, de l’artisanat et des produits du tiers monde, venant de coopératives.
Le concept de développement durable est beaucoup plus large, il apparaît pour la première fois en 1987 dans un rapport de la Commission Mondiale sur l’environnement, appelé rapport Brundtland ; sa définition est la suivante : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Cette idée de durabilité s’est s’imposée dans tous les domaines, économique, social, environnemental et culturel, d’autant que les dangers se précisent sur l’environnement : effet de serre, déforestation, crise énergétique, croissance démographique, etc. Ce concept n’est pas nouveau, mais dans les sociétés traditionnelles on n’en parlait pas, cela allait de soi.

Face à cette mobilisation en faveur de la responsabilité sociale et environnementale, le libéralisme a dû s’adapter et présenter un visage plus « éthique ». Alors pour que leurs actions boursières soient classées ISR (Investissement Socialement Responsable) et pour préserver leur image, les entreprises multiplient les publications et semblent vouloir jouer la carte de la transparence ; pour ce faire elles publient, en plus du rapport financier annuel, un rapport de développement durable, qui comprend deux volets :

1) Social : avec des infos sur différents thèmes : emplois, salaires, plans de formation, pyramide des ages, accords d’entreprises, plan d’intéressement, conditions de travail, concertation, etc.

2) Environnemental : lutte contre la pollution, diminution de la consommation d’énergie, traitement des déchets, coopération avec des associations qui oeuvrent pour la protection de l’environnement etc.

Edités sur papier glacé, rédigés par des cadres proches de la direction, ces rapports ne servent souvent qu’à maquiller la réalité et à obtenir une bonne appréciation de la part des agences de notation sociale, tel Vigéo, qui n’ont pas les moyens de vérifier les informations. Peut-on imaginer Coca-Cola, IBM ou Union Carbide dire la vérité ?

De même que les multinationales demandent aux cabinets d’audit de faire de faux rapports financiers, aux avocats d’affaires de contourner le droit, elles tentent de donner à leur course aux profits un visage éthique et en font même un argument de vente. Telle est la puissance de récupération de la société du spectacle. Faut-il pour autant abandonner le développement durable à ses ennemis ? Non, l’urgence est trop proche et notre responsabilité vis-à-vis des générations suivantes nous l’interdit. Une des solutions serait d’impliquer les salariés dans le contrôle des informations, sociales et environnementales, publiées par l’entreprise, soit par l’intermédiaires des sections syndicales, du comité d’entreprise soit par démarche individuelle. La responsabilité individuelle est très importante, par exemple, si nous avons connaissance par un document à diffusion « restreinte », que notre entreprise pollue, en France ou à l’étranger, nous avons le devoir de diffuser l’information à la presse, aux ONG et aux agences de notations sociales.

Pour défendre la planète, sauver la faune, la flore et les peuples qui y vivent, nous devons nous considérer en état de mobilisation permanente et employer tous les moyens légaux ou illégaux (comme contre les OGM) pour transmettre à nos enfants, une planète DURABLE et VIVABLE.