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12/06/2011

Ne restez pas des spectateurs, agissez !

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Vous êtes plusieurs milliers a visiter chaque mois notre blog. Nous vous en remercions sincèrement, mais vous pouvez faire plus pour aider à la construction d’une alternative socialiste révolutionnaire européenne. Chacun à son niveau peut directement contribuer à la diffusion des idées défendues par Rébellion :

- En faisant connaître le journal et son blog autours de vous sur le net (sur les sites, les forums, les listes de diffusion…), mais surtout dans la « vie réelle ». En faisant découvrir nos idées à vos camarades militants ou vos collègues de travail.


- En faisant un don pour assurer le financement de nos activités : de l’impression du journal à la diffusion massive de certains de nos documents, mais aussi pour permettre l’organisation de réunions publiques ou de conférences…


- En vous abonnant tout simplement à la revue Rébellion. Mais aussi en abonnant d’autres de vos camarades ou en diffusant de manière militante des numéros (vente sur les marchés ou dans les manifs, tenue de stands du journal lors d’événements politiques ou culturels, diffusion dans votre cercle militant).


- En diffusant le matériel militant (tracts, affiches, autocollants…) que nous mettons à la disposition des personnes motivées pour s’engager sérieusement dans le combat politique.


- Mais surtout en participant à la vie de notre journal par vos idées et vos contributions (articles, dessins, infos). En organisant des cercles locaux et des réunions militantes dans votre ville.

Sortez du monde virtuel, c’est dans la réalité que la Révolution se prépare.


11/06/2011

Mod festival !

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08/06/2011

Edito du n° 48 : L'Europe contre le Capital

"Si les masses étaient aussi transparentes, aussi moutonnières, jusqu'en leurs derniers atomes, que le prétend la propagande, il ne faudrait pas plus de policiers qu'un berger n'a besoin de chiens pour mener son troupeau. Il n'en est pas ainsi, car des loups se dissimulent au sein de ce moutonnement grisâtre : c'est-à-dire des natures qui savent encore ce qu'est la liberté."   Ernst Jünger

   La crise que traverse le capitalisme en renforçant les clivages internes à la société européenne agit comme un révélateur de ses contradictions. Une prise de conscience s'opère progressivement dans les esprits des travailleurs européens. Du Portugal à la Grèce, les classes populaires ne veulent pas payer pour l'oligarchie mondialisée les conséquences d'une logique économique suicidaire.

   Cette révolte n'a certes pas atteint un degré suffisant pour véritablement déboucher sur une révolution sociale. L'emprise idéologique du capital est encore forte, l'univers de représentations  que ce système s'est construit est encore debout. Si la dégradation des conditions de vie est progressive, elle touche véritablement au premier chef les couches populaires déjà attaquées par les «réformes» et privées des anciennes solidarités communautaires.

   Une analyse des récents évènements sociaux sur le continent, nous montre un rejet massif des conséquences des politiques libérales pour surmonter la crise économique. Mais il apparaît que ses révoltes ne sont pas encore guidées majoritairement par une idée de renversement radical du système en place. Il est évident que les «enfants chéris de l'ultra consommation» ne deviendront pas de futurs révolutionnaires du jour au lendemain. Il serait portant stupide de dénigrer ces mobilisations de la jeunesse européenne, car elles sont les symptômes d'un malaise réel. Quand la majorité des jeunes européens n'aura d'autre perspective d'avenir que celle de la précarité, il est certain que ceux-ci lutteront pour une amélioration de leur sort. Réclamer l'accès au logement ou à un travail mieux rémunéré n'est pas forcément une revendication mineure dans ce contexte mais la capacité de comprendre que ces revendications ne sont plus suffisantes en regard de la situation est primordiale, le capitalisme ayant de moins en moins la possibilité de s'offrir le luxe de conserver un visage humain. Les prolétaires n'amélioreront plus leurs conditions d'existence au stade actuel du capitalisme, c'est l'affrontement direct avec lui afin de le renverser qui est à l'ordre du jour.

   En Espagne, lancée sur les réseaux sociaux du net (1), la mobilisation «Democracia real, ya» est le symbole des limites et des possibilités de ce genre de mouvement. Avec 4,2 millions de chômeurs, l’Espagne compte aujourd’hui le taux de sans emplois le plus élevé de l’Union européenne. Soit 21 % de la population active. Chez les moins de 30 ans, ce taux avoisine les 44 %. La crise économique frappe de plein fouet la jeunesse espagnole, devenue pour une grande part surpopulation relative. Au point que le Fonds monétaire international (FMI) a récemment qualifié ces jeunes de «génération perdue». Les manifestants veulent «que les coupables de la crise paient». Des milliers de jeunes, mais aussi de travailleurs, occupent les places principales des grandes villes du pays, chaque soir, depuis le 15 mai . Pas question pour ces Espagnols de payer la facture d’une crise financière qui n’est pas la leur mais «celle des banquiers et des politiques» selon les organisateurs du mouvement. L’austérité mise en place par le gouvernement depuis plusieurs mois, pour réduire à toute vitesse la dette du pays conformément aux injonctions de Bruxelles et du FMI, défait un à un les filets de la protection sociale. Le gouvernement de Gauche de Zapatero (à l'image de ce qui se fait en Grèce et partout en Europe) opère une réduction drastique des dépenses publiques : les enseignants par exemple ont vu leur salaire réduit de 5 %.

   En s'attaquant simplement aux rôles des banques, ce mouvement se trompe de cible. Il faut viser le cœur du mal qu'est le système d'exploitation capitaliste dans sa globalité. Il ne suffit pas d'occuper des places publiques et de dénigrer le système financier comme s'il suffisait de moraliser le capitalisme. La présence du combat de la classe ouvrière contre les impératifs économiques du capital s'avère dès lors nécessaire; le noeud gordien de la question se trouve dans le processus d'exploitation du travail vivant du prolétariat et c'est à ce stade que celui-ci peut paralyser la force du capital. Pas de changement sans insurrection prolétarienne!

   En appelant à une abstention massive lors des différents scrutins électoraux et en chassant les politiciens de Gauche comme de Droite venus récupérer les événements, les manifestants montrent que la mascarade politicienne est finie pour eux. C'est déjà un pas de fait à l'égard du cirque politique organisé. A partir de là, le gouvernement s'est fait moins conciliant et a envoyé ses forces de police réprimer ces rassemblements pacifiques. Face à la répression, le mouvement reste malheureusement paralysé sur la question de l'autodéfense légitime à mettre en place contre la brutalité étatique. Illusions "démocratiques" persistantes...

   Globalement, il existe quelques éléments intéressants dans la réflexion collective de ces mouvements sociaux (comme en Grèce sous l'influence d'une ancienne et très forte conscience révolutionnaire). Encore minoritaires, ils pourraient déboucher sur une radicalisation possible au delà du clivage Gauche-Droite. En France, nous avons pu voir cela grâces aux diverses actions sympathiques menées contre les dîners mensuels du club Le Siècle.

   Notre rôle dans cette période de prémisses des luttes est de faire mûrir la réflexion de ce mouvement global, d'agir sur le terrain pour faire progresser la prise de conscience révolutionnaire et de renforcer la coordination des éléments authentiquement dissidents. Notamment il s'agit de faire savoir qu'il n'y a pas dans cette situation un problème général affectant l'indistincte catégorie de la "jeunesse" dans laquelle on voudrait noyer le poisson. C'est le phénomène de l'accumulation capitaliste qui rencontre, à une échelle toujours plus ample et intense, ses limites se traduisant invariablement par des crises, des soubresauts, des destructions massives d'hommes et de richesses multiples. L’ensemble des travailleurs européens sont touchés.

   Rébellion ne changera pas d'un iota sur ses principes d'analyse et de propositions de lutte qui ont toujours eu le mérite de la clarté, sans concessions faites aux recettes démagogiques prenant l'apparence d'une expression empreinte du vulgaire "bon sens" propre au réformisme. Le recul du prolétariat - en particulier sur le continent européen - a été de grande ampleur ces dernières décennies. Néanmoins, avec un potentiel encore important au plan industriel, l'Europe reste encore un espace - un grand espace - où peuvent se jouer des moments cruciaux dans l'affrontement qui sévit désormais sur tous les continents entre le capital et les travailleurs. Notre perspective est celle de l'insurrection socialiste révolutionnaire!

NOTE:

1) A ce sujet notons l'ambiguïté du spontanéisme virtuel. L'outil peut être utile en tant que tel, comme n'importe quel instrument, mais il ne saurait se substituer au dialogue réel lors d'assemblées générales ancrées dans des lieux de combat effectif (usines, entreprises, espace public, etc.). Sans oublier les manipulations étatiques possibles...

 

James Connolly - Pour l’Irlande et le socialisme

Pâques 1916. L’Irlande, sous le joug du capitalisme anglais depuis le 17ème siècle, se soulève contre l’oppresseur. Le 24 avril, à Dublin, James Connolly, avec les principaux dirigeants nationalistes révolutionnaires de l’insurrection, proclame la République. Cet acte sera le symbole de la synthèse réussi du socialisme révolutionnaire fondé sur le principe de lutte des classes avec le nationalisme révolutionnaire. Une Union, qui reste encore aujourd’hui, indispensable à toute lutte de libération nationale.

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« La révolution est mon métier »

James Connolly naît en juin 1868 à Edimbourg en Ecosse. Sa famille irlandaise a fui la grande famine des années 1840 pour trouver la misère des bas-fonds réservés à l’immigration irlandaise.

A 14 ans il s’engage dans l’armée pour fuir cette misère. Affecté en Irlande, il découvre ses racines et constate l’exploitation de son peuple par le capitalisme anglais. Il se passionne pour la tradition et les textes nationalistes du mouvement clandestin fenian (1). Mais il n’adhère pas aveuglement à ce mouvement identitaire, car celui-ci n’avançait aucun programme social.

Désertant l’armée britannique et pour ne pas participer à la répression contre son peuple, il retourne à Edimbourg avec sa jeune femme, Lillie Reynolds, irlandaise d’origine protestante qui sera pour lui un soutien solide dans ses futurs combats. A peine arrivé en Ecosse, il se rapproche des cercles socialistes qui sont alors en pleine ébullition. Pendant sept ans, il approfondira ses connaissances sur le socialisme en se plongeant dans Marx et multipliera les rencontres, comme celles avec Léo Melliat, l’ancien communard exilé, et John Leslie, le premier théoricien marxiste irlandais qui sera pour lui un maître à penser et un précieux ami.

Connolly se rend indispensable à la cause révolutionnaire, propagandiste infatigable rien ne l’arrête. Son engagement socialiste lui fait perdre son poste d’employé municipal, et il doit songer à émigrer en Amérique du Sud pour pouvoir subvenir aux besoins de sa femme et de ses deux filles.

Mais ses camarades lancent un appel à la solidarité aux socialistes britanniques pour lui trouver un emploi qui lui permettrait de rester en Grande Bretagne. La réponse viendra de manière inattendue, d’Irlande, le cercle socialiste de Dublin recherchant un organisateur pour coordonner ses actions. Connolly est rempli de joie à l’idée de retourner dans l’île de ses ancêtres, véritable terre de mission pour le Socialisme.

 

L’Irish Republican Socialist Party

En 1897, il fonde l’Irish Republican Socialist Party qu’il dote d’un programme qui est une synthèse entre lutte de libération nationale et lutte des classes. Connolly insiste sur la complémentarité des deux luttes : «  la classe ouvrière doit s ‘émanciper et en s’émancipant elle doit par nécessité libérer le pays ». Pour lui, l’indépendance politique n’a pas de signification si elle ne s’accompagne pas de l’indépendance économique. Il faut abolir la domination du capitalisme en même temps que la domination de l’Angleterre. «  Si, dès demain, vous chassez l’armée anglaise et hissez le drapeau vert sur le château de Dublin, vos efforts s’avéreront vains si vous n’érigiez pas la république socialiste. L’Angleterre continuera de vous dominer. Elle vous dominera par l’intermédiaire de ses capitalistes, de ses propriétaires, de ses financiers, de toutes les institutions commerciales et individuelles qu’elle a implantées dans ce pays et arrosées des larmes de nos mères et du sang de nos martyrs ».  Bien que numériquement faible, la première organisation marxiste irlandaise fut en avance sur son temps et elle peut se targuer d’avoir ouvert pratiquement tous les nouveaux champs d’actions qui seront plus tard exploités par le mouvement républicain irlandais. L’IRSP était en grande partie composé par des prolétaires qui firent de nombreux sacrifices pour maintenir leur organisation à flot. Ainsi Connolly, tout secrétaire qu’il était ne recevait qu’irrégulièrement son salaire, de sorte qu’il devra travailler comme docker pour survivre.

En 1897, il publia sa première œuvre majeure, Erin’s Hope, dans laquelle il développe largement les rapports entre socialisme et nationalisme : « Il existe en Irlande à l’heure actuelle toute une série de forces qui font leur possible pour que continue à vivre le sentiment national dans le cœur des Irlandais. (…) Il existe un danger cependant : celui que ces forces, en s’en tenant trop rigoureusement à leurs méthodes de propagande actuelles, en négligeant en conséquence les problèmes vitaux de l’heure, en viennent à figer nos études historiques en une vénération du passé, à cristalliser le nationalisme en une simple tradition – glorieuse et héroïque, certes – mais rien qu’une tradition.

Or, les traditions peuvent constituer une base suffisante – et c’est ce qui se passe fréquemment – pour pousser un peuple à marcher vers un glorieux martyre, mais elles ne peuvent jamais être assez puissantes pour guider l’assaut d’une révolution victorieuse. Si le mouvement national contemporain ne veut pas se contenter de rééditer les anciennes tragédies amères de notre histoire passée, il doit se montrer capable de s’élever au niveau des exigences de l’heure présente. Il doit fournir la preuve au peuple d’Irlande que notre nationalisme ne consiste pas en une simple idéalisation morbide du passé mais est aussi en mesure de fournir une réponse claire et précise aux problèmes actuels ainsi qu’une doctrine politique et économique adaptée aux exigences de l’avenir. (…) Les socialistes qui s’attacheraient à détruire de fond en comble le système de civilisation grossièrement matérialiste tout entier que nous avons adopté comme notre bien propre est, à mon avis, un ennemi beaucoup plus mortel de la domination et de la tutelle anglaise que le penseur superficiel qui s’imagine pouvoir réconcilier la liberté irlandaise avec les formes insidieuses mais funestes de la sujétion économique que sont la tyrannie des grands propriétaires, la fraude capitaliste et l’usure malpropre.(…) Envisager le nationalisme sans le socialisme – sans réorganisation de la société sur la base d’une forme plus vaste et plus développée de la propriété commune, semblable à celle qui supportait l’organisation sociale de l’ancienne Erin – ne relève que d’une mentalité de capitulation nationaliste.

Cela reviendrait à reconnaître publiquement que nos oppresseurs seraient ainsi parvenus à nous inoculer leurs conceptions perverties de la justice et de la moralité, que nous aurions finalement décidé d’assumer ces conceptions comme les nôtres propres et n’aurions plus besoin d’une armée étrangère pour nous les imposer.

En tant que socialiste, je suis prêt à faire tout ce dont un homme est capable pour permettre à notre patrie de conquérir son héritage légitime : l’indépendance. Mais si vous me demandez d’en rabattre d’une miette, d’un iota en ce qui concerne les revendications de justice sociale, dans le but de conciliation des classes privilégiées, alors mon devoir est de m’y refuser. Accepter serait malhonnête et inadmissible. N’oublions pas que celui qui fait un seul pas avec le diable n’atteint jamais le Paradis ; proclamons ouvertement notre foi ; la logique des événements est avec nous ! ».

Son organisation se lance dans l’activisme le plus débridé, elle coordonne les actions contre le jubilé de la reine Victoria et contre l’impérialisme britannique durant la guerre des Boers. Au niveau social, l’ISRP tente de s’implanter dans la toute jeune classe ouvrière irlandaise et apporte son soutien à la lutte des petits paysans contre les grands propriétaires. Connolly lance dans la foulée de ses actions, The Worker’s Republic (« la République des Travailleurs ») qui sera un forum d’échanges et de débats pour l’ensemble des sociaux patriotes. Ecrasé de dettes, l’hebdo ne survivra que par la volonté de son fondateur : il écrivait, corrigeait, composait, imprimait sur une petite presse d’occasion, et vendait son précieux journal ; pour le faire, il dut abandonner tout emploi, et la situation financière de sa famille devint insupportable. Il était profondément seul, engagé dans un travail de titan avec quelques dizaines de jeunes militants dévoués. « Je crois que le mouvement socialiste révolutionnaire sera toujours numériquement faible, jusqu’à ce que l’heure de la révolution arrive, alors il sera facile de recruter des adhérents par milliers, comme nous en recrutons aujourd’hui quelques poignées». Le programme politique de l’ISRP était en avance de plusieurs années sur l’évolution du rapport de forces en Irlande. Acculé financièrement et conscient de la situation, Connolly dut se résigner en 1903 à émigrer aux Etats-Unis. Il s’engagea immédiatement dans les combats de la classe ouvrière américaine, les éléments les plus combatifs étant les masses de travailleurs irlandais exploités. Il participa à la fondation de l’Industriel Workers of the World (IWW) organisation syndicaliste révolutionnaire qui mènera la vie dure aux grands patrons. Pendant ce temps, les choses bougeaient considérablement en Irlande et les camarades de Connolly le pressèrent de revenir leur prêter main forte.

 

Insurrection !

A son retour en 1910, l’influence du syndicalisme révolutionnaire le pousse à tenter de créer un syndicat d’action directe sur le modèle de l’IWW. Le climat social agité se prêtait à l’expérience. Le pays connaît une agitation sociale sans précèdent. Les grèves insurrectionnelles se multiplient et Connolly est arrêté à la suite d’une manifestation qui dégénère en combat de rue contre les troupes d’occupation. La bourgeoisie irlandaise et le clergé applaudissent la répression britannique contre les grévistes. Face à la violence policière les socialistes révolutionnaires décident de créer l’Irish Citizen Army (ICA — Armée citoyenne irlandaise) forte de 1000 militants. Véritable milice populaire, son but est de défendre les grévistes contre les attaques des nervis des patrons et de la police ; une fois la grève retombée, son activité principale devient l’entraînement militaire des adhérents, comme noyau de la future armée populaire. Durant cette période, certains militants identitaires membres de l’IRB, comme Patrick Pearse et Joseph Plunkett, amorcent un rapprochement avec le chef socialiste.

En 1914, Connolly s’engage vigoureusement dans une campagne contre la guerre et dénonce la trahison des leaders de la social-démocratie européenne qui se sont ralliés à la folie du capitalisme. Mais en parallèle, il perçoit parfaitement le rôle des événements dans l’évolution vers la Révolution. Il envisage l’Irlande comme le levier qui pourrait provoquer la chute de l’empire britannique et par conséquent celle du capitalisme. C’est pourquoi, le mot d’ordre affiché sur la maison des syndicats de Dublin est clair : «  Nous ne servons ni roi ni Kaiser, mais l’Irlande ! ». Le rapprochement avec les membres les plus radicaux de l’IRB aboutit à l’idée d’une fusion entre l’ICA et l’IRB. Cela était tout à fait logique dans le contexte de la préparation d’une insurrection nationale. Connolly, le socialiste, était prêt à faire un front unique avec les nationalistes révolutionnaires de l’IRB afin de battre l’impérialisme britannique. Pendant l’année 1915, Connolly multiplia des appels à l’insurrection. A tel point que son impatience fit même peur à l’IRB : il semble qu’au début de 1916 il fut "enlevé" pendant quelques jours pour empêcher toute action intempestive de sa part et dans le but de le convaincre d’attendre le soulèvement programmé pour le mois d’avril. Connolly accepta de devenir membre du Conseil militaire de l’IRB, dont la tâche était de planifier l’insurrection. Une "usine à bombes" fut créée dans le local du syndicat dirigé par Connolly et, sept jours avant le soulèvement, Connolly hissa le drapeau vert — symbole traditionnel des républicains irlandais — au dessus du bâtiment et expliqua aux militants de son Irish Citizen Army que les combats allaient bientôt commencer.

Le lundi de Pâques, Connolly prit le titre de commandant en chef des forces républicaines à Dublin et lança l’insurrection. La Poste centrale fut le quartier général du soulèvement. La suite est connue, si dans un premier temps les révolutionnaires purent contrôler le centre de Dublin, ils durent faire face à une contre offensive éclair des forces britanniques. La répression fut sans pitié, L’un après l’autre, les principaux dirigeants de l’insurrection furent exécutés, le dernier étant Connolly, le 12 mai.

Blessé lors des combats, il sera exécuté sur une chaise. Jusqu’à sa dernière heure, il saura rester digne et il mourra en sachant qu’il avait fait son devoir à l’égard du peuple irlandais.

En Irlande, Connolly reste une figure emblématique du mouvement républicain. Aujourd’hui, encore dans la lutte pour la réunification de l’Irlande, les militants de l’Irish Republican Army (IRA — Armée républicaine irlandaise), se veulent les héritiers de Connolly et de 1916 en poursuivant la résistance à l’impérialisme britannique sur les mêmes bases socialistes et patriotiques.

 

> Notes

Le terme de « fenian » désigne les membres du mouvement révolutionnaire irlandais en lutte pour l’indépendance de l’île, depuis les années 1840, regroupés au sein de l’Irish Republican Brotherhood ("Fraternité républicaine irlandaise"). L’IRB, fondée en 1907, était une organisation clandestine et conspiratrice dont l’objectif était une insurrection en vue d’arracher l’indépendance et qui perpétuait la tradition d’utilisation de la « force physique" des indépendantistes du 19ème et du 18ème siècles, similaire à celle de la révolution américaine de 1776 ou de la révolution française de 1789.

> Bibliographie :

Roger Faligot, James Connolly et le mouvement révolutionnaire irlandais, Éditions Terre de Brume, Rennes, 1997.

[Article paru dans le numéro 5 du journal Rébellion]

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