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25/04/2008

Ne restez pas des spectateurs, agissez !

Chacun à son niveau peut directement contribuer à la diffusion des idées de Rébellion et à la construction des Cercles Rébellion :

- En faisant connaître le journal autour de vous. En faisant découvrir nos idées à vos camarades militants ou vos collègues de travail.

- En faisant un don pour assurer le financement de nos activités : de l’impression du journal à la diffusion massive de certains de nos documents, mais aussi pour permettre l’organisation de réunions publiques ou de conférences…
- En vous abonnant tout simplement au journal Rébellion. Mais aussi en abonnant d’autres de vos camarades ou en diffusant de manière militante des numéros.

- En diffusant le matériel militant (tracts, affiches…) que nous mettons à la disposition des personnes motivées pour s’engager sérieusement dans le combat politique.

- Mais surtout en participant à la vie de notre journal par vos idées et vos contributions (articles, dessins, infos). En organisant des « Cercles Rébellion »  locaux et des réunions militantes dans votre ville.


Sortez du monde virtuel, c’est dans la réalité que la Révolution se prépare !

23/04/2008

Créer, construire et organiser

Les Cercles Rébellion

Notre journal connaît depuis un an un réel développement. L’augmentation de notre lectorat et de notre audience révèle qu’il existe une attente pour une pensée radicalement  révolutionnaire. Il nous a paru important que cet intérêt débouche sur une expérience militante originale et concrète. Le lancement de Cercles Rébellion vise donc à doter notre journal de groupes locaux pour élargir la diffusion des idées socialistes révolutionnaires européennes. Nous voulons que ces cercles soient à l’image de notre démarche et qu’ils répondent aux enjeux de l’époque actuelle.

Un travail théorique

Le Socialisme Révolutionnaire Européen n’a jamais été une idéologie fermée ou un musée de nostalgies. Notre journal est un carrefour, un lieu de débats et d’échanges qui a pour vocation d’être un pôle de convergences pour les diverses tendances opposées au système capitaliste. Dans le même temps, notre refus de tout sectarisme ne nous a jamais empêché de mettre clairement en avant nos idées. Au cours des cinq dernières années, nous avons entrepris un important travail théorique dont témoigne l’importante somme d’articles que nous avons publiée.

Il nous semble important, au moment où nous nous lançons dans de nouvelles initiatives, d’approfondir la définition de notre projet. C’est pour cela, que dès les prochains numéros, un effort sera fait pour expliquer le plus clairement possible nos positions. Un important travail est en cours pour vous présenter dans les prochains mois une synthèse la plus complète possible de l’idée Socialiste Révolutionnaire Européenne.

En parallèle à ce vaste chantier théorique, nous avons voulu lancer la construction d’un outil politique. Les Cercles Rébellion ne se veulent pas un groupuscule de plus, mais une structure militante répondant aux nouveaux enjeux de notre époque. La crise des anciens partis centralisés et l’incapacité chronique des nouvelles formes (réseaux, coordinations, forums…) à s’ancrer dans la durée et à peser sur les événements doit nous amener à reconsidérer les moyens de l’intervention politique. Sans relais médiatiques complaisants et moyens financiers, il nous faut mener une véritable « guérilla ». Cela ne veut pas dire que nous appelons à la lutte armée ou à la création de maquis. Il s’agit de développer l’idée,  que face l’appareil colossal du système, il faut adopter la stratégie d’une résistance offensive et organisée. Un harcèlement constant et un travail de sape des fondements de la domination  qui passent par la diffusion de l’information et de la théorie révolutionnaire.

Nous ne devons pas chercher à combattre le système sur son terrain et avec son langage, mais à créer les formes adaptées à l’expression et à la diffusion de nos idées. Pour cela, les Cercles doivent devenir l’extrême opposé de l’appareil étatique. Là où règne la résignation, la soumission, l’ignorance et la hiérarchisation la plus stupide nous opposons l’engagement, la responsabilité, la formation et la recherche de l’action collective. Nous faisons nôtre, l’appel de Georges Sorel : «  En attendant les jours du réveil, les hommes avertis doivent travailler à s’éclairer, à discipliner leur esprit et à cultiver les forces les plus nobles de leur âme, sans se préoccuper de ce que la médiocrité démocratique pourra penser d’eux ».

Une Nouvelle Génération

Le premier but des Cercles est d’offrir un cadre de rencontres et d’échanges au niveau local. Sur plusieurs grandes villes nous avons des lecteurs qui ne se connaissent pas et qui restent isolés. Faire le lien entre les divers individus est primordial pour créer une réflexion et une action communes.  Les Cercles ont pour vocation d’être des pôles de regroupement permettant une « repolitisation » et une formation militante des personnes « en marge » du système. L’expérience des luttes récentes ( mobilisation contre la constitution européenne, contre le CPE et les réformes libérales du gouvernement Sarkozy) montre qu’une partie, certes minoritaire mais croissante, du peuple refuse les valeurs de la société en place. Dans le même temps, elle ne se retrouve pas dans les formes officielles de contestation (partis et syndicats réformistes, « Extrêmes »). La diffusion des thèses de certains auteurs (aussi différents qu’Alain Badiou, Slavo Zizek, Alain Soral, Serge Latouche, Alain De Benoist, Marcel Gauchet, Jean Claude Michéa…) et le regain d’intérêt pour l’œuvre de Karl Marx (libéré des interprétations des « marxistes » orthodoxes) montre l’émergence possible d’une pensée radicale.

Cette radicalité est à l’image d’une nouvelle génération. Elle, qui a connu la chute du Mur de Berlin et les années de triomphe absolu du libéralisme idéologique et qui a grandi dans la crise des années 90 et les bouleversements d’une société française en mutation. Une génération qui est venue à la politique par révolte contre un monde de supermarchés et d’abrutissement télévisuel, qui a compris le rôle des Médias comme chien de garde du Capital. Rejetant le jeu politique classique, elle cherche sa voie autonome. Une coupure a eu lieu avec la culture du Mouvement Ouvrier et avec les tentatives révolutionnaires des années 60-70. Elle n’a donc ni formation politique ni expériences militante.

Particulièrement sensible dans le monde étudiant et chez les « trentenaires » cette révolte est diffuse. Nous ne voulons pas nous lancer dans une récupération de plus de cette tendance, de laquelle nous faisons partie à notre façon. Nous voulons contribuer à sa radicalisation en lui donnant une impulsion socialiste patriotique au sens d’antimondialiste. En apportant notre contribution, avec nos modestes moyens, à l’émergence d’une nouvelle force révolutionnaire nous suivons une direction précise.

On ne construit rien de durable sur du sable.

Permettre à nos lecteurs de se regrouper, de discuter et d’agir implique une organisation politique. Le travail théorique que nous entreprenons actuellement vise à donner une cohérence à cette démarche militante. Nous voulons montrer qu’une ligne claire n’est pas un frein au développement d’une structure politique. Bien au contraire. A la différence des partis officiels, nous affichons fièrement nos idées, sans chercher à les masquer. Nous considérons d’ailleurs comme primordial de faire de nos pratiques politiques le reflet de la nouvelle société que nous voulons bâtir. Faire le lien entre théorie et pratique est l’un des principes de base que nous voulons mettre au cœur des Cercles.

Pour cela, nous ne nous plaçons pas dans une logique de concurrence ou d’entrisme avec les autres structures proches. Nous ne nous considérons pas comme les uniques détenteurs d’une vérité ultime. Nous sommes prêts, sur des idées et des objectifs, à participer à des initiatives communes sans sectarisme. L’activité des Cercles s’organisera principalement autour de la diffusion du journal. Rébellion devant être à la fois un outil militant et un laboratoire d’idées. Accès sur des thèmes concrets ( lutte contre les attaques capitalistes contre les travailleurs, radicalisation des combats de la jeunesse, anti impérialisme) l’action militante des cercles devra faire le lien entre nos idées et la réalité quotidienne et locale. Par exemple, la fermeture d’une usine et sa délocalisation n’est pas un effet magique mais la conséquence de la mondialisation capitaliste. Expliquer sans relâche la logique du système pour mieux la combattre et proposer une alternative concrète (le socialisme) est le but fixé aux Cercles.

Préparer la Révolution , en se préparant à la Révolution  

Il n’est pas besoin de répéter que nous sommes un petit groupe. Nous en avons pleinement conscience, nous savons aussi que, dans certaines situations, il n’est pas besoin d’être nombreux pour être un facteur déclencheur d’un mouvement plus large : l’étincelle qui embrase tout…

Nous pensons que notre idéal bat dans de nombreux cœurs, que le rêve d’une société différente secoura le sommeil de notre époque. Refusant de devenir une avant-garde coupée du peuple, nous affirmons que la lutte d’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. Que si une minorité à un rôle d’éveilleurs, c’est aux travailleurs de prendre en main leur combat et leur avenir.

Mais cela implique un engagement efficace et constant des personnes motivées et sérieuses qui souhaitent nous rejoindre. Nous n’hésiterons jamais assez sur l’aspect intérieur de la révolution que nous voulons mener. Il est important de « chasser le bourgeois de sa tête » avant de le chasser du pouvoir. Cela implique un détachement pas rapport à la mentalité contemporaine. On ne consomme pas de contestation ou on ne zappe pas les idéaux. C’est sur la durée que l’on juge un engagement, nous nous inscrivons dans le long terme avec les cercles. Ne voulant pas rester spectateurs des ravages du capitalisme, nous entendons lutter au sein du peuple pour construire une alternative socialiste révolutionnaire européenne.

 

 

14/04/2008

Rébellion 29 Mars-Avril

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P02 Editorial
Joyeux Krach !
P04 Actualités
Créer, construire, organiser les cercles Rébellion ! > Ne restez pas spectateurs, agissez !
P06 Chronique d’une grève > Retour sur les municipales : liste alternative, municipales par le bas
P08 Si les élections pouvaient vraiment changer la vie, elles seraient interdites depuis longtemps...
> Au delà des élections...Appel pour une alternative véritablement populaire
P09 Rencontre dissidente
Entretien avec Pierre HILLARD
P12 Mondialisme
Pourquoi veulent-ils tuer
le Français ?
P14 International
Autopsie d’un crime :
La reconnaissance  du Kosovo
P17 Chronique Chinoise
P20 Contre culture
Entretien avec Marc LAUDELOUT
du bulletin Célinien > Céline Vivant

Joyeux krach !

Les soubresauts des bourses mondiales et les scandales financiers révèlent l’état de crise des structures économiques. Quand quelques « traders »,  aux valeurs morales plus que douteuses, peuvent manier des milliards sans aucun contrôle et les perdre en quelques minutes, nous sommes devant les conséquences de la financiarisation totale du capitalisme. Face à la baisse tendancielle du taux de profit, l’accroissement rapide du capital financier semble être la solution refuge pour des secteurs entiers de la bourgeoisie, véritables parasites entés sur le corps social. Mais derrière  ces chiffres devenus irréels, il y a des vies qui sont mises en jeu. Personne ne parle des travailleurs qui sont réduits au chômage par les délocalisations, des intérimaires exploités, des jeunes qui ne trouvent pas de travail assez stable pour fonder un foyer. Nous pouvons souhaiter un « joyeux krach » aux apprentis sorciers de la finance  croyant encore à la bienveillance de la « Mains Invisible » d’Adam Smith pour réguler les marchés (comme la patronne du MEDEF, Laurence Parisot). Les mêmes attaquent le Socialisme comme étant une lubie dépassée appartenant au 19° siècle…

Dans le registre des naïvetés feintes, les médias découvrent la réalité de la hausse des prix des produits de consommation et des loyers. Il était temps, les classes populaires en étaient persuadées depuis des années. Elles sont frappées de plein fouet pas les augmentations de prix continues et sont obligées de se serrer la ceinture. Les gesticulations de l’agité de l’Elysée ne font qu’occuper les devants de la scène. Pendant ce temps, le gouvernement ne cherche pas à  trouver des solutions simples et rapides  (comme par exemple, s’attaquer aux monopoles de la grande distribution). Le pays semble à la dérive, tout ce qui était encore solide est parti en fumée ou démembré au nom de la logique libérale.
La même logique a conduit à la ratification du Traité de Lisbonne qui parachève la perte de la souveraineté française. Contrairement à ce que l’on  essaie de nous faire croire, ce traité n’est ni un mini traité, ni un traité simplifié. Il reprend pour l’essentiel, le contenu du Traité constitutionnel européen (TCE) qui a été rejeté par les Français et les Néerlandais en 2005. Malgré une mobilisation d’opposants de tous bords (un millier de manifestants) devant les grilles du palais de Versailles, la ratification fut acceptée par la majorité des députés UMPS. La Gauche se rallia sans surprise à cette forfaiture du gouvernement Sarkozy démontrant par là, une énième fois, son intime solidarité avec les finalités du capitalisme 
Funeste présage, quelques semaines après, la déclaration d’indépendance du Kosovo offrait l’image de l’avenir possible de notre pays et de l’Europe. Utilisant les haines nationalistes, les Etats-Unis et les dirigeants européens donnaient naissance à un état maffieux au cœur des Balkans. Un foyer d’embrasement des futurs conflits qui déchireront l’Europe. Ici aussi, le gouvernement français montrait son empressement à reconnaître l’existence de l’Etat croupion et son allégeance avilissante aux projets de Washington concernant la région balkanique.  Sarkozy, pour autant, n’en était guère remercié par les Etats-Unis qui, conscients de leurs intérêts, lui jouaient un mauvais tour en Amérique latine où la libération d’Ingrid Betancourt était sabotée par l’assassinat du numéro deux des FARC grâce aux renseignements fournis par la CIA à l’armée colombienne. Il est plus important pour l’impérialisme US de déstabiliser le révolutionnaire Hugo Chavez, que de flatter l’ego du roitelet de l’hexagone. Seul point positif dans la situation géopolitique internationale : la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo vient d’être suivie de la déclaration faite par le Kremlin, de l’absence de restriction des relations commerciales avec l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, ce qui ne peut rendre que plus forts ces pays face au pion otanesque qu’est la Géorgie. Notons au passage, l’échec de la tentative de déstabilisation de la Russie lors des élections présidentielles où le peuple n’a pas cédé aux sirènes des formations libérales payées par les capitalistes occidentaux. Même si on peut penser que des irrégularités ont été commises lors du scrutin, force est de constater que le parti de Poutine est largement soutenu par la population. Nous pouvons le créditer de l’échec de la tentative initiée par Washington du démembrement de la Fédération de Russie, ce dont nous nous félicitons. Au delà, cette réussite ne doit pas constituer un blanc seing pour le Kremlin ; les travailleurs russes doivent reprendre le chemin de la lutte sociale de façon autonome. Le relatif maintien du Parti Communiste avec près de 18% pour Ziouganov (qui a signalé les irrégularités électorales dont il a été victime) est un signe important.
Pour en finir avec la dimension internationale, le gouvernement français aura été remercié malgré tout de sa docilité envers le rouleau compresseur mondialiste, par le gouvernement israélien, suite à l’expression de sa compassion à l’égard des victimes d’un attentat faisant huit morts en Israël alors que sa sensibilité n’avait guère été affectée par le calvaire enduré par les palestiniens de la bande de Gaza, subissant l’attaque de l’armée sioniste.  
Si nous commencions notre éditorial par l’évocation de ce que le système laisse apparaître de sa décomposition sur le plan financier, il ne faut pas oublier que cette apparence n’est que la manifestation de son essence. Les soubresauts financiers ne font que répercuter la nature contradictoire du mode de production capitaliste dont le nécessaire processus de  valorisation plonge la majeure partie de l’humanité dans les affres de la lutte pour la simple survie économique, ce qui constitue l’aliénation fondamentale. Devant cette avalanche de mauvais coups contre les travailleurs, il est désormais primordial de réagir. Il est important de s’accrocher à des lignes de résistance précises : la défense du socialisme et d’un patriotisme positif (Pour reprendre une citation de Michel Clouscard : « L'État a été l'instance superstructurale de la répression capitaliste. C'est pourquoi Marx le dénonce. Mais aujourd'hui, avec la mondialisation, le renversement est total. Alors que l'État-nation a pu être le moyen d'oppression d'une classe par une autre, il devient le moyen de résister à la mondialisation. C'est un jeu dialectique. ». Ajoutons, pour notre part, que la condition sine qua non pour que l’Etat puisse jouer ce rôle d’outil de résistance, est qu’il soit essentiellement contrôlé par des acteurs politiques dont les finalités soient explicitement orientées vers une lutte antimondialiste dont on perçoit de nos jours également la dimension géopolitique, de laquelle il faut avoir une vision affûtée. Seul, le poids d’une relative hégémonie de travailleurs conscients et dynamiques au sein de la Nation, garantirait l’efficacité de l’Etat. La haute politique reste un rapport de forces, notamment entre classes sociales.
 Pour cela, nous posons dans ce numéro des jalons, à fin de construction d’une alternative véritable au système. Nous en sommes encore à une étape de fédération et de structuration, le lancement des Cercles Rébellion en est l’expression concrète. Lénine définissait le rôle important des Cercles de diffusion dans ses écrits : « A elle seule, la fonction de diffusion du journal commencerait à créer une liaison effective (…).  Les relations de ville à ville pour les besoins de la cause révolutionnaire sont aujourd'hui une grande rareté, et en tout cas une exception; elles deviendraient alors la règle et assureraient bien entendu, non seulement la diffusion du journal, mais aussi (ce qui est beaucoup plus important) l'échange d'expérience, de documentation, de forces et de ressources.
Le travail d'organisation prendrait une ampleur beaucoup plus considérable, et le succès obtenu dans une localité encouragerait constamment à perfectionner le travail, inciterait à profiter de l'expérience déjà acquise par les camarades militant sur un autre point du pays ».  Que faire?

La faillite du système est totale, avant qu’il ne nous entraîne plus loin dans sa folie destructrice nous avons la possibilité d’endiguer la démence du capitalisme. Ne la ratons pas…

 

10/04/2008

Les nouveaux habits ethiques du capitalisme

Développement durable, commerce équitable, investissements socialement responsable, fonds éthiques, etc. Tous ces termes positifs envahissent les chroniques économiques des médias et donnent l’impression d’une moralisation du système libéral, par une prise en compte de données extra-financières.

Tout a commencé avec l’apparition de fonds éthiques, instruments financiers créés à la demande des milieux religieux,  nommés aussi « Fonds d’exclusion » car ils rejettent certains secteurs d’investissement : tabac, alcool, armement, jeux de hasard ainsi que l’industrie liée à la pornographie. A l’origine de cette demande éthique figurent des organismes chrétiens ainsi que les banques « vertes » de la finance islamique.
Le commerce équitable est aussi un principe éthique, inventé par les hollandais et les anglais, il vise à offrir un juste prix aux producteurs café, thé, coton, etc.) afin qu’ils puissent vivre décemment, malgré les spéculations boursières et l’emprise des intermédiaires. L’exemple le plus célèbre est le café Max Havelaar,  dont on ignore souvent que le nom est le titre d’un célèbre roman de Eduard Douwes Dekker paru en Hollande en 1860, qui dénonçait les pratiques d’exploitation de la population de Java, dans la culture du café. En France, le commerce équitable est surtout représenté par Artisans du Monde, association qui vend à travers un réseau de boutiques, de l’artisanat et des produits du tiers monde, venant de coopératives.
Le concept de développement durable est beaucoup plus large, il apparaît pour la première fois en 1987 dans un rapport de la Commission Mondiale sur l’environnement, appelé rapport Brundtland ; sa définition est la suivante : « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». Cette idée de durabilité s’est s’imposée dans tous les domaines, économique, social, environnemental et culturel, d’autant que les dangers se précisent sur l’environnement : effet de serre, déforestation, crise énergétique, croissance démographique, etc. Ce concept n’est pas nouveau, mais dans les sociétés traditionnelles on n’en parlait pas, cela allait de soi.

Face à cette mobilisation en faveur de la responsabilité sociale et environnementale, le libéralisme a dû s’adapter et présenter un visage plus « éthique ». Alors pour que leurs actions boursières soient classées ISR (Investissement Socialement Responsable) et pour préserver leur image, les entreprises multiplient les publications et semblent vouloir jouer la carte de la transparence ; pour ce faire elles publient, en plus du rapport financier annuel, un rapport de développement durable, qui comprend deux volets :

1) Social : avec des infos sur différents thèmes : emplois, salaires, plans de formation, pyramide des ages, accords d’entreprises, plan d’intéressement, conditions de travail, concertation, etc.

2) Environnemental : lutte contre la pollution, diminution de la consommation d’énergie, traitement des déchets, coopération avec des associations qui oeuvrent pour la protection de l’environnement etc.

Edités sur papier glacé, rédigés par des cadres proches de la direction, ces rapports ne servent souvent qu’à maquiller la réalité et à obtenir une bonne appréciation de la part des agences de notation sociale, tel Vigéo, qui n’ont pas les moyens de vérifier les informations. Peut-on imaginer Coca-Cola, IBM ou Union Carbide dire la vérité ?

De même que les multinationales demandent aux cabinets d’audit de faire de faux rapports financiers, aux avocats d’affaires de contourner le droit, elles tentent de donner à leur course aux profits un visage éthique et en font même un argument de vente. Telle est la puissance de récupération de la société du spectacle. Faut-il pour autant abandonner le développement durable à ses ennemis ? Non, l’urgence est trop proche et notre responsabilité vis-à-vis des générations suivantes nous l’interdit. Une des solutions serait d’impliquer les salariés dans le contrôle des informations, sociales et environnementales, publiées par l’entreprise, soit par l’intermédiaires des sections syndicales, du comité d’entreprise soit par démarche individuelle. La responsabilité individuelle est très importante, par exemple, si nous avons connaissance par un document à diffusion « restreinte », que notre entreprise pollue, en France ou à l’étranger, nous avons le devoir de diffuser l’information à la presse, aux ONG et aux agences de notations sociales.

Pour défendre la planète, sauver la faune, la flore et les peuples qui y vivent, nous devons nous considérer en état de mobilisation permanente et employer tous les moyens légaux ou illégaux (comme contre les OGM) pour transmettre à nos enfants, une planète DURABLE et VIVABLE.

 

06/04/2008

L'engrenage en Afghanistan

Le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, Pascal Boniface, rappelle dans un entretien au journal l'Humanité que Sarkozy plaidait en 2007 pour le retrait de la France.

 

Faut-il voir dans l’envoi de troupes françaises supplémentaires en Afghanistan, conformément à une promesse de Nicolas Sarkozy faite au président Bush, un nouveau signe de l’alignement atlantiste de la France ?

Pascal Boniface. C’est un signe supplémentaire, en effet. Un signe d’autant plus remarquable que ce qui est fait aujourd’hui est l’exact inverse de ce qui a été dit pendant la campagne présidentielle. Rappelons que Nicolas Sarkozy avait plaidé, au printemps dernier, pour un retrait des troupes françaises d’Afghanistan. Là, plus question de retrait, ni même du maintien, en l’état, de la présence française, mais bien d’une nette augmentation des forces déployées dans la zone. Il est certain qu’un retrait aurait conduit à une crise dans les relations franco-américaines, perspective que Nicolas Sarkozy a voulu éviter. Ce renforcement de la présence militaire française a donc autant à voir avec les relations franco-américaines qu’avec la situation stratégique sur place, en Afghanistan.

 

Dans le même mouvement, la perspective d’un retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN correspond-elle à un tournant stratégique ?

Pascal Boniface. Nous sommes face à une succession de signes, qui vont tous dans le même sens. Reste à savoir combien de signes seront nécessaires pour que les virages pris en direction des États-Unis se muent en véritable rupture. Tout dépend des évolutions futures de l’OTAN. Va-t-on vers « l’européanisation » de l’OTAN ? Pour l’instant, on ne connaît pas précisément les conditions posées par la France pour décider de son retour dans l’OTAN. C’est cela qui suscite le doute. Si des garanties sont données sur le fait que l’OTAN devienne plus européenne, alors le jeu en vaut peut-être la chandelle. Mais si de telles garanties ne se concrétisent pas, ce jeu pourrait devenir dangereux.

Le retour annoncé dans les organes militaires intégrés de l’OTAN est plus spectaculaire, mais serait moins lourd de conséquences, dans la perspective d’une véritable européanisation, que le renforcement de la présence militaire française en Afghanistan. L’envoi de troupes supplémentaires, présenté comme la suite naturelle de décisions déjà prises, présente, en fait, le risque très concret de nous engager dans un engrenage dont on ne voit pas, aujourd’hui, toutes les conséquences.

 

Alors que le traité de Lisbonne place la défense européenne sous la supervision de l’OTAN, cette intégration plus poussée dans l’Alliance est-elle compatible avec l’émergence d’une défense autonome de l’UE ?

Pascal Boniface. Le débat ne se pose pas en termes de supervision. Il porte sur l’alternative suivante : soit le pilier de la défense européenne est parallèle à l’OTAN et peut être autonome, soit il est imbriqué dans l’OTAN, donc dépendant d’elle. S’il s’agit simplement de faire en sorte que les pays européens augmentent leurs dépenses militaires pour être plus opérationnels au sein de l’OTAN, c’est effectivement une impasse. S’il s’agit de créer des possibilités de défense autonomes et parallèles à l’OTAN, cela peut être une piste intéressante. L’inconnue reste l’attitude, à l’avenir, des autres pays européens et surtout des États-Unis.

 

Les appels récurrents en faveur d’une rénovation de l’OTAN sont ils le symptôme d’une crise de l’organisation ?

Pascal Boniface. Ce débat sur la rénovation est presque aussi vieux que l’OTAN elle-même. Avec la chute de l’Union soviétique, la raison d’être de l’OTAN s’est effondrée. Depuis, la redéfinition de son rôle est en débat. D’où ces appels répétés à sa rénovation.

 

Vous mettiez en garde, il y a quelques mois, contre la tentation de faire de l’OTAN une sorte de gendarme du monde, habilité à intervenir partout au gré des crises. Cette tentation reste-t-elle prégnante ?

Pascal Boniface. Cette tentation demeure bien vivante dans certains cercles. En témoigne le texte publié récemment par cinq anciens chefs d’état-major d’armées européennes demandant un alignement total sur les États-Unis. Ce texte prévoit la possibilité, pour l’OTAN, de déclencher des conflits de façon dite « préventive », c’est-à-dire de se livrer à des agressions. Il envisage aussi la possibilité de recourir à des frappes nucléaires préventives pour empêcher la prolifération. Ce document, non officiel, est extrêmement inquiétant.

Certains cénacles nourrissent l’idée de faire de l’OTAN le bras armé d’un monde occidental qui devrait se défendre contre des ennemis contestant sa suprématie. C’est une vision extrêmement dangereuse, ignorante des réalités internationales nouvelles. Dans un monde désormais multipolaire, une telle vision, loin d’assurer la « suprématie occidentale », pourrait au contraire accélérer le déclin contre lequel on prétend vouloir lutter.

 

Quelles peuvent être les conséquences d’un élargissement de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie ?

Pascal Boniface. Lors de la réunification allemande, les pays occidentaux s’étaient engagés, verbalement, à ne pas élargir l’OTAN. Au gré des élargissements successifs de l’OTAN, des signaux de manquements à ces engagements pris à la sortie de la guerre froide ont été envoyés à la Russie. Cela a contribué à tendre les relations entre la Russie et le monde occidental et à développer un discours nationaliste toujours plus ferme en Russie.

Il y a une contradiction à se plaindre d’un raidissement de la Russie tout en conduisant une politique qui vient, au moins partiellement, le provoquer et nourrir un sentiment d’encerclement. Peut-être la Russie exagère-t-elle le danger. Mais il faut tenir compte de ses perceptions si l’on veut avancer de manière raisonnable.

 

 

Dernier ouvrage paru : Pascal Boniface et Hubert Védrine, Atlas du monde global, Armand Colin, 128 pages, 19,50 euros.

Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

Source : http://www.humanite.fr/