06/07/2015
Sortie du numéro 70 de Rébellion
ÉDITORIAL
>Le Peuple n'a pas dit son dernier mot !
HÉRITAGE
>La Commune n'est pas morte !
Hommage de Rébellion et de l’OSRE
IDEES
>"A nos Amis" du Comité Invisible/
Manuel de l’activiste en temps de crise des idéaux par Thibault Isabel
>Ouvrons le Débat/ De l'abolition du salariat par Lisa
>Libérons le travail du salariat !
ANALYSES
>Leçons de l'échec du mouvement "Manif Pour Tous" par Patrick Visconti
REFLEXIONS
>L'écologie ou la logique de l'Oikos par les Antigones
>Une révolution intérieure...pour faire avancer notre idéal ? par Alaric Levant
CULTURE
>Racines européennes/ Le Wandervögel
acquis et prolongements révolutionnaires par Dazibao
>Art/ Le Land Art, Art & Nature par Ellie L.
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27/05/2015
Hommage des Cercles Rébellion à la Commune de Paris devant le Mur des Fédérés – Mai 2015
Au moment où le Pouvoir actuel accélère la destruction de l’enseignement de l’Histoire dans les collèges et lycées du pays, voire lui donne le coup de grâce – cet enseignement étant déjà réduit à des miettes de notions éparses et appauvries au maximum –, il est plus que jamais essentiel de commémorer le souvenir de la Semaine sanglante, issue dramatique de la Commune de Paris. La clique dirigeante actuelle déteste l’Histoire et sa transmission aux nouvelles générations. Le peu d’Histoire qui ait encore droit de cité dans les programmes scolaires concerne la connaissance de l’islam, l’esclavage, la colonisation et la Shoah. Le reste peut et doit passer précisément aux « poubelles de l’Histoire ». C’est en effet très ingénieux si l’on souhaite définitivement maintenir les populations dans une oppression implacable en les condamnant à un imaginaire centré sur un Présent manipulé. La date de mise sur le marché du dernier iPhone ou les frasques des people tiendront désormais lieu d’événement « historique ».
A n’en pas douter, le souvenir du massacre des derniers îlots de résistance des Communards lors de la Semaine sanglante du dimanche 21 au dimanche 28 mai 1871, ne fera pas partie des événements que notre République affairiste et corrompue souhaitera maintenir vif dans les consciences. Lorsque par le Passé, la République bourgeoise a utilisé la mitraille dans ses diverses opérations de maintien de l’ordre, l’Etat moderne contemporain, tellement soucieux de commémorations culpabilisatrices, devient soudain étonnamment amnésique. En effet, cet Etat méprisable se donne à peu de frais bonne conscience, car qui pourrait décemment vanter en 2015 les mérites de l’esclavage, du colonialisme ou encore de ratonnades antisémites. Evidemment personne. Il peut donc apparaître comme l’apogée de la conscience humaniste – à grand renfort de larmoiement institutionnel – en étant le grand mobilisateur du camp du Bien. Cela permet aussi à l’Etat de s’octroyer un blanc-seing pour ses exactions présentes et futures. Comment pourrait-on l’accuser d’une forme de totalitarisme soft dès lors qu’il vitupère tant les ignominies d’antan. Pourtant, il ne manquerait pas de renouveler les méthodes de répression les plus criminelles si demain, par enchantement, les Français d’en bas, « sans-dents », décidaient d’en découdre avec les forces dirigeantes. Faisons-leur confiance, comme en 1871, ils trouveraient alors les meilleures raisons du monde pour justifier la répression la plus sauvage.
Ce fut précisément le cas lors de l’insurrection populaire qui débuta en mars 1871 et dura un peu plus de deux mois seulement jusqu’à l’écrasement final lors de cette semaine fatidique. Pendant cette courte période, une majorité de Parisiens composée d’ouvriers, d’employés, d’artisans, de « petits-bourgeois » se mobilisa face aux trahisons d’un gouvernement et d’une Assemblée nationale capitulant devant la Prusse suite à la défaite militaire. Le peuple parisien, qui avait subi un siège éprouvant, la rigueur de la famine et s’était comporté si héroïquement, ne supporta pas l’humiliation et les manipulations indignes d’un gouvernement plus préoccupé d’ordre social que d’indépendance et de dignité nationale face aux occupants.
Il n’est pas question dans cette courte allocution de retracer le déroulement et l’analyse de ces deux mois d’insurrection et de Commune populaire. Que l’on retienne surtout que le peuple de Paris essaya de s’organiser par une tentative d’autogestion sur le plan économique et une représentation plus directe de sa direction politique. Confusion, erreurs, carences, contradictions sont le lot habituel de telles tentatives lorsqu’elles sont menées qui plus est dans le rationnement, l’isolement et la menace militaire. De nombreux ouvrages retracent et analysent l’événement depuis les écrits de Marx. Nous ne pouvons donc que conseiller aux curieux d’aller chercher l’information sur ce drame et d’en maintenir ainsi la mémoire et la compréhension. L’Histoire et en particulier celle du mouvement ouvrier est toujours riche d’enseignement.
Soulignons aujourd’hui la force d’un exemple historique d’initiative populaire face à l’oppression politique et sociale, un moment considérable de conscience fragmentaire mais réelle du mouvement ouvrier en actes au XIXème siècle. Saluons aussi avec nos faibles moyens le courage et la détermination de ce petit peuple parisien qui a tant marqué les consciences dans l’Europe de cette époque et même plus tardivement jusqu’à nos jours frileux et atones.
Si l’oligarchie au pouvoir souhaite effacer jusqu’au souvenir de notre Histoire, de l’Ancien régime à des périodes plus récentes, elle ne montrera pas de zèle particulier à maintenir dans la mémoire collective le calvaire de la population parisienne en 1871 avec son cortège de milliers de victimes. Il s’agit pourtant d’un crime commis par la classe victorieuse de 1789, cette bourgeoisie impatiente de renverser la société organisée en ordres pour mieux affirmer sa puissance, n’hésitant pas à réprimer sauvagement le peuple quand il prenait l’initiative pour remettre en question l’omnipotence de la classe de la froide raison marchande.
Nous croyons essentiel d’honorer les morts de la Commune par respect pour cette phase héroïque du mouvement ouvrier du XIXème siècle. Cette insurrection a maintenu tradition et patriotisme, en les unissant de manière originale à une volonté de restaurer la volonté populaire dans un projet d’émancipation économique, malgré toutes les hésitations et faiblesses de l’époque. Dès lors que l’ultralibéralisme contemporain, qui n’est jamais qu’une accentuation de la prédation économique, sévit odieusement de nos jours sans rencontrer de réelle opposition, on ne peut que renouer avec cette tradition ouvrière à des fins de résistance. La pression dans l’exploitation du travail est telle de nos jours qu’elle tend progressivement à nous ramener aux conditions socio-économiques du XIXème siècle. Ainsi, la politique de l’actuel gouvernement, prolongement du précédent et sans aucun doute avant-goût du prochain, est dirigée vers la destruction des quelques avancées sociales dues au CNR en 1945. Avec sa remise en question du Droit du travail, la dérégulation du temps de travail ou encore l’évacuation des prud’hommes, la loi Macron en est un exemple emblématique. Cette formidable régression est rendue possible par l’hypnose des populations, conditionnées par la culpabilisation liée à une dette artificielle et la mondialisation obligée qui met en concurrence tous les peuples de la planète. Elle est malheureusement aussi accompagnée d’une absence totale de conscience de classe des opprimés de ces temps nouveaux. L’intelligence moyenne, du fait de l’abrutissement organisé par les médias et l’industrie du divertissement de masse, a amplement reculé et il y a désormais une totale béance entre la conscience de l’ouvrier parisien de 1871 et l’anomie dans laquelle végète le plus souvent l’exploité de 2015. Au préalable, il avait bien fallu soumettre ce petit peuple parisien et le dissoudre géographiquement, d’abord grâce aux violences de l’urbanisme concentrationnaire des années 60 puis par son expulsion définitive hors de Paris dans les années 70.
On ne peut que souhaiter le retour de la critique sociale de manière radicale afin que ce monde ignominieux et dépourvu de style, misérable dans ses plaisirs et ses intérêts, image de la médiocrité de ses dirigeants infatués et bornés, soit abattu. La catastrophe, c’est-à-dire le début d’une profonde déshumanisation dans l’inconscience générale, a déjà eu lieu et se renforce de manière continue. Il s’agit désormais de tenter de la faire reculer.
Saluons encore une fois les victimes de la Semaine sanglante et le courage du peuple parisien de 1871 en espérant raviver, même dans ces conditions d’extrême confidentialité, le flambeau de ce vieux projet d’émancipation.
Et osons scander que décidément « la Commune n’est pas morte ».
Texte de l'hommage au Mur des Fédérés par Patrick Visconti
08:05 Publié dans Actions militantes, Nos Communiqués, Réflexion - Théorie | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : la commune n’est pas morte, semaine sanglante, commune de paris | Facebook | | Imprimer
Réflexions sur la Commune de Paris : Les Héros du peuple sont immortels !
Devenue un mythe pour le mouvement ouvrier, la Commune de Paris a fait l’objet d’une multitude d’attaques et de récupérations. Aujourd’hui avec l’oubli progressif des enseignements de l’Histoire, son souvenir est menacé de disparaître derrière les vitrines poussiéreuses de musées ou d’être dénaturé par ses fossoyeurs. Il nous paraît important de revenir sur cet événement fondateur de notre courant de pensée, de réfléchir à ce qu’il fut réellement et d’en tirer de vigoureuses leçons pour notre combat actuel. La Commune fut une révolution mue par le patriotisme, porteuse d’une conception du socialisme hostile à la centralisation étatique et animée par l’amour de la justice et de la liberté. Elle n’a pas jailli ex-nihilo le 18 mars 1871.C’est le fruit d’une longue maturation, de la conjonction d’un crise sociale profonde, d’une catastrophe et de l’engagement d’hommes et de femmes portés par une foi inébranlable dans la Révolution.
Le Paris populaire se lève
La crise sociale est le fruit de cette colère populaire devant une bourgeoisie qui s’enrichissait seule, soutenue par le Second Empire puis par Thiers. Et face à cette classe arrogante de plus en plus riche, nous avons une population ouvrière dont la condition ne cesse de se dégrader. De 1852 à 1870, l’indice moyen des salaires parisiens a augmenté de 30 % alors que le coût de la vie a progressé de 42 %. La catastrophe, c’est la défaite de Sedan devant les Prussiens, le 2 septembre 1870. Le régime de Napoléon III s ‘effondre lamentablement à la suite d’une guerre mal préparée. Deux jours plus tard le peuple parisien chasse les derniers fonctionnaires de l’Empire. Mais les politiciens beaux parleurs s’empressent de reprendre les choses en main. Comme en 1789 et en 1848, le pouvoir est confisqué par la bourgeoisie. Dès lors, elle ne pense qu’à capituler, car, les hommes du nouveau gouvernement « haïssent moins les Prussiens que les ouvriers ». La peur les gagne quand ils voient que les éléments les plus résolus du Peuple – ouvriers et artisans ainsi que les petits commerçants des faubourgs parisiens- veulent poursuivre la guerre et libérer le pays de l’envahisseur. Regroupés au sein de la Garde Nationale, ils réclament des armes pour résister. Jules Ferry, membre du gouvernement, dira avec mépris : « on ne met pas des armes dans les mains de tant de mauvais sujets ». Dans la capitale, on ne compte plus les associations de quartiers, patriotiques et révolutionnaires, qui s’organisent pour faire face à la menace prussienne. Les milieux ouvriers des grandes villes travaillés par les activistes révolutionnaires (principalement blanquistes) sont les plus ardents pour refuser un armistice qui mutilerait le pays et pour réclamer, comme en 1792, une levée en masse afin de défendre la patrie en danger. Après que le siège fût mis devant Paris, ils mèneront un combat héroïque de cinq mois. Malgré la famine et le froid de l’hiver, les Parisiens tiennent bon. Mais pendant ce temps, le gouvernement négociera en sous main avec Bismarck et refusera de venir à l’aide de la capitale. C’est l’immonde Thiers, l’homme des grands patrons et des banques, qui se voit confier la direction des négociations. Thiers c’est encore ce politicien sans scrupule, élu par républicains et conservateurs réunis, celui qui en 1850, voulut supprimer le suffrage universel en faisant retirer le droit de vote à trois millions d’indigents qu’il traitait de « vile multitude ». Son but est clair : « Faire la paix et soumettre Paris ». La capitulation est signée le 28 janvier 1871. Les souffrances et les pénuries accumulées, la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine et le versement d’une indemnité de guerre de cinq milliards de francs, rendent la défaite odieuse et inacceptable à beaucoup. Le patriotisme révolutionnaire de la Commune se nourrira d’un terrible symbole : l’entrée des troupes allemandes victorieuses dans Paris sous la protection apparente des troupes restées fidèles au gouvernement. L’élection douteuse d’une assemblée acquise à cette politique défaitiste donne les pleins pouvoirs à Thiers pour rétablir l’ordre. Sa première mesure est de supprimer la Garde Nationale et de tenter de la désarmer. En même temps, il réclame le paiement immédiat des loyers, suspendu durant le siège et des dettes des artisans et petits commerçants. Face à cette provocation intolérable, le Peuple s’unit. Les événements s’enchaînent dès lors rapidement. Dans la nuit du 18 Mars, l’armée régulière tente de s’emparer des canons de la Garde Nationale sur la Butte Montmartre. Mais l’opération échoue dans la confusion, en particulier grâce aux femmes des quartiers populaires, des travailleuses parisiennes accourues pour bloquer la confiscation des canons. Les soldats fraternisent avec la foule et rejoignent les gardes nationaux. Le gouvernement, Thiers en tête, détalle dès l’annonce de la nouvelle et se réfugie à Versailles sous la protection de l’Armée. Le Peuple s’insurge et proclame la Commune, le pouvoir aux travailleurs.
Le Pouvoir au Peuple !
Durant 72 jours, le peuple de Paris va entreprendre une expérience sans précédent dans l’Histoire. Un témoin, Arthur Arnoul, rapporte ainsi cet élan libérateur : « A l’Hôtel de Ville, il y a des hommes dont personne ne connaissait les noms, parce que ces hommes n’avaient qu’un nom : Le Peuple. La tradition était rompue. Quelque chose d’inattendu venait de se produire dans le monde. Pas un membre des classes gouvernantes n’était là. Une révolution éclatait qui n’était représentée ni par un avocat, ni par un député, ni par un journaliste, ni par un général. À la place, un mineur du Creusot, un ouvrier relieur, un cuisinier, etc. Un pareil fait se produisant à Paris révélait, je le répète, une situation sans précédent dans le livre de l’Histoire, on avait tourné un page, on entamait un nouveau chapitre ». Pour sa part, Jules Vallès dans le Cri du peuple, le journal qu’il dirige et qui sera le plus populaire durant toute la révolte, s’exclame : « La commune est proclamée dans une journée de fête révolutionnaire et patriotique, pacifique et joyeuse, d'ivresse et de solennité, de grandeur et d'allégresse, digne de celles qui ont vu les hommes de 93 et qui console de vingt ans d'empire, de six mois de défaites et de trahisons. Le Peuple de Paris, debout en armes, a proclamé la Commune, qui lui a épargné la honte de la capitulation, l'outrage de la victoire prussienne et qui le rendra libre comme elle l'eut rendu vainqueur ».Face à la République bourgeoise et versaillaise, la Commune oppose une République Sociale et fédérative. Pour elle, il faut d’abord garantir la justice sociale et l’équilibre entre le pouvoir central et les libertés locales. Un des clubs révolutionnaires, dans une déclaration solennelle, traduit cette volonté : « Il est temps d'en finir avec le vieux monde pourri et corrompu qui vit à nos dépens. Il faut que le travail soit maître ! vainquons et proclamons universellement que celui qui ne produit pas ne doit pas consommer et notre œuvre splendide et grandiose sera reçue comme la délivrance ". Comment décrire la diversité idéologique et sociale des communards ? On peut discerner plusieurs tendances. On retrouve ainsi dans les rangs des insurgés des républicains sincères, encore animés par le souvenir de la « grande révolution » de 1789. Anticlérical viscéral et conscient des questions sociales, leur engagement était porté par l’idéalisme. Plus structurés étaient les blanquistes, activistes révolutionnaires éprouvés, leurs expériences des coups de force n’étaient plus à prouver. Mais l’absence de Blanqui et de leurs principaux chefs, arrêtés par les versaillais, les avaient désorganisés au début de l’insurrection. Ils s’investiront, sous la direction de Rigault et d’Eudes, dans l’organisation de la défense de la ville et seront partisans d’un Comité de salut public devant prendre en main la direction des opérations. L’Association Internationale des Travailleurs (la Première Internationale regroupant les socialistes européens fondés en 1864) avait, elle aussi, souffert de la répression impériale. Les hommes de l'Internationale restent dans l'expectative. En son sein Marx et les marxistes se trouvaient encore en minorité face aux socialistes français inspirés par Proudhon et aux anarchistes regroupés autour de Bakounine. L’attitude méprisante de Karl Marx envers les ouvriers parisiens a vraisemblablement pour origine la vive querelle qu’il entretint avec les représentants français de l’AIT. Durant la guerre, il les abreuva d'insultes et se réjouit de la victoire du militarisme allemand, espérant par là même que l’axe de la révolution s’incline du côté du mouvement ouvrier allemand. L’écrasement de la Commune ne semble pas l’avoir ému outre mesure, bien que par la suite il se solidarisa effectivement avec l’émigration des proscrits parisiens à Londres. Son attitude changera seulement quand il verra l’importance que l’événement avait pris dans l’imaginaire collectif des travailleurs de toute l’Europe. Dans la Guerre Civile en France, il tirera les leçons de cette expérience fondatrice. Parmi les figures les plus marquantes de l’AIT, Eugène Varlin fut célèbre parmi les ouvriers pour sa bonté et sa générosité. Il était aussi reconnu pour son intelligence et sa scrupuleuse honnêteté. Il sera en première ligne jusqu ’aux derniers jours de l’insurrection. À ses côtés, Louise Michel, une institutrice de 41 ans, libertaire convaincue et alors proche des blanquistes, qui fera preuve d’un courage admirable sur les barricades. L’insurrection sut aussi gagner à sa cause quelques aventuriers et soldats perdus comme Louis Rossel, officier patriote qui refusa la capitulation et rejoint le « dernier lambeau de Patrie » que représentait la Commune. Pendant les sept semaines de sa résistance à la marche impitoyable des troupes versaillaises, la Commune fut un creuset d’aspirations généreuses qui se traduisit par toute une série de mesures sociales. Si certaines restèrent au niveau de la proclamation, elles donnèrent sa signification véritable à son combat : Constitution d’une véritable armée populaire autour de la Garde Nationale, abolition de la peine de mort, séparation de l’Eglise et de l’Etat, Justice et enseignement gratuits, réquisition des logements bourgeois vides et remise aux associations de travailleurs des usines, suppression de l’usure, lois améliorant les conditions de travail …
La semaine sanglante
Creuset révolutionnaire, la Commune va succomber sous les coups de ses adversaires et mais surtout à cause de son manque d’organisation. Dès les premiers jours de l’insurrection, l’absence d’une véritable direction se fait sentir. Les hésitations des débuts vont bientôt obliger les communards à se cantonner à la défensive. L’isolement va aussi être fatal à la Commune. Bien que les villes de Marseille, Lyon, Toulouse, Narbonne, le Creusot et Limoges s’insurgent de leur côté, l’intervention rapide de l’Armée impose le calme dans les villes de province. Dans les campagnes, la propagande réactionnaire fait naître la peur des « partageux », des « bandits rouges ». La Commune ne réussit pas à faire l’unité de la nation autour d’elle et à vaincre le conservatisme de la Province rurale. Le Général Galliffet va diriger la répression avec une implacable sévérité. Le 21 mai, après un bombardement en règle, les versaillais entrent dans Paris. Face à 130000 soldats professionnels, la Commune aligne entre 3 et 5 000 combattants gardes nationaux. Le peuple va faire preuve d’un courage fantastique, jusqu’aux femmes et aux enfants qui vont participer aux combats des barricades. Chaque barricade devient en effet un barrage à la marche de l’Armée, devant cette résistance acharnée les versaillais massacrent sans pitié les prisonniers. Les principales figures de la Commune se retrouvent en première ligne et c’est dans le plus complet désordre que les derniers combats sont livrés. Dans cette folie des erreurs ont pu être commises (l’incendie de monuments ou l’exécution d’otages), mais elles allaient être dépassées en horreur par la répression versaillaise. Les quartiers populaires de la Bastille, de Belleville ou du Temple seront le théâtre de la lutte désespérée d’une poignée de résistants. Retranchés dans le cimetière des Père-Lachaise, les derniers communards seront capturés et fusillés. Au final, on estime à 30 000 le nombre de fusillés, femmes et enfants compris. Pendant plusieurs jours, la Seine est rouge de sang et les jardins publics sont transformés en charnier. Les prisonniers qui ont échappé a l’exécution sommaire, manquent souvent d’être lynchés dans les beaux quartiers. La bourgeoisie versaillaise courageusement accourue, insulte et frappe, parfois à mort, les captifs. Mais la répression ne s’arrête pas là. L’Armée et la Police traquent sans pitié les fugitifs dont beaucoup prendront le chemin de l’exil. Près de 40000 personnes sont arrêtées. Les procès s’enchaînent devant les tribunaux militaires, 270 exécutions et 7500 déportations en Nouvelle-Calédonie s’ensuivent.Mais la bourgeoisie ne sera pas parvenue à briser l’espérance. L’espoir que la Commune a fait naître, sera transmis. Des enseignements seront tirés de cette défaite et les travailleurs partiront de nouveau à l’assaut. À notre tour, nous pouvons prendre exemple sur ces héros du peuple pour mener notre combat pour la libération de l’Europe et la justice sociale.
[article dans Rébellion 19 - Juillet/ Août 2006]
À lire :
O.P Lissagaray - Histoire de la Commune – La Découverte/Maspero. Karl Marx – La Guerre Civile en France – Poche. Louise Michel - Histoire et souvenirs de la Commune – Stock. Revue Itinéraire - Eugène Varlin – Plusieurs portraits de Communard. Le journal officiel de la Commune de Paris ; Jules Vallès : l'Enfant, le Bachelier, l'Insurgé, les Blouses, Romans disponibles en Folio/poche.Le Cri du Peuple : Roman de Vautrin et album BD de Tardi.
08:05 Publié dans Réflexion - Théorie | Lien permanent | Tags : commune de paris, rébellion | Facebook | | Imprimer
28/05/2011
18 Mars - 28 Mai 1871 : La Commune n'est pas morte !
08:44 Publié dans Informations - Actualité, Réflexion - Théorie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commune de paris, insurrection, rébellion, socialisme | Facebook | | Imprimer