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19/08/2014

Aperçu sur l'idée d'ordre politique dans la philosophie européenne par Jean Galié

Julius Evola, Jean Galié, carl schmitt, Husserl, alain de Benoist, Rébellion

La politique a pour fonction de s’occuper du politique, de la chose politique, c’est-à-dire de ce qui concerne l’ensemble des citoyens ou la vie collective de la cité. Mais dans quel but?

Une réponse classique se tourne vers l’idée de Bien commun. Aussi faut-il retenir cette idée que le Bien est notre but. C’est le Souverain Bien, bon en lui-même, par rapport auquel tous les autres ne sont que moyens. Il est le but de toute activité dans le monde. “N’est-il pas exact que, par rapport à la vie humaine, la connaissance de ce bien a une importance considérable et que, la possédant, comme des archers qui ont sous les yeux le but à atteindre, nous aurons des chances de découvrir ce qu’il convient de faire?” (1)

La recherche de ce bien sera conduite par une science : “science souveraine et au plus haut point organisatrice. Apparemment, c’est la science politique.” (2) Aristote nous plonge au coeur des relations entre la morale et la politique. Selon sa conception eudémoniste, le bonheur est la fin suprême de la vie. Mais comme l’homme est un “animal politique” sa vraie nature ne pourra s’accomplir que dans la cité. Celle-ci est “née en quelque sorte du besoin de vivre, elle existe pour vivre heureuse. C’est pourquoi toute Cité est dans la nature.” (3)

Aristote distingue bien le bonheur de chacun du bonheur de l’ensemble de la vie collective. Le premier s’identifie à l’activité de contemplation dans la mesure où en tant qu’esprit, l’homme pourra cultiver cette partie de l’âme le rapprochant du divin.

Le loisir, période de temps échappant à l’empire de la nécessité et des activités en relation avec celle-ci (travail, économie, etc) s’identifie au bonheur personnel. Néanmoins sa condition de possibilité réside dans le bien de l’Etat. Ce dernier à son tour permet par son existence d’actualiser les capacités et les facultés spirituelles et morales de l’homme. Le but de la politique n’est pas la morale mais de rendre possible l’existence de celle-ci. C’est en ce sens que la morale dépend de la politique et non au sens où cette dernière dicterait les fins de la morale (tentation de la Pensée Unique contemporaine...). Pas plus qu’il ne s’agira de résorber le bonheur individuel dans un hypothétique bonheur collectif. “Même si le bien de l’individu s’identifie avec celui de l’Etat, il paraît bien plus important et plus conforme aux fins véritables de prendre en mains et de sauvegarder le bien de l’Etat. Le bien, certes, est désirable quand il intéresse un individu pris à part ; mais son caractère est plus beau et plus divin quand il s’applique à des Etats entiers.” (4)

Aux antipodes de l’individualisme moderne, c’est en ce sens que s’impose l’idée d’un Bien commun. Mais cette idée, bien que raisonnable pour le sens commun, ne saurait se fonder elle-même. Pour les Anciens, la Nature était l’Ordre du monde, la loi innervant le kosmos, chaque chose tendant naturellement à son épanouissement conformément à cette loi ; ainsi de la nature de l’homme se conformant à l’ordre de la cité. De même, c’est pour cette raison que la “cité est dans la nature”. 

Le politique trouve en réalité son fondement dans la métaphysique, autrement il serait incompréhensible que le politique soit le lien de manifestation des facultés spirituelles de l’homme. “Le fondement premier de l’autorité et du droit des rois et des chefs, ce grâce à quoi ils étaient obéis, craints et vénérés, était essentiellement, dans le monde de la Tradition, leur qualité Transcendante et non uniquement humaine (...) La conception purement politique de l’autorité suprême, l’idée qu’elle a pour fondements la force brutale et la violence, ou bien des qualités naturalistes et séculières, comme l’intelligence, la sagesse, l’habilité, le courage physique, la sollicitude minutieuse pour le bien commun matériel - cette conception fait totalement défaut dans les civilisations Traditionnelles, elle n’apparaît qu’à des époques postérieures et décadentes”. (5)

C’est dans ce contexte de pensée qu’il est possible de lire les doctrines politiques des Anciens dont quelque chose - l’essentiel - se transmettra jusqu’au Moyen-Age, pour lequel le pouvoir temporel était une délégation de l’autorité divine. Pour Platon, par exemple, la politique tend à pérenniser une stabilité quasi ontologique. La science du Politique vise à contenir l’usure exercée par le temps sur tout ce qui est éphémère, et en particulier sur une juste hiérarchie établie dans la Cité et à l’intérieur des diverses instances de l’âme humaine.

Dans son dialogue “le Politique”, Platon rapporte le mythe selon lequel, dans un temps originel - celui de Cronos - toute chose fonctionnait en sens inverse de celui de l’ordre actuel, c’est-à-dire dans le sens originel. Cet ordre s’appliquait aussi bien aux cycles astronomiques qu’aux cycles vitaux,ainsi l’homme rajeunissait tout au long de sa croissance. Le temps de Cronos a laissé place à celui de Zeus qui renverse l’ordre originel pour faire place à un ordre inversé avec lequel nous devons composer, éloignés que nous sommes du temps mythique des origines. L’homme archaïque vit dans un univers protégé dont le sens lui est naturellement acquis. “L’attitude mythique - naturelle comprend d’avance et d’emblée non seulement des hommes et des animaux, et d’autres êtres infra-humains et infra-animaux, mais aussi des êtres surhumains. Le regard qui les englobe comme un tout est un regard politique”. (6)

En d’autres termes, le destin de l’homme y dépend de la manière dont règnent ces puissances mythiques au sein d’un cycle où se perpétue l’éternel retour de la configuration initiale de l’ordre des choses, assurant ainsi un retour perpétuel du même dans un monde qui vieillit jamais, ne subissant pas l’érosion du temps historique (7).

Platon connaît bien la Tradition. Pour lui, la politique consistera à garder son regard porté sur le modèle Transcendant instituant l’ordre de la Cité juste, cette cité idéale décrite dans “La République” obéissant à la loi d’équilibre situant chaque catégorie de citoyens à la place correspondant à ses qualités intrinsèques, du Roi au producteur en passant par le guerrier. Cette loi est l’axe ontologique grâce auquel une telle hiérarchie est rendue légitime, faute de quoi chaque forme de gouvernement sera susceptible de dégénérer, la monarchie régressant en timocratie (gouvernement de l’honneur), celle-ci en oligarchie (petit nombre), cette dernière en démocratie (tous) dont le sort ultime sera la tyrannie. De la perfection à la confusion des pulsions inférieures de l’âme humaine, de la loi à l’informe. “ Spécialement dans les formulations aryennes, l’idée de loi est intimement apparentée à celle de vérité et de réalité, ainsi qu’à la stabilité inhérente “à ce qui est”. Dans les Védas, rta signifie souvent la même chose que dharma et désigne non seulement l’ordre du monde, le monde comme ordre - kosmos -, mais passe à un plan supérieur pour désigner la vérité, le droit, la réalité, son contraire, anrta, s’appliquant à ce qui est faux, mauvais, irréel. Le monde de la loi et, par conséquent, de l’Etat, fut donc l’équivalent du monde de la vérité et de la réalité au sens éminent”. (8)

Pour Platon et ses successeurs au sein de la philosophie politique classique, la science politique a donc pour fonction d’imposer une “forme” métaphysique au chaos toujours possible et resurgissant, en incarnant une idée de stabilité et de justice propre à l’ordre traditionnel qui avait trouvé son expression initiale dans le système des castes dont l’homme moderne ne peut saisir le sens et la portée spirituels. Tel a été l’univers mental indo-aryen, et dont Georges Dumézil a longuement déchiffré les structures idéologiques. Ainsi chez Platon ordre et hiérarchie sociale reflètent-ils un ordre et une hiérarchie internes à l’âme humaine. Les ordres de citoyens correspondent à des puissances de l’âme et à certaines vertus. Aux chefs de la cité, les magistrats, archontes correspondent l’esprit, noûs et la tête ; aux guerriers l’animus et la poitrine ; aux producteurs, la faculté de désir, partie concupiscible de l’âme et la partie inférieure du corps, sexe et nourriture.

Les castes, les catégories de citoyens, les ordres définissaient des modes typiques d’être et d’agir, de la matérialité à la spiritualité. Platon s’était donné pour objectif politique d’instituer par l’éducation un plan de sélection des élites capable de conduire la Cité. Tel homme appartient à telle catégorie de citoyens non pas à cause de conditions arbitraires mais parce que le caractère de son âme - décelé par les magistrats ou les éducateurs - le destine à remplir telle ou telle fonction, selon la symbolique de l’âme au caractère d’or, à celle d’argent, d’airain ou de fer, dans un ordre de valeur décroissant ; de la capacité de commandement éclairé à celle de fidélité d’exécution.

Que reste-t-il de ce bel édifice conceptuel et métaphysique dans la pensée politique moderne?

Peu de choses, depuis que Machiavel (1469-1527) a rompu avec la philosophie politique classique, dont celle du Moyen-Age qui pensait le politique en se référant à Saint Augustin pour qui la “cité terrestre” se distinguait, tout en la reflétant, de la “cité céleste”. Dans les conditions d’existence, marquées du sceau du péché originel, l’Etat se devait d’être le soutien et le glaive de l’autorité spirituelle. Cela n’allant d’ailleurs pas de soi, puisque dans les faits - querelle des Guelfes et des Gibelins - il s’agissait de savoir qui de l’Empereur ou du Pape incarnait au mieux cette idée d’autorité spirituelle, cette dernière ne devant pas se dégrader en simple pouvoir temporel.

Machiavel, lui, a desacralisé la politique, il en fait un simple instrument humain, profane, elle n’est plus ordonnée à une fin supérieure, transcendante. La question est de savoir comment prendre le pouvoir et le conserver. L’essentiel est la stabilité de l’Etat, ce qui est une redondance puisque “Lo Stato” est ce qui tient debout.

En soi, l’homme de pouvoir, le Prince n’est pas immoral, mais il doit savoir mener les hommes et jouer des circonstances. Se faire “renard” ou “lion” selon le cas où primera la ruse ou la force, se faire tour à tour aimer et craindre, sachant qu’il n’est pas totalement maître de

l’histoire puisque celle-ci pour moitié peut se laisser guider par sa “virtù”, puissance et virtuosité, et pour autre moitié est “fortuna”, à l’image du fleuve impétueux dont on ne peut arrêter le cours mais seulement l’endiguer.

En ce sens la grande découverte de Machiavel est que la politique est un artifice. Telle est l’essence de la conception moderne de la politique, qui, historiquement verra toujours subsister à ses côtés la conception classique, et se développera selon cet axe de l’artifice pensé rationnellement, par un calcul, et dont les théories du contrat seront très largement tributaires.

Dès lors, l’ordre politique est essentiellement humain, dérivé de l’accord, du pacte d’obéissance qu’un peuple passe avec son Souverain. L’autorité de ce dernier n’est plus réputée être naturelle, ainsi chez ces libellistes appelés monarchomaques au 16ème siècle, contestant l’autorité du Roi. Souvent protestants - parfois catholiques - ils justifient leur rébellion en rejetant un ordre politique jugé comme étant illégitime.

C’est dans ce contexte que sera pensé le concept de Souveraineté et discutée la question de la légitimité de l’institution politique. Si l’idée de Souveraineté existe depuis l’Antiquité puisqu’elle est inhérente à toute forme d’exercice du commandement politique, la conceptualisation qu’en fait Jean Bodin (1520-1596) sera reprise dans la philosophie politique moderne.

Dans les “Six livres de la République” il la définit comme “puissance absolue et perpétuelle d’une république”. C’est ainsi qu’une nation se constitue en Etat, s’identifie à celui-ci. La Souveraineté devient puissance absolue fondant la République, c’est son âme même. Le lien unissant un peuple à son gouvernement réside dans la loi, le Souverain fait les lois, la puissance de gouverner s’identifie au pouvoir de légiférer. De ce fait le prince sera au-dessus des lois, idée reprise ultérieurement au 17ème siècle par Hobbes pour qui le Souverain ne saurait être soumis à la loi. Si le Souverain ne peut plus être fondé par le recours immédiat à la transcendance, il est néanmoins resacralisé sous une forme profane dans la figure de la souveraineté absolue de l’Etat : “tous les concepts prégnants de la théorie moderne de l’Etat sont des concepts théologiques sécularisés” (Carl Schmitt).

L’autre volet de la discussion repose sur la théorie du contrat. Ce dernier s’enracine dans la doctrine du droit naturel. Envisagé du point de vue de la légitimité des fondements de l’Etat, comme artifice produit par l’homme, le droit naturel est conçu soit comme droit de la force, soit comme droit idéal.

Le première conception est représentée par Hobbes et Spinoza. A l’état de nature - fiction idéologique - règne un droit de nature défini “par le désir et la puissance” (Spinoza), comme étant “le droit de chaque homme de faire ou de posséder tout ce qui lui plaît” (Hobbes). Rien n’y est injuste ou juste avant l’établissement de la loi civile. Pour Hobbes, l’état d’insécurité résultant de l’exercice du droit naturel (“guerre de chacun contre chacun”) pousse l’homme, par une loi naturelle inhérente à l’être de raison qu’il est, à faire un calcul afin de quitter cette situation. Ce sont les termes du contrat, du pacte qui fait disparaître cette situation arbitraire (analogue à la guerre civile, ou au désordre régnant à l’intérieur de certains Etats...) afin d’établir un Etat rationnel.

L’idée d’un droit naturel “idéal” est représentée par l’Ecole du droit naturel au 17ème siècle. Elle a servi de base à ce qu’on a appelé Droit des Gens. Ainsi le philosophe et juriste hollandais Grotius (1583-1645) dit que le droit naturel émane de la nature sociale de l’homme : c’est d’elle que la raison humaine, observant les diverses pratiques, dégage les principes d’un droit universel, immuable. Il est distinct du choix volontaire, arbitraire.

Il peut cependant être rattaché au droit divin “puisque la divinité a voulu que de tels principes existassent en nous” (Grotius). Cependant, cette distinction atteste un passage de l’ordre de la Providence à celui de l’humanité. C’est un droit rationnel. Cette doctrine peut aboutir sur une vision individualiste - Locke pense que les hommes à l’état de nature sont libres, égaux, éclairés par la raison, peuvent donc respecter les préceptes du droit naturel ; l’organisation politique n’étant nécessaire que pour préserver les prérogatives naturelles de l’homme (liberté, égalité, propriété), vision anarcho-libérale - ou bien sur un humanisme rationnel (Kant) pour lequel la raison triomphe à travers une légalité propre à régir les peuples libres, car le droit est la notion se dégageant des conditions dans lesquelles la faculté d’agir d’autrui d’après une “loi universelle de liberté”. Kant défendra grâce à cette théorie, l’idée problématique d’une Société des Nations à partir d’un point de vue cosmopolitique.

Poussée à l’extrême la thèse d’un droit naturel idéal débouche sur la conception d’un idéal de justice existant au-dessus du droit positif. “Il existe un Droit universel et immuable, source de toutes les législations positives, il n’est que la raison naturelle en tant qu’elle gouverne les hommes” (Avant-projet du Code Civil de l’An VIII). Le droit naturel a pour but la protection de ces droits imprescriptibles qui sont, aux termes de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 : liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression.

Mais que dire si le Droit universel s’incarne adéquatement dans la loi positive, si ce n’est celui qui dispose de la puissance inhérente à cette loi. Cette théorie se traduit en particulier dans ce que Carl Schmitt appelle l’Etat législateur. “L’Etat législateur, à cause de la rigueur de son système de légalité, ne peut pas admettre la coexistence de plusieurs sources de droit, comme en droit romain, les lois, les plébiscites, les sénatus consultes ou les constitutions impériales, les édits de magistrats, les réponses des “prudents”, etc” (9)

Cet universalisme abstrait n’est pas sans dangers, et Carl Schmitt de nous mettre en garde : “Si la notion de loi perd un jour toute relation interne avec la raison et la justice et qu’on conserve néanmoins l’Etat législateur avec son sens propre de la légalité, qui concentre dans la loi tout ce qu’il y a de supérieur et de respectable dans l’Etat, - à ce moment-là, n’importe quelle ordonnance, commandement ou mesure..., n’importe quelle instruction à un juge pourra devenir, grâce à une décision du Parlement ou d’une autre instance préposée à l’élaboration des lois, légal et conforme au droit en vertu de la souveraineté de la loi. Le formalisme poussé à l’extrême finit par (...) abandonner ses relations avec l’Etat de droit”. (10)

Ainsi la fameuse “indépendance” des juges ne masque-t-elle pas son contraire, une hégémonie idéologique instrumentalisant le formalisme de la loi? “On suppose qu’en vertu des liens semblables qui rattachent tous les citoyens à un même peuple, tous doivent être, en raison de ces traits communs, essentiellement semblables les uns aux autres. Or, que cette hypothèse, supposant une harmonie nationale parfaite, vienne à disparaître, on verra immédiatement le pur “fonctionnalisme” sans objet et sans contenu, résultant des données de la majorité arithmétique, exclure toute neutralité et toute objectivité.” (11)

Ainsi l’idéologie actuelle de la “citoyenneté” suffit-elle à définir un peuple, à dégager ces “traits communs”, à établir “l’harmonie nationale”? Un simple contrat, formel suffit-il à fonder une identité? Celle-ci n’a t-elle pas été forgée au cours de notre histoire? De là l’amnésie dont les mondialistes veulent frapper tous les peuples et en particulier le nôtre. Avons-nous oublié que les morts gouvernent les vivants (Auguste Comte)? De nos jours, au nom de la loi, il est possible d’éradiquer toute forme d’opposition à “l’Avenir radieux” que nous promet le Nouvel “Ordre” Mondial.

Dans ces conditions le peuple est devenu une notion abstraite, le citoyen n’est plus enraciné au sein d’une identité singulière qui pourrait être vécue à divers niveaux (occitan, français, européen, par exemple).

En France resurgit le débat sur les identités locales, régionales, nationales, avec une remise en question du centralisme jacobin et la discussion sur la question de la Souveraineté. S’il est évident que dans le camp SRE nous ne voulons pas d’une Europe élaborée par les mondialistes, Europe de carton-pâte aux antipodes d’une Europe de la puissance, le débat est plus nuancé en fonction des diverses sensibilités et des stratégies proposées en l’occurrence. De même le débat est faussé sur le plan sémantique lorsqu’il est présenté sous la forme de la dichotomie entre “souverainistes” et “non souverainistes”.

Si l’on n’est pas souverain c’est que l’on est sous la dépendance de quelqu’un d’autre, que l’on existe plus en tant qu’entité politique! Certes, c’est le rêve des mondialistes, mais il est possible de concevoir - grâce au principe de subsidiarité bien appliqué en corrélation avec les forces vives du pays - un emboîtement de divers étages de souveraineté.

A l’opposé de la théorie libérale qui décourage la participation du peuple à la vie publique et qui rejette toute initiative allant à l’encontre des normes juridiques et constitutionnelles du moment, a été formulée une autre conception par Johannes Althusius (1557-1638) adversaire de J.Bodin en philosophie politique. (12)

Le philosophe allemand revient à Aristote, à sa conception de l’homme comme être social, enclin à la solidarité et à la réciprocité. Dans une démarche de type symbiotique, Althusius affirme que la société est première par rapport à ses membres, et se constitue par une série de pactes politiques, sociaux, conclus successivement de la base au sommet, par associations (“consociations”) naturelles, publiques, privées telles que familles, guildes, corporations, cités, provinces, etc. Modèle d’emboîtements allant du simple au complexe. Les individus sont membres de diverses communautés successives et il n’y a pas de contrat entre le souverain qui est le peuple et le prince qui se borne à administrer. Le contrat social est une alliance, communication symbiotique des individus définis par leur appartenance. Il est formé entre les communautés restreintes qui se fédèrent pour former un corps politique plus vaste et un Etat. Le peuple peut déléguer sa souveraineté mais ne s’en dessaisit jamais. Cela permet un respect des identités particulières, dont on rappellera qu’elles n’étaient point admises par Rousseau dans “Du contrat social” (“Il importe donc, pour avoir bien l’énoncé de la volonté générale, qu’il n’y ait pas de société partielle dans l’Etat, et que chaque citoyen n’opine que d’après lui”. Livre II, Chapitre III), et qu’elles furent réellement abolies durant la célèbre nuit du 4 août 1789 et empêchées de se constituer par la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 interdisant toute forme d’association entre gens d’un même métier et toute coalition.

Dans le système d’Althusius chaque niveau tire sa légitimité et sa capacité d’action du respect de l’autonomie des niveaux inférieurs, le principe de souveraineté est subordonné au consentement associatif, celle-ci est répartie à des niveaux différents de la vie politique.La clef de voûte du système est le principe de subsidiarité par lequel les décisions sont prises au niveau le plus bas possible grâce à des unités politiques ayant des compétences autonomes substantielles, et en étant représentées collectivement aux niveaux de pouvoir supérieurs. Le niveau local ne délègue au niveau supérieur que les tâches et responsabilités qu’il ne peut accomplir, telles que par exemple les fonctions régaliennes de l’Etat. La Nation serait donc une communauté de communautés.

Encore ne faudrait-il pas interpréter cette idée dans les termes du “communautarisme” véritable juxtaposition de communautés linguistiques, ethniques, religieuses ou autres qui n’auraient en commun qu’une proximité d’ordre géographique et de destin commun que la simple survie économique.

En dernier lieu la question d’un ordre politique et social se résume au fait de savoir qui détient la puissance et pour quoi faire. Aussi un peuple ne doit-il pas ignorer qui il est, quelle est sa nature profonde, quelles sont ses attaches essentielles. Ces thèmes fondamentaux ne sauraient être écartés par l’idéologie éradicatrice des Droits de l’Homme qui désubstantialise tout ce qu’elle touche (13).

Il n’y a rien en effet de plus libre, et de plus facile à promouvoir sur le plan idéologique qu’une forme vide. Il est bien plus difficile de résister à ce courant homogénéisant du mondialisme et de nommer l’identité à laquelle nous devons nous référer pour être nous-mêmes. 

Pour autant face au chaos actuel, à la véritable entropie générée par le système mondialiste, notre peuple ne pourra faire l’impasse sur ce choix décisif.

Delenda est Carthago!

Jean Galié

NOTES :

(1) Aristote : Ethique à Nicomaque. Livre I.

(2) idem.

(3) Aristote. Politique

(4) Aristote. Ethique à Nicomaque. Livre I.

(5) Julius Evola. Révolte contre le monde moderne. Editions L’Age d’Homme p.41-42.

(6) Husserl. La crise des sciences européennes en la phénoménologie transcendantale. p.364.

(7) Cf Le mythe de l’éternel retour (Mircea Eliade).

(8) Julius Evola. Révolte contre le monde moderne. p.61.

(9) Carl Schmitt. Du politique. “Légalité et légitimité” et autres essais. p.53. Editions Pardès.

(10) idem p.54.

(11) idem p.60. 

(12) Lire à ce sujet l’excellente contribution à ce débat dans le n°96 - novembre 1999, de la revue “Elements”, à laquelle nous empruntons ces informations.

(13) Ainsi, par exemple, la doctrine Monroe conçue sur la base de l’espace concret, transformée par Theodore Roosevelt en principe impérialiste commercial devenant un principe universaliste s’étendant à la Terre entière, et conduisant à l’ingérence de tous en tout. “Alors que, dans l’idée d’espace, il y a celle de limiter et de répartir l’intervention donc un principe de droit et d’ordre, la prétention universaliste à l’ingérence mondiale abolit toute limitation et toute distinction raisonnables” Carl Schmitt. Ouvrage cité, p.127-28. “Le fait que la doctrine de Monroe ait ainsi pu être trahie et transformée en un principe impérialiste commercial demeurera, pour longtemps, un exemple bouleversant de l’effet que peuvent produire des slogans vides” Carl Schmitt, idem p.129.

17/08/2014

L'Horrible Passion : Rituel funéraire et tentation de la lumière

Remarqué lors de leur concert à Toulouse en 2012, l'Horrible Passion fait partie de ces formations musicales que l'on aime à écouter tout en savourant une verre d'absinthe. À la croisée des Joyaux de la Princesse et du Café de l'Enfer, leur musique nous enivre de son parfum néo-classique savamment mélé aux élans industriels. Jouant allègrement entre la sublimation et la torture de l'esprit, l'Horrible Passion est une véritable perle de la Dark Ambiant. Un cauchemar éveillé à prendre à forte dose. Isaac, nous ouvre ses portes de l'Enfer...

 

 R/ Vous êtes un groupe de Dark Ambiant originaire de Barcelone. Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

L'Horrible Passion est né en 2008 en tant que projet solo. Une démo fut enregistrée en trois mois et cela semblait, d'une certaine façon, être du goût de quelques personnes. J'ai enregistré deux autres morceaux pour des compilations en téléchargement libre et après ça j'ai reçu un proposition pour un enregistrement venant de Reminescence prod. C'est peut-être à ce moment-là que ma musique a évolué vers un son plus industriel ambiant, plus noise, avec d'avantage de basses fréquences et une approche plus funeste. Désormais l'Horrible Passion est composé de deux membres, M. et moi-même. Cela s'est passé quand nous avons joué notre premier live en 2010 et elle devait seulement jouer pour la scène. Quand j'ai commencé à enregistrer de nouveaux morceaux je lui ai proposée de me rejoindre.

R/ De par cette ambiance angoissante qui se dégage de vos morceaux on sent une influence empruntée à la musique de film d'horreur. Quels sont les films qui ont accompagné ton travail ?

 Absolument ! L'horreur est une réalité quotidienne pour nous tous, et bien sûr les films d'horreur sont une influence de premier plan dans notre musique. Le Cabinet du Docteur Caligari, Haxan, Nosferatu, l'Homme qui rit, La Chute de Maison Usher et tous les vieux films muets sont une source d'inspiration. Mais en ce moment nous sommes plutôt tournés sur les films expérimentaux comme Begotten, Eraserhead, Persona de Bergman et les films de Nacho Cerda. Aftermath/Genesis, Automatons, Les Yeux sans Visage. Mais aussi les travaux de Luis Bunel, José van del Omar, Man Rey, Marcel Duchamp... Mais oui, l'horreur est toujours là, pas seulement au cinéma. 

R/ Il y a quelque chose d'assez étrange, en écoutant votre premier album on pense atteindre une certaine plénitude, une voie vers la méditation (Lucidique) mais on discerne des vagues pesantes, des sonorités industrielles qui évoquent un malaise par exemple (Catharsis).

C'était le chemin à prendre à ce moment là, rien de plus. J'ai senti que cela devait être comme ça, suivre cette voie...

R/ On retrouve évidemment un imaginaire gothique, au final, avec un visuel de photos post-mortems et de rêveries à base d'absinthe. On peut aussi relater cette esthétique sombre dans le titre Mémosine qui est très torturé, or c'est la déesse de la mémoire, cherches-tu à démontrer un rapport savoir/folie ?

L'absinthe est la plus luxueuse des sauvageries au monde tel que Marie Corelli l'a écrit. Elle peut vous donner la clé du savoir, des muses ou de vos peurs intérieures, mais ce que vous avez c'est le Diable en bouteille. C'est le leitmotiv de l'horreur lovecraftienne aussi. Et si vous approchez votre regard sur la société vous verrez que nos sommes sur-informés, nous sommes constamment abreuvés d'informations inutiles et beaucoup de gens s'en contentent. Cette saturation les incite à continuer dans cette voie sans en envisager les conséquences. C'est n'est pas de la folie mais la destruction elle même Donc oui, c'est bien ça, Mnémosine est la déesse de la mémoire mais également la mère des neufs muses. Les photos post-mortems sont directement liées à la mémoire du défunt. Nous utilisons toujours une approche très « positive » sur tous les thèmes d'une façon ou d'une autre. Si tu trouves la musique sombre et perturbante tu dois mieux régler ta chaîne.

R/ Je me rappelle de votre excellent concert aux Fleurs du Mal à Toulouse en Octobre 2012 et vous jouiez avec Wihinei Rita. Un morceau a attiré mon attention « Croix de feu et combattants volontaires » (Reprise de Le Joyaux de la Princesse, ndlr). 

 Merci pour avoir apprécié, ce fut un concert très spécial. C'était la première fois que nous jouions hors d'Espagne, et Max et Sébastien (organisateurs de l'association Douche Froide) étaient vraiment supers. D'un point de vue simplement visuel le concert n'a pas très bien fonctionné mais je pense que nous avons su créer une bonne ambiance. C'était la première fois que nous jouions des morceaux d'un album en cours de préparation inspiré de la vie et du travail d'Antonin Artaud et bien sûr c'était énorme de voyager avec nos amis de Wihinei Rita et Arnica à Toulouse encore une fois ! Le split que nous avons réalisé contient le morceau que tu mentionnes et il devait uniquement être joué en live. Mais avec sa sortie en version très limitée (50 ex. numérotés et scellés) et le concert en France ce fut la parfaite occasion de l'insérer. En revanche ce n'est pas un hommage au Commandant de la Roque simplement une reprise de LJDLP. Nous avons beaucoup d'intérêts pour les sujets traités par ce groupe et nous aimons leur musique, cela nous semblait normal que de les reprendre. Nous n'avons fait qu'adapter notre musique à celle de LJDLP, l'Horrible Passion ne cherche pas à faire de la politique et n'en fera jamais.

R/ À propos de concerts, avez-vous d'autres projets pour la France ? Car on a la nette impression que notre pays vous tient beaucoup à cœur.

 Nous aimerions rejouer en France ! En Octobre j'ai joué dans le line-up d'Arnica à Paris et Brest et j'aimerais vraiment revenir avec l'Horrible Passion. Et tu as parfaitement raison, la France a une place très importante dans nos cœurs. En fait, même le nom du groupe est le nom d'une pièce du Théâtre du Grand Guignol, mais je suis sûr que tu le savais déjà. 

R/ Pour clore cette interview, vous avez réalisé un nouvel EP, « Le dernier portrait » sur le label La Esencia en format 45t.  Peux-tu m'en dire plus ?

 Nous avons présenté sa sortie lors du Solstice d’Été, événement que j'ai organisé à Barcelone (Blood Axis + Arnica + Knotwork + L'Horrible Passion). Nous avons joué la face A aux Fleurs du Mal (concert évoqué plus haut, ndlr) ainsi qu'à Madrid où nous avons partagé la scène avec Dernière Volonté. Cet EP contient le premier titre incluant des voix dans notre discographie et il évoque les moments juste avant et juste après la mort. La face B, c'est comme un rituel funéraire, l'ouverture de l'ultime porte de l'existence. Nous sommes vraiment contents du résultat et La Esencia nous a supportés depuis le début (David était le premier responsable de notre première apparition en live). Alors que toutes nos sorties sont sold-out il nous reste quelques copies de l'EP.

http://reminiscencespro.bigcartel.com/

http://www.laesenciarecords.bigcartel.com/


 

03/08/2014

A bas les agressions impérialistes à Gaza et en Ukraine

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Jusqu'à quels abîmes d'inhumanité le capitalisme nous entraînera-t-il? Les mots font défaut pour décrire le chaos hallucinant dans lequel l'impérialisme belliqueux s'est engouffré. La crise du système ne se traduit pas seulement pas des aspects "économiques" comme veut nous le faire croire la propagande quotidienne. Le système aux abois ne peut générer que la guerre ; une guerre plus ou moins larvée ou ouvertement agressive sous couvert de motifs vertueux comme cela est le cas en Palestine et en Ukraine actuellement.

 

 

Le verrou géopolitique israélien ne doit pas sauter ; tout doit être entrepris afin que le projet sioniste ne capote pas, quitte à mettre à feu et à sang le Proche Orient comme cela est le cas depuis des décennies. Une énième opération de répression s'est abattue sur une population parquée cruellement à Gaza. Ceux qui osent se révolter en France contre l'entreprise criminelle de l'armée d'occupation israélienne subissent les foudres de la bourgeoisie française à la botte de l'axe atlanto-sioniste. Il y a longtemps que l'esprit d'indépendance du général de Gaulle a été foulé aux pieds, lui qui, même si nous ne partageons pas toutes ses vues, avait conservé à notre pays toute sa dignité ; il faut le rappeler haut et fort. Que n'entendrait-on pas si un autre Etat que celui d'Israël massacrait impunément ainsi?! Il est vrai que l'idéologie dominante ne s'est pas privée d'attribuer naguère à ses ennemis toutes sortes de crimes imaginaires. Effet d'image inversée de la réalité dans le miroir que nous tend le capital. Il en est de même en Ukraine où les auteurs du coup d'Etat récent reçoivent l'appui des forces otanesques et mobilisent leurs bandes fascistoïdes contre le prolétariat russophone de l'est du pays quasi abandonné par Poutine qui semble adopter le marché du donnant-donnant, Crimée contre Donbass. L'opinion publique russe pèsera-t-elle suffisamment dans la balance afin que les populations de Lougansk et de Donetsk ne soient pas abandonnées aux soudards de Kiev?

 

 

Ce tableau pitoyable doit nous inciter à combattre sans merci l'offensive du capital dirigée contre les opprimés de tous les pays. Plus que jamais "Prolétaires de tous les pays! Unissez-vous!" Unissez-vous contre les cliques d'exploiteurs et de menteurs qui vous dirigent et détruisent votre existence!

 

Solidarité avec les martyrs palestiniens de Gaza! Solidarité avec les prolétaires en lutte contre le capital en Ukraine! Honneur leur soit rendue!

 

Communiqué de Rébellion et de l'OSRE du 3 août 2014.

01/08/2014

Orientations politiques de l'OSRE : La Patrie – La Communauté Populaire – Le Socialisme Révolutionnaire

 

Avertissement aux lecteurs : Nous proposons cette première synthèse des idées de notre organisation pour permettre une meilleure connaissance de nos positions aux lecteurs de Rébellion. Nous n'avons jamais considéré qu'un programme politique devait rester figé, l'apparition de situations nouvelles ou des évolutions sans précédent implique de conserver l'esprit en éveil et de ne jamais s'enfermer dans l'aveuglement sectaire. Pourtant, il est nécessaire de proposer des orientations claires à notre combat.

Ce texte n'est pas seulement utile pour les membres de l'OSRE; il intéressera tous ceux qui sont sensibles au destin des peuples européens. De surcroît, il pourra orienter la réflexion des militants défenseurs de leur Patrie et de leur identité, mais qui cherchent à concrétiser leur engagement dans une optique cohérente sur le plan politique et économique, construite autour d'un axe résolument anticapitaliste et explicitement socialiste révolutionnaire.

L'OSRE se définit comme une structure politique d'avant-garde, elle fait reposer son action sur trois axes de lutte : La Patrie-La Communauté Populaire-Le Socialisme Révolutionnaire.

 I - La Patrie : L'idée nationale à réinventer

Notre conception de la Patrie est celle d'une union autour d'un projet collectif commun et orienté vers l'avenir. La France est le fruit de la longue histoire commune des peuples qui la composent. C'est surtout un attachement fort d'un Peuple à sa Patrie et une volonté farouche d'indépendance nationale qui pousse notre pays à toujours faire face à ceux qui veulent l'envahir et le soumettre.

Pour nous, l'héritage historique de la Nation n'est pas une fin en soi, il est un point de départ. Il doit nous permettre de poursuivre l'aventure collective qu'est la France, en l'orientant vers une voie spécifique de construction du socialisme à l'échelle d'une Europe libérée du Capitalisme. En pratique, les formes que peuvent prendre la Nation sont appelées à se transformer pour faire face aux défis de notre époque. Les travailleurs en reprenant en mains leur destin, seront amenés à redéfinir le rôle des institutions et à remettre en cause le fonctionnement d'un Etat qui appartenait à ses ennemis de classe depuis l'origine. Pour cette raison, nous n'avons jamais idéalisé l'ancien modèle républicain jacobin et nous rejetons ses mythes, de même des nationalismes réactionnaires.

Nous considérons que l'idée de Patrie n'est compatible qu'avec la reconnaissance de la richesse constituée par les cultures, les traditions et les institutions locales de chaque région qui la constitue. Nous rejetons le nationalisme centralisateur et sa caricature, le micro nationalisme séparatiste servant les intérêts des ennemis mondialistes de l'unité européenne.

Une rupture radicale doit être clairement faite, aussi bien avec les conceptions réactionnaires et bourgeoises de l'idée nationale qu'avec les tenants d'une mondialisation « post nationale » (qu'ils soient des représentants des multinationales, des bobos altermondialistes ou  les derniers rejetons des groupuscules gauchistes).  L'enjeu est de faire le lien entre la question nationale et la question sociale, c'est-à-dire de poser clairement la priorité de la libération de la France et de l'Europe de la domination capitaliste, ce qui aurait par voie de conséquence une portée internationale essentielle.

L’immigration à grande échelle est une tragédie tant pour les peuples européens que pour les immigrés déracinés victimes du Capitalisme mondialiste qui n’a d’autre finalité que son processus de valorisation et de financiarisation. Partout dans le monde nous soutenons la cause des peuples contre l’homogénéisation et l'exploitation capitalistes dont les Etats-Unis constituent le principal, mais non unique, vecteur.

Nous préconisons un socialisme respectueux de l’identité de chaque peuple dans une Europe forte et consciente de sa communauté d’origine et de destin.

Nous considérons l’Europe de Bruxelles comme étant une parodie de souveraineté européenne, aux antipodes de l’application réelle du principe de subsidiarité, seul moyen de recréer un véritable lien social. Notre modèle est celui d’une Europe fédérale respectueuse des Nations, des peuples, des régions ; Europe à vocation impériale et non impérialiste.

II - La Communauté populaire : liberté, autonomie et responsabilité

En Europe, le socialisme peut s'appuyer sur une conception de la communauté, propre à notre civilisation. Des cités grecques aux libres assemblées du monde germanique ou scandinave, des communes libres du Moyen Age au Mir slave, les formes de communauté sont diverses dans notre histoire mais toujours porteuses de cette idée de collectif. Si le capitalisme a tenté dès l'époque moderne de faire disparaître ces systèmes communautaires, ils ont perduré un certain temps et transmis leurs valeurs au monde du travail moderne et furent salués par tous les penseurs du socialisme (de Proudhon à Marx). L'idée de communauté, avec la fin du cycle historique de la modernité capitaliste, revient naturellement nourrir la réflexion actuelle pour créer une alternative à la faillite du système.

Un même individu appartient à plusieurs communautés (dont la première est la famille et qui peut aller jusqu'à la nation) qui interagissent. Des relations qu'il tisse avec d'autres, il construit et partage une vision du monde qui lui permet de dépasser son individualité et le fait tendre vers l'universel. Force créatrice et active, l'authentique communauté n'est pas le « repli communautaire ». Dérive de l'individualisme, celui-ci est une des névroses du monde moderne. Dans notre conception, la communauté rassemble des personnes qui participent activement à son existence, elle est ouverte mais réclame, pour intégrer de nouveaux membres, qu'ils y participent et se reconnaissent dans son projet.

Garantissant et défendant la liberté de chacun, la communauté permet la prise en mains directe par sa population des leviers de décisions politiques à son échelle. On revient ici à l'idée de Commune, fédération des personnes vivant et travaillant ensemble, qui s'organisent selon le principe de la démocratie directe. Des assemblées dont les représentants seraient révocables dans des conditions clairement définies et dont la légitimité repose sur la conformité avec les principes collectifs édictés comme «lois fondamentales». Afin de mettre en œuvre un socialisme authentique et original, nous rejetons le socialisme bureaucratique d’Etat et soutenons toute forme de démocratie participative, organique et directe dans un Etat de type fédéraliste.

III - Le socialisme révolutionnaire : le rôle crucial de la socialisation

Au cœur de notre réflexion et de notre action, l’idée de la socialisation est à nos yeux la seule solution pour que chacun s’habitue à prendre une part active et consciente au travail qui a toujours une portée collective et cesse d’être instrument ou spectateur passif de la domination capitaliste. La socialisation doit s’appuyer sur des bases « saines » (c’est-à-dire non mercantiles et liées à l’idée de solidarité et d’un minimum de décence morale commune, la « common decency » d’Orwell) que représentent les rapports humains authentiques existant encore dans nos sociétés. Pour cela, les communautés locales constituées par des communes populaires auront un rôle important à jouer.

Partisans de la subsidiarité, nous pensons qu’une articulation est possible entre les divers niveaux de compétence. Il s’agit évidemment du fameux principe de subsidiarité évoqué par les instances de l’UE, mais qui pour cette dernière est un peu comme l’Arlésienne que l’on attend toujours… Cela n’est d’ailleurs pas si étonnant que cela car ce principe se situe aux antipodes du fonctionnement de la société capitaliste, de ses nécessités fondamentales. La subsidiarité consiste, si l’on veut le dire le plus simplement du monde, à s’occuper de ce qui nous regarde ! Justement, la démocratie représentative, si chère au capital contemporain, consiste à nous faire croire que l’on s’occupe grâce à elle de ce qui nous regarde. Le citoyen est invité à participer à sa propre mystification et à s’identifier aux décisions inhérentes au fonctionnement optimal du capital dans sa quête illimitée du profit. Restent alors quelques miettes de pouvoir et de prébendes, concédées à ceux qui veulent bien entrer dans le jeu de la politique du système.

La subsidiarité, c’est la souveraineté populaire qui contrôle la discussion concernant ce qui semble être le plus pertinent pour telle ou telle instance communautaire existant à telle ou telle échelle. Les communautés plus larges (au sens d’instances de décisions à portée plus large comme la région par rapport à la commune et ainsi de suite) englobant celles du stade inférieur non pour les phagocyter mais pour leur donner les moyens d’exister et de participer dans un monde complexe (par exemple, questions de sécurité nationale, approvisionnements divers, etc.).

Sans entrer dans une description de notre futur qui serait utopique, le Socialisme révolutionnaire laisse entrevoir un vaste champ du possible pour faire revivre les collectivités et communautés locales. L’attachement à des cultures enracinées ne sera nullement incompatible avec la participation à cette transformation radicale de la société. Elles trouveront leur place naturellement dans cette nouvelle organisation et permettra une régénération du corps social dans son ensemble.

Nous devons préciser qu’une relative centralisation sera toujours nécessaire. Si la relocalisation de l’économie veut être efficace, elle doit être coordonnée au niveau de la France et de l’Europe par une planification intelligente dans le domaine de la production et de la distribution. Cette planification devra viser une recherche d'efficacité, de qualité et de respect des travailleurs et de la Nature.

Le Socialisme révolutionnaire se fonde sur l'idée que le bien collectif est au dessus des appétits individuels. Que la sortie du Capitalisme doit se produire de façon progressive, par une socialisation de la société.

 

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