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13/11/2014

Nouvelles campagnes : Mobilisation générale !

3 campagne d’autocollants sont maintenant disponible pour la diffusion militante :

3 euros les 25 exemplaires - 6 euros les 50 exemplaires 

12 euros les 100 exemplaires

Commande ( port compris) : Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02

 

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Edito de Jean Galié : La démocratie contre la Botanique

Editorial du numéro 67 de la revue Rébellion. 

Dans l'histoire des contestations contemporaines en France, il est assez rare de devoir évoquer la mort d'un manifestant du fait de l'usage répressif de la force publique. Le phénomène de révolte n'a jamais été suffisamment massif ni suffisamment offensif lors des dernières décennies pour , ne serait-ce, que faire chanceler le pouvoir établi.

Celui-ci disposant de l'anesthésiant efficace de la démocratie électoraliste et représentative, est passé maître dans l'art de contrôler les foules y compris lorsqu'elles manifestent dans la rue. On ne va pas regretter, évidemment, les bains de sang dont sont coutumiers les pouvoirs dictatoriaux plus ou moins exotiques (à Ouagadougou, par exemple, la junte militaire nouvellement au pouvoir a tiré sur les manifestants) mais force est de constater que les forces de l'ordre et les autorités qui en disposent sont capables de gérer au moindre mal, avec des techniques appropriées, les fameux débordements de violence parfois associés aux rassemblements contestataires en les encadrant ,quelques fois les provocant et les pilotant selon l'objectif de manipulation idéologique souhaité.

Que s'est-il donc passé pour qu'un jeune étudiant en botanique, adversaire du projet de barrage de Sivens pensé pour le bénéfice de l'agriculture capitaliste intensive, soit occis nuitamment dans les bois par un tir policier de grenade offensive? Somme toute, les opposants à ce projet n'avaient pas soulevé les masses populaires occitanes malheureusement engourdies - l'ombre de Simon de Montfort ne planant plus depuis longtemps sur le pays de Cocagne - et probablement préoccupées par bien d'autres sujets. Factuellement, la thèse de l'accident tragique est plausible...

Mais il est nécessaire de rappeler que la vertueuse gauche du capital a sa tradition de répression étatique car il lui tient particulièrement à cœur de remplir correctement sa mission de défense des intérêts de la classe dominante par la mystification ou la violence directe ( dans le passé, Jules Moch, Guy Mollet, etc.).

Le gouvernement actuel improprement appelé "socialiste", jouissant d'une impopularité exceptionnelle, est véritablement aux abois et manifeste une agressivité particulière face aux contestations un tant soit peu virulentes s'opposant à ses décisions ( cas de Notre Dame des Landes, du Mariage "pour tous" et du barrage de Sivens). Ces trois exemples cités illustrent parfaitement la dynamique de la marchandisation du monde à laquelle la nature et l'humain doivent se plier.

A côté de son intolérance foncière, la gauche s'imaginant être l'incarnation de la justice et du bien, vient s'adjoindre son impératif d'être à la hauteur des attentes du patronat (Valls est fait pour ça). Droite et gauche communient de conserve dans le culte économiciste et s'ingénient à promouvoir le basculement définitif de la société française dans le paradigme du marché sans limites. Hors du marché point de salut et les récalcitrants seront traités sans ménagement : telle est la première leçon que l'on peut tirer de la tragédie de Sivens. Que vaut la passion d'herboriser face au pouvoir agroalimentaire? C'est l'âme de Rousseau que la "République" assassine.

Du côté du sens, de la portée et de la modalité de la lutte des opposants à de tels projets, qu'en est-il? Avec les conditions de détérioration du milieu naturel et social dans lequel les hommes produisent leurs conditions d'existence sous la pression des exigences du profit, apparaissent, partout dans le monde des manifestations de refus et de remise en cause de la logique productiviste. Il y a donc globalement un mouvement d'écologie politique reposant sur une prise de conscience de l'impasse où conduit cette logique. Cette prise de conscience a gagné tous les continents avec vraisemblablement des degrés variés au sein de celle-ci. Néanmoins, la corrélation avec les impératifs du capitalisme qui est cause des multiples détériorations de l'environnement commence à être faite. On ignore souvent, par exemple, que la Chine est le pays où a surgi le plus grand nombre de luttes dénonçant ces dernières. Il est vrai que le déchaînement hallucinant du capitalisme chinois met directement en danger la vie des populations exploitées dans leurs conditions de travail et d'existence.

Ne pouvant évoquer que ce que nous connaissons et en nous en tenant à ce qui se fait et se dit en France et en Europe, il semblerait que le discours écologiste politique ne soit, la plupart du temps, qu'un réformisme radical se revendiquant comme tel. Il désire faire pression sur le système institutionnel, faire appel aux mécanismes de régulation démocratique, constatant certains défauts de la démocratie représentative qu'il faudrait corriger ; la référence à la citoyenneté faisant partie en conséquence de la panoplie rhétorique du langage de la contestation. S'il est bien vrai que les élus bien souvent incompétents en la matière préfèrent tenir compte des retombées économiques, financières, de ces projets dommageables aux écosystèmes plutôt que de l'avis d' experts en écologie (cas du barrage de Sivens) et qu'ils négligent donc, la préservation de la qualité de vie de leurs concitoyens, il ne faut guère se faire d'illusions sur les recettes proposées par les mouvements écologistes et contestataires : l'appel à la participation citoyenne sans que le rapport social dominant ne soit écorné.

Se manifestent, par ailleurs, lors d'actions sur le terrain, des groupes "d'activistes" qui ne négligent pas l'usage de la violence pour s'opposer à la réalisation des projets évoqués ci-dessus. Cet usage est sensé faire reculer le pouvoir ou, pour le moins, rendre visible dans les médias la détermination de certains. On peut toujours rêver quant à l'efficacité attribuée à l'action de ces infimes minorités. Les récents affrontements à Nantes et Toulouse ne font ressortir que l'isolement de tels groupes et les impasses de ce type de lutte.

Ce qui pourrait susciter l'intérêt des contestations écologiques lorsqu'elles s'organisent localement sur le terrain est leur potentialité à l'extension géographique de la lutte à partir de cette base. Mais aussi faudrait-il que ce type de rébellion ait quelque chance de naître à partir d'un mouvement social réel d'un minimum d'envergure ou de pouvoir s'y adjoindre. Les slogans anticapitalistes proférés de temps à autre dans les exemples évoqués ici ne dépassent guère la portée d'un rituel incantatoire et ne sont même pas reliés, la plupart du temps, à une conscience nette et suffisante que devrait avoir la dimension anticapitaliste revendiquée par ceux qui les utilisent.

On ne dépasse pas la platitude gauchiste la plus affligeante dans de tels milieux. Leurs slogans en témoignent, on réclame ainsi "le désarmement de la police", en somme un Etat capitaliste plus gentil. De telles âneries montrent l'incompréhension de ce que représente une authentique lutte de classes. On n'instaure pas un changement de rapport de forces afin de faire plier la classe dominante et transformer les rapports sociaux ainsi.

La dimension écologique doit être intégrée dans la remise en cause pratique de l'arraisonnement du monde aux finalités économiques ; pour ce faire il fait exprimer clairement le rejet de tout aménagement démocratique du système, le rejet de toute idéologie libertarienne (on ne peut être à la fois pour le refus des limites sur le plan sociétal et revendiquer le respect d'un équilibre écologique structuré justement par l'existence de limites biologiques) et dénoncer la cause de la logique du productivisme : l'aliénation des capacités productrices de l'homme au procès de valorisation du capital au moyen du travail salarié.

09/11/2014

René Riesel L’enragé n’en démord pas…

Article du numéro 16 de la revue Rébellion  ( Mars-Avril 2006) 

Dans la lutte contre les Organismes Génétiquement Modifiés que veulent nous imposer les multinationales et la classe politique, certains ont su faire le lien en paroles et en actes entre la critique des OGM et celle de l’organisation sociale qui les a produits. Par leurs actions, ils ont remis en question les fausses évidences d’un « destin technologique » inéluctable, du contrôle et d’une artificialisation de la vie biologique au nom du profit. Loin des altermodialistes de salon et des citoyennistes serviles, René Riesel est l’un de ces véritables rebelles au meilleur des mondes que l’on nous prépare. Petit résumé de son parcours et des idées qu’il défend…

 

 

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René Riesel (à gauche), le 6 mai 1968 avec une autre personne.

 

« Les damnés de Nanterre »

Né en juin 1950 à Alger, René Riesel est vite sorti de l’enfance, au milieu des "évenèments" d’Algérie. Son père, horloger-bijoutier, est militant communiste dans l’un des quartiers populaires de la ville. En 1962, rapatrié avec sa famille, le jeune René est émerveillé par la découverte de Paris. Il parcourt avec passion ses rues non encore livrées aux promoteurs et aux bobos. Lecteur avide, il débute son engagement politique au sein d’un groupe anarchiste, nommé Sisyphe en référence à Camus, qu’il fonde avec des amis. La révolte est à l’heure du jour, il est fasciné par les provos d’Amsterdam (squatteurs autonomes) et s’implique dans la mouvance libertaire. Emancipé à 16 ans, il jette le trouble au congrès anarchiste de Bordeaux de janvier 1967, croise Daniel Cohn-Bendit, alors proche du groupe anarcho-communiste Noir et Rouge, avant de le retrouver à l’université de Nanterre qu’il rejoint, bac en poche.

Il sera au cœur des événements qui déboucheront sur Mai 68. Riesel et ses camarades qui commencent à s’appeler les Enragés, entretiennent une agitation permanente sur le campus. Ils squattent les bâtiments des filles, manifestant pour le Vietnam en critiquant les staliniens, interrompant les cours d’Alain Touraine, Edgar Morin ou Henri Lefebvre à coups de fumigènes et de boules puantes. L’orientation du petit groupe est franchement libertaire et festive, ils se heurtent souvent au dogmatisme des sérieux représentants des groupuscules troskystes ou maoïstes. Pourtant une nouvelle provocation amène les gauchistes à soutenir ces enragés pourtant peu orthodoxes. Le 22 mars 68, l’occupation d’un bâtiment universitaire, amène huit étudiants en conseil de discipline à la Sorbonne.

Le 6 mai, Cohn-Bendit et Riesel font partie des convoqués. Mais dans la rue, l’émeute éclate, Mai 68 est parti. Riesel se retrouve le 14 mai président du comité d’occupation de la Sorbonne, vite contourné par les gauchistes plus organisés. Il est ensuite de toutes les actions, mais il comprend que Mai s’est achevé quand les "staliniens" (PCF et CGT) bouclent les usines pour empêcher le lien avec les étudiants. Riesel pénètre alors le cercle très fermé de l’Internationale situationniste. Mais en 1971, il est exclu du groupe après une retentissante dispute avec Guy Debord. Au contact des « situs », Riesel a approfondi ses connaissances théoriques et affiné un talent d’écriture et de pensée claires.

 

La Révolte est dans le champ.

Après avoir conspué la médiocrité du temps et le massacre de son vieux Paris (on détruit les Halles et les derniers quartiers populaires), il quitte la ville pour la campagne, débute des années de galère faites de petits boulots, de rencontres et de lectures. Dans les années 1980, il s’installe avec sa compagne dans le Sud-Ouest. Ils se lancent dans l’élevage des moutons : « Je suis parti dans les Pyrénées-Orientales et me suis fait éleveur, mode de vie qui me convenait et me permettait de reconstituer une "base arrière", non pas au sens militaire, mais au sens de réapprendre des pratiques qui constituent à bien des égards la véritable richesse humaine. Dans l´état actuel de déliquescence de nos sociétés, il faut réinvestir un certain nombre de savoir-faire perdus. On connaît la blague classique du môme qui demande si les poissons sont carrés parce qu´il ne les a vus que sous forme de surgelés panés, des gens de 40 ans ne savent pas où est le devant et le derrière d´une vache: cet état d´ignorance tragique se généralise. Mais devant l´espèce de panique qui saisit les gens face à l´abîme, on tente de les rassurer avec le retour à de pseudo-traditions rurales, qui seraient un refuge possible de la qualité en matière agricole, alors qu´en réalité on libère seulement l´inventivité publicitaire pour rhabiller la même merde industrielle ». Ils se heurtent à l’hostilité des paysans locaux, qui leur refusent le libre usage des terrains communaux : « : L´industrialisation de l´élevage du mouton était la tendance dominante et, comme éleveur, j´ai pratiqué exactement l´inverse. Ce fut l´union sacrée pour me dégager (...) J´ai vu les choses se dégrader à vive allure. Il n´y a plus de paysannerie en France, seulement des agriculteurs, plus ou moins intégrés, qu´ils l´admettent ou pas, dans un segment de la production agro-industrielle ». Pourtant, ils s’accrochent et découvrent un monde rural riche en diversité.

A grains des années, ils se retrouvent avec leurs moutons sur le Causse Méjean en Lozère. En 1991, il rejoint la Confédération paysanne et se retrouve, en 1995, au secrétariat national du syndicat paysan : « les gens de la Confédération du cru sont venus me chercher et, avec eux, j´ai eu la tentation d´élargir un peu la bagarre. La Confédération rassemble des socialistes, des babas, des gauchos repentis, des Verts, un club d´idées assez paradoxal qui fonctionne sur le consensus de façon à présenter une unité de façade, avec toutes sortes de tendances qui cohabitent sans jamais aller au bout de leurs discussions… J´ai cru pouvoir faire avancer des questions pour moi centrales. Nombre de ces gens étaient ou sont vraiment de bonne foi. Il y avait des choses à faire sur le terrain; ensuite, je n´ai jamais renoncé à rien, j´ai toujours dit ce que je pensais du fonctionnement de l´organisation, des illusions qui y étaient répandues. Mais bon, j´y ai fait ce que je pouvais faire (contre les OGM en particulier), et j´en suis parti en mars 1999, quand rien n´est plus resté possible ».

La lutte contre les OGM

Les OGM rentrent dans leur vie en 1996. Pour Riesel, ce sont les agents de "l’intégration des paysans dans un complexe agro-industriel déresponsabilisant". Il organise l’invasion d’un stockage de maïs transgénique à Nerac, en 1998.  Le 10 septembre 1998, une centaine d´agriculteurs opposés au génie génétique procédaient à la destruction de micro-parcelles de maïs et de soja transgéniques lors d´une journée "portes ouvertes", organisée par la compagnie MONSANTO, à l´intention de ses distributeurs et des "leaders" de la maïsiculture régionale, sur son site d´expérimentation de Monbéqui dans le Tarn-et-Garonne. La cible n’a pas été choisie au hasard. Lors de son procès, Riesel explique ce choix :  «  Monsanto est, on le sait, une des toutes premières firmes à s´être engouffrée dans l´exploitation des technologies génétiques. Mais ce n´est pas le seul mérite de cet honnête industriel dont le métier, comme on dit dans son monde, a d´abord été la chimie. Célèbre pour avoir été le principal producteur de l´Agent Orange, l´efficace défoliant de la guerre du Viêt-Nam, il a également conçu et fabriqué depuis 1901 de nombreux désinfectants, spécialités pharmaceutiques et pesticides réputés pour leurs propriétés cancérigènes ou leur teneur en dioxines. Rien ne saurait ternir un tel palmarès. Ni l´impressionnante sollicitude qu´il a constamment témoignée aux ouvriers et populations exposés aux contaminations dispensées par ses usines. Ni les centaines de millions de dollars dont il a dû s´acquitter en dépit, et parfois en raison, des manipulations ou des subornations de témoins et de membres de l´administration, auxquelles il s´est fréquemment résigné dans l´intérêt de la liberté du commerce et de l´industrie.

Sa reconversion dans le génie génétique n´allait pas mener Monsanto à renoncer aux pratiques qui sont le fondement de sa culture d´entreprise. Contrats léonins imposés aux cotonniers nord-américains, poursuites judiciaires contre des agriculteurs soupçonnés d´avoir conservé une partie de leur récolte pour la ressemer, mise sur le marché à grande échelle, en Inde et aux Etats-Unis, de variétés transgéniques défectueuses, pressions sur l´imprimeur britannique du mensuel The Ecologist pour l´amener à détruire un dossier consacré à la firme, incitations ouvertes à la délation, intox, recours aux plus sinistres polices privées, Monsanto continue de défendre la liberté du commerce et de l´industrie.

 J´ai un point d´accord avec les conclusions présentées par Monsanto au Tribunal: je considère aussi que ce serait "se tromper de débat" que de se perdre ici "en digressions à propos des effets prétendument négatifs des organismes génétiquement modifiés". Les faits bien établis que je viens d´évoquer attestent suffisamment que si les effroyables promesses de la technoscience génétique avaient eu un seul avantage prévisible pour les hommes, elles n´auraient pas intéressé Monsanto ! On ne cherche pas à se justifier des accusations portées par un tel accusateur.  Mais en jugeant s´il y a lieu de donner droit aux réclamations de Monsanto, le Tribunal dira du même coup s´il juge bon de garantir à Monsanto le libre exercice de ces activités »1.

L’année suivante, Riesel rompt avec la Confédération paysanne, jugée trop réformiste et médiatisée. Pour autant, il ne cesse pas son action. Avec José Bové et bien d’autres, il détruit des plants de riz transgénique au CIRAD (Centre international de recherche en agronomie développement) de Montpellier dans le cadre de la Caravane intercontinentale dont il avait assuré une partie de la coordination. Le procès sera, pour René Riesel, l´occasion de manifester l´existence d´un courant critique anti-industriel2 : « Mais sobrement: l´activisme spectaculaire ne m´intéresse pas, surtout quand il cache la pauvreté de l´analyse. Ma critique de la technoscience est effectivement radicale: recherche publique, recherche privée, peu importe quand ces gens, littéralement, ne savent pas ce qu´ils font, bricolent - sans en avoir, de leur propre aveu, la moindre compréhension théorique - des chimères génétiques aux effets imprévisibles. Le sabotage contre le CIRAD était une attaque frontale contre des recherches publiques, afin de casser le mythe selon lequel une recherche contrôlée citoyennement pourrait être régulée: il faut commencer par comprendre que cette technologie est par essence incontrôlable. Le fameux "principe de précaution" dont on parle tant, nous l´appliquons, de la seule manière dont il peut l´être ».

Condamné à 6 mois de prison ferme, René Riesel a été incarcéré à la prison de Mende le 1er décembre 2003. Il a refusé de quémander une quelconque grâce présidentielle et tout aménagement de peine. L’enragé se trouvait, une fois de plus, en contradiction avec José Bové qui n’avait pas hésité à faire appel à la bienveillance du gouvernement pour adoucir sa condamnation.

Résistance au totalitarisme technologique.

Quelles sont les bases de la critique radicale de René Riesel de la société industrielle ? « Depuis plus d'un siècle, à chaque innovation des sciences et des techniques… ce sont les mêmes grosses ficelles qu'on débobine : demain, la physique, la chimie, la biologie auront vaincu la misère, la maladie, la faim et — pourquoi pas ? — la mort elle-même. Rire de ces sornettes toujours démenties, c'est être rétrograde, "obscurantiste" comme dit le brillant Jean Glavany, c'est aller contre l'esprit démocratique du temps, qui se nourrit d'espoir et de participation "citoyenne". Et cela, alors même que nous pouvons juger sur pièces des résultats concrets du millénarisme de la science industrielle — nonobstant d'autres nouveaux virus, des prions inédits, l'intensification du rayonnement ultraviolet, ou tout autre désastre qui permettra aux nouvelles générations de chercheurs d'exercer leur ingéniosité dans ce gigantesque laboratoire-usine qu'est à leurs yeux la Terre. Ce scientisme utilitariste et réducteur, qui ne croit comprendre que lorsqu'il croit dominer, ne sait rien imaginer qui soit gratuit, non brevetable, non manipulable ; il regarde avec haine tout ce qui, dans la nature, contredit encore la pauvreté de la survie industrielle. Il a expliqué aux parents que le cerveau est un ordinateur et le corps une voiture désormais livrée avec pièces de rechange ; il enseigne maintenant aux enfants que la cellule est une "machinerie génétique", et une mitochondrie une "centrale" énergétique » . C'est bien à l'ensemble des prémisses de la recherche scientifique moderne, privée comme publique, à tout l'arsenal technologique de contrôle et de conditionnement qu'elle met au service de l'industrialisation de la vie, jusqu'à l'artificialisation intégrale, auxquels il s'oppose.

Il voit dans la tradition du monde paysan un élément pour la renaissance d’une alternative à ce système mortifère par les valeurs qu’il cultivait: «  Eleveur, j´ai vu de près la fin du blitzkrieg dont a été victime le monde rural et agricole dans les pays développés. On a cassé la civilisation paysanne, ou du moins ce qu´il en restait. La paysannerie traditionnelle n´était certes pas porteuse de valeurs mirifiques, à préserver à tout prix ; simplement elle conservait vivante une mémoire permettant de suivre des chemins autres que ceux imposés par le développement industriel. On y trouvait des attitudes par rapport à la vie, et notamment à la vie sociale, très antinomiques avec le rationalisme dominant, un mode de vie, en tout cas, moins séparé de ce à quoi a abouti l´industrialisation en réduisant l´homme au travail et en colonisant ensuite le temps libre. J'ai vu l'ancienne société rurale se liquéfier, pourrir sur pied, des comportements se raidir. On ne peut se contenter des simplifications des antimondialistes, avec les méchantes transnationales qu'on substitue aux 200 familles et aux capitalistes à haut-de-forme et gros cigares pour avoir un ennemi clairement identifiable, alors que la domination fonctionne essentiellement grâce à la soumission: la soumission à l'industrialisation, à l'emprise d'un système technique ».

La lutte contre la soumission volontaire passe donc par une pensée et une action directe ( pas simplement médiatisé) radicale : « La radicalité c´est, littéralement, "prendre les choses à la racine" (…)Prendre les choses à la racine, c'est critiquer les bases technoscientifiques de la société moderne, comprendre la parenté idéologique profonde entre le progressisme politique ou social (c'est-à-dire la mentalité de gauche telle que la définit Théodore Kaczynski dans La société industrielle et son avenir (éd. EdN, 1998)) et le progressisme scientifique. L'industrialisation est depuis la "révolution industrielle" en Angleterre une rupture absolument fondamentale avec l'essentiel du processus d'humanisation. Sans civilisation paysanne c'est la civilisation tout court qui se défait, on le constate aujourd'hui ».

Riesel rejette en bloc José Bové, Attac, l’ensemble des altermondialistes et des "citoyennistes", qui, selon lui, ne veulent qu’aménager le système techno-marchand. Il les accuse d’avoir noyé la critique des OGM et ce qu’elle implique dans une démarche médiatique et réformiste. Pathétiques, ces croisés de la servitude active assistée par ordinateur en appellent encore une fois à l’État pour discuter de la couleur du collier et de la longueur de la chaîne.

Dans ce monde en décomposition, les solutions passent par la lutte. « Les progrès de la soumission vont à une vitesse absolument effroyable. Par l'Internet ou tout autre artifice de la quincaillerie technologique, la "culture" industrielle se répand partout. Le temps nous est compté, car la vieille idée selon laquelle le capitalisme ou l'économie s'effondreront sous leurs contradictions est évidemment fausse. Notre sort est entre nos mains: il s'agit de renouer avec le processus historique de l'humanisation »3.

 

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Livres de René Riesel parus aux éditions de l’Encyclopédie des Nuisances (Catalogue disponible à l’adresse suivante : 80, rue de Ménilmontant - 75020 Paris) :

  • Encyclopédie des NuisancesRemarques sur l'agriculture génétiquement modifiée et la dégradation des espèces, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 1999.
  • Déclarations sur l'agriculture transgénique et ceux qui prétendent s'y opposer, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2000.
  • Aveux complets des véritables mobiles du crime commis au CIRAD le 5 juin 1999, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2001.
  • Du progrès dans la domestication, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2003.
  • Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, (avec Jaime Semprun), Paris, 2008.
  • Surveiller et guérir (les moutons) ; l'administration du désastre en action : une étude de cas, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2014.

 

 

Note : 

1 René Riesel, L' Empoisonneur Monsanto demande protection à la justice française », Janvier 1999.

2 Aveux complets des véritables mobiles du crime commis au CIRAD le 5 juin 1999, Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2001.

3 L’ensemble des citations de René Riesel est issu d’un entretien avec Alain Léhautier. « LES PROGRÈS DE LA SOUMISSION VONT À UNE VITESSE EFFROYABLE » dans Libération, du 3-4 février 2001.

 

 

 

07/11/2014

Communiqué : Feux sur le quartier général !

 

Pour n'importe quel révolutionnaire authentique, la mort d'un jeune en révolte sous le feu des nervis du capital est nécessairement tragique, et ce quels que soit ses bannières et emblèmes, quelles que soit les erreurs d'orientations qu'il ait pu commettre, tant l'essentiel demeure dans le courage d'affronter la machine à broyer de la répression dans un monde de tièdes et de faux-jetons. Rémi Fraisse n'était pas un militant politique, ni un marginal, il était simplement animé par la volonté de soutenir une juste cause : sauver un morceau de notre terre de la rapacité productiviste. Faisant suivre l'action à la réflexion il prit le risque qui lui coûta la vie, mourant de ce fait en homme libre. Nous ne nous leurrons pas, sans doute était-il loin de partager un certain nombre de nos conceptions, et nous ne souhaiterions en aucun cas disputer son cadavre au camp progressiste dans une récupération partisane, mais nous ne pouvons que clamer que le combat de Sivens, comme celui de Notre Dame des Landes et bien d'autres, est aussi notre combat, ainsi nous ne pouvons que saluer sa mémoire.


Au-delà du sentimentalisme, notre tâche en tant qu'opposition radicale est d'analyser les conséquences des faits et de dénoncer les faux amis du peuple. A commencer par le "socialisme " gouvernemental qui confirme une fois de plus, s'il en était besoin, que la social-démocratie n'a rien à envier à la droite conservatrice quand il s'agit de réprimer la contestation et de favoriser les intérêts financiers aux intérêts environnementaux. Les "verts" quant à eux ont beau pousser des cris d'orfraie, on n'oubliera pas qu'ils ont participé au gouvernement en place il y a seulement quelques mois. Quel cas faisaient-ils de la zone humide du Testet à ce moment-là ?


L'extrême-droite ne voyant que les dreadlocks et les symboles anarchistes des opposants est incapable de se débarrasser de préjugés incapacitants qui la renvoient une fois de plus dans le camp de la réaction.


Bien plus grave est l'attitude de l'extrême-gauche qui comme à son habitude cherche à récupérer un mouvement, qui, pourtant bien loin de son idéologie du progrès et de l'Homme au centre de l'univers, aurait pu s'affranchir de sa tutelle idéologique. La mort de Rémi est le prétexte qui va permettre d'insérer une lutte environnementale dans le gloubi boulga universel de la "lutte anti-répression ", domaine de prédilection de l'ultra-gauche, qui lui permet de justifier sa vampirisation des luttes radicales par son attirail de comités d'entraides, d'assistance juridique, de caisses de soutien et de concerts de solidarité. Ces bureaucrates en herbes sont les parasites des mouvements de contestation, plus préoccupés par le renouvellement de leurs structures que par la victoire de la cause à défendre.

Face à toutes ces impasses une nécessaire convergence des éléments lucides et radicaux est plus que jamais à construire. La nature n'a pas de couleurs politiques, le capital non plus. Regroupons nos luttes, refusons les faux clivages du système, et FEU SUR LE QUARTIER GENERAL ! 

 

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Communiqué : La vérité est révolutionnaire !

Quand un hebdo bobo alimente la désinformation dans le but de faire une grande peur à ses lecteurs des beaux quartiers, il est dans son rôle de serviteur de la pensée unique. Mais il pourrait avoir quand même un minimum de sérieux pour donner une once de vérité à ses propos. Le problème est que les Inrocks attaque Rébellion d'une manière grossière. La plupart de leurs « infos »  sont une mauvaise sélection des rumeurs du net. Il nous appartient donc d'apporter quelques vérités révolutionnaires à cette vaste blague qui se donne l'apparence d'une enquête de terrain. 

Notre campagne contre le projet de Sivens est liée à notre démarche pour une alternative au système capitaliste dans toutes ses formes. Nous étions, d'ailleurs, présents dans ce combat bien avant sa médiatisation. Nous ne sommes pas là pour « récupérer » une lutte à la différence des partis de Gauche ou des Ecologistes. Contrairement aux « journalistes » des Inrocks, nous ne sommes pas là pour faire une  chasse aux sorcières dans le Tarn. Nous voulons défendre une cause juste pour nous : le refus de voir détruire la Nature au nom du profit.   

Rébellion, qui est une revue autonome et la voix de l'Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne,  regroupe des personnes venues d'horizons politiques différents, mais qui veulent combattre la logique capitaliste et affirmer qu'une alternative existe. Nous refusons le sectarisme et discutons de manière ouverte avec toutes les personnes sincères. Pour nous, le critère déterminant est celui de l'authentique dénonciation de la pratique et de l'idéologie du capitalisme. Ce qui est essentiel à nos yeux, c'est le combat pour la création d'une communauté populaire libérée des chaînes du travail salarié et du capital. Les faux clivages Droite/Gauche, Extrême Droite/Extrême Gauche ne sont que des fantasmes qu'il nous appartient de détruire pour affirmer l'importance d'une rupture révolutionnaire avec un système qui a trop duré.

Rébellion/O.S.R.E.

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