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21/06/2010

Edito du numéro 42 de Rébellion : Peuples d'Europe, soulevez-vous !

« Peuples d'Europe, soulevez-vous ! »

Pouvait-on lire en grec et en anglais sur la banderole, accrochée au rocher de l 'Acropole à Athènes. Au pied du Parthénon, plusieurs centaines de militants du KKE (Le Parti Communiste Grec) étaient mobilisés pour lancer cette appel au soulèvement des travailleurs européens. Un symbole fort, car la Grèce est aujourd'hui la proie de la rapacité des mondialistes. On saigne le peuple grec avec des mesures de rigueur d'une sévérité inédite,le pays étant à la merci de ses créanciers de l'Union Européenne et du FMI.

En Espagne et au Portugal, les travailleurs sont aussi obligés de payer pour les spéculateurs du Capital. Des plans d'austérité augmentent encore d'avantage l'énorme poids déjà supporté par les classes populaires. Les grandes multinationales financières misant sur l'effondrement de ces pays pour empocher la mise, nous sommes confrontés aux pires rapaces financiers du système. Dans cette affaire, l'Union Européenne a prouvé que son rôle n'était pas de défendre les travailleurs mais d'assurer les intérêts à court terme du Capitalisme. L'Allemagne dans sa logique incendiaire ne rechercha qu'une baisse de l'Euro pour garantir une reprise de ses exportations pour ses industriels.

Et la France dans tout cela ? Le spectre de la crise grecque est agité afin de faire peur et rendre les « réformes » inévitables. L'augmentation de l'âge de départ à la retraite (62 ans et 67 ans pour un taux plein) est désormais acquis et rien ne semble pourvoir dire que cette régression sociale soit la dernière car, de Droite comme de Gauche, aucun dirigeant futur ne remettra en cause le plan du capitalisme pour assurer sa survie. La classe dominante justifie son attaque par l'allongement de la durée moyenne de vie dans nos sociétés. Où l'on voit, que tout progrès matériel et technique au sein du système capitaliste se retourne systématiquement contre les travailleurs. Il faut travailler plus pour pérenniser un mode de production totalement absurde dans lequel ce qui importe est de réaliser au sein de la circulation marchande la valeur d'une masse de marchandises dont une grande part est soit totalement inutile voire nuisible sur le plan humain et écologique soit de qualité nettement insuffisante mais qui cristallise le taux de profit nécessaire à l'accumulation capitaliste. Peu importe pour les philistins de la pensée dominante que le travail soit, de surcroît, lieu de production de l'aliénation et que les prolétaires perdent leur existence à s'abrutir, durant des décennies, par le travail salarié mortellement ennuyeux. Ces derniers n'ont même plus l'espoir, dorénavant, de voir leur survie matérielle à peu près assurée correctement. La paupérisation croissante des prolétaires est en marche. Ne parlons même pas des pays globalement pauvres où la situation sociale est hallucinante et dans laquelle une minorité ostensiblement riche cotôie un abîme de misère.

Dans ce contexte explosif, l'étonnant pour nous est que rien n'explose.

Le domination idéologique du système semble avoir enfoncé dans les esprits (1) le découragement, la résignation et l'acceptation. Ce constat est sombre, mais il ne faut pas renoncer pour autant à poursuivre notre critique. Car les germes des futures révolutions se trouvent au plus haut point dans les contradictions et les tensions des sociétés capitalistes occidentales.

Nous ne pouvons que souscrire aux propos de Gilles Dauvé et Karl Nesic dans leur récent texte : « Si la révolution communiste doit pour réussir fusionner les réactions contre la misère imposée par le capitalisme et les refus de la fausse richesse proposée par ce même capitalisme, cette critique double et globale n'est possible qu'au sommet d'un cycle de développement capitaliste, quand les composants de ce cycle sont à leur tension maximale et commencent à être mis en crise par les revendications du travail et par un début d'épuisement de la rentabilité du capital, si donc notre hypothèse est juste, les régions et pays dits développés y offrent les conditions les plus favorables. Une telle critique suppose en effet une forte colonisation marchande de la société, une proportion élevée de salariés ou de salariables, et des habitudes de consommation déjà ancrées. Pour reprendre le concept, cette critique suppose une domination réelle du capital (…) . Le rejet conjoint de ce que le capitalisme a effectivement de pire et imaginairement de meilleur suppose un environnement social où ces deux réalités sont présentes et en opposition, pour que les prolétaires s'en prennent à la fois à l'une et à l'autre » (2) .

L'Europe, par son histoire et sa situation, pourrait devenir le foyer de cette prise de conscience. Les prolétaires européens n'ont pas encore dit leur dernier mot.

Notes :

1) L'opium du peuple se décline aujourd'hui sous un mode spectaculaire aux mille facettes et toujours plus ou moins lucratif pour quelques filous. Un exemple récent: Sarkozy a accouché d'une proposition économique géniale à laquelle Ricardo et Smith n'auraient jamais songé; défendant à Genève la candidature de la France pour l'organisation de la future Coupe d'Europe de Football, il soutint doctement que la solution à la crise "c'est le sport"! On peut s'interroger sur la décrépitude intellectuelle de la bourgeoisie dans le monde contemporain. Gageons néanmoins que pour ces célébrations sportives, quelques industriels chinois pourront à nouveau, comme ils l'ont fait en Afrique de sud, fourguer leurs ignobles trompettes assourdissantes en plastique. Tout un symbole de la mondialisation économique capitaliste, de sa vulgarité inesthétique et de l'imbécillité de masse qu'elle engendre...

2) - Gilles Dauvé & Karl Nesic, Sortie d'Usine, Trop Loin. Mars 2010.

http://troploin0.free.fr/ii/index.php/textes/50-sortie-dusine

 

 

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