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14/06/2015

Collage du Cercle Rébellion Paris Banlieue

Après la commémoration de la Commune de Paris, retour dans la rue !

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D'autres photos sur

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12/02/2015

Rébellion : Unité de la théorie et de l'action

« Pas d'action révolutionnaire sans théorie révolutionnaire, pas de théorie révolutionnaire sans action révolutionnaire » pourrait être le sous-titre de Rébellion. Le lien entre théorie et action est central dans la démarche de notre revue. C'est l'affirmation que les idées s'incarnent dans l'action et peuvent transformer le cours de l'Histoire. C'est aussi mettre en avant l'engagement comme source de la force d'un idéal.

Le cours des événements nous oblige à rappeler que nous devons dépasser la simple « dissidence » ( qui peut très bien être compatible avec le système) et engendrer une authentique résistance. L'opposition au monde actuel doit être totale, elle doit passer par une remise en cause individuelle et collective. Une refonte de nos manières de voir et d'agir.

Dans ce cadre précis, Rébellion mène son combat de manière intelligente, efficace et positive. Nous insistons beaucoup sur l'aspect créatif car nous avons trop vu comment certains « radicaux » pouvaient sombrer dans des dérives négatives et nihilistes. Nous croyons à la vertu de l'exemple pour entraîner les autres. Pour cela notre code de l'honneur nous impose d'être juste et fort. C'est-à-dire de respecter nos camarades, d'être honnête et humble, de nous former intellectuellement et de répondre à l'appel de l'action quand les événements l'exigent.

Une fois les mirages électoralistes et les petites manipulations politicardes ( comme l'illusion de l'entrisme) évacués, nous nous retrouvons face à nos responsabilités. Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces pour cela. Si nous ne faisons pas les sacrifices nécessaires, nous ne pouvons pas attendre d'autres qu'ils le fassent. Nous serons jugés sur nos réalisations concrètes !

L'ensemble de la rédaction tient à remercier l'ensemble des abonnés et donateurs. Par votre aide précieuse, vous nous aidez à poursuivre notre combat.

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12/01/2015

Pourquoi je suis Socialiste Révolutionnaire ?

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je suis humain et que je me révolte contre un système qui a engendré un monde inhumain. Avant toute réflexion, avant tout jugement, c'est l'homme en moi qui dit non. Dans un monde humain existe le pire mais le meilleur est aussi possible et une chance est laissée à ce possible. Mais dans un monde inhumain où l'homme est soumis à la dictature capitaliste, aliéné à la technique, où tout est modélisé, contrôlé, formaté, il y a un total asservissement de l'humain dans ce qu'il a de plus profond et de plus intime. Dans ce monde là, il faut abandonner tout espoir car son but ultime est la destruction de l'humain et de toute vie.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que le système capitaliste est un système totalitaire qui veut nous imposer la passivité pour mieux nous soumettre. Il réduit l'homme à une formule mathématique, à des facteurs biologiques et économiques pour permettre à une infime minorité d'exploiter la majorité.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je suis né dans ce monde capitaliste où l'argent est roi, où tout s'achète et où tout se vend, où je ne suis qu'une marchandise au milieu d'autres marchandises.

Je suis socialiste-révolutionnaire parce que je pense que l'homme est plus que cela, que vivre ce n'est pas consommer mais se battre contre toute forme d'oppression et qu'il est du devoir de chacun de reprendre son destin en main.

 

 

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03/06/2014

Pour des communautés politiques autonomes et offensives !

“L'Empire ne s'oppose pas à nous comme un sujet qui nous ferait face. Mais comme un milieu qui nous est hostile”

Tiqqun, Contribution à la guerre en cours.

 

En 2005, sur le plateau des Millevaches, ceux qui seront trois ans plus tard au centre de la fameuse « Affaire de Tarnac » décident de s'éloigner volontairement du monde moderne afin de recréer, à leur échelle, une micro-société plus conforme à leur idéal. Cette démarche de rupture reproduit un fait politique particulier mais régulier dans les mouvances dites "dissidentes". La corrélation entre un éloignement politique et un éloignement géographique du monde moderne. Comme avant eux les milieux libres et les communautés libertaires de la fin du XIX siècle, le mouvement artamanen des années 1920, les communautés hippies des années 1960-1970, et plus proche de nous, la lutte autour du plateau du Larzac contre le projet d'agrandissement d'un camp militaire (à partir de 1973), certaines personnes ont associé une discontinuité dans le discours et sa mise en œuvre (mise en pratique par des moyens de communications spécifiques, des moyens d'action et de revendication en rupture avec les formes institutionnelles...) et une discontinuité dans l'espace (éloignement le plus possible des lieux où s'exprime avec le plus de force la modernité).

De fait, les villes ont toujours constitué un bastion du capitalisme, et l'urbanisme n'a toujours été qu'un terme pour désigner la mise au pas de l'environnement dans l'optique des intérêts capitalistes. Jean-François Brient, dans son film De la servitude moderne, déclarait "l’unification de l’espace selon les intérêts de la culture marchande est le grand objectif de notre triste époque. Le monde doit devenir une immense autoroute, rationalisée à l’extrême, pour faciliter le transport des marchandises. Tout obstacle, naturel ou humain doit être détruit". L'importance que constitue l'urbanisme comme axe d'action par le capitalisme n'a que rarement été considéré à juste titre (1), à l'exception de certains milieux anarchistes autonomes (voir à ce sujet l'excellent blog "Laboratoire d'urbanisme insurrectionnel"). La même critique se retrouve aussi dans les écrits de certains militants autonomistes ou indépendantistes “régionalistes” qui voyaient bien en quoi les villes étaient les tombeaux des cultures populaires et locales enracinées, au profit de la non-culture de masse mondialisée.

De fait, le système, lui, ne s'y trompe pas, et quatre jeunes basques ont récemment écopé de 2 ans de prison ferme chacun (1 an pour la quatrième) pour avoir entarté, le 27 octobre 2011, la présidente de la communauté de Navarre, pour s'opposer à un projet de Ligne à Grande Vitesse traversant les Pyrénées. Le mouvement autonomiste occitan Libertat! déclarera, à la suite de l'entartage : "Pour les autorités de la CTP, les Pyrénées ne sont qu’une barrière et un "goulot d’étranglement" qui entrave les flux de marchandises et les affaires; leur défi recherche de façon permanente un spectaculaire accroissement des trafics et la "perméabilisation des Pyrénées", qui n’est autre chose que de transformer cette cordillère en un gigantesque "gruyère" traversé de part et d’autre par de grandes infrastructures de connexion entre les grands centres d’affaires."

La volonté du capital est d'abolir les distances physique pour accéléré ses rendements, sans soucis de la Nature ou des cadres de vie locaux. Partout le système capitaliste appauvrit et uniformise le monde, on assiste à une standardisation des modes de vie. Les mêmes désirs de possessions se diffusent. La culture matérielle et superficielle nourrit les imaginaires. Les mêmes enseignes de magasins, la même architecture, les mêmes villes se retrouvent d'un pays à l'autre. La quête du bonheur individuel dans un environnement urbain est devenue le modèle universel. Tout le monde rêve des mêmes choses au même moment. Les formes de travail antérieures à l'industrialisation sont détruites (artisanat, agriculture rurales, etc) et la dissolution de tous les liens de la vie communautaire (famille, village, quartiers) aboutit à l'atomisation du monde sous le règne du calcul égoïste. Les aspirations s'homogénisent à mesure que le déracinement et la déculturation se développent.

Ce mouvement est-il irréversible ? Nous ne le pensons pas. Il est certain que certains sont déjà trop lobotomisés pour s’en rentre compte. Mais il existe suffisamment d'esprits rebelles pour trouver d'autres voies que celle proposée par le système.

 

Reprendre le pouvoir sur nos vies : Emancipation et autonomie

Face à ce constat, couplé avec celui de la difficulté (de l'impossibilité ?) de lutter frontalement contre le Capital, en particulier dans les zones qu'il a créées selon ses principes, certains ont choisi de sortir volontairement du système et de le combattre de l'extérieur et non plus de l'intérieur. Ce choix a l'avantage de permettre une application concrète nos valeurs et nos idées hors du cadre faussé de la modernité capitaliste. Le socialisme révolutionnaire pose l'idée de communauté et d'autonomie au cœur de sa démarche, alliée à une émancipation libératrice des capacités humaines enchainées par le capitalisme. Cette démarche peut exister dès à présent sous de nombreuses formes. L'une d’elle pourrait être justement des Communautés Politiques Autonomes.

Une chose doit être claire, ce concept n'a rien avoir avec le survivalisme très à la mode actuellement. La survie individuelle n'est rien si elle ne porte pas un projet de renaissance collectif. Le survivalisme reste marqué par l'époque qui l’a vue naitre, c'est un réflexe égoïste issu de la mentalité ultra libérale finissante. Si certains enseignements pratiques peuvent être utiles (être préparé physiquement et mentalement à une situation de crise est une obligation pour un révolutionnaire), l'imaginaire qu'il véhicule est plus qu'invalidant. Le repli survivaliste est le plus sûr moyen de disparaitre. Isolés et sans liens, nous serions encore plus vulnérables face à n'importe quelle collusion. Même suréquipé, l'homme n'est rien seul.

Tout en marquant une rupture avec les principes survivalistes, qui n'agissent que dans l'optique de se préparer au pire, et non au meilleur, il apparaît important de poser la question de la pertinence de ce que l'on pourrait appeler des Communautés Politiques Autonomes. En effet, le fait de pouvoir sortir entièrement du système à l'heure actuelle exige un éloignement géographique des grands centres urbains, mais aussi des pratiques politiques alternatives. Le plus décisif étant un éloignement mental de sa domination idéologique.

L'idée de la Communauté Politique Autonome, c'est justement d'être un centre de résistance avec une double vocation. Tout d’abord, permettre de mettre en application nos idées et valeurs à l'échelle locale. De retourner vers le terrain, se réapproprier l'espace et être un acteur positif d'une vie collective. Le but est de se fondre dans l'environnement et de participer à la vie des communautés déjà présentes sur le terrain. Ce n’est nullement un isolement du monde, mais au contraire un enracinement actif.

Dans le même temps, la Communauté Politique Autonome est une base arrière, un pôle de diffusion et un espace de rencontre pour les dissidents. C'est le lieu où la réflexion pourrait être partagée et où des cultures et des traditions nouvelles pourraient naitre. C'est un espace de convivialité (concerts, fêtes) mais aussi de lutte. Si l'expérience prenait, un réseau de CPA pourrait recouvrir le territoire.

 

Socialistes révolutionnaires, allez sur le terrain !

Un choix par lequel devront passer tous ceux qui se poseront un jour la question de l'exode urbain est bien évidemment celui du lieu où aller. Produire localement, consommer localement, militer localement : c'est possible mais il faut bien choisir le lieu. De fait, les zones peu urbanisées sont le plus souvent les zones montagneuses, ainsi que certaines zones de plaines reculées (malheureusement elles sont aussi le plus souvent les plus chères). Il faut aussi prendre en compte le fait qu'une zone trop accidentée n'est pas propice à la mise en place d'une agriculture vivrière, et que les difficultés pour se déplacer (neige, petites routes) sont aussi un frein pour effectuer les échanges (de produits agricoles ou artisanaux par exemple) nécessaires pour régler les dépenses, mêmes minimales (impôts), qui ne disparaîtront qu'avec le capitalisme. De même, un accès trop difficile freine le rôle de pôle de résistance.

La question de la propriété du lieu est aussi cruciale pour l'avenir de l'expérience. Chaque mètre carré de terrain étant la propriété d'un particulier ou d'une collectivité, se pose la question pour les dissidents de savoir s'il veulent acheter un bien immobilier (une fois réglée la question, bien que très problématique, des moyens financiers) et de fait se soumettre jusqu'à un certain point au système (impôts sur le foncier, normes d'habitation, factures d'eau ou d'électricité). La question de l'énergie est aussi importante, l'autosuffisance implique certaines dépenses en entretien et des normes très contraignantes. L'occupation illégale d’un bien immobilier, avec les risques juridiques que cela comporte, pose elle comme gros problème de ne pouvoir garantir la pérennité de l'expérience. Mais surtout elle compromet les chances d'intégration dans le groupe des habitants traditionnelles ou réguliers du lieu.

Cars l'enjeu est de créer une symbiose entre la Communauté Politique Autonome et son milieu naturel, mais aussi humain. Elle ne vise absolument pas à une marginalisation dans un espace clôt à l'extérieur. Au contraire, elle doit se sentir comme un poison dans l'eau et devenir un acteur de la vie locale. Les habitants des régions rurales les plus préservées du désastre capitaliste, se caractérisent par un esprit de communauté plus ou moins vécu ou marqué. Sans les idéaliser, les “locaux” seront toujours moins exposés aux valeurs du système. Souvent par leurs origines très différentes (familles traditionnelles enracinées depuis plusieurs siècles ou enfants de hippies vivant dans le même esprit que leurs parents, mais aussi bons nombres de néo-ruraux fuyant la misère et l'insécurité des villes), ils sont souvent plus proches de nos idées que nous pouvons le penser. Echafauder un réseau de savoir-faire, travailler sur des projets à l'échelle globale, mettre en place des réseaux de diffusion des productions locales sur le modèle localiste, sauvegarder les techniques et les environnements, défendre les biens communaux : voila quelques pistes d'actions possibles.

Surtout que nous pouvons aussi prendre appui sur une spécificité française : les petites communes. La France compte environs 1000 communes de moins de 50 habitants. Elles se regroupent dans certaines régions de faible densité de population, souvent dans les zones montagneuses, comme l'Ariège, les Pyrénées Catalans, le Jura, les Vosges ou les Alpes. L'autonomie locale dans les petites communes renvoie inéluctablement, en géographie sociale, à la notion d'appropriation du territoire par les populations. Dans une petite commune, le conseil municipal peut compter un membre de chaque famille ; les habitants se connaissent tous mutuellement. Les petites communes sont historiquement gérées de manière communautaire. Même si l'Etat veut réorganiser ce système par l'intercommunalité, elles savent résister et conserver leur autonomie.

Nous avons conscience de n’avoir donné que des grandes lignes d'un projet très vaste, cette démarche demande à être murie et reprise. Nous espérons au moins avoir ouvert un débat qui pourrait voir naitre une alternative. Mais si nous devions résumer notre propos, nous garderons ceci : « L'autonomie pour faire vivre la communauté, la communauté pour construire le socialisme révolutionnaire ».

19/04/2012

Entretien de Jean Galié au site Corsica Patria Nostra

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Membre de la rédaction de la rédaction de la revue Rébellion, Jean Galié présente les idées du courant SRE à l'équipe du site Corsica Patria Nostra .

"Pourriez vous pour commencer nous présenter brièvement à nos lecteurs ce que sont  l' Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne et la revue Rébellion ?

L'OSRE est de création plus récente que celle de la revue Rébellion. Il s'est agi de prolonger les objectifs que nous nous étions fixés initialement pour celle-ci. En effet la revue bimestrielle a été pensée dès le départ comme pôle de cristallisation militante autour d'une réflexion en devenir concernant la revendication d'un socialisme que nous ne pensions pas mort comme l'affirmait l'idéologie dominante profitant de la chute du Mur de Berlin, et qui croyait qu'il en était désormais terminé du socialisme révolutionnaire, qu'il suffisait d'admettre l'existence d'une sociale-démocratie participant accessoirement aux affaires du capitalisme. Pour nous, au contraire, la situation témoignait d'un épisode, certes de poids, de la victoire momentanée du capital dans la lutte de classe. La situation internationale des années 90 a vite montré quels étaient les objectifs impérialistes atteints (guerre des Balkans, guerres du Golfe, etc) alors que parallèlement des attaques massives contre les conditions d'existence des travailleurs étaient menées. Les années 2000 confirmèrent cette analyse que nous allions exposer dans le revue. A partir de là, sans précipitation, après quelques années, il nous parut opportun d'accompagner cette démarche par la mise en piste d'une structure d'intervention plus directement politique qui n'en est qu'à ses débuts ; nous ne sommes pas des excités spontanéistes. Comme nous ne nous reconnaissions dans aucune structure existante, nous pensâmes qu'il valait mieux consacrer notre temps à défendre nos propres mots d'ordre et analyses, même si par ailleurs, nous sommes prêts à discuter avec d'autres groupes ou formations pouvant être sur la même longueur d'ondes à propos de tel ou tel sujet. Nous ne transigeons pas sur l'essentiel : la critique du capital conduite par le mouvement ouvrier depuis ses origines et que nous essayons de prolonger.

Par ailleurs, dans la revue nous laissons parfois s'exprimer des personnes ne partageant pas nécessairement toutes nos positions mais dont la réflexion nous semble être pertinente. Vous remarquerez que certains textes sont signés, d'autres non. Pour notre part, nous nous en tenons à une revendication collective, au nom de la revue, de ce qui est écrit. C'est pour cette raison que ces textes ne portent pas de signature.

Quelle est votre manière de militer et quels sont vos buts, à court et long termes ? ( point de vu militantisme )

Le militantisme ne doit pas être erratique mais constituer un engagement sur la longue durée. Les conditions historiques ne sont guère encourageantes parfois dans un monde où prévalent l'individualisme et un certain isolement pour celui qui n'adhère pas aux valeurs dominantes. En conséquence, il faut déjà mentalement prendre ses distances envers ces dernières et essayer de mettre ses actes en conformité avec ce que l'on pense. Pour autant, il ne s'agit pas de faire preuve de volontarisme exacerbé, de spontanéisme irréfléchi ; on ne peut se substituer au courant historique avec toutes ses pesanteurs à remettre en question. La fabulation individuelle ou entretenue en groupe ne remplace pas l'activité révolutionnaire que peut engager la classe ouvrière. Il faut rester réaliste et agir à son échelle. Pour nous, il était important de maintenir l'existence de notre revue et de l'améliorer sous tous rapports. Notre sérieux a relativement payé sur ce plan. Voilà une réalisation militante. Par ailleurs, d'autres modes d'intervention et d'autres supports sont utilisés (les plus traditionnels) par l'OSRE. Nous n'avons pas une confiance illimitée à l'égard d'Internet, bien que nous l'utilisiions. Pour beaucoup de nos contemporains, cela reste un substitut virtuel à l'action concrète. Bien entendu nous ne possédons pas la panacée universelle pour transformer le monde.

Dans votre manifeste, vous déclarez vouloir sortir de la " Technocratie Européenne" pour construire une autre Europe. Quelle vision avez vous de cette Europe ?

 Considérations géopolitiques et lutte pour le socialisme sont au coeur de notre vision de l'Europe. Il faut obligatoirement relier les deux sous peine de dire rapidement des fadaises. Nous sommes à l'époque du combat pour la naissance et la consolidation d'un monde multipolaire, ce que ne peut souffrir la dynamique du capital. Il ne s'agit pas de faire bloc contre bloc capitaliste (impérialisme) mais de créer un monde viable. Un monde authentiquement multipolaire ne peut être issu que de la sortie du capitalisme. Ce dernier n'est porteur que de la tendance à la réalisation despotique de la Forme Capital. Les interventions impérialistes actuelles, un peu partout dans le monde, sous couvert d'ingérence humanitaire le prouvent amplement. Lutter contre celles-ci - et, d'ores et déjà, à partir de la critique de la politique atlantiste de la France - est le point de départ de notre intervention. Il faut corrélativement montrer que le capitalisme n'est point réformable, qu'il faut en finir avec celui-ci. S'il est possible de prôner un retour à la souveraineté nationale à l'intérieur de chaque pays européen afin de sortir du carcan de l'Europe technocratique, il ne faut pas oublier le contexte international. Les nations européennes devraient former une puissance alternative à l'impérialisme atlanto-sioniste. Alors, le combat pour le socialisme, respectueux des particularités nationales s'avère incontournable. Les ressources multiples existant sur le continent européen - et si on veut bien prolonger par une vision eurasiste (alliances souhaitables avec la puissance russe et ses alliés d'Asie centrale) - permettent d'envisager une réalisation socialiste à l'échelle continentale. Le capitalisme dans le monde ne s'éteindra pas comme par enchantement, la lutte de classe a une portée internationale et internationaliste (à distinguer du cosmopolitisme favorisant la vision unipolaire).

Vous revendiquez un socialisme véritable. Mais beaucoup d' organisations politiques d' obédiences différentes s' en revendiquent aussi. Quels points vous séparent ?

Pour une réponse substantielle, nous vous renvoyons à la lecture de notre livre "Rébellion. l'alternative socialiste révolutionnaire européenne", aux éditions Alexipharmaque. Nous ne faisons que prolonger à l'époque contemporaine, ce qui a germé et s'est épanoui au sein du mouvement ouvrier révolutionnaire. Cela implique bien évidemment des critiques, des remises en question, le traitement de questions ayant été peu ou pas abordées initialement mais l'idée fondamentale est la même : mettre fin à la domination de la valorisation du capital, ce qui a pour corollaire la disparition des classes sociales et la réappropriation par l'humanité de son activité existentielle, in fine libérer la vie des contingences économiques engendrées par une activité aliénée (salariat). C'est pour ces raisons que nous ne sommes proches de pas grand monde parmi ceux qui, sans vergogne, osent se réclamer du socialisme alors qu'ils ne constituent que des fractions de l'appareil idéologique et politique du capitalisme. Nous ne présentons pas de dispositif utopique décrivant la société future, ce qu'attendent naïvement certains. La société sera ce que les hommes en feront en partant de leurs conditions d'existence, et celles-ci sont diverses en fonction de conditions matérielles et idéologiques à tel moment donné. C'est pour cela que le socialisme, s'il signifie bien un saut vers la généricité (une conscientisation du genre humain maître de sa praxis) ne peut se traduire par une uniformisation des conditions d'existence (cosmopolitisme, monde unipolaire) mais bien par un épanouissement du multiple sans fragmentation du genre humain. L'erreur, à doite comme à gauche (notions périmées depuis longtemps) est de confondre communisme avec despotisme unificateur ; c'est une parodie de la généricité humaine (indifférenciation généralisée des qualités humaines, adéquate à l'univers de la marchandise).

Que pensez vous du nationalisme Corse et la vision de Yann Fouéré de l' Europe aux cents drapeaux ?

 Tout d'abord, avouons notre relative méconnaissance de l'histoire du nationalisme corse ; nous sommes donc mal placés pour vous donner une réponse très précise sur ce point. Néanmoins la référence à Fouéré nous permet de nous prononcer sur un aspect de la question, mais qui ne nous paraît pas être le plus mineur. "La division de l'humanité en ethnies est antérieure à la division du travail et donc à l'existence des classes" écrivait le militant occitan François Fontan ; il appelait de ses voeux une nouvelle anthropologie, précisant que "les races ne forment plus de groupes humains concrets, mais se sont mélangées pour former des ethnies. [...] Les races n'ont d'importance qu'au travers des ethnies, par les langues et les civilisations qu'elles influencent." Marx quant à lui; voyait dans le facteur racial, une détermination de force productive, au sens large de capacité à produire et reproduire ses conditions d'existence. On voit donc que le problème est complexe, recouvrant des strates anciennes de l'histoire de l'humanité que la pensée unique actuelle voudrait éradiquer. Face au rouleau compresseur de la modernité, des revendications identitaires se sont élevées, prenant parfois l'apparence de l'autonomisme ou de l'indépendantisme nationaliste. L'idée d'une Europe aux cents drapeaux ne nous paraît pas ridicule eu égard à la préservation de la richesse culturelle de notre continent, à sa diversité. Seulement, il faut éviter de poser le problème in abstracto, intemporellement. Les Etats européens n'ont pas tous la même histoire, certains furent plus centralisateurs que d'autres (la France en particulier), d'autres à la structure plus souple comme l'Empire austro-hongrois ont néanmoins éclaté pour des raisons précises, laissant la place au développement de nationalismes en partie discutables. Voir le cas complexe de la Yougoslavie également et son agonie sous les coups de butoir de l'impérialisme atlantiste, récemment. Concrètement, dans la situation actuelle, nous nourrissons une extrême méfiance envers la politique européiste bruxelloise qui en favorisant un certain régionalisme fait un travail de sape au profit des forces capitalistes internationales contre la souveraineté des nations constituées. Ces dernières pourraient constituer un obstacle à la globalisation capitaliste.

En France, les mouvements indépendantistes des peuples basque, corse etc. nous semblent avoir peu de chances d'aboutir en tant que tels. Si tel était le cas, dans les conditions actuelles, cela signifierait l'expression de la déliquescence de la nation française à son stade terminal dans un contexte de chaos produit par le système capitaliste. Donc rien de bon pour quelque peuple que ce soit! La solution souhaitable devrait donc être d'articuler le combat pour le socialisme à son enracinement dans une conscience, une mémoire historique populaire. Ne jamais se laisser instrumentaliser par les forces du chaos capitaliste (nous parlions ci-dessus de la tragédie balkanique et de l'exacerbation de micro-nationalismes au profit de la machine otanesque). Un socialisme sur le bon chemin n'a rien à craindre de la vivification de l'enracinement culturel, il s'en nourrit dans une perspective non muséale et non utopiquement conservatoire.

Merci aux camarades de Corsica Patria Nostra