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03/03/2014

En Ukraine, la course à la guerre.

"La mystification, en fait - comme processus réel et non comme entreprise concertée - , est malheureusement si profonde que l'individu réifié reste en possession de sa libre praxis [...] C'est sa libre activité qui reprend à son compte dans sa liberté tout ce qui l'écrase..."

Jean-Paul Sartre. Critique de la Raison dialectique.

Un coup d'Etat semble l'avoir momentanément emporté en Ukraine, du moins dans sa région occidentale et sa capitale administrative. Les affrontements de ces dernières semaines mirent en présence les intérêts contradictoires des fractions de "la bourgeoisie oligarchique" (déclaration du Parti Communiste Ukrainien) locale. Un certain nombre d'ahuris, croyant faire une révolution, ont pris parti pour sa tendance européiste et occidentaliste, de fait objectivement anti-européenne parce qu'arrimée à l'offensive atlantiste sur notre continent. La situation politique instable qui va naître de cette conjoncture (malgré les élections anticipées annoncées et probablement ingérables) explosive sur le plan géopolitique (la Russie ne reconnaît pas la légitimité du nouveau pouvoir et vient de placer ses troupes en état d'alerte à la frontière ukrainienne et le Conseil de la Fédération de Russie vient d'autoriser l'envoi son armée en Ukraine), confirme la trajectoire belliciste du système impérialiste mondial que nous dénonçons régulièrement. L'éviction de Ianoukovitch (bourgeois indécis) n'a pu se faire que grâce à l'appui des forces impérialistes occidentales selon un processus d'infiltration/manipulation bien rodé, constituant de ce fait une véritable provocation à l'égard de la Russie dans le contexte de la Quatrième Guerre Mondiale en cours. La mise en scène médiatique afin de diffusion spectacliste mondiale consista, comme cela est devenu une habitude, à concentrer une masse de gens en un point visible de la capitale, une place dont les médias aux ordres se gargarisent du nom de façon énamourée, afin de faire croire à l'existence d'un mouvement populaire majoritaire.

Tout le contraire d'un processus révolutionnaire dont la dynamique prend une ampleur territoriale indéniable et suscite des organes de lutte articulés géographiquement à sa base en ébullition. Actuellement, la situation est susceptible de dégénérer en guerre civile dont aurait à pâtir la majorité du peuple ukrainien pris en otage par les factions nationales et internationales de la classe dominante. La tension est grave et commence à se traduire par des affrontements en Crimée à dominante russophone où des forces spéciales sont en train d'intervenir afin de contrer les putschistes de Kiev, d'autant que la flotte russe voit sa présence à Sébastopol, remise en cause par le nouveau gouvernement alors qu'elle avait été confirmée pour de nombreuses années par Ianoukovitch qui se voit dorénavant menacé par un mandat d'arrêt international (les malfaiteurs impérialistes vainqueurs peuvent, quant à eux, comme toujours dormir tranquillement sur leurs deux oreilles). La population orientale russophone du pays se prépare, quant à elle, à résister au pouvoir établi à Kiev. Les prolétaires du bassin minier de Donbass n'ont évidemment aucun intérêt à ce que leur pays se rattache à l'UE, ils soupçonnent que leur situation matérielle ne pourrait qu'empirer (actuellement retraite à 45 ans, par exemple, pour les mineurs).

En fait, toute cette tragédie repose principalement sur les conséquences de l'effondrement de l'URSS qui a laissé sur le carreau de larges fractions de la population laborieuse et, en particulier, au sein d'anciennes républiques soviétiques dont l'oligarchie dominante pensait pouvoir tirer les marrons du feu de l'indépendance et de la gabegie qui leur était proposée à l'occasion de la décomposition des anciennes structures économiques et sociales. L'Ukraine ne bénéficiant pas du relatif redécollage de l'économie russe sous Poutine a payé chèrement son choix politique indépendantiste alors qu'elle restait très dépendante, sur le plan énergétique, de la Russie. Que valent les perspectives d'indépendance lorsqu'elles restent illusoires sur le plan économique et cela dans un contexte social chaotique? Elles ne servent que d'instruments à des stratégies impérialistes déstabilisantes.

La situation d'affaiblissement de la Russie ne lui permettait pas de s'opposer à l'éclatement de son ancien empire ; les forces pro-occidentales en profitèrent aisément. Le nationalisme ukrainien dans ce contexte ne peut qu'être déconnecté de la réalité contemporaine et se rattacher à une perception déformée de son propre passé donnant lieu à une fantasmatique fascistoïde chez certains, animés par de l'anti-communisme. La référence au social-démocrate Petlioura ne serait guère plus alléchante et il est fort douteux que les manifestants de Kiev soient des disciples de Makhno... Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le fruit du hasard si le signal du déclenchement de l'émeute fut donné lors de la décision de la part du gouvernement ukrainien de ne pas souscrire aux engagements que lui proposait l'UE et de se retourner vers les propositions eurasiennes du gouvernement russe. D'après l'interprétation officielle, nous assisterions dorénavant à des révolutions populaires pour adhérer à l'entreprise de dépouillement des peuples qu'est l'Europe du capital (les grecs, par exemple, apprécieront). Tout au plus les manifestants ukrainiens dans leur déboussolement sur fond de paupérisation croient-ils encore à la manne céleste européiste.

Il est possible de distinguer à fin d'analyse deux axes principaux de compréhension de la réalité mais qui sont inextricablement mêlés au sein de celle-ci :

a) L'axe géopolitique d'encerclement de la Russie par l'avancée de l'OTAN essayant de se positionner au plus près, maintenant au contact, des frontières russes. De fait, d'anciens territoires russes se voient partagés sur fond de composantes ethniques différentes et voient leur statut politique international plus ou moins discuté (Transnitrie, Abkhazie, Ossétie, etc.). Si l'Ukraine tombait dans l'escarcelle otanesque, le Belarus qui a déjà été victime de pressions et de tentative de déstabilisation par l'Occident serait probablement visé à nouveau dans l'avenir. La Russie poutinienne a amorti dans l'ensemble ces chocs géopolitiques tout en restant relativement prudente voire en reculant sur des questions plus éloignées pour elle (Libye) ; elle semble en avoir tiré la leçon pour la situation en Syrie. Sa tentative de construction de l'Eurasie ne sera-t-elle pas prise de vitesse par l'offensive atlantiste? C'est là que le détachement de l'Ukraine du pôle eurasien serait fort préjudiciable à son projet tant sur le plan géostratégique que géoéconomique. Mais pour que cette nouvelle donne multipolaire puisse se concrétiser, il est nécessaire que la dynamique sociale aille dans le bon sens afin que les peuples puissent s'identifier à ce projet. Le capitalisme n'est pas porteur d'avenir humain, il en est l'impossibilité fondamentale. Il paraît absurde de vanter aux peuples eurasiens les vertus d'un impérialisme russe ; il appartient aux forces révolutionnaires anticapitalistes russes de donner corps à l'eurasisme.

b) Ainsi l'axe de la lutte de classe ne doit pas être oublié dans l'évaluation de ce qui se joue en Ukraine. L'oligarchie capitaliste occidentale ne s'y est pas trompée, elle a appuyé les forces paramilitaires fascistoïdes locales qui ont encadré le mouvement. Stratégiquement, elle ne peut s'en passer sur le terrain de la violence et de la pérennisation du coup d'Etat par la terreur. Ce n'est pas un hasard si le Parti Communiste Ukrainien a été rapidement visé par la destruction de son local à Kiev et par l'agression de ses militants. Le Parti avait recueilli dans une pétition, un million et demi de signatures contre l'adhésion à l'UE et proposait un référendum sur la question, ce qui est soigneusement occulté dans nos médias aux ordres. Sa progression électorale récente avait été spectaculaire, témoignant ainsi de la prise de conscience par les travailleurs de la situation pourrie dans laquelle le capital les avait plongés. Ainsi l'oligarchie occidentale et locale a fait d'une pierre deux coups, écarter la fraction pro-russe du capital par un coup d'Etat qui est également une attaque contre le prolétariat ukrainien. Les bandes paramilitaires ont détourné le mécontentement populaire - probablement présent chez nombre de manifestants - vers leur objectif strictement occidentaliste et pourri dans son essence sociale. Les émeutiers ont obtenu leur propre étranglement, aveuglés par l'idéologie anti-russe sécrétée par des décennies d'inertie de la période soviétique. Que l'on nous entende bien ; nous ne croyons pas au mythe perdurant de l'antifascisme récurrent face à un fascisme resurgissant. Les mots ont un sens, fascistoïdes sont les groupes que la classe dominante, profitant du coup d'Etat, marginaliserait probablement plus tard si son entreprise réussissait pleinement ; c'est-à-dire, ce qu'ils donnent à voir (étymologiquement, ce que signifie le suffixe "ide") pour ce qui n'est qu'une justification "nationaliste" à leur entreprise fondamentalement absurde comme réponse aux contradictions de classe et au poids de l'histoire (identité ukrainienne) mais nécessaire à leur mise en avant afin de donner corps et efficience à cette absurdité (qui repose pourtant en son essence sur la réalité géopolitique) et aussi à ce qu'ils se donnent à voir à eux-mêmes à titre spectacliste. Un rapide regard rétrospectif sur les évènements des dernières décennies montre clairement que le capital utilise des forces politiques de toute nature (de l'extrême droite à l'extrême gauche, des gauchistes aux islamistes, etc.) pour concrétiser ses objectifs de déstabilisation et d'éviction du pouvoir, au nom de la démocratie, de ceux qui les gênent de quelque façon.

En dernier lieu, il faut insister sur le fait que la situation à ce jour est extrêmement préoccupante, elle ne concerne pas seulement l'Ukraine. La propagande impérialiste depuis la chute du Mur de Berlin a réussi à vendre ses agressions comme spectacles à voir par médias interposés et quand bien même on se battait sur le sol européen (ex-Yougoslavie) les peuples anesthésiés ne se sentaient pas - à tort - directement touchés par ce qui se passait sous des cieux plus ou moins lointains. Aujourd'hui, la Russie est directement agressée, elle est prête à intervenir, à pénétrer sur le territoire ukrainien. Nous ne pouvons savoir s'il ne s'agit que de manœuvres d'intimidation à destination de l'Occident mais il suffirait de peu de choses pour que la situation dégénère. Les gouvernements européens dans leur soumission à l'atlantisme continuent de mettre de l'huile sur le feu et sont prisonniers de leurs déclarations et prises de position aventuristes. Le système capitaliste est en bout de course, dans un contexte explosif sur le plan économique, sa dynamique est de plus en plus belliciste, cela devient aveuglant.

Prolétaires, ne vous laissez plus bernés par les promesses et la propagande de l'oligarchie pourrissante!

La réalité c'est la misère sociale et la guerre impérialiste! Réponse de classe à la guerre impérialiste! Aucun soutien à la démocratie capitaliste belliciste! Guerre au capital!

1.03.2014

 

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24/02/2014

Sur le Front de la Quatrième Guerre Mondiale

 

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La dernière traduction et parution en français d'un livre de Costanzo Preve a coïncidé avec la disparition de l'auteur. Au delà de la perte d'un ami nous voilà privés de la contribution d'un philosophe pour lequel la réflexion se nourrissait d'une confrontation avec les enjeux politiques de notre temps, ce dont témoigne l'ouvrage " La Quatrième Guerre Mondiale" (1) paru en Italie en 2008, véritable essai historico-philosophique sur la trajectoire du capitalisme moderne depuis la période de la première guerre mondiale jusqu'à nos jours. En effet, l'intérêt du livre réside dans la démarche de l'auteur consistant à se demander où nous en sommes et ce que nous pouvons faire, si l'on considère notre temps comme celui où dans un monde "post-bourgeois" et "post-prolétarien", domine "le capitalisme absolu". Cette nouvelle ère s'est ouverte lors de la disparition de l'URSS en 1991 mettant fin à la troisième guerre mondiale (guerre froide), laissant place à la quatrième guerre mondiale conduite par les Etats-Unis et ses alliés contre "le terrorisme international", c'est-à-dire contre tout ce qui n'est pas eux... Constanzo Preve interprète librement le mot de Poutine selon lequel cette disparition fut "la plus grande tragédie de l'histoire du 20° siècle". Il faut caractériser chacune des grandes guerres ayant émaillé les cent dernières années de l'histoire du capitalisme. La spécificité de l'analyse du philosophe turinois repose, en grande partie, sur la lecture géopolitique qu'il fait de celle-ci. Cette lecture n'est pas un modèle parmi d'autres possibles, choisi arbitrairement afin d'attirer l'attention d'un public universitaire. En réalité, elle nous apparaît comme étant nécessaire à la compréhension du déploiement du capitalisme. La "globalisation" de celui-ci est le renforcement extensif/intensif du rapport social initialement analysé par Marx ( reproduction élargie du capital, procès croissant de valorisation). Si Lénine pouvait parler de l'impérialisme comme étant son stade suprême de développement, il pouvait légitimement, selon nous, le définir ainsi à son époque puisque les nations capitalistes dominantes en étaient arrivées dans la course au partage du marché mondial, à la situation où allait éclater l'oecumène capitaliste d'alors ; en l'occurrence, le rapport de forces géopolitique européen (dominant la géopolitique mondiale) s'instaurant au détriment des empires austro-hongrois et ottoman éliminés en tant que tels avec à la clef un nouveau partage des colonies, des débouchés commerciaux et stratégiques et un nouveau redécoupage des frontières étatiques européennes. A partir de là, les Etats-Unis prennent le devant de la scène en devenant l'acteur principal de la réorganisation géopolitique du système capitaliste. Sans entrer dans les détails de l'ouvrage riche en enseignements de cet ordre, tirons la leçon selon laquelle les Etats-Unis ont unifié le monde occidental et ses dépendances sous le modèle atlantiste (deuxième guerre mondiale avec élimination des prétentions impérialistes des puissances de l'Axe, occupation économique et stratégique de l'Europe occidentale et d'une partie de l'Asie). Il s'agit là d'un basculement dans l'équilibre des impérialismes avec l'effacement de la domination des nations impérialistes plus anciennes se mettant de gré ou de force à la remorque de l'oncle Sam. La mystification démocratique s'impose militairement et idéologiquement alors en se cristallisant autour de la question de la guerre froide (troisième guerre mondiale) bipolarisée et perdue comme on le sait par l'URSS et ses alliés. A ce moment-là, la course au triomphe des forces atlanto-sionistes s'accélère et se traduira, entre autre, par l'agression contre l'Irak et l'ex-Yougoslavie et la tentative de démantèlement de la puissance eurasienne russe fort heureusement contrariée par le sursaut de celle-ci. En conséquence, le stade suprême du capitalisme est bien l'impérialisme se réalisant géopolitiquement pour atteindre actuellement  au "capitalisme absolu" (concept de Preve). Ce stade suprême ne saurait être un achèvement définitif  de sa nature, dans le temps ni dans l'espace (fantasme idéologique illusoire) mais un effort d'emprise, de domination expansionniste messianique sur le monde, s'exerçant par la course à la suppression de toutes limites quelle qu'en soit leur nature (économiques, politiques, morales, sociétales etc.). C'est le cœur de la quatrième guerre mondiale.

   Pour simplifier la question, il est possible d'insister sur un premier axe d'explication visible par tous mais qui néanmoins n'apparaît pas clairement dans les consciences pour ce qu'il est. C'est la domination géopolitique des Etats-Unis sur le reste du monde par des moyens militaires utilisés directement par eux ou par leurs alliés, en particulier les forces euratlantistes (la France en fait partie). Cet usage de la force entraîne le monde toujours plus près de situations conflictuelles potentiellement fort explosives et capables de dégénérer en des guerres de grande ampleur (Syrie, Iran, par exemple). Chine et Russie ne sont plus disposées à assister en spectatrices au triomphe unipolaire de l'Empire global. Cela impose aux européens de trancher au sein de l'alternative   euratlantisme/eurasisme. "L'euratlantisme par lequel les Etats-Unis tiennent l'Europe dans leur orbite n'est qu'un élément d'une stratégie géopolitique globale plus vaste, complexe et articulée." (2). Partout, en effet, la superpuissance impérialiste utilise les instruments  adéquats afin d'attiser le chaos dans le monde afin d'asseoir ses objectifs (3). La question pratique, pour nous, est de savoir comment nous pourrions renverser ce rapport de force sur notre continent en donnant corps à l'orientation eurasiste. Nous avons souvent insisté sur le fait qu'il est nécessaire de faire le lien entre les aventures impérialistes et les soubresauts inhérents aux contradictions du mode de production capitaliste. L'enchaînement des travailleurs aliénés, à celui-ci, relève du même processus conduisant à la lutte impérialiste pour la domination mondiale, aux positionnements géostratégiques et géoéconomiques (mise à disposition totale des ressources de la planète afin de perpétuer le capital sur un mode de reproduction toujours plus élargie).

   Le second axe d'analyse réside en "son aspect idéologique et culturel" (4). Preve reprend à son compte la définition marxienne de l'idéologie comme fausse conscience/ légitimation de la réalité inversée dans son mode d'apparition avec, néanmoins, cette précision d'ordre historique selon laquelle le mensonge utilisé afin de couvrir l'entreprise de domination est devenu dans le contexte de la quatrième guerre mondiale, un mensonge manifeste sans même un quelconque effort pour le crédibiliser comme cela était encore le cas par le passé. L'agression de l'Irak, de l'ex-Yougoslavie, de la Libye etc., se justifia par des motifs véritablement incroyables qui furent données d'emblée comme relevant de vérités indiscutables (de fait militairement imparables). L'aspect culturel de la question, quant à lui, est fondamental. Le philosophe transalpin le définit d'une façon assez large comme "le fait d'imposer une unique grammaire 'standardisée' des formes de vie, qui s'accompagne d'une colonisation générale progressive, comme 'par capillarité', de la vie quotidienne." (5). Cette hégémonie culturelle propre au capitalisme absolu est représentée par une caste intellectuelle se posant, grâce au cirque médiatique, en modèle de ce qu'il est convenu de penser et de faire (6). A ce stade de la réflexion, il est nécessaire de penser adéquatement la spécificité de la quatrième guerre mondiale sachant que "le projet hégémonique du nouvel empire américain se fonde sur une homogénéisation oligarchique et plébéienne de l'humanité toute entière." (7). Au sommet, en prenant le modèle d'un cône, des oligarchies culturellement unifiées et communiant dans les valeurs libérales, exhibant spectaculairement leur turpitude ;  "au milieu, une new global middle class elle-même unifiée par les styles de consommation touristique alimentaire et musicale ; et en bas une immense plèbe..." (8). Pour résister au triomphe de ce scénario post-bourgeois et post-prolétarien, l'auteur affirme avec raison qu'il faut abandonner le clivage périmé Droite/Gauche au profit du clivage euratatlantisme/eurasisme. Néanmoins, "les conditions de 'réorientation gestaltique' de masse" vers cette prise de conscience ne sont pas encore mûres.

   Le problème nous est clairement posé : nous savons ce qu'il ne faut pas faire et ce qu'il est urgent de dénoncer. C'est déjà un grand pas que d'échapper aux mystifications. La difficulté pratique est de savoir comment donner corps et force à l'eurasisme et à la perspective multipolaire. Costanzo Preve nous invite à ne pas "chipoter", à être géopolitiquement derrière Poutine, par exemple. Nous lui accorderons volontiers cela. Pour aller plus loin, nous n'en savons pas plus que lui quant à l'issue de cette confrontation planétaire. Par contre, nous pensons qu'un des fronts - et pas le moins essentiel - de cette guerre mondiale, se situe dans la guerre sociale que les travailleurs conduisent encore trop modestement sur le front de classe. Le prolétariat traditionnel ne renaîtra, certes pas, de ses cendres mais la majorité des salariés exploités/aliénés n'a aucun avenir supportable dans le système capitaliste. Effectivement, l'oligarchie dominante sait jouer de la bassesse de certaines passions humaines afin de maintenir la plèbe à sa place. Alors, suscitons le rejet de la marchandise, de la valeur et du salariat, et la passion pour la réalisation de la communauté humaine.

Rébellion

Notes :

1) Editions Astrée 2013. 216 p. 22,50 euros.

www.editions-astree.fr

2) p. 194.

3) Nous pensons en particulier aux ingérences plus ou moins indirectes, suscitées par les Etats-Unis et leurs alliés, dans les pays qu'il s'agit de faire basculer dans l'orbite atlantiste. Au nom de la démocratie, de véritables coups d'Etat sont appuyés soit en armant directement des bandes rebelles soit en finançant et organisant des pseudo révolutions. C'est le cas depuis quelques semaines en Ukraine où l'Occident soutient les exactions commises par des  factieux d'extrême droite présentées par les medias comme étant des démocrates européistes aspirant à vivre dans le giron paradisiaque de l'UE. Au mieux, le reste des manifestants est constitué de naïfs imbéciles croyant aux sornettes euratlantistes. Mais le prolétariat ukrainien ne suit pas...

4)  Ibid. p. 195.

5)  Ibid. p. 196.

6) Ceux que Preve appelle "les bouffons de cour de l'aristocratie impériale" et "les eunuques du Palais" ont eu récemment l'occasion de manifester leur pouvoir de nuisance mis au service de l'extrémisme sioniste à l'occasion de l'affaire Dieudonné. Tout peut être objet de dérision de nos jours, y compris dans les termes les plus obscènes dont ne se privent pas d'user les pitoyables humoristes de la scène médiatique, hormis le tabou faisant l'objet du nouveau culte planétaire, le mysterium tremendum contemporain (a). Celui qui fait figure de profanateur est alors désigné comme bouc émissaire sur lequel peut se déverser l'ire du vulgum pecus, procédé initiant une catharsis nécessaire au déchaînement de violence symbolique ou réelle afin de purger les passions humaines aliénées au règne de la marchandise, de la monnaie et du salariat. Accessoirement est renforcé mécaniquement le caractère intangible de la politique sioniste. Sur la scène contemporaine libertarienne, des mesures liberticides concernant la liberté d'expression ont été diligemment imposées par l'appareil d'Etat capitaliste. Le ridicule de telles gesticulations étatiques est néanmoins perçu de mieux en mieux par de nombreux citoyens. La quenellophobie atteignit des sommets himalayens, mettant d'ailleurs en danger la gastronomie française ; imaginons un maître queux créatif proposant à son menu de l'ananas chaud à la quenelle, son lynchage serait assuré! Le programme de rééducation des esprits et d'imposition du Novlangue imaginé par Orwell dans "1984" se réalise sous nos yeux.

a) Deux règles essentielles pour nous : premièrement une théorie scientifique doit être falsifiable, c'est-à-dire ouverte, par le langage qu'elle adopte, à la critique et à des efforts la contredisant pour la renverser (c'est le très libéral Popper qui l'écrivait). Depuis quand la validité de l'histoire en tant que science est-elle évaluée par une cohorte de politiciens incompétents en la matière? Toute l'histoire humaine a été parcourue de tragédies, la modernité capitaliste leur a apportées sa puissance et sa barbarie technique.  Deuxièmement, c'est le bouleversement et la disparition du rapport social capitaliste qui rendra impossible toute légitimité à l'impérialisme sioniste (et à quelque impérialisme que ce soit) et jusqu'à son existence même.

7) Ibid. p. 203.

8) Ibid. p.204-05.

01/01/2014

Rébellion : Nos fondamentaux

Notre démarche ? 

La revue Rébellion est un espace d'échanges et de réflexion à la recherche d'une alternative radicale au système. Elle est l'expression d'une démarche nouvelle pour créer un pôle révolutionnaire combattant pour le Socialisme et la Patrie. 


Notre fonctionnement ?

Rébellion est le fruit d'un travail collectif de rédaction, de conception et de diffusion. Notre revue est réalisée dans une logique d'impersonnalité de la réflexion et de l'action. 

Les entretiens et les articles signés ne reflètent pas forcément la ligne de notre revue, mais ils sont présents afin d'ouvrir des débats d'idées et enrichir par la confrontation les esprits libres et rebelles

 

20/11/2013

Sortie du numéro 61 de la revue Rébellion

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Au sommaire : 

Editorial : bonnets rouges et rouges bonnets. 

Entretien avec David Bisson - René Guénon. Entre Tradition et Révolution.

International : Le Hezbollah. De la résistance à la révolution. 

Vive le Québec Libre ! Histoire et analyse de la lutte de libération nationale du Québec par Yves Bataille. 

Le militantisme au féminin : Une enquête. 

Femme et militantisme, l'alliance impossible ? par Alaïs Vidal. 

Les nuits de Mai par Louise d'Espagnac

Entretien avec Iseul Turan des Antigones : Ni consommatrices, ni consommées !

 Rencontre avec le groupe Creve Tambour

La théorie du Drone, Rise of the machines. 

Le numéro est disponible pour 4 euros auprès de 

Rébellion C/O RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02

 

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10/11/2013

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