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03/06/2014

Sortie du numéro 64 de la revue Rébellion

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EDITO : Survie du capitalisme ou du genre humain ?

 

DOSSIER : Abattre la théorie du Genre

Un combat spirituel ou un combat scientifique ? par David L'Epée. 

Rencontre avec Farida Belghoul. 

Pornographie. l'autre discours dominent par Terouga

 

HISTOIRE : Harro-Shulze Boysen. Un national-bolchevik dans l'orchestre rouge

( partie 2) 

Nationalisme russe à l'époque soviétique par  David l'Epée. 

 

MUSIQUE : Assaut électronique et musique bruitiste par  Diaphane Polaris

Sinweldi. la guerre comme hygiène du monde. 

 

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14/05/2014

EDITORIAL 64 : SURVIE DU CAPITALISME OU DU GENRE HUMAIN?

Nous avons fait suivre notre éditorial précédent concernant la dynamique belliciste en Ukraine, d'un communiqué publié sur notre blog que nous reprendrons ici :

"COMMUNIQUE COMPLEMENTAIRE SUR LA SITUATION EN UKRAINE : L'ARROSEUR ARROSE.

Tous les défenseurs de la liberté des peuples devraient aujourd'hui se réjouir du vote exprimé par les électeurs de Crimée qui ont décidé de leur destin politique, en adoptant pacifiquement par référendum la résolution - que nous saluons - de rattacher leur pays à la Russie en se séparant de l'Etat fantoche ukrainien, et non par un coup d'Etat comme cela a été fomenté à Kiev. Mais les représentants de l'impérialisme atlantiste ne l'entendent pas de cette oreille, eux qui ont pris goût à l'exercice de la violence engendrant le chaos lorsque celle-ci est utilisée dans le sens de leur tentative d'hégémonie géopolitique. Le morcellement des Etats contre lesquels est dirigée leur ire incarne à leurs yeux le sommet de la démocratisation de la vie politique (éclatement de l'URSS, de l'ex-Yougoslavie, de l'Irak, de la Libye, etc.) mais est réputée être illégitime lorsque le peuple concerné se décide très majoritairement pour son indépendance. Encore que dans le cas qui nous occupe, il ne s'agit pas de la naissance d'un nouvel Etat croupion comme le Kosovo, par exemple, mais d'une volonté de rejoindre la Russie. Celle-ci a entièrement raison d'invoquer les précédents cités ci-dessus pour prendre acte de la volonté de la Crimée et d'y souscrire (vote imminent à la Douma). Pour l'axe impérialiste atlantiste c'est la situation de l'arroseur arrosé. Et comme la roche Tarpéienne est proche du Capitole, les vainqueurs de Kiev sont priés de rapidement quitter les lieux ou de faire allégeance sincère à l'armée qui, de fait, sera russe et seule à stationner dans ce haut lieu géostratégique qui lui sera définitivement acquis. Dans son hystérie, l'oligarchie occidentale a acculé dans ses retranchements la Russie qui ne pouvait se soumettre au diktat que l'on voulait lui imposer. Peut-être n'avait-elle pas clairement évalué la résistance qu'allait lui opposer la population russophone et l'attachement de cette dernière à des symboles hérités du socialisme. De plus, depuis le chute du mur de Berlin (seul moment d'unification qui n'était en fait qu'une réunification de l'Allemagne) sa stratégie politique est éminemment désintégratrice des équilibres nationaux, régionaux, des peuples, des identités, tous ses moyens ont été mis en œuvre afin de morceler ceux-ci. Aujourd'hui, elle se heurte à une puissance capable d'intégration, intégration désirée par les insulaires de Crimée. Cela change la donne géopolitique et pourrait donner un sens à la dynamique future de celle-ci, dans la perspective d'un affaiblissement du pôle atlantiste. Certes, en un sens, il y aurait une part de vérité dans l'affirmation selon laquelle la Crimée ne ferait qu'un retour (réintégration)dans le giron de la Russie (discours de Poutine du 18/03) après son rattachement à l'Ukraine, au sein de l'URSS, par le révisionniste Krouchtchev et son "indépendance" récente. Mais la signification du phénomène paraît être d'un autre ordre plus essentiel : dans le contexte historique actuel celui d'une victoire nette de la Russie face à une offensive tout aussi nette de l'oligarchie atlantiste menée contre elle. Les mouches ont changé d'âne...

Nous sommes évidemment dans l'incertitude concernant la situation à venir bien que nous ayions déjà insisté sur la trajectoire belliciste rendue possible par celle-ci. Ce qui est, néanmoins probable c'est que l'Occident continue à se liquéfier dans sa dynamique nihiliste. En conséquence, ce qui constitue encore son liant afin qu'il ne s'effondre pas, se résume à une mobilisation otanesque contre des figures à abattre et des territoires à dévaster. Désormais la Russie sera promue à ce rang diabolisé. Ici, néanmoins, le bât blesse car par sa détermination cette dernière vient de montrer qu'elle est redevenue une grande puissance. Nous espérons qu'elle mettra celle-ci au service d'un processus d'intégration eurasienne authentique. C'est à ce niveau qu'il est indispensable qu'une mobilisation des peuples se fasse contre le chaos capitaliste désintégrateur. Localement, il s'agira d'observer la capacité du prolétariat ukrainien à répondre à la dictature instaurée par le gouvernement de Kiev. Plus largement, les travailleurs européens devront faire le lien entre la crise sociale profonde qui les affecte et l'offensive impérialiste poursuivie par leurs classes dominantes.

Le 18.03.2014."

Nous n'avons rien à changer à ce que nous écrivions, y compris dans l'éditorial du n° 63, les évènements semblant bien aller dans le sens que nous mettions à jour. Le pôle atlantiste ne renonce pas à soutenir, à armer et financer le gouvernement de Kiev afin qu'il reconquière dans le sang les territoires russophones en sécession. Dans quelle mesure et jusqu'où la Russie peut-elle laisser faire ce qui apparaît clairement comme étant son ennemi impérialiste? Nous avons certainement affaire à un moment crucial du redéploiement des forces et des cartes à jouer par les puissances impérialistes concurrentes.

Néanmoins le dessein eurasiste n'est pas clairement établi car comme nous l'écrivions, il ne dépend pas, loin s'en faut, de la seule politique poutinienne mais bien des forces anticapitalistes présentes à l'est de notre continent car il ne peut se configurer qu'en tant que dépassement /suppression de l'emprise atlantiste sur le monde devenu non-monde et immonde pour les déshérités. Ainsi l'Ukraine se situe à la pointe géopolitique extrême orientale du grand projet de Partenariat transantlantique de commerce et d'investissement visant à mettre en place un immense espace de libre-échange sous la houlette étasunienne dont l'UE est érigée en gauleiter régissant les intérêts capitalistes. Il est absolument nécessaire de répéter cela afin de faire comprendre aux travailleurs, le rapport entre la nature de la politique internationale, avec ses conflits impérialistes, et les attaques - pour l'essentiel identiques - auxquelles ils sont soumis par leurs classes dominantes nationales.

En France, la social-démocratie hollandiste vient de nous gratifier d'un Pacte de Responsabilité qui ne relève que de la responsabilité de celle-ci à l'égard de l'oligarchie capitaliste et de ses impératifs financiers et de profit. Les prolétaires, pourtant si essentiels pour sa pérennité, coûtent trop cher au capital, il faut donc réduire la valeur de la reproduction de leur force de travail. Ce fameux pacte n'est qu'un tour de passe-passe afin de leur faire supporter toujours plus le poids des contradictions issues de sa crise systémique. On rognera encore sur leurs salaires, leur niveau de vie, la satisfaction de leurs besoins corrélativement toujours plus aliénés au processus de désir de consommer. C'est la mort à crédit annoncée!

En réaction à cette condition affligeante, la majorité du peuple laborieux n'accorde plus guère sa confiance à la politique électoraliste, l'abstention gigantesque aux municipales le démontre. Néanmoins, cela ne témoigne pas pour l'instant d'une prise de conscience particulière des enjeux de notre temps car sur le terrain de la lutte de classe, des luttes sociales, rien ne paraît se manifester de façon massive et encourageante pour le prolétariat. C'est pour ces raisons que nous devons insister sur la dénonciation globale du capital et non sur tel ou tel aspect particulier de la politique d'un gouvernement. Aussi, par exemple, lorsque Sarkozy ou Hollande lancent la France dans des aventures guerrières en Afrique ou poussent au crime en Ukraine, ce n'est pas pour faire triompher la justice universelle mais c'est bien qu'ils espèrent ainsi faire profiter le capital français des miettes plus ou moins substantielles que le dispositif atlantiste lui concèdera.

En conséquence, il ne s'agit pas d'apporter son soutien à telle puissance capitaliste (Russie, par exemple) contre telle autre mais de tenir compte des possibilités réelles afin de mettre fin à la domination du capital absolu. Nous soutiendrons la résistance des travailleurs ukrainiens contre la clique de Kiev, car celle-ci défend les intérêts atlantistes (ennemi principal) et que sa victoire signifierait la paupérisation accrue de larges secteurs de la population ukrainienne, toutes composantes culturelles confondues. De surcroît, cette victoire renforcerait la mainmise, le renforcement de la dynamique de l'exploitation universelle à la mode néo-libérale. Cette résistance permettra également aux travailleurs de l'Europe de l'est de ne pas céder aux sirènes de l'impérialisme occidental dont ils commencent à comprendre le sort qu'il leur réserve (après les illusions répandues lors de la fin du bloc soviétique).

Ces travailleurs doivent se débarrasser eux-mêmes de leurs propres capitalistes sans devenir les supplétifs de l'oligarchie atlantiste pourrissante. A long terme, cela rendrait effective, une politique et une vision du monde eurasiste qui ne peuvent être qu'authentiquement socialistes (défaite probable de l'impérialisme par un nouveau jeu de dominos géopolitique à échelle mondiale).

En ce début du XXI° siècle, il apparaît de façon aveuglante que le capitalisme n'a plus qu'à nous offrir un avenir de dévastation de la terre, des cultures et des hommes. La quête illimitée de la valeur sacrifie les potentialités de satisfaction de besoins réellement humains au profit du désir de puissance dominatrice faisant fi des équilibres écologiques et du désir de consommation absurde alimentée par le productivisme. C'est tout ce fatras que les prolétaires devront reléguer au musée des antiquités dans la salle réservée aux instruments de tortures et autres productions infâmes d'une humanité rendue malade par ses propres sécrétions aliénantes.

 

Alternative : Le végétarisme comme éthique

Alors que nous vivons dans une société où manger de la viande fait partie des mœurs, avec un système encourageant l’élevage industriel apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et où ce marché rapporta 12,1 milliards d’euros en 2012 (avec les fast-foods s’imposant comme leader en France, avec 34 milliards d’euros de vente en 2012), des personnes au mode de vie différent s’élèvent contre cette culture de la surconsommation et ces industries exploitant le monde animal.

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Régulièrement secouées par des scandales (crise de la « vache folle », poulet à la dioxine, lait à la mélanine, viande de cheval dans des lasagnes sensées être au bœuf…), le plus gros scandale des industries agro-alimentaires n’est-il pas tout simplement celui que l’on refuse de voir ? Un milliard d’animaux tués chaque année dans les abattoirs français, environ 90% de la viande consommée provenant de l’élevage industriel, aux conditions atroces: hangars fermés et surpeuplés, animaux nourris aux farines animales, becs des poules et poulets sectionnés à vif, évoluant dans un espace de la taille d’une feuille A4, gavés d’antibiotiques… Le consommateur n’est pas en reste également puisque ces entreprises agro-alimentaires n’hésitent pas à mentir sur les étiquettes, la marchandise… Un système où tout le monde est lésé.

Une histoire de la condition animale

Tout commence il y a 23 000 ans, quand l’Homo Sapiens débute la domestication. La domination de l’Homme sur les animaux (et plus généralement la nature) se trouve appuyée au XVIIème siècle par le philosophe René DESCARTES, affirmant l’idée d’une faune semblable aux machines, objet sans âme à la disposition des humains. Puis, au XIXème siècle, la condition animale ne fait que suivre un monde qui s’industrialise, avec des dérives toujours plus grandes. L’élevage industriel, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, a pour but d’obtenir un maximum de rendement, par tous les moyens. L’Homme se retrouve coupé de la nature dont il est pourtant issu. L’écrivain Paul CLAUDEL, opposé à cette vision d’animal-machine, déclare dans son Bestiaire spirituel, publié en 1949 : «L’habitant des grandes villes ne voit plus les animaux que sous leur aspect de chair morte qu’on lui vend chez le boucher. La mécanique a tout remplacé. Et bientôt ce sera la même chose dans les campagnes. […] Maintenant une vache est un laboratoire vivant […], le cochon est un produit sélectionné qui fournit une quantité de lard conforme au standard. La poule errante et aventureuse est incarcérée.»

Aujourd’hui les animaux continuent à être niés dans la conscience collective d’une société consommatrice, où seul compte la marchandise et le produit fini. Ainsi, on assiste à des manipulations génétiques afin d’obtenir un «produit» plus «rentable», aux destructions des espaces naturels afin de créer des cultures destinées à nourrir les élevages (38% de la forêt Amazonienne a été détruite dans ce but),… et, bientôt, aux AGM (Animaux Génétiquement Modifiés).

Animaux transgéniques

Suite logique d’une société qui, en 1996, donne naissance à la brebis Dolly, premier mammifère cloné (euthanasié sept ans après), la société américaine AquaBounty Technologies risque de commercialiser d’ici fin 2013/début 2014 AquAdvantage®, du saumon deux fois plus gros que la moyenne, modifié génétiquement, et marque déposée. Car, dans un monde où l’argent et le système capitalistes sont rois, et où on créé en 2005 des vaches Génétiquement Modifiées, le but de ces industries et de ces brevets déposés est de contrôler l’alimentation mondiale. Et de toucher des royalties pour la reproduction de ses animaux «marque déposée».

Monde artificiel créé par l’Homme individualiste souhaitant être dieu, avec pour seule spiritualité le profit... Ainsi, l’Homme, en considérant le monde animal comme une machine destinée à le satisfaire, a rompu le lien qui le rattachait à la nature. Une société à mille lieux de celle préconisée par le sceptique Sextus EMPIRIUS, soulignant l’importance pour l’Homme de former une communauté avec les animaux et la nature l’entourant, comme «un esprit qui pénètre à la façon d’une âme, le cosmos tout entier.»

Modes de vie alternatifs

Pourtant, bien loin de ce modèle mortifère prôné aujourd’hui, il existe des sociétés et des choix de vie excluant l’animal de leur logique de consommation. Différents critères motivent l’adoption d’un autre choix de vie, en plus du respect des animaux. La préservation de l’environnement est une motivation prise en compte. En effet, avec environ 70% des terres mondiales servant à l’élevage et à nourrir le bétail, la disparition des espaces naturels et une consommation d’eau excessive (selon l’indicateur Empreinte eau, calculant le volume d’eau utilisé pour produire un produit ou un service, plus de 15 000 litres d’eau sont nécessaires à la production de 1 Kg de viande de bœuf), et quelques 9 milliards d’humains d’ici 2050, continuer ce mode de consommation amènerait pénuries alimentaires et déficit en eau catastrophique, selon le Stockholm International Water Institut. Quant à l’exploitation des peuples, il est tout aussi inquiétant : ainsi, le système, toujours prompt à donner des grandes leçons sur la faim dans le monde (et par la même occasion, à se donner bonne conscience), n’hésite pas à faire cultiver les céréales destinées au bétail dans des pays qu’il aime tant défendre, les pays du Tiers-Monde. Par exemple, en 1973, alors que l’Ethiopie connaissait une famine dans la région du Wello et dans les provinces du Nord, elle exporta pourtant vers l’Europe 9000 tonnes de céréales pour l’élevage.

Préoccupation de l’environnement, respect du monde animal… Le végétarisme, venant du latin vegetus, signifiant sain, frais et vivant se décline sous plusieurs formes : la pratique la plus repandue dans les pays occidentaux consiste à ne pas manger de viande mais inclut les œufs, les produits laitiers et le miel. Le végétarisme Hindou, lié à la pratique de l’Ahimsâ, « l’action ou le fait de ne causer de dommage à personne » exclut les œufs. 40% de la population Hindoue est végétarienne, soit environ 450-500 millions de personnes. Le végétalisme exclut tout aliment provenant de l’animal (viande, œuf, lait…). Enfin, le véganisme (néologisme issu de l’anglais vegan) est, selon la Vegan Society, fondée en 1944, « le mode de vie qui cherche à exclure, autant qu’il est possible et réalisable, toute forme d’exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s’habiller, ou pour tout autre but. »

Même si ces termes et ces choix semblent récents dans le monde occidental, ils ne font que se rapprocher d’une éthique Européenne vieille, de près de 2700 ans…

L’exemple Grec

Les végétariens ne portent ce nom que depuis peu, puisque avant la création de la Vegetarian Society en 1847 ils étaient appelés «Pythagoréens» : le Pythagorisme, en référence au mathématicien PYTHAGORE, et apparu vers la fin de l’époque archaïque, défend l’idée d’une alimentation composée de céréales et végétaux. Ainsi, Ovide, dans ses Métamorphoses, rapporte le discours suivant du mathématicien : «Vous avez les moissons ; vous avez les fruits dont le poids incline les rameaux vers la terre, les raisins suspendus à la vigne, les plantes savoureuses […] ; vous avez le lait des troupeaux, et le miel parfumé de thym ; la terre vous prodigue ses trésors, des mets innocents et purs, qui ne sont pas achetés par le meurtre et le sang. […] Chose horrible ! Des entrailles engloutir des entrailles, un corps s’engraisser d’un autre corps, un être animé vivre de la mort d’un être animé comme lui !» Ainsi,  selon Pythagore, les dons fournis par la nature sont suffisants pour se nourrir, sans devoir recourir à la viande. L’Homme ne mange de la chair animale que par habitude, par facilité, et à cause du premier homme «dont le ventre avide engloutit les mets vivants !»

On retrouve cette même préoccupation bien plus tard, chez le philosophe PLUTARQUE (50-120 après J.C.), qui, dans ses Œuvres morales (ensemble de textes traitant de religion, d’éthique, de philosophie…), défendit le choix du mathématicien de ne pas consommer de viande. Ainsi, à la question «Pour quelle raison Pythagore s’abstenait-il de manger de la chair de bête ?», Plutarque rétorque «Quel motif eut celui qui, le premier, consomma de la viande ?». Pour le philosophe, c’est au carnivore de justifier son choix de consommer de la chair animale, car, tout comme Pythagore, il affirme que les dons de la Terre (légumes, céréales…) sont amplement suffisants pour nourrir l’Homme moderne, et que celui-ci ne tue pas les bêtes par nécessité, mais juste par luxure. Plutarque déclare que les animaux n’ont pas à être considérés comme des êtres inférieurs par l’Homme, qui n’hésite pas à leur ôter la vie pour un plaisir gustatif : «Pour un peu de chair, nous leur ôtons la vie, le soleil, la lumière et le cours d’une vie préfixée par la nature.» Et si la consommation de la viande rend l’Homme insensible à la souffrance des animaux, elle provoque également une agressivité envers ses semblables : «Quel homme se portera jamais à en blesser un autre lorsqu’il sera accoutumé à ménager, à traiter avec bonté les animaux ?». Le végétarisme prôné par l’école Pythagoricienne et défendu par Plutarque pense le destin de chaque être vivant comme interdépendant, et Homme et animaux complémentaires.

Ainsi, dans une pensée et tradition Européenne, le végétarisme (ou végétalisme) permet à l’homme de se rapprocher du mythe de l’âge d’or, période faste et heureuse suivant la création de l’Homme par le dieu Chronos, où êtres humains et animaux vivent en harmonie, et où «On ne connaissait ni la colère, ni les armées, ni la guerre ; l'art funeste d'un cruel forgeron n'avait pas inventé le glaive » (Tibulle, Elégies). Age d’or duquel les sociétés modernes s’éloignent, où l’argent roi triomphe sur le principe d’harmonie universelle. Et s’il est urgent que l’Homme abandonne son obsession de maîtrise absolue de la nature et reconnaisse son obligation morale envers elle et le monde animal, les modes de consommation alternatifs et tout ce qui en découle ne sont pas, comme on pourrait le croire, une obsession de «bobos», vrais bourgeois mais faux bohèmes, mais une volonté de s’éloigner d’un monde et d’un système niant la part divine et la part animale de l’Homme, et son implication dans l’univers tout entier.


Marie Chancel

 Texte issu du dossier "Alternatives" du numéro 62 de la revue Rébellion. Suite disponible dans le numéro 63. Toujours disponible à notre adresse.  

 

14/03/2014

L'engagement au féminin sur MZ !

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13/03/2014

Sortie du numéro 62 de la revue Rébellion

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EDITORIAL Sur le front de la quatrième guerre mondiale.

Hommage à C. Preve.

POLEMIQUE  Nouvelle Inquisition, les bûchers se rallument ! 

ACTUALITE  Affaire Dekhar : Que devient le rêve quand le rêve est fini ? 

INTERNATIONAL  Lampedusa, l'immoralisme occidental par Claude Karnoouh 

Retour sur les discours de Thomas Sankara. 

 

DOSSIER : Face à la barbarie capitaliste proposons l'alternative ! 

La barbarie au coeur du Système 

Pour des communautés politiques, autonomes et offensive ! 

Le végétarisme comme éthique de vie ( première partie) par Marie Chancel.

Orientations politique de l'OSRE.

Chroniques livres . 

 

Le numéro est disponible pour 4 euros auprès de 

Rébellion C/O RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02

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