03/01/2013
Edito 56 : REFLEXION EN ECHO A CELLE D'UN PHILOSOPHE TRANSALPIN.
VERS LA COMMUNAUTE HUMAINE. REFLEXION EN ECHO A CELLE D'UN PHILOSOPHE TRANSALPIN.
"L'être humain est la véritable communauté [Gemeinwesen] de l'homme."Karl Marx.
La récente parution en français du livre de Costanzo Preve, "Eloge du communautarisme" (1) publié en Italie en 2007, vient opportunément rappeler ce qu'il en est de l'enjeu majeur de la période contemporaine, celui de la sortie possible du capitalisme, devenu "CapitalismeAbsolu" adossé à l'idéologie ultra-libérale et dont la pérennisation mettrait à mal - à plus ou moins long terme - la richesse des potentialités de l'espèce humaine dans un monde totalement manipulé. On ne s'étonnera pas du fait que l'éloge entrepris par le philosophe italien converge avec l'orientation communautaire que nous défendons depuis tant d'années et qu'il nous donne ici l'occasion d'y revenir. Cet effort théorique d'éclaircissement en vue d'une orientation critique dans la lutte contre le Capitalisme Absolu devrait devenir le trésor commun de tous ceux voulant se mettre en marche vers la réalisation d'une authentique communauté humaine. Notons quelques axes de pensée importants à cet égard.
I) Le capitalisme se trouve dans l'incapacité de réaliser une communauté quelconque. Sur ce point, l'auteur est en désaccord avec Jacques Camatte de la revue Invariance paraissant en France depuis la fin des années soixante. Ce dernier a estimé que le capital a pu s'ériger en communauté despotique, l'Unique autoréférentiel, par un processus d'anthropomorphose ("anthropomorphose du capital"). Il est en quelque sorte la Substance devenu Sujet du Hegel de la Phénoménologie de l'Esprit, le mouvement de la valeur s'engendrant d'elle-même, subsumant le mouvement social, dans une mystification bien réelle et agissante. Les individus ne sont plus alors que des particules attirés dans le champ social du capital. Nous serons d'accord sur le fait qu'il n'y a là qu'une parodie d'un processus d'universalisation humaine. Le problème est en effet central : comment concilier communauté particulière et universalité? Dans son universalisation de la forme-marchandise, le capitalisme produit à l'heure actuelle des pseudo-communautés, y compris totalement virtuelles par le biais de la médiasphère. La perte, l'aliénation de l'individualité humaine sont compensées en apparence par la formation et la quête d'identités phantasmées (omnipotence imaginaire des individus, leur impuissance concrète). Se trouve ainsi éradiquée toute initiative efficace de reprendre son existence en mains (par la force du lien social). Si l'on entend par communauté, la possibilité d'expression/manifestation/ /objectivation de l'homme en tant qu'être générique (produisant des formes diverses sociales du travail et des formes communautaires d'existence sociale multiples) alors, effectivement, la "communauté du capital" ne saurait faire sens, ne serait qu'une parodie de communauté puisque la source et les résultats de l'activité humaine lui échappent, se retournent contre elle sous la forme de "la communauté réelle de l'argent" (Marx). Marx peut employer ici cette expression car l'argent est l'existence réifiée de toutes les qualités humaines. Ce qui est commun dans leur abstraction quantitative et de ce fait manipulable. Le lien social est en-dehors d'elles, dans un objet ou ce qui lui sert de signe monétaire. Retenons donc que le capital ne saurait faire communauté.
II) L'éloge du communautarisme ne peut faire l'impasse d'une critique de certaines interprétations de celui-ci.
a) D'abord, est-il un substitut pertinent au terme de communisme, et que nous devrions utiliser? Oui et non, pensons-nous. Oui, parce qu'il permet de prendre ses distances à l'égard de certaines expériences historiques qui n'ont pas échoué, comme le remarque Preve, mais n'ont que trop bien réussi! C'est-à-dire, qui ont mené à bien la vision néopositiviste et scientiste qu'était devenu le marxisme de la fin du 19° siècle et dont avait hérité, en particulier, le marxisme soviétique dans sa forme historique récemment disparue. Cela permet à un marxisme vivant (ou théorie marxienne?) de s'appliquer à lui-même sa charge critique (ce qui est, pour le moins, ce que l'on doit attendre d'une pensée dialectique). Non, dans une certaine mesure à notre avis, car il ne signifie pas autre chose que ce que Marx a toujours pensé sous le terme de communisme comme étant l'équivalent de la réalisation de la communauté humaine. Le vieil Engels, lui-même, rappelant que les deux compères avaient depuis leur jeunesse utilisé le terme allemand ancestral de "Gemeinwesen" pour signifier ce qui appartient en propre à l'essence des hommes. Puisque nous rejetons intégralement la dynamique du capital sous toutes ses formes, nous pouvons alors nous qualifier de communistes ou communautaristes, indifféremment. Le terme de communaliste serait également adéquat dans cette optique.
b) Ensuite, le communautariste pense de façon rigoureuse le rapport individu/communauté. Les deux sont complémentaires. En fait, seule la véritable communauté donne tout son poids à l'individualité. Elle en est même la condition sine qua non. L'universalisme de Costanzo Preve n'est pas à la remorque du globalisme marchand. Celui-ci ne fait que briser les derniers vestiges de ce qui restait des communautés traditionnelles déjà fort mises à mal par le monde moderne. Ce qu'il y a d'universel en l'homme, c'est en premier lieu une aspiration utopique ancienne et enracinée de l'espèce humaine et que l'auteur revendique explicitement. Elle est un rêve (pas un délire) d'une hominisation/humanisation en quête d'harmonie. Elle a, par ailleurs, sa forme concrète dans une pratique et une aspiration à la démocratie réelle inhérentes à la nature humaine dans la mesure où l'être humain possède le logos (raison et parole) qui ne le fige pas dans une universalité muette de type instinctuel.
c) La praxis libérée de l'aliénation capitaliste ne saurait déboucher sur la création de formes de communauté figée sur une identité plus ou moins supposée et fixée de toute éternité. Pour être simple et à titre d'exemples, ce n'est pas parce que le capitalisme dans son appétit insatiable de consommation de capital variable prône à cet effet, le "multiculturalisme" et l'antiracisme de salon, qu'il est nécessaire de lui opposer un racisme plus ou moins assumé. Les deux participent de la construction du monde tel qu'il est. Dans un monde uniformisé, il est bon de protéger son individualité mais celle-ci ne s'exprimera guère qu'au sein de limites très étroites débouchant parfois sur des bizarreries et lubies diverses. De même, un "communisme de caserne" reste fondamentalement irrationnel quant aux perspectives d'épanouissement humain. Ces quelques illustrations témoignent d'oppositions mécaniques entre individu/communauté, identité/altérité, pérennité/processus, substance/devenir, égalité/différence, qu'il faut au contraire dialectiser.
III) Qu'est-ce qui garantit la véracité d'une telle orientation communautariste sachant que le relativisme, le scepticisme et le nihilisme minent les fondements de la pensée occidentale au moins depuis l'accession du capitalisme à sa domination? Costenzo Preve a le mérite de reconduire la question de la pertinence des idées au socle de la pratique sociale : "la notionabstraite de 'vérité' ne naît pas en tant qu'approximation scientifique procédant d'une compréhension toujours meilleure d'un monde extérieur donné comme préexistant, mais plutôt comme réduplication de la communauté sociale matérielle dans une communauté idéale de faits et de valeurs partagées." (2). Ainsi est dépassée l'aporie de l'opposition matière/esprit et de son complément gnoséologique (3) de la théorie du reflet idéel de la matière extérieure à la conscience ayant fait couler beaucoup d'encre. La conscience est celle de l'être social vivant et de son déchirement dans l'aliénation du processus social jusqu'à son stade contemporain de la manipulation universelle. C'est l'occasion pour l'auteur de réévaluer à cette aune l'histoire de la philosophie occidentale en mettant l'accent sur les moments de prise de conscience des ruptures au sein de la vie communautaire et des moyens de les penser et d'y remédier, notamment chez les trois grandes figures que sont Aristote, Hegel et Marx. Ce sont des philosophes ayant mis l'accent sur les nécessaires médiations productrices de lien social s'opposant au mouvement d'autonomisation/ domination de la valeur. Le triomphe de l'Economie au détriment de la vie communautaire n'est pas une loi naturelle dont la justification par le règne universel des droits de l'Homme serait l'expression idéelle et incontestable. "La tradition philosophique occidentale, comme d'autres, naît en tant que réflexion sur la nature de la vérité sociale, une fois que cette vérité est mise en péril par l'avènement d'un non-sens qui est toujours et en toute chose un non-sens communautaire." (4). Le philosophe turinois se fait ici l'écho, nous semble-t-il, du philosophe napolitain du début du 18° siècle, G. Vico qui écrivait : "Le criterium du vrai, et la règle pour le reconnaître, c'est de l'avoir fait."De l'Antique sagesse de l'Italie. Chap I. Seul, le recours à l'essence de la vie communautaire dans ses possibilités, donne sens aux propositions les plus fondamentales. Il y a toujours au sein de la réalité quelque chose qui existe "en puissance" comme l'avait théorisé Aristote et que la désaliénation sociale traduirait "en acte".
IV) Ces possibilités authentiquement humaines et potentiellement explosives pour le règne du Capital existent bel et bien et sont ce contre quoi celui-ci s'acharne pour en faire disparaître jusqu'au souvenir et/ou les pervertir (aliénation/réification des passions humaines en particulier). "Le Capital doit travailler sur les deux plans de la rationalité et de la socialité humaine de l'homme, qui sont inextirpables, mais aussi manipulables." (5). Rationalité instrumentalisable, purement technicienne et gestionnaire contre rationalité philosophique. Communautés de substitution (pseudo identités sectorielles) contre "souveraineté communautaire" incompatible avec le monothéisme de marché. Costanzo Preve défend alors une "redéfinition universaliste et progressive du communautarisme" (Chap. VI. p 209 à 240). "L'universalisme philosophique représente tout simplement pour moi l'extension physiologique et géo-philosophique de l'idée de vérité communautaire à celle d'une unique communauté mondiale. La 'vérité' du moment communautaire consiste en ce que l'individu a besoin d'une médiation concrète qui soit en état de relier son irréductible singularité à l'universalité abstraite de l'humanité pensée de façon planétaire." (6). Aux antipodes de l'idée de téléologie objective dirigeant l'ensemble du processus historique de l'humanité de façon nécessaire, il faut plutôt penser que la caractéristique de l'homme comme être social, générique, produit le mouvement plus ou moins irrégulier et non linéaire sur le chemin conduisant à l'unité au sein de l'espèce humaine. Ce que l'on peut appeler un processus d'universalisation. L'homme entre de plus en plus en relation par ses multiples productions/extériorisations objectives avec l'ensemble des autres hommes. En ce sens sa socialité s'élargit. Mais le Capital dresse des barrières aliénantes en travers de celle-ci. Il s'enferme dans un cycle de reproduction extensive et intensive de la domination de l'Economie sur l'activité sociale. Sa globalisation est donc destructrice du lien communautaire et de toute médiation donnant sens au rapport individu/communauté. Inversement, c'est grâce à diverses médiations culturelles, politiques, etc. que l'individu peut prendre part à la dimension universelle de l'espèce humaine. Le cosmopolitisme ultra-libéral ne met en relation que des individus mûs par le cycle production/consommation de marchandises et de sa représentation spectaculaire. Ce n'est que dans la lutte contre l'universalisation du règne despotique de la valeur et de la marchandise que les hommes constitués en groupes, communautés agissants, retrouveront le chemin de leur hominisation/humanisation enracinée et du libre développement de l'individualité.
NOTES :
1) Ed. Krisis. Traduit et présenté par Yves Branca. Préface de Michel Maffesoli. Sept.2012. 267p. 23 euros.
2) Ibidem. p. 95.
3) Gnoséologie : théorie de la connaissance.
4) Ibidem. p.97.
5) Ibidem. p.215.
6) Ibidem. p.240.
08:03 Publié dans La revue Rébellion, Réflexion - Théorie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : costanzo preve, eloge du communautarisme, hegel, rébellion, karl marx, jacques camatte | Facebook | | Imprimer
27/04/2012
Méridien Zéro rencontre l'équipe de Krisis et d'Eléments
19:11 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : krisis, michel thibault, pascal esseyric, méridien zéro, mas, rébellion | Facebook | | Imprimer
24/04/2012
Leurs élections passent, notre lutte continue !
Sans rebondissement, les deux têtes de l'affiche du second tour de l'élection présidentielle sont sortis des urnes. Ils sont tous deux les dignes représentants du système que nous combattons, nous appelons donc à une abstention révolutionnaire, première étape dans la construction d'une véritable alternative à la société capitaliste.
Le pseudo révolutionnaire Mélenchon (promu par le système médiatique) que nous avions dénoncé naguère comme tel, s'est immédiatement démasqué en appelant à soutenir sans conditions le social libéral Hollande. Si ce dernier est élu, il lui servira de pare-feu sur sa gauche.
La forte participation à cette élection témoigne de la prégnance de l'illusion électoraliste au sein de la classe laborieuse qui a ainsi manifesté de manière inadéquate sa volonté de résister à la politique antisociale de l'oligarchie. Les chemins de l'émancipation sociale sont néanmoins plus épineux que ceux de la démission face à la machine idéologique et politique du capital. Notre tâche consiste à inviter à la rupture avec cette dernière, ne lui cédons rien !
22:30 Publié dans Informations - Actualité, Nos Communiqués | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : abstention révolutionnaire, rébellion, socialisme, mélenchon, hollande, sarkozy, révolution, osre, rébellion abstention révolutionnaire | Facebook | | Imprimer
19/04/2012
Entretien de Jean Galié au site Corsica Patria Nostra
Membre de la rédaction de la rédaction de la revue Rébellion, Jean Galié présente les idées du courant SRE à l'équipe du site Corsica Patria Nostra .
"Pourriez vous pour commencer nous présenter brièvement à nos lecteurs ce que sont l' Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne et la revue Rébellion ?
L'OSRE est de création plus récente que celle de la revue Rébellion. Il s'est agi de prolonger les objectifs que nous nous étions fixés initialement pour celle-ci. En effet la revue bimestrielle a été pensée dès le départ comme pôle de cristallisation militante autour d'une réflexion en devenir concernant la revendication d'un socialisme que nous ne pensions pas mort comme l'affirmait l'idéologie dominante profitant de la chute du Mur de Berlin, et qui croyait qu'il en était désormais terminé du socialisme révolutionnaire, qu'il suffisait d'admettre l'existence d'une sociale-démocratie participant accessoirement aux affaires du capitalisme. Pour nous, au contraire, la situation témoignait d'un épisode, certes de poids, de la victoire momentanée du capital dans la lutte de classe. La situation internationale des années 90 a vite montré quels étaient les objectifs impérialistes atteints (guerre des Balkans, guerres du Golfe, etc) alors que parallèlement des attaques massives contre les conditions d'existence des travailleurs étaient menées. Les années 2000 confirmèrent cette analyse que nous allions exposer dans le revue. A partir de là, sans précipitation, après quelques années, il nous parut opportun d'accompagner cette démarche par la mise en piste d'une structure d'intervention plus directement politique qui n'en est qu'à ses débuts ; nous ne sommes pas des excités spontanéistes. Comme nous ne nous reconnaissions dans aucune structure existante, nous pensâmes qu'il valait mieux consacrer notre temps à défendre nos propres mots d'ordre et analyses, même si par ailleurs, nous sommes prêts à discuter avec d'autres groupes ou formations pouvant être sur la même longueur d'ondes à propos de tel ou tel sujet. Nous ne transigeons pas sur l'essentiel : la critique du capital conduite par le mouvement ouvrier depuis ses origines et que nous essayons de prolonger.
Par ailleurs, dans la revue nous laissons parfois s'exprimer des personnes ne partageant pas nécessairement toutes nos positions mais dont la réflexion nous semble être pertinente. Vous remarquerez que certains textes sont signés, d'autres non. Pour notre part, nous nous en tenons à une revendication collective, au nom de la revue, de ce qui est écrit. C'est pour cette raison que ces textes ne portent pas de signature.
Quelle est votre manière de militer et quels sont vos buts, à court et long termes ? ( point de vu militantisme )
Le militantisme ne doit pas être erratique mais constituer un engagement sur la longue durée. Les conditions historiques ne sont guère encourageantes parfois dans un monde où prévalent l'individualisme et un certain isolement pour celui qui n'adhère pas aux valeurs dominantes. En conséquence, il faut déjà mentalement prendre ses distances envers ces dernières et essayer de mettre ses actes en conformité avec ce que l'on pense. Pour autant, il ne s'agit pas de faire preuve de volontarisme exacerbé, de spontanéisme irréfléchi ; on ne peut se substituer au courant historique avec toutes ses pesanteurs à remettre en question. La fabulation individuelle ou entretenue en groupe ne remplace pas l'activité révolutionnaire que peut engager la classe ouvrière. Il faut rester réaliste et agir à son échelle. Pour nous, il était important de maintenir l'existence de notre revue et de l'améliorer sous tous rapports. Notre sérieux a relativement payé sur ce plan. Voilà une réalisation militante. Par ailleurs, d'autres modes d'intervention et d'autres supports sont utilisés (les plus traditionnels) par l'OSRE. Nous n'avons pas une confiance illimitée à l'égard d'Internet, bien que nous l'utilisiions. Pour beaucoup de nos contemporains, cela reste un substitut virtuel à l'action concrète. Bien entendu nous ne possédons pas la panacée universelle pour transformer le monde.
Dans votre manifeste, vous déclarez vouloir sortir de la " Technocratie Européenne" pour construire une autre Europe. Quelle vision avez vous de cette Europe ?
Considérations géopolitiques et lutte pour le socialisme sont au coeur de notre vision de l'Europe. Il faut obligatoirement relier les deux sous peine de dire rapidement des fadaises. Nous sommes à l'époque du combat pour la naissance et la consolidation d'un monde multipolaire, ce que ne peut souffrir la dynamique du capital. Il ne s'agit pas de faire bloc contre bloc capitaliste (impérialisme) mais de créer un monde viable. Un monde authentiquement multipolaire ne peut être issu que de la sortie du capitalisme. Ce dernier n'est porteur que de la tendance à la réalisation despotique de la Forme Capital. Les interventions impérialistes actuelles, un peu partout dans le monde, sous couvert d'ingérence humanitaire le prouvent amplement. Lutter contre celles-ci - et, d'ores et déjà, à partir de la critique de la politique atlantiste de la France - est le point de départ de notre intervention. Il faut corrélativement montrer que le capitalisme n'est point réformable, qu'il faut en finir avec celui-ci. S'il est possible de prôner un retour à la souveraineté nationale à l'intérieur de chaque pays européen afin de sortir du carcan de l'Europe technocratique, il ne faut pas oublier le contexte international. Les nations européennes devraient former une puissance alternative à l'impérialisme atlanto-sioniste. Alors, le combat pour le socialisme, respectueux des particularités nationales s'avère incontournable. Les ressources multiples existant sur le continent européen - et si on veut bien prolonger par une vision eurasiste (alliances souhaitables avec la puissance russe et ses alliés d'Asie centrale) - permettent d'envisager une réalisation socialiste à l'échelle continentale. Le capitalisme dans le monde ne s'éteindra pas comme par enchantement, la lutte de classe a une portée internationale et internationaliste (à distinguer du cosmopolitisme favorisant la vision unipolaire).
Vous revendiquez un socialisme véritable. Mais beaucoup d' organisations politiques d' obédiences différentes s' en revendiquent aussi. Quels points vous séparent ?
Pour une réponse substantielle, nous vous renvoyons à la lecture de notre livre "Rébellion. l'alternative socialiste révolutionnaire européenne", aux éditions Alexipharmaque. Nous ne faisons que prolonger à l'époque contemporaine, ce qui a germé et s'est épanoui au sein du mouvement ouvrier révolutionnaire. Cela implique bien évidemment des critiques, des remises en question, le traitement de questions ayant été peu ou pas abordées initialement mais l'idée fondamentale est la même : mettre fin à la domination de la valorisation du capital, ce qui a pour corollaire la disparition des classes sociales et la réappropriation par l'humanité de son activité existentielle, in fine libérer la vie des contingences économiques engendrées par une activité aliénée (salariat). C'est pour ces raisons que nous ne sommes proches de pas grand monde parmi ceux qui, sans vergogne, osent se réclamer du socialisme alors qu'ils ne constituent que des fractions de l'appareil idéologique et politique du capitalisme. Nous ne présentons pas de dispositif utopique décrivant la société future, ce qu'attendent naïvement certains. La société sera ce que les hommes en feront en partant de leurs conditions d'existence, et celles-ci sont diverses en fonction de conditions matérielles et idéologiques à tel moment donné. C'est pour cela que le socialisme, s'il signifie bien un saut vers la généricité (une conscientisation du genre humain maître de sa praxis) ne peut se traduire par une uniformisation des conditions d'existence (cosmopolitisme, monde unipolaire) mais bien par un épanouissement du multiple sans fragmentation du genre humain. L'erreur, à doite comme à gauche (notions périmées depuis longtemps) est de confondre communisme avec despotisme unificateur ; c'est une parodie de la généricité humaine (indifférenciation généralisée des qualités humaines, adéquate à l'univers de la marchandise).
Que pensez vous du nationalisme Corse et la vision de Yann Fouéré de l' Europe aux cents drapeaux ?
Tout d'abord, avouons notre relative méconnaissance de l'histoire du nationalisme corse ; nous sommes donc mal placés pour vous donner une réponse très précise sur ce point. Néanmoins la référence à Fouéré nous permet de nous prononcer sur un aspect de la question, mais qui ne nous paraît pas être le plus mineur. "La division de l'humanité en ethnies est antérieure à la division du travail et donc à l'existence des classes" écrivait le militant occitan François Fontan ; il appelait de ses voeux une nouvelle anthropologie, précisant que "les races ne forment plus de groupes humains concrets, mais se sont mélangées pour former des ethnies. [...] Les races n'ont d'importance qu'au travers des ethnies, par les langues et les civilisations qu'elles influencent." Marx quant à lui; voyait dans le facteur racial, une détermination de force productive, au sens large de capacité à produire et reproduire ses conditions d'existence. On voit donc que le problème est complexe, recouvrant des strates anciennes de l'histoire de l'humanité que la pensée unique actuelle voudrait éradiquer. Face au rouleau compresseur de la modernité, des revendications identitaires se sont élevées, prenant parfois l'apparence de l'autonomisme ou de l'indépendantisme nationaliste. L'idée d'une Europe aux cents drapeaux ne nous paraît pas ridicule eu égard à la préservation de la richesse culturelle de notre continent, à sa diversité. Seulement, il faut éviter de poser le problème in abstracto, intemporellement. Les Etats européens n'ont pas tous la même histoire, certains furent plus centralisateurs que d'autres (la France en particulier), d'autres à la structure plus souple comme l'Empire austro-hongrois ont néanmoins éclaté pour des raisons précises, laissant la place au développement de nationalismes en partie discutables. Voir le cas complexe de la Yougoslavie également et son agonie sous les coups de butoir de l'impérialisme atlantiste, récemment. Concrètement, dans la situation actuelle, nous nourrissons une extrême méfiance envers la politique européiste bruxelloise qui en favorisant un certain régionalisme fait un travail de sape au profit des forces capitalistes internationales contre la souveraineté des nations constituées. Ces dernières pourraient constituer un obstacle à la globalisation capitaliste.
En France, les mouvements indépendantistes des peuples basque, corse etc. nous semblent avoir peu de chances d'aboutir en tant que tels. Si tel était le cas, dans les conditions actuelles, cela signifierait l'expression de la déliquescence de la nation française à son stade terminal dans un contexte de chaos produit par le système capitaliste. Donc rien de bon pour quelque peuple que ce soit! La solution souhaitable devrait donc être d'articuler le combat pour le socialisme à son enracinement dans une conscience, une mémoire historique populaire. Ne jamais se laisser instrumentaliser par les forces du chaos capitaliste (nous parlions ci-dessus de la tragédie balkanique et de l'exacerbation de micro-nationalismes au profit de la machine otanesque). Un socialisme sur le bon chemin n'a rien à craindre de la vivification de l'enracinement culturel, il s'en nourrit dans une perspective non muséale et non utopiquement conservatoire.
Merci aux camarades de Corsica Patria Nostra
13:16 Publié dans La revue Rébellion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : corse, jean galié, rébellion, corsica, socialisme révolutionnaire européen | Facebook | | Imprimer
22/03/2012
Conférence de l'équipe de Méridien Zéro à Toulouse
Les animateurs de MZ étaient en conférence a Toulouse le Samedi 17 Mars 2012, afin de dresser le bilan de deux ans d'antenne et présenter les futurs projets de votre radio préféré.
21:01 Publié dans Nos vidéos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : méridien zéro, toulouse, esprit rebelle, rébellion, lieutenant sturn, pgl | Facebook | | Imprimer