27/03/2006
Le numéro 17 disponible...
Chaque exemplaire est disponible contre 3 euros ( frais de port compris) a notre adresse postale :
Rébellion c/o RSE – 62124 – 31020 TOULOUSE - cedex 2.
# Actu : CPE/CNE = marche ou creve...
Dossier- Agriculture / OGM
# La destruction de l'agriculture européenne.
# OGM pour tous
# Le syndicalisme paysan : cogestion = collaboration.
# La Politique Agricole Commune, un bilan globalement négatif.
# René Riesel : l'entagé n'en démord pas.
# A l'école du père Lénine : Que faire ?
# John King - Smash the disco ( suite)
# Lecture militante
Utopies d’occasions
"Il est des idées d'une telle absurdité que seuls les intellectuels peuvent y croire". George Orwell
Terrible époque que la nôtre qui voit un système anéantir notre continent et le monde sans que rien ne puisse stopper son appétit de destruction. Il est même fascinant de voir comment il est parvenu en quelques décennies à annihiler tout esprit critique, à s’imposer dans les consciences, au point que toute remise en cause de sa domination soit devenu inconcevable en Occident.
Nous en sommes arrivés au stade ultime de l’acceptation, les individus ne pensent même plus qu’une alternative soit possible à leur servitude. Ils ne connaissent plus le passé et ne souhaitent plus rien de l’avenir, ils sont volontairement enfermés dans la fébrilité d’un présent étouffant. Exploités dans leur travail, contrôlés idéologiquement dans leurs pensées, domestiqués dans leur vie quotidienne, ils ont perdu toute conscience d’eux-mêmes.
La mutation de capitalisme a donné naissance à un « nouveau prolétariat » constitué de l’ensemble des personnes n’ayant plus aucun contrôle ou pouvoir sur l’emploi de leur vie. C’est désormais le Capital qui impose de manière absolue son mode de production et de consommation, ses loisirs et ses rêves. À l’aliénation économique s’est surajoutée une aliénation idéologique sans pareille au cours de l’histoire. Nous vivons dans un monde où, pour reprendre une formule situationniste, la garantie (relative aujourd’hui) de ne pas mourir de faim s’échange contre la certitude de mourir d’ennui.
De cette triste période, il devait bien surgir quelques idées confuses en guise de diversion. Ainsi nous ne reviendrons pas sur les flots moutonnants des tenants de l’altermondialisme ou du citoyennisme. En effet, il apparaît clairement que ceux-ci propagent leurs sornettes avec l’aide bienveillante des medias.
Rattachée plus ou moins à cette mouvance, il nous faut remarquer la contribution des partisans de la décroissance. Ils présentent en effet toutes les contradictions de ce type de contestation. Si certaines de leurs initiatives (par exemple leur action contre la publicité) peuvent nous être sympathiques et leurs publications intéressantes (le plus souvent dans les informations qu’elles fournissent sur l’étendu des dégâts), ils restent pourtant limités dans leurs analyses. Étant donné qu’ils ne remettent pas réellement en question les présuppositions du capital . Si nous partageons avec eux l’idée qu’il est urgent de sortir du productivisme et de la logique de la consommation à outrance, nous savons qu’il n’y a rien à attendre de l’utopie d’une réforme douce du système. Croire que le capitalisme puisse freiner son appétit de profit au nom du bien commun est une illusion vieille comme la social-démocratie. Les « décroissants » sont totalement incapables de définir une marche à suivre pour parvenir à la société « sobre » qu’ils prêchent. La confusion de leurs explications les amène simplement à l’évocation d’une autogestion individuelle du désastre. Au final, ils s’enferment dans leur rôle de spectateurs de la catastrophe finale. Une catastrophe qu’ils arrivent même à souhaiter inconsciemment. On le voit, ils n’ont pas compris la leçon fondamentale du mouvement révolutionnaire : il faut détruire le système en place pour parvenir à une renaissance. Toute solution passe par la prise du pouvoir politique et par l’affirmation d’une conception différente de la vie . [...]
14:10 Publié dans La revue Rébellion | Lien permanent | Facebook | | Imprimer
01/02/2006
Rébellion n°16 - Janvier/Février 2006
> Dossier Emeutes
> Chaos urbain et contrôle social
> Du Béton sur la plaine et dans les cœurs …
> Décembre 1995 : Un si long hiver…
> La Bosnie-Herzégovine : Un protectorat américain, au cœur de l’Europe
> VOX POPULI… La leçon de Gramsci
> John King : Quand la poésie et la violence
> prolétarienne s’expriment…
> Plus l’actualité des livres et de la culture
européenne.
---------------------------------------------------
EDITORIAL.
« I WANT A WHITE RIOT… »
A peine trois mois se sont écoulés depuis la flambée de violence dans les banlieues, que déjà tout semble être redevenu soudainement normal. Le dernier incendie éteint, il ne restait plus aux français qu’à chercher un maigre réconfort dans leurs achats compulsifs de Noël. La fin d’année a donné lieu à ses traditionnelles réjouissances : voitures brûlées dans les cités, agressions dans les trains et beuveries et bagarres générales dans les centres villes. Tout cela n’a pas dépassé le seuil habituel et les médias ont facilement escamoté les incidents. L’état d’urgence (qui n’avait été qu’une mesure médiatique d’un gouvernement incapable pour frapper les esprits et donner l’expression de la fermeté) a pu être levé par la baudruche qui nous sert de président dès le 4 janvier. Le message était clair : braves gens vous pouvez dormir tranquilles à nouveau et surtout oublier que vous vivez sur un volcan.
Pourtant, nous aimerions comprendre ce qui s’est joué durant ces quelques jours. On voudrait bien savoir comment nous en sommes arrivés là et surtout quel avenir on nous prépare. Parce que nous avons bien l’impression d’être rentrés dans un état d’urgence permanent, que cette situation d’exception deviendra bientôt le mode de fonctionnement même du système.
Que faire face à cela ? Par delà la peur et le dégoût, il appartient à tous ceux qui sont assez courageux et lucides pour prendre conscience de l’impasse de cette société, de monter en première ligne. D’affirmer qu’ils ne sont pas dupes et d’aider à une prise de conscience collective.
Police partout, sécurité nulle part
La délinquance et l’insécurité ne sont pas des phénomènes nouveaux. L’histoire des violences urbaines modernes débute dès 1971 à Vaulx en Velin. Le décor est déjà planté, une cité HLM (La Grappinière dans la périphérie lyonnaise) où s’entasse une population hétérogène de pieds noirs, d’harkis et d’immigrés de fraîche date venus du Maghreb. Le scénario des événements deviendra lui aussi classique. Des actes de petite délinquance donnent naissance à un climat de tension entre les habitants. Des jeunes désoeuvrés organisant des rodéos sauvages au cœur de la cité. En 1979, cela aboutit à l’intervention de la police pour rétablir le calme à la suite d’incendies de voitures et de bâtiments publics. Pendant plusieurs nuits, les forces de l’ordre affrontent des bandes de jeunes. Durant l’été 1981, ce sont les premières émeutes aux Minguettes dans la ZUP de Vénissieux. L’événement deviendra national avec la médiatisation par la télévision des incidents. La France entière découvrait le problème des banlieues. Le phénomène se propagera à l’ensemble des grandes villes. A partir des années 90, la violence explosera sporadiquement dans les quartiers. Dès lors, les gouvernements successifs vont devoir gérer cette situation, de la politique de la ville du P « S » ou « tout répressif » de la droite rien ne viendra a bout du problème. Mais progressivement, une nouvelle approche du problème se fait jour.
Bien conscient que le système qu’il représente mène irrémédiablement à la décomposition sociale des couches populaires, le pouvoir va évoluer, dans son approche, sous l ‘influence de l’idéologie ultra-libérale en cours. Il va comprendre qu’il peut utiliser l’insécurité pour augmenter son contrôle de la population au moment où il ne peut plus lui garantir la sécurité. « Les rues se vident, l'espace public se délite, chacun se replie sur sa sphère privée, meuble ses soirées en regardant la télévision: quoi de plus favorable à l'exercice de l'autorité ? En laissant les délinquants agir à sa place, le pouvoir fait d'une pierre deux coups. L'ordre se défait, mais le désarroi même qui en résulte débouche paradoxalement sur une relégitimation du pouvoir, car celui-ci apparaît comme l'ultime rempart contre le désordre triomphant » (1). Il va gérer au mieux de ses intérêts les crises, en laissant s’entretenir la tension et en renforçant ses fonctions répressives.
L’insécurité n’est donc plus combattue. La fonction de la police n’est pas de combattre l’insécurité elle est, ce qui est différent, de contrôler et de surveiller les personnes (2). Alors que tous les jours, les lois qui réduisent nos libertés et réglementent nos vies ne cessent d’augmenter (caméras de surveillance, biométrie, fichage…), la réalité de l’insécurité (qui n’est pas un simple « sentiment », n’en déplaise aux biens pensants) mine les couches populaires. Les mesures sécuritaires ne visent pas à garantir la sécurité du peuple, mais celle de la « Nouvelle Classe » oligarchique qui nous gouverne. Bien à l’abri dans leurs quartiers protégés, elles assiste au naufrage de notre société et en empoche le bénéfice. Dans ce contexte il n’est pas étonnant de voir l’Etat renoncer à sa figure classique d’incarnation de la souveraineté. Si l’Etat moderne issu progressivement de la disparition de l’ordre féodal a bien été un instrument de domination de classe, il n’en a pas moins été un lieu de stabilisation du lien social, amortissant même parfois les appétits de tel ou tel intérêt particulier. Ne serait-ce que dans la mesure où la bourgeoisie devait tenter globalement d’assurer l’existence d’un ordre qui lui fût commun au sein d’un espace national. De là l’insistance en philosophie politique moderne du thème du contrat, fondant la citoyenneté et garantissant la sécurité des individus par la mise en place de la Souveraineté (notamment lumineusement théorisé par Hobbes au 17° siècle). Ce schéma fut, certes longuement miné de l’intérieur par ce que Carl Schmitt appelle « les puissances indirectes » :
« les puissances « indirectes » de l’Eglise et des groupements d’intérêts ont reparu sous la figure moderne des partis politiques, des syndicats, des associations -en un mot, comme des « puissances de la société ». Par la voie du Parlement, ils se sont approprié le pouvoir de légiférer et l’Etat de droit, et ils ont pu croire qu’ils avaient réussi à atteler le Léviathan à leur carrosse. Cette tâche leur a été facilitée par un système constitutionnel dont le schéma fondamental était un catalogue des libertés individuelles… Les institutions et les concepts du libéralisme sur lesquels reposait l’Etat de droit positiviste se transformèrent en armes et en positions de pouvoir au service de puissances éminemment non libérales. » (3).
Néanmoins, jusqu’à une période relativement récente, le rapport de forces entre des conceptions politiques opposées pouvait encore laisser espérer que malgré la domination de classe de la bourgeoisie certains intérêts du prolétariat pouvait encore être défendus au sein d’un pays articulant son existence autour d’une souveraineté étatique. Mais depuis l’offensive tous azimuts de la mondialisation, il devient clair que la fonction du pouvoir politique et étatique est essentiellement dirigée contre l’existence du peuple lui-même qu’il était sensé préserver. En conséquence nous voyons fleurir une propagande constante mettant en avant les vertus d’un républicanisme vide de tout contenu réel et d’une idée de citoyenneté réduite à sa plus simple expression d’acquiescement au cirque mondialiste soi-disant multiculturel. La puissance dite publique n’a plus qu’une fonction, celle de dissoudre l’existence historique des peuples dans des flux migratoires planétaires porteurs de malaises profonds sur le plan identitaire et vecteurs de chaos social et accélérateurs de la dissolution du lien social. Par contre la répression fonctionne à merveille à l’encontre de ceux qui osent remettre en question la Pensée Unique et les forces policières sont fin prêtes pour réprimer les luttes réelles que le prolétariat pourrait déclencher.
L’appel du vide…
Il était normal qu’une société folle, qui se propose de ménager son avenir uniquement en généralisant l’emploi de « camisoles » individuelles et collectives, produise des phénomènes de violence sans but comme les dernières émeutes. Loin d’avoir été un « grand soir révolutionnaire » ou le début d’une « guerre ethnique » conduite sous les hospices de l’islamisme radical, elles ne furent que l’expression du nihilisme de notre époque. La « racaille » (expression qui a fait couler beaucoup d’encre pour pas grand chose…) n’est- elle pas le produit de la société de consommation ? « La prétendue redoutabilité des racailles marque leurs extrême fragilité face à un société qui leur a donné un rôle social qu’ils acceptent sans broncher ». La violence actuelle n’est plus révolutionnaire, elle traduit simplement la misère psychologique et intellectuelle dans laquelle nous sommes tombés. Les rêves des cailleras sont ceux que leur fournit la société de consommation, leurs frustrations naissent de l’insatisfaction de leurs besoins de marchandises. Ils ne veulent pas changer la société, mais simplement s’y intégrer pour pouvoir reproduire les mêmes schémas. L’exemple le plus frappant est peu être le rap business made in Skyrock (où une musique de révolte avec un message fort pour les noirs américains est devenue un produit de consommation nourrissant les fantasmes des pseudos « bads boys » de nos cités). Promu par les médias des classes dominantes (radios, TV), il véhicule l’idéologie du système dans ce qu’elle a de plus vulgaire.
Pompiers pyromanes, l’oligarchie alimente le pourrissement social et sème les graines de la violence. Cette violence est généralement bien limitée et contrôlée, des espaces ou des moments sont ainsi réservés à son expression (des émeutes des banlieues au hooliganisme).
Elle est surtout vidée de tout contenu politique, elle est au mieux l’expression d’un néo-tribalisme de bande ou pire du pur vandalisme.
Le potentiel révolutionnaire de ces révoltes existe, mais il est à l’état latent. « La difficulté majeure pour ceux qui tentent de résister à l’asservissement marchand réside dans l’abrutissement général des masses ». Faire prendre conscience des enjeux aux gens est déjà un défi. Déjà certains ont commencé à comprendre que la violence peut servir à exprimer des revendications constructives. Les centaines de dockers européens venus à Strasbourg réclamer l’arrêt des mesures ultra-libérales dans leur secteur, ont su trouver d’eux- mêmes la cible à viser. En faisant tomber à coups de projectiles les belles vitres du Parlement des euro-technocrates, ils ont bien frappé. Quant à la répression policière et juridique, en ce cas là, elle n’a pas traîné. Cela peut quand même nous laisser espérer que les mauvais jours finiront…
(1) Eric Werner "L'avant guerre civile"- Edition de l'Age d'homme 1999.
(2) Voir l’article « Violences dans les banlieues : l’arme du pouvoir » de Fabrice Trochet sur le site le Grain de Sable ( http:www.legraindesable.com/)
(3) Carl Schmitt. Le Léviathan dans la doctrine de l’Etat de Thomas Hobbes. P.134, 135.
Editions du Seuil.
(4) Voir le texte très influencé par les « situs », Les mutants, sur le site de rap alternatif Rapace : http://rapaces.zone-mondiale.org/pages/comm8.htm
09:35 Publié dans La revue Rébellion | Lien permanent | Tags : i want a white riot | Facebook | | Imprimer
24/11/2005
Rébellion n°15 : LES MILLE ET UNE NUITS DU LUMPENPROLETARIAT.
Sans vouloir exagérer l’ampleur des actes délictueux en question, force est de constater que la volonté de minimiser ceux-ci, de la part de certains secteurs préposés à l’idéologie droit-de-l’hommiste du système, est d’un comique achevé. Les victimes des exactions apprécieront… La réponse du pouvoir en place, apparaît quant à elle, inadéquate. Une pseudo fermeté d’une part, avec un semblant d’état d’urgence que l’Etat déliquescent ne peut –ou ne veut ?- faire appliquer correctement et des concessions démagogiques quant à la création de formations dérisoires (comme d’habitude) assorties de discours lénifiants et compréhensifs à l’égard de délinquants. La dernière apparition de Chirac à la télévision (le 14 Novembre) confirme notre analyse : la cause de la violence est dans la discrimination ! Mais bien sûr ! C’est la faute à ces salauds de français s’ils se font agresser ! La condition de ces « Jeunes » de banlieue est-elle si tragique que cela, que toute la Nation devrait se pencher à leur chevée et compatir éternellement à leurs problèmes ?
A Rébellion nous considérons qu’il y a effectivement discrimination : discrimination de classe, celle qui fait que lorsque votre force de travail n’est plus suffisamment rentable pour maintenir un taux de profit suffisant à la valorisation de capital, vous êtes considéré comme n’existant plus pour celui-ci ! La discrimination est un choix, celui fait par le libéralisme afin de sauvegarder le système capitaliste qui dicte ses exigences de délocalisation vers des pays où le prolétariat résiste peu et où il subsiste avec le minimum vital, et encore pas toujours. C’est aussi le choix du pillage du Tiers-monde avec ses conséquences dramatiques engendrant une immigration démentielle vers des pays représentant un El Dorado imaginaire bien que plus viable pour l’instant pour des populations miséreuses. Mais qui se soucie des causes véritables de l’état de décomposition sociale dans lequel nous vivons ? La réponse donnée officiellement par la droite et la gauche confondues est toujours idéologique : la cause c’est le racisme ! Un tel aveuglement dans le jugement montre bien la déliquescence de la classe dominante et son attachement indéfectible aux misérables intérêts auxquels elle s’est vouée corps et âme. Il nous est demandé d’acquiescer sans sourciller à la disparition de notre spécificité en laissant l’Europe être submergée par des dizaines de millions de personnes débarquant d’autres continents. Mais quelle est la légitimité de tels bouleversements démographiques ? Personne ne nous le dira car il n’y en a aucune… Il existe pourtant un calcul réalisé par la bourgeoisie, celui de faire pression à la baisse sur les salaires des travailleurs européens et celui peut-être encore plus essentiel à ses yeux, de noyer un prolétariat encore potentiellement combatif au sein de populations hétéroclites, sans tradition ouvrière de lutte et de créer un chaos rampant dans la société afin de toujours mieux contrôler le niveau de riposte aux exactions du capital.
Qui ne voit en effet que les troubles des dernières semaines n’ont rien à voir avec des revendications sociales et des luttes contre l’exploitation capitaliste ? Ces idées ne sont propagées que par les médias du système, comme justification de l’acceptation de l’inacceptable. Il n’y a aucun discours de lutte sociale de la part des « Jeunes », ce n’est pas un mouvement révolutionnaire qui, lui, est toujours accompagné d’un certain niveau de conscience et de production de propagande adéquate. Ici, c’est toujours le capital qui a la parole et produit un discours phantasmatique sur les immigrés (que ce soit celui de Sarkozy ou bien celui de ses opposants « vertueux » de gauche). Il y aurait, par exemple, des pépinières de surdiplômés et d’intellectuels dans les dites banlieues ! C’est probablement pour cette raison que l’on y a créé les fameuses ZEP où le travail scolaire ne semble pas fameux… Les « Jeunes » réclament du travail, c’est pour cette raison que plus d’un rmiste vit grassement dans son pays d’origine tout en continuant de percevoir ses allocations en France… Autant de contradictions entre la réalité et le discours officiel. Cela ne conduit pas pour autant à stigmatiser les populations d’origine non européenne (un grand nombre d’immigrés condamnent ces actes), d’autant que ces troubles, globalement coordonnés, pourraient bien profiter à quelque puissance étrangère. La « croisade » contre un certain terrorisme « islamiste » n’est pas achevée et la bienveillance ou du moins la neutralité des populations européennes à son égard ne seraient pas indifférentes à ceux qui la conduisent.
La logique que la bourgeoisie arrive peu à peu à imposer en France et en Europe, est une logique racialiste sur fond de décomposition du lien social. Promotion de la « discrimination positive » contre l’idée d’effort et de mérite, culpabilisation des peuples accueillants, multi ethnisme au sein du carcan du monothéisme de marché et du messianisme libéral, occultation du clivage de classe au profit d’affrontements interraciaux. La promotion de la soit disant culture rap ne fait, par exemple, que permettre la diffusion de textes racistes haineux dirigés contre la Nation française. Nous assistons à une lente libanisation de notre continent où diverses communautés commencent à s’affronter : affrontements entre antillais et pakistanais en Angleterre, en banlieue parisienne affrontements entre supporters des deux camps lors du match de football Congo-Tunisie se soldant par l’hospitalisation de deux joueurs congolais (va-t-on nous dire encore une fois que la cause s’en trouve dans le chômage ?). Nous sommes plutôt face à une situation explosive dans laquelle la bourgeoisie navigue à vue, dépassée qu’elle est par les conséquences de décisions dont elle pensait pouvoir maîtriser les effets collatéraux. L’instrumentalisation des immigrés par le système se retourne contre l’ordre public qui est aussi garant d’un minimum de sécurité et de civilité pour les travailleurs. Nous ne défendons donc pas l’ordre capitaliste mais simplement le droit pour les prolétaires de ne pas être engloutis dans une barbarie croissante générée par les métastases du capital. Nous ne sommes solidaires ni des voyous en cols blancs au pouvoir ni des voyous affublés de Nike vivant d’économie souterraine.
Nous sommes solidaires de nos compatriotes subissant les violences des bandes organisées de la petite délinquance et des bandes organisées de la finance et de l’industrie. La seule réponse adéquate à la situation de pourrissement actuel est une réponse sur le terrain de classe : celui de la lutte socialiste et révolutionnaire contre la mondialisation capitaliste.
19:20 Publié dans La revue Rébellion | Lien permanent | Tags : lumpenproletariat | Facebook | | Imprimer
28/10/2005
Les femmes face au Capitalisme
[Rébellion n°4 Janvier/Février 2004]
Au moment où s’ouvre un nouveau débat sur la parité homme/femme dans le monde du travail, il nous paraît important de nous pencher sur l’originalité du travail féminin dans la logique capitaliste d’exploitation. Loin des stéréotypes machistes et de la propagande féministe, il faut bien dire que la situation des femmes dans l’entreprise est complexe, le capitalisme leur réserve une place à part dans son enfer. En fait, c'est en premier lieu sur les femmes travailleuses que les capitalistes font peser les diverses démarches de précarisation, pour les généraliser ensuite à l'ensemble du salariat. Le capitalisme prend appui sur l’ancienne domination sociale des femmes pour les utiliser comme champ d’application de sa logique néo-libérale. Le but du capital est de briser la révolte populaire en divisant encore davantage les classes laborieuses. L’émancipation des femmes passe donc par une prise de conscience de la logique du capital, par le dépassement des faux clivages et une lutte commune et complémentaire avec les hommes contre le Système.
Et le capitalisme créa le « travail féminin »
C’est durant la période d’industrialisation de l’Europe que les femmes des classes populaires commencèrent à quitter le monde domestique pour celui de la manufacture. Jusque là, les femmes assumaient déjà la charge de travail importante de la gestion du foyer et participaient activement à la vie de la communauté.
Fait significatif, les productions spécifiquement féminines seront dès cette époque rémunérées plus faiblement que celles des hommes, cela étant basé sur la reproduction par le capitalisme naissant de la domination sociale exercée par les hommes dans les sociétés traditionnelles sur les femmes.
La mécanisation a rendu les travaux les plus pénibles accessibles aux femmes. Le regroupement au sein des fabriques de la main-d’œuvre féminine permit une concentration de la production. Mais surtout le coût peu élevé du travail des femmes et des enfants (la moitié du salaire d’un homme) permit au patronat de dégager un plus grand profit. Au milieu du 19ème siècle, on vit ainsi se dessiner une division du travail entre les sexes, renforcée par la tendance du capitalisme à remplacer la main-d’œuvre masculine dotée d’un fort savoir-faire et de connaissances par des femmes jugées dociles et sans formation professionnelle.
La Première Guerre Mondiale accéléra le processus d’intégration des femmes au marché du travail. Mais c’est avec le développement des activités tertiaires et du salariat que les femmes se verront participer à la mise en place d’une division par sexe des tâches qui aboutira à la constitution de secteurs quasiment réservés au travail féminin. Les « Trente Glorieuses » continuent le processus en l’amplifiant. Il ne sera remis en cause qu’avec la crise économique des années 80.
La dégradation du marché du travail a créé des inégalités nouvelles entre les sexes : en terme d’accès au marché du travail et de type d’emploi. La flexibilité du travail s’impose ( emplois « aidés » par l’Etat, intérim, CDD, temps partiel). Les femmes , et en particulier les moins formées, sont touchées de plein fouet par le chômage, l’instabilité et le sous-emploi.
Selon la sociologue Chantal Nicole-Drancourt : « la féminisation des emplois atypiques ( emplois précaires) apparaît comme le moyen efficace du passage progressif, et surtout sans obstacle, d’une économie industrielle de croissance basée sur le plein emploi à une économie tertiaire avec emploi flexible et chômage de croissance ». Comme l’analyse très justement Françoise Battagliola (1), le capitalisme en transformation utilise, comme au 19ème siècle, la main d’œuvre féminine comme champ d’application de nouvelles modalités d’emploi. Il utilise le chantage au licenciement pour dominer une main-d’œuvre très peu syndiquée. Il en ressort alors une dégradation croissante des conditions des travailleurs et des travailleuses.
On retrouve quoi qu’il en soit, le discours hypocrite du capitalisme. Ainsi l’aménagement du temps de travail des femmes par le développement du travail à mi-temps. Bien loin d’être un choix individuel qui pourrait bénéficier à l’épanouissement de la personne et de sa famille, il est la mesure imposée qui développe un sous-emploi féminin.
Les Conditions de travail des femmes
Si on observe les statistiques sur le marché du travail, on observe une distribution inégale des emplois, avec une division entre secteurs principalement masculins ou féminins.
Les travailleuses se retrouvent dans la plupart des cas dans des emplois qui sont censés exiger peu de qualification et qui sont de bas prestige. Les salaires sont inférieurs, les conditions de travail plus pénibles et précaires en comparaison avec les hommes. Ces emplois typiquement féminins nous les connaissons tous : secrétaire, infirmière, caissière, vendeuse, serveuse… Jugés ennuyeux par les intéressées elles-mêmes, ils sont extrêmement contrôlés et structurés par la hiérarchie patronale.
Le cas le plus concret est celui des caissières de supermarché. Considérées comme des machines vivantes par les directions. Placées sous la surveillance constante des caméras, on leur « conseille » de passer plus de 20 articles à la minute, avec au bout de la route pour les moins productives la culpabilisation, le harcèlement moral des petits chefs et le licenciement pour faute. La grande distribution a logiquement développé la précarité des emplois dans sa guerre commerciale entre enseignes. Et ce sont ces employés qui paient l’addition.
Selon une enquête sur la « santé mentale dans la grande distribution » , menée par des médecins du travail dans l’Indre et Loire en 2000-2001, 92 % des caissières se plaignent de « souffrance mentale ». Les auteurs précisent que « ce métier est souvent une impasse, elles ne s’y épanouissent pas et n’ont aucune perspective de carrière ». Les médecins révèlent que 61 % des femmes interrogées n’ont pas choisi ce métier, 71 % ont un contrat à temps partiel imposé et 7% gagnent moins de 760 euros par mois.
Dans le domaine du discours sur les risques du travail, on rencontre une certaine réticence à reconnaître les exigences propres aux femmes. Le travail des femmes est le plus souvent considéré comme exigeant peu d’efforts et comme une extension du travail domestique ne présentant pas de risques pour la santé. La représentation sociale du travail dangereux s’est calquée sur l’image du travail masculin ( taux élevés d’accidents aux effets immédiats et aux séquelles physiques visibles). Dans le cas des femmes travaillant dans les secteurs liés au tertiaire, on ignore les effets lents des contraintes psychologiques et morales. La dépression étant une des marques des pathologies liées aux conditions du travail féminin.
Mais ces conditions de travail peuvent perdurer à cause d’une autre spécificité du travail féminin : le fort taux de chômage et de précarité. Dès la sortie de leurs études, les jeunes femmes rencontrent plus de difficultés d’insertion dans le monde du travail que celui des hommes du même âge. Les taux de chômage des femmes sont toujours plus élevés, que l’on considère l’âge, le diplôme ou la catégorie professionnelle. En 1998, plus d’un chômeur sur deux était une chômeuse alors que les femmes représentent seulement 44% de la population active.
Travail de nuit des femmes : l’égalité à rebours
Le 30 novembre 2001, le gouvernement a fait adopter par l’Assemblée Nationale un texte mettant fin à l’interdiction du travail de nuit pour les femmes dans l’industrie. Ce texte a pris pour prétexte la mise en conformité du droit français avec le droit européen sur l’égalité entre les sexes. En effet, voila plus de 20 ans, une directive européenne levait l’interdiction du travail de nuit pour les femmes, sous prétexte d’égalité. En 1987, une brèche est ouverte par la loi Séguin sur "l’aménagement du temps de travail" qui comporte une clause sur le travail de nuit.
En 1997, la Cour européenne de justice met en demeure la France d’accorder son droit national au droit européen. Pas d’exception dans l’Europe capitaliste de Bruxelles. Cette mesure d’ aggravation des conditions de travail nous la devons au gouvernement Jospin. Sous couvert de respecter l’égalité, on nivelle par le bas. Et ce sont les patrons qui se frottent les mains, encore une fois.
On connaît déjà les ravages que provoque le travail en équipe chez les hommes (diminution de la durée de vie, perturbation du rythme biologique, fatigue accrue donc insécurité accrue sur les lieux de travail). On imagine ce que cela veut dire pour les femmes. Car celles-ci, contrairement à la plupart des travailleurs hommes, ne rentrent pas chez elles le matin pour se coucher mais bien pour emmener les enfants à l’école et remplir les tâches domestiques. Sans oublier qu’un poste qui se féminise est un poste qui se dévalorise, le travail de nuit va subir une banalisation et devenir non pas un "choix" pour ramener plus d’argent, mais une contrainte pour garder un emploi.
Non, le travail de nuit pour les femmes n’est pas un progrès de l’égalité des sexes. C’est un retour au XIXème siècle, quand les filles de la classe ouvrière s’étiolaient dans les filatures. La mode est à la rentabilité immédiate, les patrons se soucient peu que les femmes qui travaillent puissent conjuguer vie professionnelle et familiale. La seule façon réellement progressiste d’envisager la question est d’interdire le travail de nuit, pour les femmes comme pour les hommes. Seuls certains secteurs ont besoin de personnel de nuit comme la santé ou les transports, mais certainement pas la production capitaliste ! C’est aux travailleurs et aux travailleuses de décider des modalités de fonctionnement de ces secteurs, de manière collective et en prenant en compte des conditions sociales, familiales et matérielles de chacun. Chaque cas doit être étudié pour savoir si la présence de nuit s’avère nécessaire et si des systèmes automatisés peuvent être mis en place pour éviter la présence humaine.
Cette mesure de la reprise du travail de nuit des femmes dans l’industrie, vient rappeler le rôle de la main d’œuvre féminine dans la production industrielle actuelle. Des « petites mains » de LIP aux travailleuses de Moulinex, les femmes sont toujours présentes dans les usines. Elles sont victimes, comme les hommes, des délocalisations de notre industrie vers le Tiers-Monde. Elles sont aussi les premières à lutter contre la logique capitaliste de destruction de la classe ouvrière européenne !
La perspective socialiste d’émancipation de la femme
L’objectif du socialisme européen est de créer une société harmonieuse qui garantisse l’épanouissement de chaque élément qui la constitue dans l’intérêt général de la communauté.
L’objectif du socialisme européen est de créer une société harmonieuse qui garantisse l’épanouissement de chaque élément qui la constitue dans l’intérêt général de la communauté.
Pour cela, les justes revendications des femmes ne doivent pas être enfermées dans le ghetto féministe, ni dédaigneusement traitées par certains éléments machistes. Elles devront être prises en compte, intégrées au programme d’un mouvement révolutionnaire large qui transcende les artificiels clivages du Capital (homme/femme, vieux/jeunes…). La participation des femmes à l’élaboration d’une société socialiste est donc indispensable, leur approche différente de certains problèmes étant enrichissante pour tous.
Comme le rappelle justement Alain de Benoist, la complémentarité des sexes est fondamentale, l’homme a besoin de la femme autant que la femme a besoin de l’homme, non seulement d’un point de vue sexuel, mais aussi d’un point de vue psychologique et spirituel, pour se bâtir par antagonisme, en se confrontant à la différence élémentaire, qui est le signe le plus visible de la division universelle. C’est cette complémentarité dialectique fructueuse, dont l’enfant est le produit, qui fonde affectivement le besoin de la différence mutuelle.
Cette complémentarité doit se retrouver dès maintenant dans le combat pour le socialiste européen. L’émancipation des travailleuses passe par la lutte commune, la solidarité avec les travailleurs contre les exploiteurs. Le féminisme est né dans les marges de la bourgeoisie progressiste et bien pensante avec la complaisance du pouvoir économique avide de stratégies de leurres, qui a substitué à la réelle lutte des classes une lutte des sexes fantasmatique comme l’a clairement montré Alain Soral.
Combattre les inégalités de statut et de salaire entre femmes et hommes répond à un évident objectif de justice sociale, en accord avec le principe « à travail égal, salaire égal ». Mais c'est aussi attaquer le cœur de l'organisation sociale, par des revendications dont le caractère est immédiatement anti-capitaliste : viser l'égalité des revenus, indépendamment du sexe et à qualification identique, accroître massivement le temps libre, de façon à répartir l'emploi, mais aussi le travail domestique et éducatif, reconnaître la valeur du travail ménager.
Les femmes, salariées ou non, qui ne travaillent pas moins durement chez elles ne voient pas ce travail considéré comme tel dans une société où le capitalisme ne reconnaît que le travail rémunéré. Contre cet état de fait, nous imposerons une reconnaissance de ce travail par un salaire social qui sera mis en place pour celui des deux époux qui accomplit des tâches domestiques et se consacre à l’éducation des enfants. De la même manière, nous impulserons des initiatives qui garantiront l’égalité des droits et le respect social des mères célibataires, en étendant pour elles une couverture sociale de caractère spécial adaptée à leur condition.
L’objectif du socialisme européen est de créer une société harmonieuse qui garantisse l’épanouissement de chaque élément qui la constitue dans l’intérêt général de la communauté.
15:25 Publié dans La revue Rébellion | Lien permanent | Tags : les femmes face au capitalisme | Facebook | | Imprimer
Pour une ligne de front anticapitaliste
[Rébellion n°12 Mai/Juin 2005]
Ceux qui nous ont lu correctement, savent qu’à Rébellion nous goûtons peu les pièges du paradis « démocratique » du capital et sommes peu enclins à participer aux initiatives des vastes rassemblements interclassistes dont celui-ci a besoin pour se survivre à lui-même (depuis les Fronts populaires du passé, en passant par l’union de la Gauche jusqu’au conglomérat actuel de l’altermondialisme et de l’idéologie citoyenniste). Ces impasses historiques constamment réactualisées par le discours sur l’opposition droite/gauche, semblent néanmoins avoir du plomb dans l’aile pour la période qui s’annonce. Malgré tous les efforts déployés par les officines du système afin de maintenir un rapport fantasmatique à la réalité sociale (spectre du fascisme, du terrorisme, de l’islamisme etc.) afin de paralyser toute critique radicale du capital, les clivages politiques habituels commencent un tout petit peu à se fissurer. Déjà la question référendaire traverse et divise tous les courants politiques traditionnels, ce qui en soi n’est pas une grande surprise. Ce qui est plus significatif est le développement de la discussion sous-jacente à ce phénomène : quel modèle de société adoptons-nous ? De quelle Europe parlons-nous au sein d’un monde soumis au processus de mondialisation ? Par ricochet toutes les questions en viennent à se rejoindre et le lien est clairement fait avec la politique mondiale dominée par les Etats-Unis.
La référence exclusive à la libre concurrence dans le projet de constitution européenne (plus de 140 fois dans le texte) à laquelle plus rien ne pourrait ainsi échapper met en exergue le choix de société sur lequel il faut se prononcer. Chacun est ainsi mis au pied du mur, à tel point qu’au sein même de la « droite », certains hommes politiques se déclarant néanmoins libéraux en viennent à contester cette hégémonie définitive et sans partage de l’idéologie ultra libérale. A gauche, certains tirent la leçon de la pratique sociale démocrate au pouvoir, puisque celle-ci s’est globalement résumée- comme on aurait dû s’y attendre- à une gestion des affaires du capital, c’est-à-dire des délocalisations et de la mondialisation, assortie de bons sentiments et de discours à prétentions humanistes pour faire accepter la triste réalité. En conséquence, l’altermondialisme apparaît au mieux comme une énième illusion concernant la façon d’humaniser le capitalisme et au pire comme une stratégie de ce dernier afin de contenir le mécontentement à son égard. Dans cette optique, la critique radicale des présupposés du système revient au devant de la scène avec un sérieux que l’on avait oublié depuis longtemps.
Pour ce qui concerne le thème de l’Europe, même si les clivages subsistent entre souverainistes et européistes, la question posée donne à réfléchir sur notre destin de civilisation et sur notre ancrage en celle-ci. En filigranes apparaît l’interrogation sur les limites de l’Europe, avec la perspective mondialiste d’adhésion de la Turquie. Nul ne se présente sérieusement comme étant indifférent à la richesse du patrimoine européen et de surcroît une conscience commune des liens unissant les peuples européens commence à se dessiner. C’est même pour défendre l’identité de l’Europe que certains se déclarent hostiles à la Constitution (position de Rébellion bien évidemment). Son cadre libéral disloquant les quelques acquis sociaux obtenus de longue lutte ne saurait satisfaire ceux rejetant l’hégémonie du capital. Face à la volonté de la bourgeoisie de sacrifier l’Etat Nation qui lui avait servi de cadre pour se développer (mais aussi de cadre de résistance de la part des travailleurs), la nostalgie à l’égard de ce vieux schéma peut apparaître comme n’étant plus de mise et induire une recherche de voie originale dans l’optique de la remise en question du système.
Enfin, les évènements internationaux où il ne faut pas être grand clerc pour saisir l’offensive mondiale des Etats-Unis afin de dominer la planète, donne à penser sur le poids de l’Europe dans le jeu géopolitique. Là également, le texte constitutionnel est sans ambiguïté, puisqu’il arrime totalement la politique européenne aux intérêts otanesques, soit, en clair, aux intérêts de la puissance étasunienne. Cela permet, en fonction de tout ce que l’on peut observer dans le monde (occupation de l’Irak, diabolisation des pays réticents, encerclement de la Russie) de se déterminer par rapport à l’hyperpuissance et de désigner l’ennemi : la plus grande puissance capitaliste du monde à l’égard de laquelle l’Europe ne peut que s’opposer conjointement avec d’autres peuples en lutte. Mais cela ne pourra réellement se faire qu’en montrant l’exemple d’un autre type de société que nous qualifierons de socialiste.
Ces axes que nous venons d’esquisser nous semblent déterminants pour l’avenir. Certaines convergences, malgré les désaccords sur tel ou tel point, sont à l’ordre du jour, échappant ainsi au carcan idéologique que le pouvoir impose subtilement à tout un chacun. En particulier, la dichotomie droite/gauche est-elle largement désuète eu égard aux fondements sur lequel elle était sensée reposer. Certains en sont venus à raisonner comme si s’affrontaient deux essences éternelles incarnées par le processus historique, oubliant de ce fait que la politique a une dimension d’artifice consistant à redéfinir en permanence un fragile équilibre entre des pratiques humaines souvent contradictoires. On doit effectivement faire des choix, mais pas entre des essences supra humaines. Il s’agit d’évaluer les répercussions de tel ou tel choix politique quant à ce qui concerne le bien commun. Le libéralisme tous azimuts est désastreux à tous égards, l’immigration qui l’accompagne en est un effet collatéral par exemple. Inutile de se cacher la vérité en s’abritant derrière de fumeux principes, véritables essences métaphysiques appliquées abusivement à la politique. Là-dessus des esprits sensés peuvent bien s’accorder. De fait, on commence à comprendre cela et se présente ainsi l’opportunité de faire éclater les clivages dépassés au sein de l’univers politique. Une ligne de front se dégage peu à peu du sein des brumes idéologiques : c’est la ligne de front anticapitaliste débarrassée des vieux oripeaux qui jusqu’à maintenant ont stérilisé toute tentative de venir à bout du processus de la domination de la valeur dans la pratique sociale des hommes.
15:21 Publié dans La revue Rébellion, Réflexion - Théorie | Lien permanent | Tags : front anticapitaliste, rébellion | Facebook | | Imprimer