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18/02/2007

Présentation du socialisme révolutionnaire européen

Plaquette de présentation de Rébellion et du SRE à télécharger > Plaquette.pdf

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13/04/2006

Les pères du « national communisme » allemand : Heinrich Laufenberg et Fritz Wolffheim

L’expression « National-Bolchévique » est porteuse de nombreuses ambiguïtés, découlant de la mise côte à côte de deux notions totalement opposées en apparence, car servant à définir des expériences politiques souvent très différentes.

Les différentes interprétations du phénomène, loin d’apporter une définition claire, ont entraîné au contraire de nombreuses confusions. Dans le cas d’Heinrich Laufenberg et de Fritz Wolffheim, l’appellation de « National-bolchévisme » leur fut accolée par leurs adversaires pour les décrédibiliser. Les deux intéressés pour leur part ne l’acceptèrent jamais, car elle ne traduisait pas le vrai sens de leur démarche qui est bien plus un national-communisme et nous verrons que la différence est importante.

 La naissance d’un national-communisme

Les deux camarades se rencontrent en 1912, ils ont déjà chacun un long parcours militant éprouvé dans les combats du mouvement socialiste de l’avant-guerre.

Laufenberg est considéré comme un des meilleurs connaisseurs du mouvement ouvrier allemand. Engagé dans les rangs socialistes révolutionnaires, il refuse la ligne réformiste et parlementaire des organisations de gauche de l’époque. Il joue un rôle actif dans la formation révolutionnaire des groupes radicaux d’Allemagne du Nord, en particulier à Hambourg où il dispose de nombreux soutiens. La menace croissante d’une guerre européenne, l’amène à collaborer avec un journaliste fraîchement de retour des Etats-unis, Fritz Wolffheim. Celui-ci a suivi durant plusieurs années l’évolution du syndicalisme américain. Il en est revenu profondément impressionné par son mode d’opération et convaincu de l’obsolescence des anciennes formes d’organisations ouvrières (surtout de la division des tâches purement arbitraires entre une centrale syndicale et un parti d’avant-garde).
Les deux hommes s’engagent résolument contre la guerre, refusant de se rallier à l’ « Union Sacrée »,  qui amena en Allemagne comme en France, la Gauche à s’associer à la vaste folie de la première guerre civile européenne. Si leur activisme contre le conflit les poussa à réclamer la cessation immédiate des hostilités et une paix juste entre les belligérants, ils se montrèrent hostiles à toute forme d’appel au sabotage de la défense nationale, qui pour eux serait faire simplement le jeu de l’impérialisme adverse contre l’impérialisme « national ». On remarquera qu’aucun des deux camarades ne refusera d’être mobilisés et d’aller se battre sur le front.
La période de la guerre verra mûrir chez eux, l’idée que la Nation est un « tout », c’est-à-dire une communauté liée par une culture, une langue mais aussi par l’économie.
Heinrich Laufenberg et Fritz Wolffheim distinguent deux fonctions de l’économie : la première est une fonction d’exploitation, par une minorité, de la majorité et la deuxième est une fonction vitale concernant l’existence de la « Totalité », c’est-à-dire la Nation. Le rôle des socialistes révolutionnaires est de vaincre l’exploitation capitaliste pour que puisse s’épanouir la communauté nationale. Dans le cas de l’Allemagne, ils considérèrent que l’unité nationale menée par la force de la bourgeoisie fut un échec, car n’ayant  pas su faire naître un esprit communautaire commun. Il appartient dès lors à la classe ouvrière de réaliser l’unité allemande autour du principe socialiste.
Dans le contexte de la guerre, le prolétariat, qui a donc une vocation nationale, peut être amené à accepter le fait d’être enrôlé dans une armée « nationale » en dépit du caractère bourgeois de l’Etat. Le prolétariat puisqu’il est la nation doit donc défendre ses intérêts.
Mais la subordination militaire n’est pas une subordination politique, car les buts du prolétariat sont totalement différents de ceux du Capital. Le peuple est l’ennemi des guerres impérialistes : « dès que son propre domaine économique est sauvegardé par la défense de ses frontières, le prolétariat doit prendre parti sans réserve en faveur de la paix ».
C’est dans l’opposition à la guerre que va se forger l’approche nouvelle du socialisme de Laufenberg et de Wolffheim. Elle trouvera son terrain d’application dans les bouleversements qui vont frapper l’Allemagne après l’armistice de 1918. Cette idée nouvelle, c’est celle des conseils ouvriers, à laquelle ils se rallieront dès 1917.
Elle sera l’élément central de leur politique. Les conseils permettant une participation directe du peuple à la décision le concernant, ils permettent de dépasser le jeu parlementaire et de rejeter les organisations bureaucratiques du type des partis et syndicats classiques. Pour les « hambourgeois »,   le centre de la révolution se trouve dans l’entreprise. La forme bureaucratique du parti doit être dépassée et devient une simple structure de propagande au service de l’idée conseilliste.
Cette approche est en totale opposition avec le modèle bolchevique. Elle propose une décentralisation vers la base et une démocratie directe aussi bien dans la lutte que dans la société socialiste du futur. « Si, à l’ère impérialiste, les masses sont l’objet du pouvoir exécutif, écrit Wolffheim, dans le monde socialiste, elles seront le pouvoir exécutif elles-mêmes ».
Ils participent à la fondation de la Gauche radicale, tendance qui regroupe les groupes révolutionnaires du Nord de l’Allemagne. Wolffheim rencontre, en tant que représentant du groupe, les spartakistes berlinois pour préparer l’insurrection de 1918. Il intervient pour qu’elle ne mène pas à une catastrophe générale entraînant le chaos en Allemagne et insiste sur la nécessité que le front ne doit pas s’effondrer. Il s’oppose violemment aux mots d’ordre de désertion en masse lancés par certains chefs spartakistes. 

La Révolution à Hambourg
Le 6 novembre 1918, la révolution éclate à Hambourg et Wolffheim, alors mobilisé sur place, y joue immédiatement un rôle de premier plan. Les soldats mutinés, encouragés par les radicaux de gauche, proclament pour la première fois en Allemagne, la République socialiste. Wolffheim participe à la constitution du « Conseil  des ouvriers et des soldats » qui assurent le contrôle de la ville. De retour du front, Laufenberg est proclamé président du conseil, il a alors conscience que « tout le sort de la révolution européenne repose entre les mains de la classe ouvrière allemande ».

Pour lui dans l’immédiat le devoir des révolutionnaires est de consolider les acquis, les rendre irréversibles et éviter la guerre civile. Il prêche la réconciliation des classes sous les auspices de la révolution socialiste triomphante et insiste pour un retour rapide de la paix.
La socialisation de la société passe pour Laufenberg et Wolffheim par une action progressive de maturation de la conscience prolétarienne. Comme l’écrivait Louis Dupeux « il refuse l’idée que la dictature du prolétariat soit installée dans un seul pays, ni surtout en une seule fois », d’où la rupture future avec le modèle soviétique.
Étape par étape, le véritable socialisme se construit par des mesures concrètes. Les conseils hambourgeois vont ainsi multiplier les mesures sociales (réduction des heures de travail, augmentation des salaires, amélioration des conditions de vie…) qu’ils imposent par la force aux patrons. Ils n’hésitèrent jamais à collectiviser les usines des patrons récalcitrants. Les radicaux de gauche envahissent aussi les permanences des syndicats et distribuent les fonds de ces organisations réformistes aux chômeurs.
Mais la démarche des hambourgeois est aussi pragmatique. Ils tentent de rallier des classes sociales, comme les classes moyennes, que les conséquences de la guerre pousse objectivement vers la classe ouvrière. Il était alors possible de dépasser les anciens clivages, pour réaliser l’unité des classes opprimées, et par là de la nation, autour de la révolution. La notion de Nation prolétarienne en lutte contre les impérialismes fut alors développée par les deux de Hambourg. Elle engloberait l’ensemble des classes laborieuses en excluant la haute bourgeoisie de l’unité nationale. « Les conseils d’usines deviennent, écrit Wolffheim, l’élément du rassemblement national, de l’organisation nationale, de la fusion nationale, parce qu’ils sont l’élément de base, la cellule originelle du socialisme » .
De même, les contacts que Laufenberg et Wolffheim prirent avec les cercles d’officiers n’étaient nullement une trahison de leurs convictions socialistes. Ils visaient à rallier les officiers au service de la Révolution. Surtout au moment où le diktat de Versailles remettait en cause l’intégrité de la nation même. La classe ouvrière allemande se retrouve sous la menace d’un écrasement complet sous la botte du capitalisme anglo-saxon. Ils vont donc rejeter naturellement le Traité et appeler à la constitution d’une « wermarcht  populaire » qui devait reprendre le combat contre l’impérialisme aux côtés de l’armée rouge soviétique. C’est dans ce contexte que furent pris des contacts avec les milieux nationalistes. S’ils éveillèrent un certain intérêt parmi les jeunes officiers, ils devaient se heurter à l’incompréhension de la haute caste militaire, qui laisserait ainsi passer une chance pour l’Allemagne à cause de son vieux fond réactionnaire et anticommuniste. Un chef völkish particulièrement stupide refusa même de recevoir Wolffheim parce qu’il avait des origines juives…
«  La Nation bourgeoise se meurt et la Nation socialiste croît, écrivait Laufenberg. L’idée nationale a cessé d’être un moyen de puissance aux mains de la bourgeoisie contre le prolétariat et se retourne contre celle-ci. La grande dialectique de l’Histoire fait de l’idée nationale un moyen de puissance du prolétariat contre la bourgeoisie».
Leur positionnement ouvertement patriotique, devait leur valoir la haine des spartakistes et des agents du Kominterm, ainsi que les premières accusations de dérives « nationales-bolchéviques ».
Les sociaux-démocrates, devenus progressivement majoritaires au sein des conseils de Hambourg, devaient obliger Laufenberg à démissionner de son poste. Très rapidement la Réaction triomphe, les modérés livrant la ville à l’armée régulière qui liquida la Révolution.

 

La polémique national-bolchévique
 À la suite de la fondation du KPD (Parti Communiste Allemand), Laufenberg et Wolffheim s’y retrouvent brièvement affiliés. Mais la campagne menée contre eux et leurs positionnements Nationaux-bolchéviques amènent à leur expulsion du Parti, suivie de celle de la tendance « gauchiste ». L’opération d’épuration du KPD est menée par l’agent du Kominterm en Allemagne, Karl Radek. Elle aboutira au départ de plus de la moitié des 107 000 membres du parti en désaccord avec la ligne de Moscou.

Laufenberg et Wolffheim appellent alors à la constitution d’un nouveau parti communiste. Ils participent en Avril 1920 au congrès fondateur du KAPD (Parti Communiste Ouvrier d’Allemagne). 
« Le KAPD n’est pas la naissance d’un parti bis, écrit D. Authier dans son recueil de textes conseillistes de l’époque, mais l’auto-organisation des prolétaires radicaux se donnant enfin leur organe autonome. L’ambiance est particulièrement « chaude », les participants ont l’impression de vivre un moment historique : quitter le PC spartakiste, c’est rompre définitivement avec la sociale démocratie ».
Très vite, l’ambiance se détériore au sein du KAPD, le KPD fait pression sur l’organisation pour qu’elle liquide la tendance des hambourgeois. Lénine monte même au créneau dans cette affaire : dans un passage de son livre la « Maladie infantile du communisme » (où il règle ses comptes idéologiques avec les tendances d’ultra-gauche), il dénonce sans vraiment les connaître les thèses des deux de Hambourg. Expulsés du KAPD, ils seront les premiers à dénoncer « le capitalisme d’état » soviétique et la dérive totalitariste du régime imposée par Lénine.
Commencent alors des années obscures, ils fondent une multitude de petits cercles révolutionnaires dont le plus important, le Bund der Kommunisten, ne rassemblant que quelques centaines de fidèles. Laufenberg, malade, se replia vers ses activités littéraires et  mourut en 1932. Niekisch rédigera à son honneur un vibrant éloge funèbre en le revendiquant comme un précurseur du National-bolchévisme.  Il fait de lui le premier National-communiste allemand et se place dans la filiation de son engagement.


Wolffheim trouvera un écho inattendu dans la jeune génération national-révolutionnaire des années 30. Il collabora à la diffusion des idées conseillistes dans les revues Das Junge Volk et Kommenden dirigées alors par K.O. Paetel. Il eut ainsi une importante influence sur le mouvement de jeunesse Bundisch, participant à son orientation anti-capitaliste et à la recherche d’un nouveau lien communautaire au sein de la nation allemande. Mais la montée du nazisme lui sera fatale ; arrêté à cause de ses origines juives, il mourra dans un camp de concentration. Fin tragique d’un homme qui avait mis sa vie au service de son peuple.


Ironie de l’histoire, le KPD va suivre à partir de 1923 une ligne patriotique dans le but avoué de rallier au communisme les classes moyennes et certains milieux nationalistes (avec plusieurs succès notables). Le promoteur de cette ligne ouvertement « national-bochévique » n’est autre que Karl Radek, l’agent de l’Internationale qui avait mené la campagne contre les hambourgeois.

 

L’autonomie ouvrière aujourd’hui
La critique radicale du capitalisme amenée par les conseils ouvriers garde toujours son actualité, le système qui les a écrasés en 1919 domine toujours. Le développement du libéralisme et son extension à l’ensemble du globe met maintenant en danger l’avenir même de l’espèce humaine.

Comme Laufenberg et Wolffheim, nous voulons voir apparaître l’autonomie ouvrière, la révolte prolétarienne débarrassée de la mainmise syndicale et des illusions des partis du système. Nous ne voulons plus voir nos révoltes canalisées, téléguidées et bradées sur l’autel de la paix sociale par les cogestionnaires de notre misère.
Face aux attaques du Capital contre nos conditions de vie, nous appelons à la reprise de la lutte. La dégradation de la situation de la classe ouvrière va de pair avec la paupérisation des classes moyennes, la résistance devient donc une question de survie. Encore une fois, nous ne perdrons que les batailles que nous ne mènerons pas. Ici et maintenant, et plus que jamais, ceux qui vivent sont ceux qui luttent.

> Rébellion n°3 - Novembre/ Décembre 2003

 

Bibliographie :
Jean-Pierre Faye- Langages totalitaires – Edition Hermann.

Louis Dupeux –  Le National-bolchevisme, Stratégie communiste et dynamique conservatrice – Edition H. Champion. L’analyse la plus complète sur le sujet.
D. Authier et G. Dauve- Les communistes de gauche dans la révolution allemande – Les Nuits Rouges. Recueil de textes sur les conseils dont la « révolution à Hambourg » de Laufenberg et « Organisations  d’entreprises ou syndicats» de Wolffheim.
Pierre Broué – Révolution en Allemagne – Edition de Minuit.
Alain Thieme- La Jeunesse « Bündisch » en Allemagne – Collection Jeune Europe.
Christophe Bourseiller- Histoire générale de l’ultra-gauche – Denoël impacts. Le dernier paru sur le sujet
 

28/10/2005

Pour une ligne de front anticapitaliste

[Rébellion n°12 Mai/Juin 2005]

Ceux qui nous ont lu correctement, savent qu’à Rébellion nous goûtons peu les pièges du paradis « démocratique » du capital et sommes peu enclins à participer aux initiatives des vastes rassemblements interclassistes dont celui-ci a besoin pour se survivre à lui-même (depuis les Fronts populaires du passé, en passant par l’union de la Gauche jusqu’au conglomérat actuel de l’altermondialisme et de l’idéologie citoyenniste). Ces impasses historiques constamment réactualisées par le discours sur l’opposition droite/gauche, semblent néanmoins avoir du plomb dans l’aile pour la période qui s’annonce. Malgré tous les efforts déployés par les officines du système afin de maintenir un rapport fantasmatique à la réalité sociale (spectre du fascisme, du terrorisme, de l’islamisme etc.) afin de paralyser toute critique radicale du capital, les clivages politiques habituels commencent un tout petit peu à se fissurer. Déjà la question référendaire traverse et divise tous les courants politiques traditionnels, ce qui en soi n’est pas une grande surprise. Ce qui est plus significatif est le développement de la discussion sous-jacente à ce phénomène : quel modèle de société adoptons-nous ? De quelle Europe parlons-nous au sein d’un monde soumis au processus de mondialisation ? Par ricochet toutes les questions en viennent à se rejoindre et le lien est clairement fait avec la politique mondiale dominée par les Etats-Unis.

La référence exclusive à la libre concurrence dans le projet de constitution européenne (plus de 140 fois dans le texte) à laquelle plus rien ne pourrait ainsi échapper met en exergue le choix de société sur lequel il faut se prononcer. Chacun est ainsi mis au pied du mur, à tel point qu’au sein même de la « droite », certains hommes politiques se déclarant néanmoins libéraux en viennent à contester cette hégémonie définitive et sans partage de l’idéologie ultra libérale. A gauche, certains tirent la leçon de la pratique sociale démocrate au pouvoir, puisque celle-ci s’est globalement résumée- comme on aurait dû s’y attendre- à une gestion des affaires du capital, c’est-à-dire des délocalisations et de la mondialisation, assortie de bons sentiments et de discours à prétentions humanistes pour faire accepter la triste réalité. En conséquence, l’altermondialisme apparaît au mieux comme une énième illusion concernant la façon d’humaniser le capitalisme et au pire comme une stratégie de ce dernier afin de contenir le mécontentement à son égard. Dans cette optique, la critique radicale des présupposés du système revient au devant de la scène avec un sérieux que l’on avait oublié depuis longtemps.

Pour ce qui concerne le thème de l’Europe, même si les clivages subsistent entre souverainistes et européistes, la question posée donne à réfléchir sur notre destin de civilisation et sur notre ancrage en celle-ci. En filigranes apparaît l’interrogation sur les limites de l’Europe, avec la perspective mondialiste d’adhésion de la Turquie. Nul ne se présente sérieusement comme étant indifférent à la richesse du patrimoine européen et de surcroît une conscience commune des liens unissant les peuples européens commence à se dessiner. C’est même pour défendre l’identité de l’Europe que certains se déclarent hostiles à la Constitution (position de Rébellion bien évidemment). Son cadre libéral disloquant les quelques acquis sociaux obtenus de longue lutte ne saurait satisfaire ceux rejetant l’hégémonie du capital. Face à la volonté de la bourgeoisie de sacrifier l’Etat Nation qui lui avait servi de cadre pour se développer (mais aussi de cadre de résistance de la part des travailleurs), la nostalgie à l’égard de ce vieux schéma peut apparaître comme n’étant plus de mise et induire une recherche de voie originale dans l’optique de la remise en question du système.

Enfin, les évènements internationaux où il ne faut pas être grand clerc pour saisir l’offensive mondiale des Etats-Unis afin de dominer la planète, donne à penser sur le poids de l’Europe dans le jeu géopolitique. Là également, le texte constitutionnel est sans ambiguïté, puisqu’il arrime totalement la politique européenne aux intérêts otanesques, soit, en clair, aux intérêts de la puissance étasunienne. Cela permet, en fonction de tout ce que l’on peut observer dans le monde (occupation de l’Irak, diabolisation des pays réticents, encerclement de la Russie) de se déterminer par rapport à l’hyperpuissance et de désigner l’ennemi : la plus grande puissance capitaliste du monde à l’égard de laquelle l’Europe ne peut que s’opposer conjointement avec d’autres peuples en lutte. Mais cela ne pourra réellement se faire qu’en montrant l’exemple d’un autre type de société que nous qualifierons de socialiste.

Ces axes que nous venons d’esquisser nous semblent déterminants pour l’avenir. Certaines convergences, malgré les désaccords sur tel ou tel point, sont à l’ordre du jour, échappant ainsi au carcan idéologique que le pouvoir impose subtilement à tout un chacun. En particulier, la dichotomie droite/gauche est-elle largement désuète eu égard aux fondements sur lequel elle était sensée reposer. Certains en sont venus à raisonner comme si s’affrontaient deux essences éternelles incarnées par le processus historique, oubliant de ce fait que la politique a une dimension d’artifice consistant à redéfinir en permanence un fragile équilibre entre des pratiques humaines souvent contradictoires. On doit effectivement faire des choix, mais pas entre des essences supra humaines. Il s’agit d’évaluer les répercussions de tel ou tel choix politique quant à ce qui concerne le bien commun. Le libéralisme tous azimuts est désastreux à tous égards, l’immigration qui l’accompagne en est un effet collatéral par exemple. Inutile de se cacher la vérité en s’abritant derrière de fumeux principes, véritables essences métaphysiques appliquées abusivement à la politique. Là-dessus des esprits sensés peuvent bien s’accorder. De fait, on commence à comprendre cela et se présente ainsi l’opportunité de faire éclater les clivages dépassés au sein de l’univers politique. Une ligne de front se dégage peu à peu du sein des brumes idéologiques : c’est la ligne de front anticapitaliste débarrassée des vieux oripeaux qui jusqu’à maintenant ont stérilisé toute tentative de venir à bout du processus de la domination de la valeur dans la pratique sociale des hommes.