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24/02/2014

Sur le Front de la Quatrième Guerre Mondiale

 

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La dernière traduction et parution en français d'un livre de Costanzo Preve a coïncidé avec la disparition de l'auteur. Au delà de la perte d'un ami nous voilà privés de la contribution d'un philosophe pour lequel la réflexion se nourrissait d'une confrontation avec les enjeux politiques de notre temps, ce dont témoigne l'ouvrage " La Quatrième Guerre Mondiale" (1) paru en Italie en 2008, véritable essai historico-philosophique sur la trajectoire du capitalisme moderne depuis la période de la première guerre mondiale jusqu'à nos jours. En effet, l'intérêt du livre réside dans la démarche de l'auteur consistant à se demander où nous en sommes et ce que nous pouvons faire, si l'on considère notre temps comme celui où dans un monde "post-bourgeois" et "post-prolétarien", domine "le capitalisme absolu". Cette nouvelle ère s'est ouverte lors de la disparition de l'URSS en 1991 mettant fin à la troisième guerre mondiale (guerre froide), laissant place à la quatrième guerre mondiale conduite par les Etats-Unis et ses alliés contre "le terrorisme international", c'est-à-dire contre tout ce qui n'est pas eux... Constanzo Preve interprète librement le mot de Poutine selon lequel cette disparition fut "la plus grande tragédie de l'histoire du 20° siècle". Il faut caractériser chacune des grandes guerres ayant émaillé les cent dernières années de l'histoire du capitalisme. La spécificité de l'analyse du philosophe turinois repose, en grande partie, sur la lecture géopolitique qu'il fait de celle-ci. Cette lecture n'est pas un modèle parmi d'autres possibles, choisi arbitrairement afin d'attirer l'attention d'un public universitaire. En réalité, elle nous apparaît comme étant nécessaire à la compréhension du déploiement du capitalisme. La "globalisation" de celui-ci est le renforcement extensif/intensif du rapport social initialement analysé par Marx ( reproduction élargie du capital, procès croissant de valorisation). Si Lénine pouvait parler de l'impérialisme comme étant son stade suprême de développement, il pouvait légitimement, selon nous, le définir ainsi à son époque puisque les nations capitalistes dominantes en étaient arrivées dans la course au partage du marché mondial, à la situation où allait éclater l'oecumène capitaliste d'alors ; en l'occurrence, le rapport de forces géopolitique européen (dominant la géopolitique mondiale) s'instaurant au détriment des empires austro-hongrois et ottoman éliminés en tant que tels avec à la clef un nouveau partage des colonies, des débouchés commerciaux et stratégiques et un nouveau redécoupage des frontières étatiques européennes. A partir de là, les Etats-Unis prennent le devant de la scène en devenant l'acteur principal de la réorganisation géopolitique du système capitaliste. Sans entrer dans les détails de l'ouvrage riche en enseignements de cet ordre, tirons la leçon selon laquelle les Etats-Unis ont unifié le monde occidental et ses dépendances sous le modèle atlantiste (deuxième guerre mondiale avec élimination des prétentions impérialistes des puissances de l'Axe, occupation économique et stratégique de l'Europe occidentale et d'une partie de l'Asie). Il s'agit là d'un basculement dans l'équilibre des impérialismes avec l'effacement de la domination des nations impérialistes plus anciennes se mettant de gré ou de force à la remorque de l'oncle Sam. La mystification démocratique s'impose militairement et idéologiquement alors en se cristallisant autour de la question de la guerre froide (troisième guerre mondiale) bipolarisée et perdue comme on le sait par l'URSS et ses alliés. A ce moment-là, la course au triomphe des forces atlanto-sionistes s'accélère et se traduira, entre autre, par l'agression contre l'Irak et l'ex-Yougoslavie et la tentative de démantèlement de la puissance eurasienne russe fort heureusement contrariée par le sursaut de celle-ci. En conséquence, le stade suprême du capitalisme est bien l'impérialisme se réalisant géopolitiquement pour atteindre actuellement  au "capitalisme absolu" (concept de Preve). Ce stade suprême ne saurait être un achèvement définitif  de sa nature, dans le temps ni dans l'espace (fantasme idéologique illusoire) mais un effort d'emprise, de domination expansionniste messianique sur le monde, s'exerçant par la course à la suppression de toutes limites quelle qu'en soit leur nature (économiques, politiques, morales, sociétales etc.). C'est le cœur de la quatrième guerre mondiale.

   Pour simplifier la question, il est possible d'insister sur un premier axe d'explication visible par tous mais qui néanmoins n'apparaît pas clairement dans les consciences pour ce qu'il est. C'est la domination géopolitique des Etats-Unis sur le reste du monde par des moyens militaires utilisés directement par eux ou par leurs alliés, en particulier les forces euratlantistes (la France en fait partie). Cet usage de la force entraîne le monde toujours plus près de situations conflictuelles potentiellement fort explosives et capables de dégénérer en des guerres de grande ampleur (Syrie, Iran, par exemple). Chine et Russie ne sont plus disposées à assister en spectatrices au triomphe unipolaire de l'Empire global. Cela impose aux européens de trancher au sein de l'alternative   euratlantisme/eurasisme. "L'euratlantisme par lequel les Etats-Unis tiennent l'Europe dans leur orbite n'est qu'un élément d'une stratégie géopolitique globale plus vaste, complexe et articulée." (2). Partout, en effet, la superpuissance impérialiste utilise les instruments  adéquats afin d'attiser le chaos dans le monde afin d'asseoir ses objectifs (3). La question pratique, pour nous, est de savoir comment nous pourrions renverser ce rapport de force sur notre continent en donnant corps à l'orientation eurasiste. Nous avons souvent insisté sur le fait qu'il est nécessaire de faire le lien entre les aventures impérialistes et les soubresauts inhérents aux contradictions du mode de production capitaliste. L'enchaînement des travailleurs aliénés, à celui-ci, relève du même processus conduisant à la lutte impérialiste pour la domination mondiale, aux positionnements géostratégiques et géoéconomiques (mise à disposition totale des ressources de la planète afin de perpétuer le capital sur un mode de reproduction toujours plus élargie).

   Le second axe d'analyse réside en "son aspect idéologique et culturel" (4). Preve reprend à son compte la définition marxienne de l'idéologie comme fausse conscience/ légitimation de la réalité inversée dans son mode d'apparition avec, néanmoins, cette précision d'ordre historique selon laquelle le mensonge utilisé afin de couvrir l'entreprise de domination est devenu dans le contexte de la quatrième guerre mondiale, un mensonge manifeste sans même un quelconque effort pour le crédibiliser comme cela était encore le cas par le passé. L'agression de l'Irak, de l'ex-Yougoslavie, de la Libye etc., se justifia par des motifs véritablement incroyables qui furent données d'emblée comme relevant de vérités indiscutables (de fait militairement imparables). L'aspect culturel de la question, quant à lui, est fondamental. Le philosophe transalpin le définit d'une façon assez large comme "le fait d'imposer une unique grammaire 'standardisée' des formes de vie, qui s'accompagne d'une colonisation générale progressive, comme 'par capillarité', de la vie quotidienne." (5). Cette hégémonie culturelle propre au capitalisme absolu est représentée par une caste intellectuelle se posant, grâce au cirque médiatique, en modèle de ce qu'il est convenu de penser et de faire (6). A ce stade de la réflexion, il est nécessaire de penser adéquatement la spécificité de la quatrième guerre mondiale sachant que "le projet hégémonique du nouvel empire américain se fonde sur une homogénéisation oligarchique et plébéienne de l'humanité toute entière." (7). Au sommet, en prenant le modèle d'un cône, des oligarchies culturellement unifiées et communiant dans les valeurs libérales, exhibant spectaculairement leur turpitude ;  "au milieu, une new global middle class elle-même unifiée par les styles de consommation touristique alimentaire et musicale ; et en bas une immense plèbe..." (8). Pour résister au triomphe de ce scénario post-bourgeois et post-prolétarien, l'auteur affirme avec raison qu'il faut abandonner le clivage périmé Droite/Gauche au profit du clivage euratatlantisme/eurasisme. Néanmoins, "les conditions de 'réorientation gestaltique' de masse" vers cette prise de conscience ne sont pas encore mûres.

   Le problème nous est clairement posé : nous savons ce qu'il ne faut pas faire et ce qu'il est urgent de dénoncer. C'est déjà un grand pas que d'échapper aux mystifications. La difficulté pratique est de savoir comment donner corps et force à l'eurasisme et à la perspective multipolaire. Costanzo Preve nous invite à ne pas "chipoter", à être géopolitiquement derrière Poutine, par exemple. Nous lui accorderons volontiers cela. Pour aller plus loin, nous n'en savons pas plus que lui quant à l'issue de cette confrontation planétaire. Par contre, nous pensons qu'un des fronts - et pas le moins essentiel - de cette guerre mondiale, se situe dans la guerre sociale que les travailleurs conduisent encore trop modestement sur le front de classe. Le prolétariat traditionnel ne renaîtra, certes pas, de ses cendres mais la majorité des salariés exploités/aliénés n'a aucun avenir supportable dans le système capitaliste. Effectivement, l'oligarchie dominante sait jouer de la bassesse de certaines passions humaines afin de maintenir la plèbe à sa place. Alors, suscitons le rejet de la marchandise, de la valeur et du salariat, et la passion pour la réalisation de la communauté humaine.

Rébellion

Notes :

1) Editions Astrée 2013. 216 p. 22,50 euros.

www.editions-astree.fr

2) p. 194.

3) Nous pensons en particulier aux ingérences plus ou moins indirectes, suscitées par les Etats-Unis et leurs alliés, dans les pays qu'il s'agit de faire basculer dans l'orbite atlantiste. Au nom de la démocratie, de véritables coups d'Etat sont appuyés soit en armant directement des bandes rebelles soit en finançant et organisant des pseudo révolutions. C'est le cas depuis quelques semaines en Ukraine où l'Occident soutient les exactions commises par des  factieux d'extrême droite présentées par les medias comme étant des démocrates européistes aspirant à vivre dans le giron paradisiaque de l'UE. Au mieux, le reste des manifestants est constitué de naïfs imbéciles croyant aux sornettes euratlantistes. Mais le prolétariat ukrainien ne suit pas...

4)  Ibid. p. 195.

5)  Ibid. p. 196.

6) Ceux que Preve appelle "les bouffons de cour de l'aristocratie impériale" et "les eunuques du Palais" ont eu récemment l'occasion de manifester leur pouvoir de nuisance mis au service de l'extrémisme sioniste à l'occasion de l'affaire Dieudonné. Tout peut être objet de dérision de nos jours, y compris dans les termes les plus obscènes dont ne se privent pas d'user les pitoyables humoristes de la scène médiatique, hormis le tabou faisant l'objet du nouveau culte planétaire, le mysterium tremendum contemporain (a). Celui qui fait figure de profanateur est alors désigné comme bouc émissaire sur lequel peut se déverser l'ire du vulgum pecus, procédé initiant une catharsis nécessaire au déchaînement de violence symbolique ou réelle afin de purger les passions humaines aliénées au règne de la marchandise, de la monnaie et du salariat. Accessoirement est renforcé mécaniquement le caractère intangible de la politique sioniste. Sur la scène contemporaine libertarienne, des mesures liberticides concernant la liberté d'expression ont été diligemment imposées par l'appareil d'Etat capitaliste. Le ridicule de telles gesticulations étatiques est néanmoins perçu de mieux en mieux par de nombreux citoyens. La quenellophobie atteignit des sommets himalayens, mettant d'ailleurs en danger la gastronomie française ; imaginons un maître queux créatif proposant à son menu de l'ananas chaud à la quenelle, son lynchage serait assuré! Le programme de rééducation des esprits et d'imposition du Novlangue imaginé par Orwell dans "1984" se réalise sous nos yeux.

a) Deux règles essentielles pour nous : premièrement une théorie scientifique doit être falsifiable, c'est-à-dire ouverte, par le langage qu'elle adopte, à la critique et à des efforts la contredisant pour la renverser (c'est le très libéral Popper qui l'écrivait). Depuis quand la validité de l'histoire en tant que science est-elle évaluée par une cohorte de politiciens incompétents en la matière? Toute l'histoire humaine a été parcourue de tragédies, la modernité capitaliste leur a apportées sa puissance et sa barbarie technique.  Deuxièmement, c'est le bouleversement et la disparition du rapport social capitaliste qui rendra impossible toute légitimité à l'impérialisme sioniste (et à quelque impérialisme que ce soit) et jusqu'à son existence même.

7) Ibid. p. 203.

8) Ibid. p.204-05.

08/09/2013

Sortie du numéro 59 de la revue Rébellion

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Au sommaire :

- Editorial : Désordem e Progresso 

Réflexion : La révolution à déjà commencé. 

- Le complexe de la Droite.

-La connerie pour tous.

- Que des ennemis à Droite. 

Analyse : Splendeur et misère de l'anticapitalisme de Gauche. 

Histoire : Il y a 20 ans, un appel à la résistance ( JP Cruse- Vers un Front national) 

Philo : La politique comme un art. 

Entretien : Louis Dalmas, les fossoyeurs de l'Occident. 

Chroniques livres. 


Le numéro est disponible contre 4 euros à notre adresse : 

Rébellion c/o RSE BP 62124  31020  TOULOUSE cedex 02 

 

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26/07/2013

Libre Journal de Pascal Lassalle : Perpectives eurasistes !

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Samedi midi vous êtes pris!
Pascal Lassalle, en solo pour cette émission estivale exceptionnelle, recevra Alexandre Douguine, altière figure du néo-eurasisme, accompagné de sa fille Dari Douguina, directrice du projet "Alternative Europe" et de Louis Alexandre, membre de la rédaction de la revue "Rébellion" pour aborder les perspectives ouvertes par la vision du monde eurasiste (sortie du livre "L'appel de l'Eurasie" aux éditions Avatar) et le concept porteur de "quatrième théorie politique".

Bonne écoute!

02/03/2013

Entretien de Rébellion avec Que Faire ?

 

La revue Rébellion a fêté ses 10 ans ! Une décennie de combat contre le système sous toutes ses formes. L’occasion pour QUE FAIRE d'interroger l'équipe qui pilote le journal...

QUE FAIRE : Actuellement, Rébellion c'est une équipe de combien de rédacteurs ? D'abonnés ? De lecteurs ?

Louis Alexandre : En 10 ans, nous n'avons pas chômé. L'équipe de rédaction est constituée de quelques camarades présents depuis l'origine qui assurent bénévolement les indispensables tâches militantes permettant à Rébellion de poursuivre sa lutte.

Sans cette équipe, le journal n'existerait pas. Peu de personnes savent la masse de travail que représentent la rédaction et la collecte des articles, la maquette, la gestion de l'impression et de la diffusion, le secrétariat d'une revue.

Mais je pense que cet engagement est payant. Pas de manière vulgairement matérielle, mais par le simple fait qu'il nous tire vers le haut. Il nous fait dépasser joyeusement nos limites dans une aventure qui est un pied de nez aux bien-pensants. Tout donner pour une cause, sans rien attendre, apprend l'humilité, la persévérance et le courage. Tout cela avec le sourire et en ne se privant jamais de rire …

Nous avons conservé l'esprit d'origine dans le fonctionnement de la rédaction. C'est-à-dire que les articles issus du travail des membres de la rédaction restent collectifs et anonymes, selon le principe de « l'impersonnalité » de l'action et de la réflexion qui nous est cher.

Nous avons aussi ouvert nos colonnes à des «compagnons de route» comme les talentueux Thibault Isabel, David L'Epée, Charles Robin, Michel Thibault, Arnaud Bordes et à un certain Terouga que vous connaissez peut-être à «Que faire ?». Ils ont profondément enrichi notre revue.

En conservant notre indépendance, nous sommes parvenus à faire progresser notre diffusion. A l'heure actuelle, nous en sommes à plusieurs centaines de numéros vendus à chaque livraison et notre lectorat est vraiment très riche. Ce résultat, nous le devons surtout à une communication ciblée et à l'existence récente de nouveaux réseaux de diffusion «dissidents» (comme les sites Kontre Kulture et Scriptoblog/le Retour aux Sources ou des médias comme Méridien Zéro).

Nous avons lancé une vaste campagne d'abonnement pour nos dix ans. C'est notre priorité à l'heure actuelle, car c'est la seule garantie pour nous, de poursuivre notre développement. Pour donner un chiffre, nous sommes presque parvenus à rassembler les 150 abonnés de plus que nous nous étions fixé d'atteindre en septembre.

 

QUE FAIRE : Il y a dix ans, quels étaient les objectifs de la revue ? Vous avez obtenu quelles réussites ? Quels échecs ?

Jean Galié : L'objectif que nous poursuivons était clairement énoncé dès la parution de nos premiers numéros. Il s'agissait de faire de la revue un noyau théorique solide afin d'impulser une dynamique de regroupement des intelligences et des volontés autour de l'objectif de la critique radicale, sans concessions, de la domination du capital.

Cela devait se faire en-dehors des organisations politiques existantes dans lesquelles nous ne nous reconnaissions pas. Autant faire l'effort, pensions-nous, de produire notre propre théorie critique plutôt que de suivre des formations à propos desquelles nous aurions nourri des doutes ou de la méfiance. Il ne faut pas nécessairement désirer se relier à quelque chose pour s'illusionner et se rassurer ; évidemment cette voie est plus difficile. Nous reprenions l'idée de Lénine, en la transposant et l'aménageant dans un nouveau contexte, selon laquelle un journal peut devenir une référence en attendant la constitution d'un pôle politique plus structuré et militant. `

L'histoire ne nous a pas donné tort si l'on veut bien considérer le fait que depuis cette date, la crise du système s'est approfondie et que les diverses organisations politiques existantes ne font que tourner en rond et répéter des recettes surannées. Par ailleurs, on voit bien que le prolétariat n'adhère pas massivement à celles-ci malgré son mécontentement profond. Quant aux groupes plus marginaux qui annoncaient qu'ils allaient tout bouleverser, ils ne furent qu'un feu de paille à la hauteur d'engouements éphémères.

En conséquence, il ne nous semble pas nous être égarés. La pérennité de la parution régulière de la revue est déjà une réussite puisqu'elle témoigne de l'existence d'un lectorat régulier et/ou se renouvelant. Le fait que des esprits intelligents tiennent compte de ce que nous écrivons et collaborent plus ou moins régulièrement à notre travail est également un indice positif.

Quant aux échecs, sans vouloir nous dédouaner de nos imperfections, ce qui est le plus important réside dans le fait que comme l'écrivait Hegel, on ne peut être mieux que son temps mais au mieux son temps. Il est douloureux de le constater, mais la majorité des exploités reste comme frappée de stupeur, encore trop amorphe face aux attaques incessantes qu'elle subit de la part d'une classe dominante hyper-active dans la poursuite de ses intérêts.

Dans ces conditions, il est difficile d'impulser une orientation vers une lutte réelle et frontale contre les conditions sociales existantes en intervenant au sein des luttes sociales. Ne serait-ce que diffuser une simple revue relève de l'exploit lorsqu'on ne dispose pas de relais médiatiques. En un sens, ce phénomène prouve que nous ne participons pas du spectacle marchand contemporain. Nous ne voulons pas accéder à une notoriété spectaculaire, pour autant nous ne répugnons pas à rendre publiques nos idées, nous y travaillons modestement.


QUE FAIRE : Avec la revue il y a l'Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne, l'organisation s'est-elle développée aussi ?

Louis Alexandre : L'OSRE est un chantier en construction permanente. Nous sommes une petite équipe et nos moyens ne peuvent malheureusement pas se démultiplier. Nous sommes donc réalistes et axons notre travail sur des campagnes ciblées (comme notre lutte contre le capital et l'Otan en Europe par exemple) et nous cherchons à nous implanter durablement sur plusieurs villes (comme Toulouse, Nice ou Paris par exemple) .

Dès lors, l'OSRE est un «squelette» qui sert à structurer notre réseau. Son nom résume son rôle, une organisation pour renforcer les luttes menées pour le SRE.


QUE FAIRE : Quelles relations avez-vous avec les autres "opposants" au système ? Extrême droite ? Extrême gauche ?

Jean Galié : Les relations avec d'autres organisations dépendent du fait de leur réelle opposition au "système". Nous pouvons sur tel ou tel point important collaborer à une campagne allant dans le sens d'une dénonciation de l'offensive du capital (l'anti-impérialisme, par exemple). Pour nous, le critère déterminant est celui de l'authentique dénonciation de la pratique et de l'idéologie du capitalisme. Il y a aussi des échanges de presse pour ceux qui sont intéressés par nos travaux.

Pour ce qui concerne la question des deux "extrêmes" que vous évoquez, elle devrait être traitée selon les mêmes critères mais nous tenons à préciser que cette classification nous paraît obscure et relever plutôt d'une simplification outrancière générée par les besoins idéologiques du système. La grille de lecture couramment utilisée à cet effet relève plus du fonctionnement du moulin à vent (paroles du verbalisme ambiant) confusionniste que d'une approche rationnelle du phénomène. Ce qui est essentiel reste à nos yeux, le combat pour la création de la communauté humaine libérée des chaînes du travail salarié et du capital. Disons qu'à cet égard, existent au sein du manège entretenu par la classe dominante, une gauche et une droite avec leurs extrêmes... du capital.


QUE FAIRE : Souhaitez-vous des changements dans la revue ? Dans la forme ? Dans le fond ?

Louis Alexandre : Même si Rébellion est aujourd'hui une revue de qualité reconnue, nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Nous savons que nous devons suivre les évolutions des nouvelles technologies et être à l'affut de nouveaux terrains de diffusion.

Nous avons toujours à l'esprit d'améliorer la qualité et la lisibilité de la revue. Il apparaît aussi important de définir une ligne claire et compréhensible pour remporter l'adhésion d'un plus large public. Nous avons entrepris voici dix ans un important travail de renouveau idéologique qui est arrivé à sa pleine maturité. Il nous faut donc le diffuser et le rendre porteur sur le terrain.

Il reste une multitude de thèmes que nous souhaitons aborder d'un point de vue nouveau. Rébellion vous (et nous) réserve encore des surprises.


QUE FAIRE : Quels retours avez-vous de votre lectorat ? Y a-t-il des déceptions ? Des révélations ? Des malentendus ?

Louis Alexandre : c'est justement l'objet d'une large enquête que nous avons lancée voici un mois. Notre revue avait besoin de mieux connaître ses «nouveaux lecteurs» et leurs attentes. Nous sommes en train de dépouiller les premiers retours actuellement. Nous rendrons compte en détail de cela dans les pages du bulletin interne de notre structure, «Rébellion-infos».

Mais déjà nous pouvons dire que les retours sont positifs et encourageants. Nous assistons à un important renouvellement de nos lecteurs et à l'apparition d'un esprit particulier parmi son lectorat.

Dire que la presse est en crise est une erreur. C'est la presse du système aux idées creuses qui meurt, mais aussi les publications «dissidentes» enfermées dans leurs visions sclérosées qui tournent en rond. Il y a un loi darwinienne en matière politique, «seuls les meilleurs survivent et propérent». Une revue qui ose et qui innove aura de l'audience. Rébellion fait pour sa part le pari de faire confiance à ses lecteurs pour porter son message révolutionnaire au plus grand nombre.

Jean Galié : Les malentendus - lorsqu'ils ne sont pas intéressés, télécommandés - peuvent toujours exister. Ils relèvent, nous semble-t-il, de la difficulté que certains ont de lire ce qui est réllement écrit et non ce qu'ils s'imaginent que nous écrivons. C'est un symptôme de l'atténuation voire de la disparition contemporaine de la pensée critique capable de s'élever au-dessus de l'apparence mensongère de la réalité aliénée. Il y a recul de la capacité à conceptualiser et pour critiquer il faut aussi être capable de dialoguer. Heureusement, il arrive également que nous ayons été bien lus et compris ; parfois cela laisse apparaître de réelles convergences d'analyse. Cela prouve que notre démarche n'est pas vaine.


Source : http://quefaire.e-monsite.com

 

19/01/2013

Sortie du Rébellion 56

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Au sommaire du numéro : 

Editorial : Réflexion en écho à celle d'un philosophe transalpin

Actualité : la rébellion des peuples européens. 

Idées : Penser le libéralisme par Charles Robin. 

L'Odyssée de la crise. 

Entretien avec Francis Cousin : L'Etre contre l'Avoir. 

Esprit Libre : La liberté d'expression ne se demande pas. elle se prend !

Entretiens avec Arnaud Guyot-Jeannin et Javier R. Portella

Polémique : Retour sur la pensée de Richard Millet. 

Culture : Les illusions de la contre-culture par David l'Epée. 

Chroniques livres. 

 

Le numéro est disponible contre 4 euros à notre adresse : 

Rébellion c/o RSE BP 62124  31020  TOULOUSE cedex 02