17/09/2010
Le symptôme d'une époque en crise. Eléments pour une pensée authentiquement rebelle
Article paru dans le numéro 41, Mars/Avril 2010, de Rébellion
Notre entreprise coïncide avec le début du 21° siècle et l'épuisement des schémas idéologico-politiques du siècle précédent qui tentent, néanmoins, de se survivre à eux-mêmes sous l'étiquette du clivage droite/gauche. Ce qui ne signifie, d'ailleurs pas, que celui-ci va disparaître de si tôt puisqu'il est au cœur d'un dispositif central de représentation nécessaire à la défense du Système.
Pour autant, il ne s'agit pas pour nous de faire du "nouveau" à tout prix. Les personnes qui se veulent des « innovateurs » en politique recyclent souvent les anciennes lubies avec un mauvais maquillage de marketing moderne. Nos références sont claires : elles s'inscrivent dans une longue tradition de rejet de la domination historique de l'économie marchande, puis de celle croissante du capital. Ce rejet a pris la figure du socialisme au 19° siècle et s'est cristallisé de manière théorique et radicale dans l'expression ouvrière du communisme révolutionnaire. Nous nous référons ainsi au riche héritage du socialisme, en lui ajoutant l'importante contribution de Karl Marx et Friedrich Engels(et plus largement aux penseurs et courants nés de leur apports théoriques comme G. Lukacs, Guy Debord ou C. Castoriadis).
Il ne s'agit pas non plus d'un énième « retour à Marx » qui signifierait que la théorie communiste serait enfin devenue adéquate à son idéal (ce qui n'a d'ailleurs pas de sens pour Marx lui-même "le communisme est le mouvement réel qui abolit les conditions existantes"). L'auteur du Capital à toujours insisté sur le fait que son analyse de la réalité ne relevait pas d'une théorie abstraite, mais de l'étude des conditions réelles et objectives de l'existence humaine. En effet la théorie révolutionnaire naît du sol des questions pratiques que se posent les hommes au cours de leur lutte historique et non d'une sphère autonome propre aux préoccupations d'intellectuels plus ou moins idéologues.
Nous sommes un "symptôme", c'est-à-dire l'expression de la crise profonde rencontrée par le système capitaliste au stade du parachèvement de sa domination réelle sur tous les aspects de la vie sociale (appelée communément "mondialisation"). Le capitalisme ayant réalisé sa dynamique de domination totale, il se retrouve face à sa propre impasse en tant qu'il ne peut même plus assurer un semblant de développement cohérent pour l’Humanité.
L'essence du capital, est la mondialisation; il est la réalisation effective du devenir-monde de l'économie mondiale. Son but ultime - inhérent au cycle de la valorisation - se traduit dans la représentation idéologique dominante signifiée par le vocable de "mondialisme". Celui-ci est l'expression du fatalisme idéologique de toutes les classes dominantes prises de vertige face aux exigences de la loi du taux de profit. Le mondialisme est le « confort mental » que se donnent les classes dominantes (et l'oligarchie politique chargée de les représenter) dans un monde qu'elles ne maîtrisent plus. C'est le "destin" de la loi du taux de profit d’être une course débouchant sur le vide existentiel et le chaos social.
" Malheureusement" pour le capital, celui-ci n'a pas réussi à éradiquer toute mémoire historique de des moments de lutte et de contradiction d'où émergèrent les consciences concevant sa critique radicale et la nécessité de dépasser les contradictions aliénantes de l'existence humaine. En produisant l'hégémonie de l'économie sur la vie sociale, le capital produit corrélativement le prolétariat. Pour autant, plus aucun lien organique - comme dans les anciennes structures communautaires - ne le lie à l'être social ("Gemeinwesen" chez Marx). De là, la possibilité pour le prolétariat de se nier en tant que classe objet du capital, tout en niant la nécessité de l'existence pérenne de celui-ci. La conscience révolutionnaire suivant des phases d'avancée et de recul au cours de l'histoire, est l'expression de cette voie réelle de dépassement de l'aliénation sur laquelle le prolétariat a eu parfois l'audace de s'engager.
Comme tout symptôme, notre action traduit une souffrance face à un monde devenu fou. Mais cela n'est somme toute qu'un signal de nécessité de remise en ordre de ce qui doit l'être. Le réductionnisme de la machinerie capitaliste échouerait-il? L'instrumentalisation-manipulation des êtres rencontrerait-elle un obstacle? Oui, si nous pensons qu'il existe une essence de l'homme que Marx, d'ailleurs, situait sur le plan d'une ontologie de l'être social. Marx traite de la vieille question philosophique de "l'être", tant sur le plan de la nature de la connaissance humaine et de ses avancées, que des relations pratiques que les hommes entretiennent entre eux et avec la nature comme deux versants dialectiques de la même instance agissante; c'est cela que l'on peut qualifier d'ontologie de l'être social.
On sait l'attachement de celui-ci envers l'idée aristotélicienne de l'homme comme animal politique. Il faut préciser qu'il ne s'agit pas dans la pensée marxienne de cerner une abstraction morte, ossifiée, d'une essence humaine mais au contraire de se référer à la praxis humaine et à ses diverses métamorphoses. Il y a bien là une question ancestrale de fondement, coeur de toute réflexion philosophique authentique. Il faut, afin de l'analyser, prendre le problème sous l'angle de la réalité imposée par le capital. Globalement, ce dernier entrave la praxis humaine, l'existence et le développement même des hommes vers sa plénitude.
Cela peut sembler étrange comme proposition, dans un monde pris de frénésie et où tout semble constamment "bouger". Tout aussi paradoxalement pourrait-on affirmer que le capital tend à faire disparaître toute relation sociale dans un monde, en effet, où tout le monde semble être en contact (virtuel) avec tout le monde. Mais il n'y a dans cette apparence qu'une inversion spectaculaire aliénante. L'inversion qui traduit la perte de l'essence, dit autrement, la paralysie de toute praxis autonome constituant les multiples communautés humaines. Elles sont actuellement quasiment vidées de toute substance vive autre que celle des exigences de la marchandise : ce que Marx désigne sous le concept de réification. Dit encore autrement, l'homme produit ce qui n'est pas lui, bien que la source en soit encore lui! Le capital, c'est la contradiction faite homme au sens de contradiction bien réelle au coeur de l'homme réel.
Alain de Benoist décrit particulièrement bien cette décomposition des liens humains et sociaux dans un « présent virtuel : « La société à l’ère de la mondialisation est une « société liquide », où les relations, les identités, les appartenances politiques et même les catégories de pensée deviennent à la fois polymorphes, éphémères et jetables. Les votes électoraux obéissent à un principe de rotation accélérée (au fil des années, on essaie tous les partis). Les engagements politiques, perdant tout caractère militant « sacerdotal », deviennent transitoires. Les luttes sociales s’inscrivent dans des laps de temps de plus en plus limités. Les liens amoureux obéissent au même principe. Le mariage d’amour étant la principale cause du divorce, mariages et liaisons durent de moins en moins longtemps. Il y a seulement dix ans, la durée moyenne d’un mariage dans les pays occidentaux était de sept ans. Elle n’est plus aujourd’hui que de dix-huit mois. Tout engagement à long terme, que ce soit dans le domaine politique ou dans le domaine amoureux, est assimilé à une perte de liberté ou devient incompréhensible. Fragilisation des liens ou des rapports humains, qu’ils soient intimes ou sociaux, désagrégation des solidarités durables, mais aussi sentiment d’impuissance (on a l’impression de ne plus rien maîtriser) qui fait naître des sentiments d’incertitude, d’angoisse et d’insécurité » (1) .
Notre idée de "symptôme" est l' expression de la lutte portée par le capital au sein du rapport social et par voie de conséquence au sein de chaque exploité/aliéné. Le "symptôme" témoigne du fait que le capital n'a pas bloqué définitivement le processus historique et que son rêve fou d'expulser l'humain authentique comme référence au fondement de l'être social est purement utopique.
Dans un récent texte, que nous pouvons considérer comme une des analyses les plus riche sur les origines de la crise, Gilles Dauvé et Karl Nesic décrivent le rêve de la bourgeoisie, devenu notre cauchemar : « Une cause majeure de la crise actuelle, c'est la tentative du capitalisme de réaliser une de ses utopies. Contrairement à ce qui se dit parfois, la bourgeoisie ne rêve pas d'un univers robotisé ou hyper-policier, mais d'une société sans ouvriers, en tout cas sans salariés auxquels leur fonction donne une force de blocage possible. Dans ce but, depuis 1980, elle s'efforce de recomposer la population active des pays dits développés autour de trois groupes principaux : (1) les salariés travaillant dans des services peu qualifiés, en particulier « les services à la personne », mais aussi les travailleurs manuels encore indispensables à la circulation physique des marchandises (chauffeurs routiers, manutentionnaires, etc.), dispersés et réputés - à tort - incapables de se coaliser ; (2) les semi-qualifiés du tertiaire (parmi eux, les fameux « intellos précaires ») employés dans l'enseignement, les médias, la publicité, la recherche, domaines désormais interpénétrés, et tout ce qui gravite autour des multiples facettes de la communication ; et (3) les qualifiés bien payés, gérant et organisant les deux premiers groupes. Malgré sa précarité et la modestie de ses revenus, l'ensemble n°2 partage les modes de pensée et, dans la mesure de ses moyens, de consommation du 3e : tous deux ont en effet en commun de réunir des « manipulateurs de symboles ». Il est d'ailleurs possible à une minorité de membres du 2e groupe d'intégrer le 3e. L'ensemble n°1, lui, n'a bien sûr accès qu'au « premier prix » des équipements et appareillages high-tech. Quant à aux supports matériels inévitables (car tout ne saurait être virtualisé) d'une vie de plus en plus vouée à l'immatériel et à la connaissance, leur fabrication sera assurée ailleurs, loin, de préférence outre-mer (…) . Systématiser le précaire, c'est pour le capital faire comme si le prolétaire était toujours en trop, en sursis, embauché en attendant de trouver au Maroc ou en Inde un salarié qui fera les mêmes tâches pour moins d'argent, jusqu'à ce qu'un automatisme encore plus poussé rende inutile l'intervention humaine.».
Sans exagérer, on peut affirmer que le capital mène alors une guerre sans merci contre le genre humain au sens où il instrumentalise/manipule sa généricité. Expliquons : idéologie mondialiste, impérialisme tous azimuts, destruction des Nations, ravages de l'environnement, gouvernance mondiale, antiracisme spectaculaire de convenance, confiscation du savoir scientifique par les multinationales etc., sont autant de dispositifs tendant à bloquer l'émergence de la communauté humaine ("das Gemeinwesen" de Marx). Ils représentent des inversions parodiques du processus que Lukacs définissait comme passage qualitatif du genre en soi au genre pour soi, c'est-à-dire de la fin de la soumission du genre humain à la pure nécessité économique.
Ce besoin de dépassement de l'aliénation se traduit - parfois maladroitement - par la lente prise de conscience de l'impossibilité de mener une vie proprement humaine au sein du chaos social, économique, engendré par une paupérisation croissante du prolétariat. Aussi notre approche critique est-elle une réponse à la généralisation du mode de production capitaliste à toute la planète - en extension et en intensité - , à l'uniformisation des conditions d'existence imposée à tous les peuples, à ce que les camarades du groupe " L'Internationale" ont appelé la "société de l'indistinction". Comme l'écrivait Guy Debord : "tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation".
En réponse à cette situation, nous pensons que la seule réponse politique qui vaille consiste à ne pas admettre les règles du jeu politique du système afin de les dénoncer comme discours, bavardage spectaculaire inconsistant, verbigération, tendant à imposer le mutisme à toute revendication existentielle qualitative. A ce stade du capitalisme, l'idéologie dominante parodie le passage qualitatif au genre pour soi (qui rappelons-le serait la fin de l'aliénation économique), car la réalité de la mondialisation est une espèce de vaste manipulation du genre humain devenu objet exclusif du processus de valorisation du capital.<
Notes :
1- Alain de Benoist, l'Homme Numérique, article de Spectacle du Monde ( Mars 2010). Disponible en ligne : http://www.lespectacledumonde.fr
2- Gilles Dauvé & Karl Nesic, Sortie d'Usine, Trop Loin. Mars 2010.
http://troploin0.free.fr/ii/index.php/textes/50-sortie-dusine
15:36 Publié dans La revue Rébellion, Réflexion - Théorie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : socialisme révolutionnaire | Facebook | | Imprimer
23/08/2010
La bienséance de circonstance : Halte à la sous-traitance !
Article paru dans le numéro 41, Mars/Avril 2010, de Rébellion
Il y a des termes que l'on n'entend pas tous les jours mais qui ne sont pas inconnus à nos oreilles pour autant : « sous-traitance » et « prestataires de services » par exemple. Le principe de la sous traitance c'est la logique d'une entreprise qui, dans l'optique d'une optimisation des profits, délègue tout ou une partie de son activité à des sous-traitants, généralement regroupés et reconnus pour être rattachés à la plus détestable des conventions collectives... celle des « prestataires des services ». Tous les domaines d'activité sont touchés, mais plus particulièrement la relation clientèle, le démarchage téléphonique, la vente à distance, les filières de jeux, le nettoyage et la sécurité.
Une part croissante d'entreprises privées (mais aussi du public ou associées comme la Poste) et des Groupes d'Intéret Economique y ont recours. Ce recours n'est pas toujours bénéfique à la qualité ni rentable à moyen ou long terme, mais elles y voient une opportunité pour réduire, en apparence, les coûts à court terme. Elles se délestent partiellement de ce qui ressemble à un fardeau dans le cadre de notre société actuelle : le personnel.
Kafka au bout du fil...
Pour commencer, nous évoquerons le cas emblématique de SFR, deuxième opérateur ( par le nombre de ses abonnés) de téléphonie mobile en France métropolitaine. En 2007, ils ont pris la décision de se débarasser de leur Service-client ( c'est-à-dire la gestion des litiges et des réclamations des abonnés) . Entreprise sur le déclin ? Non, car cette filiale du groupe Vivendi, venait d'engranger des bénéfices-records. Service-client dont la qualité était médiocre ? Non, car ils s'étaient, une nouvelle fois, classés comme les meilleurs du secteur. Pourquoi donc, alors ? Quand on gagne beaucoup, on se dit qu'on peut gagner encore plus et que des salariés qualifiés bien considérés, niveau salaire et avantage, ça coûte trop. On pourrait donc les remplacer par d'autres bien moins payés et à la charge d'une autre structure. L'économie devant permettre de dégager de bonnes marges pour financer le rachat de concurrents ou des campagnes publicitaires agressives. D'où le choix de ne garder qu'un centre de relation-clientéle fracilien et de déléguer notamment les centre de Toulouse et de Lyon à Infomobiler. Cette société bidon est détenue à 100% par Teleperformance, numéro un mondial dans le secteur à la réputation sociale plus que sinistre.
Dès le départ, cette entreprise a pris soin de pousser dehors les anciens salariés qualifiés de SFR par un Plan de Départ Volontaire ( sic!) mis en place dès que Nicolas Sarkozy fut élu. Débarrasée de ces cadres et de ces employés à la solide expériences mais au régime salarial jugé trop couteux , elle mit en application un système de travail extrêmement flexible. Poussant la logique d'économie jusqu'au bout, les nouveaux dirigeants mirent en place une politique de dégraissage au lance-flamme. Un mouvement social très dur fut lancé par le personnel avec une grève particulièrement longue. Elle fut suivie d'une hémorragie des anciens employés et de leur remplacement par une valse d'intérimaires et d'embauches souvent au rabais de personnes sans aucune formation dans le domaine. Très vite, le taux d'abstentéisme atteignit parfois le score de Chirac aux présidentielles de 2002. La motivation à zéro de l'équipe et l'absence de toute perpective de progression firent la mauvaise réputation de l'entreprise.
De meilleur service clients, SFR est en moins d'un an passé à « pire service clients » dans toutes les enquêtes auprès des consommateurs. L'affaire du SMS de menace à Rachida Dati, envoyé par un proche d'un salarié du sous-traitant n'a pas redoré le blason du groupe. L'épisode des malaises en série courant 2009 sur un des centres d'appels concerné, non plus. Résultat de cette crise, Tele performance est en train de fusionner toutes ses filiales, sous-filiales et sociétés écrans. Entre ses sites en France et l'ensemble des filiales « off-shore » situées aux quatre coins de la planète ( Amérique du Sud, Asie, Afrique du Nord) , le numéro 1 mondial reste bien positionné mais connaît une perte partiellement délicate due au fait qu'ils n'arrivent guère à tenir leur engagements vis-à-vis de leur principal client SFR.
Après SFR, passons à Orange, premier opérateur de téléphonie mobile en France. Pour cause, il est l'héritier de France Telecom et bénéficie de la position gagnée à l'époque du monopole sur la téléphonie fixe de son ancêtre. Après des années d'abus vis-à vis-des usagers ( notamment avec la facturation de la liste rouge par exemple), l'entreprise a dû s'adapter au marché libéralisé par l'Union Européenne. Sa mutation en groupe « moderne » fut des plus rapide et laissa pas mal de ses anciens employers sur le carreau. On connaît la série de suicides de salariés de cet ancien service public en 2009 et l'arrogance nauséeuse de sa direction ( en particulier les déclarations de son PDG sur la mode des suicides dans son entreprise qui décroche une belle palme de l'ignominie dans le monde entrepreneurial). La stratégie interne de gestion du personnel visant à pousser à la porte les anciens employés fut un savant mélange de brimades, de mutations à répétition, de harcèlement psychologique et d'acharnement sur les plus faibles par des cadres acquis à l'esprit de « libéralisation » de l'entreprise. Mais cela n'est qu'une face de l'iceberg, Orange ( dont le nom fut une belle création publicitaire pour donner une image neuve à l'entreprise, d'ailleurs on remarque que les médias ne parlent jamais d'Orange au sujet de l'affaire des suicides ou des problèmes techniques, mais de France Telecom. Notez la finesse...) fait appel lui aussi à la sous traitance, y compris à Tele Performance avec les mêmes conséquence que pour SFR.
L'autre géant de la téléphonie mobile française, Bouygue Telecom, se porte mieux que jamais. Le « bébé » de Martin Bouygue, grand ami de Nicolas Sarkozy comme tout le monde le sait, eut massivement recour à la sous traitance et à la délocalisation de ses activités à l'origine. Mais très vite, il a réorienté sa stratégie pour gagner en qualité dans le domaine des relations clients. Vu la déconfiture de ses concurrents dans le domaine et avec un investissement réduit, ce choix est actuellement rentable pour le groupe. Nouveau sur le marché, Free veut réussir le même pari qu'il avait lancé avec l'Internet et la téléphonie fixe gratuite. Le groupe est pour l'instant connu pour son service client externalisé en Afrique du Nord. Mais il semble vouloir relocaliser une partie de son activité en France.
Bien d'autres domaines sont touchés par les fléaux de la sous-traitance. A chaque fois, les conditions de travail sont à la limite de la légalité et la pression est mise sur la rentabilité des employés sans aucune contre partie. Salaire de misère ( tout juste le smic pour la majorité) et stress sont le lot de ce nouveau « prolétariat ». En 2009, Toulouse a connu un épisode tragique, conséquence de cette gestion déshumanisante du travail. Un salarié d'une entreprise sous-traitante d'un leader mondial du transport de fonds et de marchandises protégé, a fait un carnage dans sa société. Nous n'avons guère eu de précisions sur l'affaire dans les médias. Force est de constater si besoin était, que quand on évoque les prestataires de services, on a plus affaire à des drames sociaux qu'à la joie et au bohneur de la flexibilité.
Au delà de la sous-traitance, il y a les ravages du capitalisme et la véritable souffrance de travailleurs sans autre horizon que: des délocalisations, des licenciements et la destruction de la vie de régions entières pour satisfaire la soif de profit d'une poignée de personnes sans scrupules.<
10:50 Publié dans La revue Rébellion | Lien permanent | Tags : rébellion 41, sous-traitance | Facebook | | Imprimer
Entretien avec Julien Teil, ONG : L'impérialisme humanitaire à l'œuvre
Entretien paru dans le numéro 41, Mars/Avril 2010, de Rébellion
Rébellion/Vous avez travaillé dans le monde des Organisations Non-Gouvernementales ? Quels enseignements avez-vous tiré de leur mode de fonctionnement parfois opaque ?
Julien Teil/Je n’ai pas travaillé au sein d’ONG mais pour une société spécialisée dans la collecte de fonds pour de grandes ONG. Suite à cela, une réflexion sur l’essence des ONG et leur instrumentalisation m’apparut plus que nécessaire. Tout d’abord, il faut prendre le soin de préciser quelques éléments : Les ONG, accréditées auprès de l’ONU exercent ce qu’on appelle un soft power, c’est-à-dire qu’elles influencent des instances décisionnaires à l’échelle mondiale. Pour certains, c’est une nouvelle forme de démocratie. Pourtant, les ONG ne sont pas élues, et leurs propres modes de gouvernance ne sont pas toujours démocratiques. A cela il faut ajouter les liens qu’ont certaines grandes ONG avec des transnationales qui animent en parallèle de puissants lobbys. Par ailleurs, elles jouent parfois un rôle géopolitique, principalement par l’intermédiaire des grands bailleurs de fonds comme ECHO pour l’union européenne et USAID pour les Etats-Unis. Enfin, parmi les ONG accréditées par l’ONU, beaucoup sont en réalité des fondations. Celles-ci sont souvent issues des grandes familles philanthropes, de multinationales et de banques. On y trouve aussi des instituts, des think-tanks, etc. ; bref, tout ce qui peut être qualifié de « société civile ». Du fait de tous ces éléments, il est difficile de cataloguer les ONG en général, et l’étude de leur fonctionnement est souvent rude et complexe.
Leur financement est souvent difficile à établir. Les grandes multinationales interviennent-elles auprès des ONG ?
Oui, elles interviennent, mais pas nécessairement sous forme de financements, bien que cela arrive ceux-ci sont en général peu importants par rapport au total des fonds levés par les ONG. Par contre, les partenariats entre ONG et multinationales sont courants. Les grandes multinationales aux pratiques contestées, notamment dans les PED, peuvent ainsi labelliser leur image. C’est une sorte de greenwashing. En règle générale, une multinationale agit souvent par intérêt, tout financement et partenariat pose donc des questions sur la légitimité d’une ONG, d’autant plus lorsque la multinationale en question a des intérêts dans les pays ou travaille l’ONG. Enfin, elles ont la possibilité d’intervenir indirectement au travers des personnes qui ont des postes importants au sein des ONG. Un bref aperçu de leurs parcours montre qu’elles ont parfois servi ces multinationales, aujourd’hui partenaires de leur ONG.
L'humanitaire est devenu un enjeu géopolitique. Pouvez-vous nous donner des exemples du détournement de cette idée dans des buts très éloignés de l'aide aux pays du Sud ?
Il y a un exemple très parlant au sujet de l’actualité. C’est avec prudence que je l’aborde, car encore une fois il s’agit de quelques ONG et fondations et qu’il est très difficile à saisir. Certaines ONG entendent proposer une « Robin Hood Tax » ; celle-ci étant la continuité des revendications associatives suite à « l’échec de Copenhague ».
Mais avant tout, quelques précisions sont nécessaires. Beaucoup d’ONG estiment que le réchauffement climatique anthropique aura des conséquences sur l'accélération de l'assèchement des terres africaines, et donc de l'appauvrissement des cultures vivrières. C'est en tout cas ce que prétend par exemple Action Contre la Faim.
En parallèle, comme je l'ai expliqué dans mon article " Les liaisons incestueuses des ONG avec les Etats et les transnationales", ces fondations et ONG participent à des programmes financés par la Howard Buffet Foundation , dont le Global Water Initiative est le pilier central. L'IIED, partenaire important du Global Water Initiative, a d'ailleurs publié les détails de l'opération sur son site internet.
Le site du journal Le Monde a quant à lui publié la liste des ONG impliquées dans la « Robin Hood Tax ». On y trouve Oxfam et Greenpeace, des organismes hautement impliqués dans le sommet de Copenhague, Oxfam étant aussi partenaire du Global Water Initiative. Notons que ces organismes n’ont jamais émis le moindre doute suite à l’affaire du Climatgate, suivie de la démission du président du CLU (Climat Research Unit), ni au sujet de l’inexistence d’un consensus sur la question de la théorie du réchauffement climatique anthropique.
Parmi les soutiens du projet de la « Robin Hood Tax », on retrouve aussi bien des politiques (Gordon Brown, Nicolas Sarkozy) que Warren Buffet. La famille Buffet est impliquée au travers de ses fondations dans de nombreux programmes de solidarité et a des intérêts dans les solutions dites "écologiques" : voitures électriques, bioéthanol, etc. ; mais aussi dans les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) et leur distribution.
Bien que la taxe proposée par ces ONG et représentants du pouvoir politique et économique propose de taxer les transactions financières, il faut s'interroger sur les secteurs dans lesquels les fonds seront afférés. Il est spécialement question selon Oxfam de « réduire la pauvreté à travers le monde et d’aider les pays pauvres à s’adapter au changement climatique ». C'est donc en toute prudence que je décide d'indiquer les instituts et organismes impliqués dans l’élaboration de cette taxe. Il est donc légitime, au vu de l'histoire et des implications de ces organismes, de s'interroger sur leur réelle ambition.
Par ailleurs, les réseaux occultes de solidarité de la Françafrique, tels ceux de Charles Pasqua avec Coopération 92, et ceux de Jacques Attali avec Planet Finance, ont montré que certains réseaux pouvaient interférer dans l'ambition humanitaire affichée, et en particulier en Afrique. C'est aussi ce que l'on constate dans le cas de la loi Oudin-Santini. Parfois ces organismes sont crées à des fins qui n'ont rien à voir avec la solidarité internationale, ou sont utilisés par exemple dans l'affaire de l'Angolagate à des fins criminelles.
Pour comprendre la situation actuelle, il convient de se référer au passé. Celui-ci comporte de nombreuses analogies avec la situation présente. Pour ce faire, la lecture du livre " Pétrole une guerre d’un siècle, l’ordre mondial anglo-américain ", de William Engdahl, (en particulier les pages 168-172) est particulièrement intéressante. Celui-ci montre comment, il y a déjà des décennies, ces problématiques de ressources énergétiques et vitales donnaient lieu aux accointances les plus douteuses. Ces réalités questionnent sur la nature du sommet de Copenhague, et invitent à s'interroger sur la voie dans laquelle s'engagent ses architectes. Il se pourrait que ce sommet mondial reflète également les combats pour la gouvernance du vivant et des futures énergies. Et, on ne peut nier que ces domaines sont en particulier importants pour les intérêts américains, qui du fait de la crise économique sont en perte de vitesse. D'ailleurs l'administration U.S est de longue date impliquée dans ces pratiques par l'intermédiaire de fondations, de think-tanks et d'ONG. C'est donc encore une fois, une réalité géopolitique qui pourrait, en partie, expliquer la voie dans laquelle s'engagent ces ONG, fondations, et gouvernements au nom de l'écologie.
Comment les ONG servent-elles les intérêts des Etats occidentaux ? L' « impérialisme humanitaire » est-il une nouvelle forme de la domination des grandes puissances ?
Les ONG peuvent servir les intérêts des Etats occidentaux pour la simple raison qu’elles sont transnationales. Elles travaillent partout, et remontent une quantité d’information à travers leurs études et les bilans de leurs pratiques. Les Etats occidentaux, quant à eux, ont toujours cherché à faire perdurer le colonialisme, notamment par l’intermédiaire de leurs multinationales (comme Danone ou Lafarge par exemple). Il est évident que ces sources humanitaires sont pour eux du pain béni, et permettent de poursuivre les processus coloniaux en ayant nombre d’informations à disposition. En ce qui concerne le colonialisme, seules les formes changent, mais le but reste le même : privatiser les biens publics, les terres, les ressources. Les ONG assoient nécessairement l’hégémonie des pays occidentaux, tout comme le font le FMI et la Banque Mondiale.
La seule différence que l’on peut noter en comparaison avec le passé se résume par le fait que ces « grandes puissances » ont tendance à devenir privées, alors qu’auparavant elles étaient étatiques. Même si les pratiques des Etats occidentaux étaient auparavant faites au nom des peuples souverains, avec leur argent et sans leur accord, il s’agissait de renforcer l’hégémonie d’une Nation, aujourd’hui il s’agit de renforcer celle des multinationales. Ces deux pratiques doivent être condamnées mais ce constat n’est pas anodin. Ce phénomène va de pair avec la mutation des politiques nationales vers une gouvernance mondiale anti-démocratique. C’est d’ailleurs cette mutation que Francois Xavier Verschave décrivait dans son livre « de la Françafrique à la Mafiafrique » lorsqu’il expliquait que certains grands industriels n’ont plus besoin d’un Etat pour conduire leurs pratiques prédatrices en Afrique. Néanmoins, l’impérialisme humanitaire revêt aussi une forme géopolitique, lorsqu’il administre un pays pour les intérêts d’un autre pays par exemple, c’est notamment ce qu’on peut observer en Haïti. L’intervention des armées lors d’opérations humanitaires se généralise, ce mélange des genres est regrettable et en dit long sur les ambitions à long terme.
Que pensez-vous du modèle de l'aide au développement ? N'y a-t-il pas une volonté de rendre dépendant l'ensemble des pays de la planète, des Organisations Economiques Internationales (comme le FMI ) ?
Tout à fait. A ce sujet, je vous renvoie aux travaux du comité d’annulation de la dette du tiers monde. Il est certain que les programmes prodigués par la banque mondiale et le FMI entretiennent dans un premier temps le maintien de la pauvreté, la perte de la souveraineté alimentaire et de toute autonomie dans les PED. Dans un second temps, ces modèles de gouvernance nés sous prétexte de réajustement économique et au nom d’une soi-disant nécessaire croissance mondiale, vont être visiblement utilisés dans les pays dits développés qui souffrent actuellement de la crise économique. L’Allemagne a d’ailleurs appelé à la création d’un FME (Fonds Monétaire Européen). Que va-t-il se passer ? La Grèce va-t-elle être vendue aux multinationales comme ce fut le cas pour l’Argentine ?
L’aide au développement est, de plus, un concept hiérarchisant, qui mériterait quelques critiques. Les DSRP (documents stratégiques de réduction de la pauvreté) qui ont suivi les programmes d’ajustements structurels, prétendent intégrer les peuples dans les décisions. Mais ils ne font que permettre la pérennité d’un néocolonialisme en perpétuelle mutation, là est la dite stratégie. Cette stratégie ne pourrait exister sans le très contestable rayonnement de la culture occidentale, qui lui même est impérial et profondément ethnocentriste.
La mondialisation capitaliste se dirige vers la mise en place d'une gouvernance mondiale. Quelles furent les étapes de sa mise en place et quels objectifs vise-t-elle ?
Il est difficile de répondre à cette question. Le mondialisme n’est pas seulement une conséquence de la mondialisation mais aussi une idéologie. Pierre Hillard a récemment publié un article intitulé « histoire du nouvel ordre mondial » qui décrit l’ensemble des processus mis en place par les grands princes du mondialisme. Il y a de plus, une mystique mondialiste assumée par ses acteurs. Elle est difficile à interpréter, mais ses objectifs sont clairement énoncés. Les processus sont longs et peuvent prendre différentes formes.
Jacques Attali décrit dans « Une brève histoire de l’avenir » la perspective de cette gouvernance mondiale. Je ne pense pas qu’il se trompe, les ambitions qu’il révèle sont d’ailleurs en synchronicité avec ce à quoi nous assistons de nos jours.
Il serait donc question d’une gouvernance mondiale, au sein de laquelle chaque être humain consommerait, penserait et agirait de la même manière et uniformément sur le globe. Cela passe évidemment par l’abolition des souverainetés, pas seulement étatiques, mais aussi alimentaires, ce qui à mon sens représente un énorme danger. L’intervention des assurances semble également inéluctable pour aboutir à un tel système : chaque homme ayant droit selon des critères socio-économiques, à une alimentation de telle catégorie, une santé de telle catégorie, une éducation de telle catégorie, etc. ; le tout régi par des assurances mondiales sous le contrôle de divers ministères et organismes mondiaux. Nous vivons déjà dans un tel système mais il n’est pas encore totalement verrouillé. Le but est naturellement d’aboutir à un système profondément antidémocratique puisque calqué sur la gouvernance européenne, qui n’est autre que la gouvernance des lobbys. À ce propos, seul 40% des agences de lobbyistes sont inscrites sur le registre bruxellois.
L’opacité de la gouvernance européenne, pourrait certainement se retrouver dans une gouvernance mondiale institutionnalisée, et ses institutions ne seraient plus seulement interventionnistes mais exerceraient une primauté sur les droits nationaux et les constitutions. Cela s’accompagnera bien entendu, comme l’a montré Medvedev en présentant un prototype de pièce mondiale lors du sommet du G20 à l’Aquila, d’une monnaie mondiale. La crise actuelle sert en outre indiscutablement l’accélération de l’abolition des monnaies nationales au profit de l’émergence de nouvelles monnaies continentales qui convergeront vers la monnaie mondiale. C’est du moins ce qu’indiquent les écrits des laboratoires de pensée élitistes, notamment Foreign Affairs, la revue du CFR. Il faut noter que l’émission de cette monnaie se fera sans aucun doute par les banques privées, ce qui pourrait détruire le principe même de souveraineté, et de facto annoncer la fin de la démocratie. C’est d’ailleurs ce qu’a permis l’article 104 du traité de Maastricht en Europe: mettre une fin définitive à l’indépendance des peuples face aux banques privées, entretenir la dette des pays européens, pendant que le FMI et la Banque Mondiale construisaient celle des PED. Notons que ces dettes coloniales et antidémocratiques n’ont aucun sens et aucune légitimité au regard de nombreuses constitutions.
La question de la « FrançAfrique » est toujours d'actualité pour vous. Où en sont les rapports entre les gouvernements français et les Etats africains ? Les « réseaux africains » des partis politiques français de Gauche comme Droite existent-ils encore ?
Dresser un tableau d’actualité des relations franco-africaines serait un travail long et pénible. Je vous renvoie donc aux travaux de l’association Survie. Samuel Foutoyet a publié fin 2008 un parfait résumé de la situation dans son ouvrage « Nicolas Sarkozy ou la Françafrique décomplexée ». Il faut bien comprendre que sous Sarkozy nous avons affaire à la branche affairiste de la Françafrique, des réseaux Pasqua et donc de ceux de la Corse. Les réseaux africains des partis politiques français subsistent, mais il est certain que des réseaux chinois, israéliens, américains, iraniens et libanais, etc., sont engagés dans la « conquête de l’Afrique ». De plus, comme l’a expliqué Verschave, les multinationales sont elles aussi de plus en plus présentes et n’agissent pas au nom d’un pays, mais simplement au nom du profit. Cela est à mettre en rapport avec la mutation des relations internationales vers une gouvernance mondiale dirigée par des multinationales et des banques privées.
La résistance à la mondialisation a pris diverses formes en Europe. Comment jugez-vous le bilan de l'altermondialisme ? La crise de ce mouvement, longtemps représenté par ATTAC, est-elle révélatrice de ses faiblesses initiales (mélange de réformisme et d'analyses dépassées) ?
Ce n’est que mon avis mais je vais rester général : ces organisations proposent de traiter les conséquences du système en place. Elles ne proposent aucunement de le démanteler en s’attaquant à sa base. Elles ne font finalement que rationaliser l’expression des maux de la société, lui ôtant toute sa charge vindicative. Elles se présentent pour la plupart en tant que société civile, mais elles ne sont pas élues. En somme, elles veulent sauver le système, l’économie, la démocratie ; en bref sauver des choses qui ont depuis longtemps fait l’aveu de leur propre inconsistance.<
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L'occident à l'assaut de l'Eurasie....Entretien avec Alexandre Latsa
Entretien paru dans le numéro 41, Mars/Avril 2010, de Rébellion
Alexandre Latsa, est un jeune spécialiste de la géopolitique eurasienne, il se définit lui-même comme un « Européen de nationalité française ».Il réside actuellement en Russie et animele blog francophone Dissonance(1).
R/ Les années 2000 furent marquées par une série de « révolutions colorées » dans les pays de l'ex-bloc soviétique.Quelles étaient l'origine et la nature de ce phénomène que vous avez étudié ?
Le phénomène est multiple. Ces révolutions colorées sont des de nouvelles formes de révolution, non violentes, et soutenues médiatiquement. Pour les non initiés, ces mouvements passent pour spontanés et démocratiques, et ce avec l’aide du système médiatique global qui contribue à donner cette image. En réalité, une étude approfondie de ces phénomènes permet de voir clairement le très haut niveau d’organisation, de préparation mais aussi de stratégie de ces mouvements.
L’idée est née aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre Mondiale. A l’époque il s’agissait de développer des organisations influentes, capables de contrer l’influence Soviétique, Ce processus a continué lors de la guerre froide, pour les mêmes raisons. Evidemment, lors de l’effondrement de l’URSS et la fin de la guerre froide, ces ONGs étaient en activité mais leurs objectifs ont été redirigés, elles sont devenues des têtes de ponts pour accroitre l’influence Américaine partout dans le monde, et surtout en Europe, hors cette influence Américaine en Europe n’a qu’un « concurrent » potentiel, la Russie d’après 1999.
Très vite, il est apparu que le gouvernement américain et de nombreuses « Organisations Non-Gouvernementales » occidentales avaient agi de concert pour organiser et provoquer ces renversements de gouvernement. Comment fut mise en place cette stratégie de déstabilisation ?
C’est très complexe et assez génial. Ces ONGs sont tout d’abord des outils de communication pour distiller de l’information très orientée. Le tout sous couvert de défense de valeurs jugées essentielles comme la « démocratie » ou la « liberté ». Généralement cette communication a pour objectif de préparer les esprits lambda à accepter et « comprendre » l’étape essentielle de la « révolution » à savoir la protestation. Ce déferlement est lui aussi un mécanisme parfaitement huilé. Il consiste à focaliser le mécontentement populaire sur la cible que l’on veut abattre, mais en utilisant une majorité manipulée qui croit lutter pour le « bien », la « démocratie » et la « justice », ces impératifs que l’occident a normés comme étant les référents essentiels de notre civilisation.
Pour "tenir" ces semaines de manifestations de rue jusqu’à l’assaut sur le parlement, des permanents existaient, révolutionnaires professionnels regroupés au sein de mouvements de jeunesse, réels fers de lance et gestionnaires pratiques des révolutions de couleur. Financés par les ONGs oranges (de la NED, à Freedom House à l’Open Society), ces mouvements sont par exemple Otpor(2) , Pora(3) ,OK98, Kmara(4) , Mjaf(5) , Oborona(6) , My(7) , Kahar, Kelkel(8)ou encore Zubr(9) .
Otpor a par exemple envoyé ses cadres se former dès les années 2000 aux techniques de coup d’Etat non violents (techniques de Gene Sharp(10)et de l’Albert Einstein Institute(11) ). La formation a eu lieu à Budapest et a été dispensée par Robert Helvey, mandaté par l’IRI(12)de John McCain. Après le renversement du régime Serbe (700.000 personnes ont pris d’assaut le parlement Serbe le 05/10/ 2000), OTPOR se fondra dans le mouvement politique au pouvoir pro Européen de Boris Tadic. Certains cadres choisiront de monter un institut de promotion de leur méthode d’action non violente (filiale serbe et locale de l’AEI(13) ). Deux cadres de ce « centre », Aleksandar Maric et Stanko Lazendic seront notamment employés par Freedom House pour dispenser des cours de formation en Ukraine mais également en Géorgie. Pour déstabiliser le régime Ukrainien (kouchma-Ianoukovitch), plus de 10 000 cadres de « Pora » et du « Committee on Voters of Ukraine » perçoivent un salaire à hauteur moyenne de 3000 dollars par mois. Ces « salaires » sont entièrement financés par les États-Unis, via l’USAID et la NED. Egalement des milliers de tentes et de couvertures ont été mises à disposition des manifestants pour camper place de l’Indépendance où des repas gratuits sont servis. L’ensemble de la logistique a été préparée par l’USAID.
Ces jeunes sont aussi des spécialistes de l’utilisation des « nouveaux réseaux » de type Facebook, ou Twitter, voire de contrôle du SMS (avec l’aide d’hyper structures Américaines) afin d’influer massivement sur une population désemparée. Cela a été particulièrement flagrant en Iran lors de la contestation anti Ahmadinejad via Twitter.
Nous l’avons vu ces mouvements de jeunesse ont au préalable reçu des stages de formation à l’action non violente (théories de Gene Sharp(14) , fondateur de l’Albert Einstein Institution) ainsi qu’à la communication et à ne « jamais » nommer le bouc émissaire réellement visé. Cette théorie de la « non violence » s’est développée en Amérique dans les années 80 (également au cœur de la guerre froide) pour préparer une éventuelle résistance en Europe en cas d’invasion de l’armée rouge. Ce philosophe assez peu connu a publié de 1985 à 2005 de nombreux ouvrages sur ces théories de résistance non violente. La CIA prendra rapidement en main l’AEI en installant à sa direction un de ses hommes : Robert Helvey et l’institut disposera de financements abondants de l’International Republican Institute (IRI), l’une des quatre branches de la National Endowment for Democracy (NED). Gene Sharp formera les leaders des principaux coups d’Etat soft de ces 15 dernières années.
On a évoqué en particulier le rôle de la « Fondation Soros » dans cette affaire. Que savons-nous sur son histoire et son fonctionnement ? Quelles sont les autres principales ONG de cette nature, impliquées ?
En effet Georges Soros(15) , après avoir fait sauter la banque d’Angleterre, s’est concentré à promouvoir l’idée de « sociétés ouvertes » en Europe de l’Est et à lutter contre le monde Soviétique. Dès 1979 il financera l’activité de réseaux anti Soviétiques en Pologne (Solidarnosc), ou en Tchécoslovaquie (charte77). Peu après la chute du Mur, en 1993, il fonde l’Open Society(16) , sa principale organisation, qui est le cœur de son activité « anti communiste » et « pro occidentale / Américaine ». Celle-ci sera notamment l’organisatrice et la financière principale de la révolution des Roses(17)en Géorgie en 2003, son président affirmant que les moyens mis en place pour permettre cette révolution étaient colossaux, près de 50 permanents et plus de 2 millions de dollars de budget (!). Si l’on étudie de près les investissements de Georges Soros en Europe de l’est, les chiffres sont impressionnants, on doit avoisiner le milliard de dollars. Les projets concernent tant le culturel, que l’immobilier, les communications, les médias ou encore l’aide aux financements de projets d’Etat.(18)
La Guerre Froide avait vu de telles stratégies déjà mises en application par le camp occidental. La fin de l'URSS ne semble pas avoir arrêté ces méthodes. Pourquoi cette doctrine d'encerclement de la Russie s'est-elle accentuée à la fin des années 1990 ?D'autres pays sont-ils aussi visés (comme l'Iran ou la Chine par exemple) ?
La guerre contre l’URSS était une guerre pour le contrôle du monde et le contrôle du Heartland(19) . La chute de l’URSS a laissé l’Amérique pendant une décennie sans ennemis, voire même sans concurrents, cela de 1991 à 2001. Pendant cette décennie, la croissance mondiale a été énorme, et l’Amérique l’hyper leader mondial qui pour conforter et affirmer sa position a cherché à s’implanter au cœur de l’Eurasie, pour contrôler les zones clefs du monde, celles à haute densité de population mais également où sont concentrées les matières premières. L’Europe sous tutelle a servi de tête de pont pour permettre cette percée de l’influence US au cœur du continent Eurasiatique, que ce soit l’Europe de l’ouest, entièrement soumise à l’OTAN ou l’Europe de l’est tout juste sortie du monde Soviétique.
Obstacle clef à cette accession, la Russie, puisque les zones visées (Arctique, Caucase, Asie centrale) sont situées soit en Russie soit dans sa sphère d’influence. Cela ne posait pas de problèmes lors des années qui ont suivi la chute du mur, puisque la Russie était en décomposition totale. Mais dès les années 2000, le réveil Russe avec l’accession au pouvoir de Vladimir Poutine a mis à mal cette prise de contrôle Américaine. La Russie est dès lors redevenue l’adversaire principal, tout comme l’URSS l’était pendant la guerre froide.
Les Etats que vous citez sont également visés, pour des raisons diverses, l’Iran est considéré comme une menace pour Israël (que l’Amérique protège comme s’il s’agissait d’un de ses Etats fédérés) et la Chine car c’est avec la Russie le gros problème de l’Amérique pour le futur.
Y-a-t'il un changement de la politique américaine, par rapport à la Russie, depuis l'arrivée de l'administration Obama ? On connaît le rôle de l'équipe Clinton dans les campagnes occidentales contre la Serbie, peut-on imaginer une reprise de cette stratégie de « guerres humanitaires » ? Comment interpréter le redéploiement des forces américaines et de l'Otan en Europe ?
Les démocrates sont plus discrets mais tout autant hostiles au monde orthodoxe que les républicains. Comme vous le mentionnez, ce sont les démocrates qui ont bombardé la Serbie. En fait c’est un leurre de penser qu’il y a une quelconque différence. Les stratèges géopolitiques du Pentagone où les financiers du complexe militaro-industriel ont leurs intérêts parfaitement représentés des deux côtés et, clairement, l’élection d’Obama n’a pas du tout amélioré la situation. L’Offensive US en Eurasie se poursuit et le déploiement d’un nouveau mur de Berlin en « nouvelle Europe »(20)est en cours(21) .
L’Amérique aujourd’hui vous l’aurez noté est engagée dans des guerres humanitaires contre le monde musulman. Il est plausible qu’un nouveau front soit ouvert par l’Amérique en Eurasie mais plus de façon directe. On peut imaginer l’utilisation d’Etats tampons, par exemple via des régimes caniches, comme ceux issus des révolutions de couleur. Comme cela a été le cas avec la Géorgie. Le Caucase est en première ligne, ou alors l’Arctique, ce que je prévois depuis près de 2 ans maintenant(22)(23).
C’est dans ce sens que doit être interprété le redéploiement des forces Américaines en Europe, en vue d’un conflit indirect avec la Russie. Je tiens à rappeler que l’emplacement des missiles US en Europe dépend donc énormément des régimes en place aux frontières Russes. En ce sens, l’élection Ukrainienne est une grosse défaite pour Washington.
L'Ukraine est un enjeu majeur pour la diplomatie russe. Comment gère-t-elle ses rapports avec son voisin et quelles sont les conséquences des dernières élections présidentielles ukrainiennes ?
L’Ukraine a été le symbole le plus violent de la perte d’influence Russe, avec la Serbie. La révolution Orange a également été de loin la plus parfaite, la plus travaillée et la plus réussie. Malheureusement pour les Orangistes, on ne gère pas un pays comme on gère une association subventionnée et leur prise de pouvoir a également vu la fin de la croissance à deux chiffres que connaissait ce pays. Ce gouvernement incapable a en plus d’avoir ruiné le pays, focalisé sa politique identitaire sur une séparation violente de la Russie. Pour quiconque connaît les deux pays et a fait un peu d’histoire, c’est encore plus stupide que la séparation du Monténégro et de la Serbie. La Russie et l’Ukraine sont les deux faces d’une même pièce de monnaie. A ce moment là un « breton » et un « périgourdin » sont bien plus différents que ne le sont un Russe et un Ukrainien. Il faut rappeler que les trois premiers candidats à l’élection présidentielle sont 3 candidats pro Russes !
L’élection d’Ianoukovitch a été prise avec beaucoup de soulagement par les Russes qui se sentent désormais à l’abri de scandales politico-économiques montés de toutes pièces comme cela avait été le cas lors de la guerre du Gaz. Désormais la Russie et l’Ukraine vont sans doute sur une voie de stabilisation et même de rapprochement, près d’un citoyen sur 4 souhaitant d’ailleurs la réunification avec la Russie(24) .
Principale cible, la Russie est depuis passée à la contre offensive. On l'a vu en Géorgie comme en Ukraine, elle tente de reprendre du terrain face aux occidentaux. Sur quelles bases avance-t-elle dans ce jeu délicat ?
STRATFOR a récemment publié une trèsbonne analyse à ce sujet(25) qui expliquait parfaitement l’importance des zones tampons / frontalières pour la Russie. « La Russie par la définition de sa géographie n'a pas de frontières naturelles. Pour compenser cela, la Russie a historiquement toujours opéré de la même façon : installer un pouvoir fort et purger toutes influences extérieures déstabilisatrices et créé des zones tampons autour de ses frontières. La Russie a quelque fois poussé cette influence trop loin mais elle n'a jamais été aussi forte (localement comme internationalement) que lorsque cette zone tampon a existé. Le meilleur exemple est l'union soviétique qui a permis à Moscou d'étendre son influence dans un grand nombre de pays, en Europe ou en Asie centrale. L'effondrement de l'Union Soviétique en 1991 a fait retourner la Russie à ses frontières du 17ème siècle, celle-ci redevenant faible et vulnérable. A ce moment là, les Etats Unis ont tenté de saisir l'opportunité d'empêcher la Russie de redevenir "forte" en tentant de la neutraliser à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières.
De façon interne, les EU ont tenté de soutenir des forces politiques progressistes afin de changer la "nature" même du pouvoir politique en Russie, la nature du Kremlin.
De façon externe, les EU ont tenté d'empêcher la résurgence de l'influence Russe en Eurasie, notamment par le biais de l'extension de l'OTAN et l'implantation de bases en Europe de l'est et en asie centrale, mais également des révolutions de couleurs dans les états frontaliers avec la Russie. Sous le règne de Vladimir Poutine, la Russie s'est reconsolidée intérieurement et re centralisée politiquement. Cette étape étant terminée (facilitée par la hausse des matières premières), la Russie renforcée cherche désormais à reconstituer sa zone tampon ».
Quelles sont les orientations stratégiques et diplomatiques de la Russie à l'heure actuelle ?
La Russie envisage le monde de demain comme un monde BRIC orienté, c'est-à-dire avec une augmentation de l’influence d’états comme la Chine, le Brésil ou elle-même et une perte d’influence de l’Occident américano-centré. Au niveau de la politique internationale, la Russie envisage sa position de puissance autonome avec trois grands axes d’influenceprincipaux.
• Vers l’Europe avec la volonté de création d’une structure de sécurité commune(26)(remplaçant l’Otan).
• Via l’Asie et surtout l’Asie centrale à travers l’OCS.
• Via le monde musulman, à travers l’OCI(27).
Si l’on parle des relations avec l’Europe, la Russie aujourd’hui a une relation délicate avec la super structure Européenne. C’est sans doute explicable lorsque l’on sait que le secrétaire général du conseil de l’UE (depuis 1999) est Javier Solana, ancien secrétaire général de l’OTAN (de 1995 à 1999). Comme le disait Pierre Levy(28)dans le Figaro récemment : « Par contre la Russie établit de nombreux partenariats bilatéraux avec les états. Exemple récent : ce n’est sûrement pas grâce à Bruxelles que les salariés des chantiers navals de Saint-Nazaire pourraient voir conforter leur emploi – bien au contraire … ce n’est pas quelque improbable musée communautaire, mais bien le Louvre, qui propose les remarquables richesses de « la Russie éternelle ».
Le courant eurasiste a-t-il une influence sur la géopolitique du Kremlin ? Que pensez-vous des travaux d'Alexandre Dougine ?
J’ai interviewé Alexandre Douguine il y a un an a peu près(29).Homme brillant et intellectuel hors pair, il a refaçonné une théorie atypique visant à séparer la Russie de l’évolution Euro-Occidentale et à affirmer la particularité culturelle de la Russie comme civilisation à part. Ses thèses ont un énorme écho en Russie, au sein même du pouvoir Russe. Ces théories sont toujours en vogue car la Russie cherche à affirmer et développer son propre modèle et non à s’intégrer à un modèle existant.
Contrairement à l'époque de l'URSS, la Russie semble ne pas disposer de réseaux d'influence et de soutien en Europe. Des tentatives sont-elles en cours pour mettre en place des associations ou des relais à l'Ouest ?
Oui, des réseaux se mettent doucement et discrètement en place,mais nous sommes loin du niveau de lobbying des anglo-saxons et de leur réseaux oranges par exemple. Les capacités financières ne sont pas non plus les mêmes, la « communication » si elle est essentielle, n’est pas le plus prioritaire des sujets pour la Russie en 2010.
L'Union Européenne maintient une position ambiguë entre atlantisme et rapprochement vers l'Est, dans ses rapport avec la Russie. L'axe Paris-Berlin-Moscou est-il un jour appelé à avoir une existence réelle ou est-il un rêve ? Comment les européens sont-ils perçus en Russie (et les français en particulier) ?
Il faut bien différentier le rapport de la Russie avec l’UE et avec les nations européennes, ce sont deux choses très différentes. L’Europe de Bruxelles n’a aucune chance d’exister seule car elle ne dispose d’aucune souveraineté ni politique ni militaire. Sans son maître Américain elle n’est rien, hors ce maître est en train de s’écrouler.Quant au point-clef de la « question russe » telle qu’elle se fait sentir depuis quelques mois et qui est : les Russes (dont le pays se relève) ont-ils besoin de nous (dont le pays s’effondre) je vais vous donner mon opinion.
Je pense que les Européens de l’ouest doivent prendre leur destin en main, et se poser les bonnes questions : sont-ils la façade « Ouest » de l’Eurasie continentale, ou sont-ils la façade « Est » de l’Occident transatlantique et américano-centré ?
Je pense sincèrement que l’incompréhension ne vient pas du côté russe, mais bel et bien du côté bruxellois et occidental.
L’Europe aujourd’hui se trouve à Moscou, Belgrade, Kiev ou Tiraspol. Elle ne se situe malheureusement « plus » à Bruxelles, Londres ou Paris. Ces cités sont devenues des villes de l’« Union Occidentale », une Union occidentale qui est d’ailleurs en train de virer à l’Union eurafricaine.
Les Européens qui habitent ces cités occidentales d’Europe de l’Ouest doivent se poser la question de savoir à quelle civilisation ils appartiennent. Celle de Washington, Bruxelles, Alger ou Bamako ou celle de Moscou, Alma-Ata, Erevan et Belgrade ?
Les Européens doivent quitter l’O.T.A.N c’est une certitude mais sans doute également intégrer l’O.C.S., comme en parlent déjà certains intellectuels de gauche comme Jacques Sapir. Qu’ils demandent ensuite également à quitter l’Union de Bruxelles et à clairement intégrer l’Espace économique commun russo-kazakho-biélorusse comme le feront sans doute demain l’Ukraine, la Serbie et la Transnistrie, et, après demain, la Grèce et Chypre.
Ce n’est pas à la Russie de « s’européaniser » ou « s’occidentaliser » pour devenir une colonie américaine, sans identité et sans aucune souveraineté politique et militaire. C’est aux Européens de l’Ouest aujourd’hui de quitter l’Union occidentale sous domination américaine et construire avec la Russie l’Europe continentale, afin de pouvoir enfin créer l’axe Paris – Berlin – Moscou, garant harmonieux de la paix et de la stabilité sur notre continent.<
Retrouvez les analyses d'Alexandre Latsa sur le blog Dissonance :
http://alexandrelatsa.blogspot.com/
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27/07/2010
Rébellion N° 43 : " L'esprit de révolte"
Au sommaire du numéro :
- Editorial : " Le linceul du Vieux Monde".
- Mondialisation : "L'immigration massive, une stratégie du capital".
- Le syndicalisme : Qu'est ce que c'est ? Pourquoi se syndiquer ? pourquoi militer ?
- Le capitalisme n'est pas humainement gérable ... Il faut faut le supprimer !
- Valentine de Saint-Point : le futurisme au féminin.
- Von Salomon : les limites de l'activisme.
- Hugo Pratt : la rébellion de l'Imaginaire.
- Ravachol et la dynamite.
- Le Portugal d'hier et d'aujourd'hui.
Disponible contre 4 euros à notre adresse :
Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 TOULOUSE cedex 02.
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